GAZETTE NUCLEAIRE
161/162 novembre 1997

ET SI ON FAISAIT UNE PETITE PAUSE POUR REFLECHIR...
Editorial


     Salut à vous tous. Voici la 4ème et dernière Gazette de l’année. Vous vous êtes réabonné massivement donc nos finances sont correctes. Mais si vous voulez que l’on continue réabonnez-vous pour 1998 et surtout envoyez moi vos critiques et suggestions.
     Les nouvelles du monde sont loin d’être très rassurantes (sources A.F.P., oct. 97)

- Mururoa
     La France aurait employé des adolescents et des enfants sur les sites du Pacifique, selon une étude de 2 sociologues néerlandais, étude menée à la demande du Conseil Oecuménique des Églises. Le rapport de plus de 200 pages publié sous le titre "Mururoa et nous", affirme que 10 % des travailleurs avaient moins de 18 ans (dans ces 10%, 6 % moins de 16 ans et 0,3 % moins de 10 ans).... Une des préoccupations majeures des anciens travailleurs concerne leur santé et celle de leurs enfants maintenant que les essais sont terminés. Aucune recherche épidémiologique à long terme n’a été effectué par la France, et seuls 48,5 % des travailleurs ont été examinés à la fin de leur séjour sur les sites, poursuit le livre.
     La Direction des centres d’expérimentations nucléaires (DIRCEN) a démenti " avoir jamais employé d’adolescents, et encore moins d’enfants, sur ses sites " de Mururoa et Fangataufa. La DIRCEN ajoute que Polynésien ou métropolitain, qu’il soit militaire ou employé par le CEA, son personnel a toujours été suivi médicalement "dans les meilleures conditions et conformément à la législation française qui est une des plus rigoureuse au niveau mondial ".

-Hongrie (sept 97)
     Les autorités hongroises ont fermé mercredi un ensemble de 9 lacs très fréquentés par les pêcheurs, après avoir découvert que la boue de ces lacs avait un taux de radioactivité vingt fois supérieur à la normale. Selon l’institut central biologique des radiations, ce taux proviendraient de l’accident nucléaire de Chernobyl (Ukraine), en 1986. Une étude biologique sur les poissons de ces lacs situés à 30 km au nord de Budapest devrait débuter la semaine prochaine. Ces poissons ont commencé à mourir en masse en 1995.

-Iran
     La première centrale nucléaire iranienne, en cours de construction à Bouchehr, sur le golfe, sera opérationnelle dans trois ans, a indiqué à Vienne un haut responsable iranien. Selon M. Mohammad Sadegh Ayatollahi, représentant permanent de l’Iran auprès de l’AIEA, l’Iran pourrait mettre à l’étude après le rattachement au réseau des deux premiers réacteurs de Bouchehr la construction de deux nouvelles unités. 

suite:
L’objectif à long terme de l’Iran est de réduire sa dépendance du pétrole et de porter la part du nucléaire à 20 % de la production d’électricité. La centrale de Bouchehr est en construction depuis 1975. La construction avait d’abord été confiée a la filiale KWU du groupe allemand Siemens qui s’est retiré à la demande de Bonn après la révolution iranienne. A la suite d’un accord conclu en 1995, le chantier a été repris par la Russie.

-Israël
     Le programme nucléaire israélien, une menace "écologique" selon les Palestiniens....(juin 97)

-Greenpeace
     Des militants de Greenpeace ont déposé devant la centrale nucléaire néerlandaise de Borssele un caisson contenant du liquide prélevé dans une conduite de l’usine de retraitement de la Hague (France) débouchant dans la Manche....Le caisson contenait 250 g de sédiments et 150 ml d’effluents radioactifs soit la part de Borssele dans les échantillons prélevés par Greenpeace dans la conduite de l’usine COGEMA..... L’organisation s’est engagée à ramener dans chaque pays ayant un contrat de retraitement avec la COGEMA (France, Pays-Bas, Belgique, Allemagne, Suisse et Japon) une partie des échantillons prélevés au large de la Hague.
     J’ai épuisé mon stock de nouvelles A.F.P. mais je n’ai pas fini les "bonnes nouvelles", le fameux rapport Mandil-Vesseron sur le MOX est aussi moxe que prévu. C’est la rengaine habituelle : ça a coûté cher, alors on continue. C’est un peu court comme raisonnement et de plus c’est faire fi des dangers dus à ce combustible, de l’influence sur les déchets, des problèmes de travailleurs, etc...
     Par contre je tiens à revenir sur au moins deux informations :
     La première concerne le suivi des travailleurs polynésiens. Si on se réfère au suivi des populations autour de la Hague et à celui des militaires ayant été irradiés et contaminés lors du tir souterrain raté, en 1962 et en Algérie, tous les espoirs sont permis. Rien n’a été fait pour les militaires et rien ne sera jamais fait. Quant aux populations autour du site Cogéma, l’enquête a débuté en 1994 et c’est seulement cette année que le Registre a enfin un financement assuré (il ne faudra pas le mendier année après année). 
 
