La publication récente (1997) des premiers
résultats d’une étude cas-témoin sur les leucémies
des sujets de moins de 25 ans dans le Nord-Cotentin a suscité la
mise en place du comité scientifique chargé de la préparation
du présent rapport. Cette publication a été précédée
d’une étude de mortalité dans cette même région
portant sur la période 1968-1986 (publiée en 1990) et de
deux études d’incidence, publiées en 1993 et 1995 et portant
respectivement sur les périodes 1978-1990 et 1978-1992. Ces 4 publications
constituent l’ensemble des informations épidémiologiques
disponibles sur les risques de leucémies chez les sujets de moins
de 25 ans dans le Nord-Cotentin. Les observations qu’elles apportent se
résument de la façon suivante :
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- dans le cadre de l’étude cas-témoin,
des associations statistiquement significatives et numériquement
importantes ont été observées avec trois habitudes
de vie : la fréquentation des plages par les enfants et/ou par leurs
mères au moins une fois par mois, la consommations de poissons ou
coquillages d’origine locale par les enfants au moins une fois par semaine;
ainsi qu’avec le fait d’habiter dans une maison en granit.
Les observations de l’étude d’incidence sont quantitativement incompatibles avec une interprétation causale des associations statistiques décrites dans l’études cas-témoins pour l’ensemble Nord-Cotentin : si l’une quelconque de ces associations était causale, on aurait dû observer un excès (qu’on peut estimer à une vingtaine de cas) de leucémies dans le Nord-Cotentin au cours de la période 1978-1992 alors qu’aucun excès n’est observé au cours de la même période dans cette même région. Les analyses publiées à ce jour n’apportent pas tous les éléments qui permettraient de lever la contradiction entre ces études et d’identifier précisément son origine. II . Recommandation du comité scientifique Considérant l’ensemble de ces observations et sur la base d’argumentaires détaillés dans le rapport complet du comité scientifique; p.11
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considérant l’importance
des enjeux de santé et le devoir de transparence absolue qui incombe
tant aux autorités impliquées qu’aux scientifiques directement
responsables de l’information exacte et intelligible de ces autorités
et des populations directement impliquées;
le Comité Scientifique émet les recommandations suivantes relatives au volet épidémiologique de ses travaux : 1) l’analyse des études d’incidence, d’une part, et cas-témoins, d’autre part, réalisées dans le Nord-Cotentin, doit être encore approfondie selon les modalités détaillés dans le rapport complet, pour aboutir à des résultats validés et interprétables de façon cohérente; 2) une étude d’incidence des leucémies du sujet de moins de 25 ans dans le Nord-Cotentin au cours des 4 dernières années (de 1993 à 1996) doit être réalisée très rapidement afin de vérifier, notamment, si l’excès numérique observé dans le canton de Beaumont-Hague se maintient, voire se renforce, au cours de ces 4 nouvelles années, ou si, au contraire, cet excès numérique s’estompe. Cette étude d’incidence devra être poursuivi au cours des années ultérieures. Il est par ailleurs recommandé de développer les travaux suivants: |
a) enregistrement de l’incidence des cancers
dans le département de la Manche et surveillance régulière
des variations géographiques et temporelles de l’incidence des différents
cancers, notamment de ceux pouvant être induits par l’exposition
aux radiations ionisantes; dans le cadre de cet enregistrement, il convient
de caractériser au mieux sur le plan biologique la pathologie cancéreuse
observée;
b) enregistrement des leucémies de l’enfant au niveau national, étude des variations géographiques et temporelles de leur incidence, recherche des facteurs de risque environnementaux, constitutionnels et/ou liés au mode de vie; c) mise en place d’une structure chargé de recueillir des informations sur différents indicateurs de santé et d’exposition à l’échelle de petites unités géographiques et d’analyser leurs variations géographiques et temporelles (tendances, agrégats,…). Ces travaux relèvent de la surveillance ordinaire des risques et de la recherche systématique et permanente des facteurs de risque, et doivent être poursuivis de façon continue, régulièrement mis à jour et portés à la connaissance du public. Leur développement requiert un accès plus facile aux informations d’exposition et/ou de santé. Commentaire Pour un dossier complet sur la question s’adresser à l’ACRO 18 avenue Savorgnan de Brazza 14000 CAEN. p.12
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Ministère de l’Aménagement de Territoire et de l’Environnement Secrétariat d’État à la Santé
Paris le 7 août 1997
Le 7 février 1997, les ministres chargés
de la santé et de l’environnement avaient mis en place un "comité
scientifique pour une nouvelle étude épidémiologique
dans le Nord-Cotentin" qui, sous la présidence du Professeur
Charles SOULEAU, s’est appuyé sur deux groupes de travail, l’un
chargé de l’épidémiologie et l’autre de la radioécologie.
Le comité scientifique a rendu son
rapport au ministre de l’aménagement du territoire et de l’environnement
et au secrétaire d’état à la santé le 1er juillet
1997. Il formulait des recommandations sur la poursuite et l’approfondissement
du travail engagé tant en matière d’épidémiologie
que de radioécologie. A la remise du rapport, les deux ministres
avaient fait part de leur volonté de suivre ces propositions. Ceci
n’est aucunement remis en cause par la démission, pour des motifs
personnels, du Professeur SOULEAU.
Pour le suivi des recommandations du groupe
de travail "épidémiologie", une mission a été
confiée au Professeur Alfred SPIRA, épidémiologiste,
directeur de recherche à l’INSERM, qui pourra s’entourer d’experts
et s’appuyer sur le Réseau National de Santé Publique;
Le groupe de travail sur la "radioécologie",
qui n’avait rendu qu’un rapport d’étape, poursuivra ses études
et sera animé par Mme Annie SUGIER, directeur délégué
à la protection de l’Institut de Protection et de la Sûreté-Nucléaire.