GAZETTE NUCLÉAIRE
195/196, février 2002
ON CONTINUE mais OU EST LA RELEVE ?
 EDITORIAL

     Tous mes voeux pour 2002. Que cette première année année du nouveau millénaire soit calme et que tout se passe bien...
     Je n'imaginais guère en reprenant la Gazette en 1981 (n° 45 prolifération, n° 46/47 éléments pour un débat...) que je serai toujours avec ma plume (un ordinateur maintenant) en 2002.
    C'est bien pour cela que je parle de relève, on fatigue les amis...
     L'Assemblée Générale du GSIEN s'est bien passée le 19 janvier 2002. Nous nous sommes retrouvés dans les locaux de Greenpeace - un grand merci à nos hôtes, par ailleurs fort discrets -. Nous avons pu faire le point :
     1- financier : c'est pas terrible mais ça va,
     2- travaux divers et variés : rapports, conférence, CLI, etc...
     3- échanges sur la radioprotection : on subit une forte relance du KERALA (zone d'Inde sur terrain plein de thorium. Nul n'a jamais prétendu la radioactivité naturelle sans effet sur la santé. Le problème est qu'elle existe. Donc ce qui compte c'est l'ajout par les sources artificielles. Ce dernier doit être minimisé et c'est la seule approche valable (comme doivent être minimisées les atteintes chimiques)
     4- échange sur la sûreté: le suivi des cuves demande encore de gros efforts car les connaissances sont bien maigres dans ce domaine. Les incidents comme celui de Dampierre (erreur dans le positionnement des assemblages) doivent être analysés avec soin. Les conséquences de la tempête de 1998 ont conduit à revoir les problèmes d'inondation et de mise en sécurité d'un site totalement inaccessible. Le changement des gros équipements (couvercles, GV, canalisations,...) se fait lentement pour cause d'approvisionnement pas toujours évident et aussi pour analyse de l'impact de tels chantiers. Le suivi des enceintes a montré que même le dernier palier N4 (Civaux) a des problème de fuites, pas toujours bien comprises (qualité du béton..).
     L'A.G. S'est bien passée mais nous sommes bien peu maintenant. Il reste quelques provinciaux bien actifs (Bretagne, Alsace, Rhône-Alpes, région Centre) mais pour le reste nous manquons un peu de tonus.
     En particulier la maîtrise des dossiers techniques n'a rien de très simple.
     Bon cessons de nous lamenter. Après plus de 25 ans, ça ne marche pas si mal.
suite:
     La petite info qui suit montre les lacunes des transports, le niveau étant justifié par le passage de toutes les barrières suédoises, françaises et même américaines car on s'est rendu compte du problème dans la société SPEC. C'était un peu tard...:

     Incident au cours d'un transport de matières radioactives: enquête en France

     PARIS, 9 jan (AFP) - Une enquête a été ouverte en France par l'Autorité de sûreté nucléaire, après la découverte de fuites radioactives au cours du transport d'un colis contenant de l'iridium entre la Suède et les États-Unis, via l'aéroport parisien de Roissy, a indiqué mercredi l'organisme français dans un communiqué. 
     Ce colis, contenant 1.000 billes d'iridium 192 destinées à la radiographie industrielle, avait été expédié le 27 décembre par la société suédoise Studsvik Nuclear AB à la société américaine SPEC.
     Le conducteur de la société SPEC aurait reçu une dose de 3,4 millisieverts lors du transport routier du colis entre l'aéroport et le lieu de destination. La dose de radiation maximale admise pour une personne du public est de 1 millisievert par an, et de 20 millisieverts pour un travailleur du secteur nucléaire, rappelle l'Autorité de sûreté.
     L'incident avait été classé par l'Autorité de sûreté suédoise au niveau 3 de l'échelle internationale INES, graduée de 0 à 7 en fonction de la gravité de l'incident ou de l'accident.
     L'Autorité de sûreté française a organisé à Roissy une inspection des locaux de la société Federal Express (Fedex), qui assurait le transport du colis par avion cargo. Le transit a Roissy a duré moins de cinq heures, s'est limité à la zone d'entreposage de Fedex et le public n'a pas été exposé, indique le communiqué. 
     L'équipage de l'avion-cargo, qui dispose de films dosimétriques capables de révéler une irradiation anormale, n'a pas non plus été exposé à des doses anormales.
     Les autorités américaines et suédoises poursuivent leurs investigation, conclut le communiqué.

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Grave accident d'irradiation en Géorgie
extraits du communiqué IPSN
et de l'article du Quotidien du Médecin

     Un spécialiste français de l'Institut de protection et de sécurité nucléaire (IPSN), le Dr Patrick Gourmelon, est parti en Géorgie pour évaluer l'ampleur de l'irradiation subie par trois habitants d'un petit village en décembre 2001. Les sources radioactives suspectées, qui se présentaient sous la forme de deux cylindres d'une dizaine de centimètres de hauteur, n'ont pu être examinées par l'Agence internationale de l'énergie atomique, à cause de mauvaises conditions climatiques.
     L'hypothèse d'une source de strontium 90 de forte intensité est avancée; si elle venait à être confirmée, ce serait le premier cas d'accident avec ce type de source dans le monde. Une étude clinique des trois Géorgiens effectuée juste après leur accident révélait de nombreuses brûlures (évaluation 10 gray local) et des signes d'une irradiation globale, les doses ayant été évaluées de l'ordre de 2 à 3 grays. A titre indicatif, une dose d'irradiation de 3 grays suffit à atteindre la moelle osseuse; la probabilité de mortalité est de 50 % en un à deux mois (sans traitement). 
     Le professeur Gourmelon s'est déjà rendu 2 fois en Géorgie dans le cadre de la découverte de sources abandonnées dans d'anciens camps d'entraînement soviétiques. En 1997, une surexposition accidentelle de onze gardes-frontière par des sources de césium 137 d'activité moyenne avait été mise en évidence à Lio, à 20 km à l'est de Tbilissi. Quatre des victimes les plus atteintes ont été accueillies en France dans des hôpitaux spécialisés dans le traitement des irradiations accidentelles (Institut Curie à Paris, Hôpital militaire de Percy à Clamart). A la suite de cet accident, d'autres sources abandonnées ont été identifiées dans le cadre de missions de l'AIEA, en particulier en 1998 à proximité du village de Matkhoji, situé à 300 km à l'ouest de Tbilissi.