 
 
 

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     Reste encore un point, les déchets et le traitement qu’on va faire subir à ce méga-problème. Stop-Civaux nous a communiqué la décision du Commissaire enquêteur, décision contestée par la Commission d’Evaluation qui assure le suivi de la loi de 1991. La problématique des labos gigantesques, prélude aux sites de stockage n’est pas admissible en l’état du dossier. Il subsiste bien trop d’inconnues pour être capable de faire un choix. Par contre qu’il faille continuer les recherches et les études est une évidence. Même en cas d’arrêt de tout ou partie des centrales nous avons plusieurs siècles devant nous à gérer les démantèlements, les tas de stériles et les déchets, sites compris dans les déchets car que fera-t-on de UP2 et UP3 pour ne citer que 2 endroits assez sales.
     Et maintenant que je me suis défoulée, un petit regard sur la gazette.
     Notre vieil ami J. Pignero nous a livré ses remarques sur un article du Monde. Si cela vous intéresse, écrivez lui. Dans sa maison de retraite, il en sera fort content et vous répondra sûrement.
     Roger vous livre ses recherches dans la littérature récente et lointaine. Il a raison de rappeler ce qui s’est dit mais il ne faudrait pas croire que tout reste immobile. Il y a des avancées et comme je le dis et le répète : gagner ne signifie rien, nous progressons par pas successif et parce nos idées font du chemin. Nous n’avons ni raison, ni tort mais nous essayons de vous présenter nos idées et les idées des autres, à vous de conclure.
     Un petit point sur le site du Bouchet et son stockage, à même le sol, de résidus de minerai.
     Quelques informations sur l’usine Cogéma sise à la Hague. Tout d’abord sur le tritium, d’où il vient, comment évaluer son activité. Puis où en est la commission d’abord Souleau puis Spira-Sugier. Sa lettre de mission lui demande de continuer la poursuite du travail en matière d’épidémiologie et de radioécologie.
suite:
     Une étude sur les coûts de l’électricité, étude qui a été présentée à la conférence des présidents de Commission Locale d’Information. Vous pourrez comparer cette étude à celle de R. et B; Belbéoch, publiée par le Comité Stop-Nogent. Ils ont raison de faire de la prospective et de montrer la nécessité du volontarisme pour engager une nouvelle politique énergétique. Simplement je les trouve bien optimismes de croire qu’on pourrait tout changer tout de suite. Même avec une forte volonté politique, 10 ans serait un minimum difficile, 20 est plus réaliste. Et sans volonté, il faudra une forte motivation des citoyens pour infléchir le cours des événements mais je crois que nous devons essayer, il y va de notre avenir et surtout de celui des générations futures. Quant à l’étude EDF elle est moins affirmative que le furent d’autres études par le passé. A quand un débat sur l’énergie et la mise en oeuvre d’une politique cohérente. A vos plumes pour l’exiger...
     Une revue de l’état des Installations que j’ai alimenté avec les communiqués de la DSIN. Inquiétant les incidents mais force est de constater que notre Direction s’affirme et fait du bon travail. Mais quand même qu’espérait Cogéma, que ça passerait inaperçu ? Et le CEA, être épinglé pour une gestion fantaisiste de ses matières sensibles (plutonium entre autre) ça fait désordre. Remarquez ce sont des labos, et quand on vous dit que la recherche ne rend pas les choses plus sûres, bien au contraire !
     Et pour finir un gros dossier sur la problématique de radioprotection liée au cycle du plutonium et de l’uranium de recyclage. Il y a une suite à ce dossier expliquant qu’il n’y aucune possibilité de décontamination réelle et qu’il faut continuer les recherches.

et le coin des associations et des syndicats.

Alors bonne lecture et à 1998, si vous le voulez toujours.

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SOMMAIRE
- Le nucléaire qu’il aurait fallu ne pas choisir
- Variétés 4
- A propos du Bouchet: lettre d’un conseiller municipal; réponse du CEA
- Usine COGEMA - Hague: tritium dans les combustibles irradiés
rapport Souleau volet final
communiqué créant la commission Spira-Sugier
-Coûts de référence document EDF-ministère
-État des installations (DSIN): incident à LURE (Orsay); incident sur le site COGEMA-Hague; autorisation de reprise des travaux à Cogéma-Hague; défaillances du système de gestion des matières fissiles au CEA; petite biblio
-Problématique de la radioprotection dans le contexte du cycle du Pu et de l’U de retraitement
-Le coin des syndicats et des associations:
réponse à la lettre des associations autour de Civaux; Les pieds dans le plat, syndicat FO; J’accuse syndicat C.G.T. de l’énergie;10ème anniversaire de Stop MELOX; le Forum plutonium

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