     L'ex-URSS n'a pas fini de faire parler de ses dépôts. Si nous sommes en train de reprendre un certain nombre de site (Fontenay, Marcoule, Cadarache, Saclay, restent les isolés moins connus..), ce n'est pas le cas de la myriade de pays qui gardent les stigmates de l'effort de guerre soviétique (sources, déchets, etc..). Il y aura encore des irradiés et les derniers géorgiens ont reçu de bien fortes doses!
      Je vous ai retranscrit le rapport parlementaire sur les essais nucléaires: "circulez, il n'y a rien à voir" en est la conclusion.
     Dommage pour nos quelques députés qui se battent sur le sujet, ils n'ont pas vraiment d'écoute. D'ailleurs vous lirez aussi les réponses aux questions du MAN, à propos des sous-marins et vous verrez que nous sommes dans une phase va-t-en guerre.
     Les exploits (si on peut dire !?) des terroristes ne justifient nullement de se réfugier dans ce type d'attitude belliqueuse. De fait cela ne fait que conforter les poseurs de bombes. En effet les représailles touchent, bien sûr des civils qui n'en peuvent mais et la spirale de violence s'engage.
     De toute façon, il a fallu attendre 2001 pour que la France (qui a enrôlé sans vergogne sous son drapeau) reconnaisse les droits des anciens combattants de tous les pays de notre ex-empire !!
     Donc face à cette mauvaise foi des états pour reconnaître leurs torts ce rapport n'est pas étonnant. Peut-être dans X années on reconnaîtra la nuisance des essais tant algériens que tahitiens.
suite:
Essais nucléaires français:
des effets "dérisoires" (rapport parlementaire)

     PARIS, 23 jan (AFP) - Les essais nucléaires menés par la France entre 1960 et 1996, dans le Sahara puis en Polynésie, ont eu des effets "limités" sur l'environnement et la santé, en tout cas "dérisoires" en comparaison de ceux menés par les États-Unis et l'URSS, selon un rapport parlementaire publié mercredi. 
     Ces essais - 210 au total, d'abord atmosphériques puis souterrains - "ne se sont pas réalisés sans altérer l'environnement des sites utilisés et sans prendre de risques humains", souligne ce rapport de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques.
     "On peut toutefois considérer que ces effets ont été limités, même si, quarante ans plus tard, des hommes se plaignent d'hypothétiques effets sur leur santé", ajoute l'Office, une commission composée de députés et de sénateurs.
     "Toutes ces conséquences sont dérisoires comparées à celles (...) des essais réalisés par les deux grandes puissances à partir de 1945", estiment les parlementaires.
     Le rapport recommande toutefois de continuer à surveiller les atolls de Mururoa et de Fangataufa, où se sont poursuivies les campagnes jusqu'en janvier 1996. Ces atolls, qui n'ont jamais été habités, ne devront pas davantage l'être à l'avenir, à l'exception de personnels de surveillance et de scientifiques, recommandent les parlementaires. 
     Selon le rapport parlementaire, "le suivi des populations de Polynésie française a été grandement amélioré à l'occasion de la surveillance que les essais ont impliquée". Le rapport recommande que soit "maintenu, voire amélioré" ce dispositif et que le registre des cancers, qui permet de comptabiliser tous les cas déclarés, soit "pérennisé avec tous les moyens nécessaires. "
     Les rapporteurs recommandent enfin que soit mis fin aux "disparités de couverture" pour des personnes ayant été exposées à des radiations, selon qu'elles relevaient d'un statut civil ou militaire. "La législation française ne les traite pas de la même façon, un civil pouvant déclarer une maladie professionnelle, ce qui n'est pas le cas d'un militaire", a souligné au cours d'une conférence de presse l'un des rapporteurs, le sénateur (DL) Henri Révol. 
     L'office parlementaire avait été saisi sur "les incidences environnementales et sanitaires des essais nucléaires français" par la commission de Défense de l'Assemblée nationale. 


     Il y a encore du boulot pour éviter les incidents et pour faire prendre conscience qu'il ne suffit pas d'affirmer :"il n'y a aucun problème." pour convaincre ceux qui questionnent.
     Comme vous avez dû l'apprendre : le Pr Y. Bandazhevsky a été condamné (pour corruption) à une peine de prison.
     Nous essayons toujours d'intervenir en faveur de sa libération.
     A cette fin nous avons participé à une pétition de scientifiques, nous sommes allés à l'ambassade.
     Il est regrettable que ce scientifique soit stoppé dans son approche car il avait une vision des atteintes de ces patients originale. Cela valait la peine d'approfondir ses méthodes.

Bonne lecture et la prochaine Gazette suit vite. Continuez vos réabonnements, merci.

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Comme annoncé en janvier 2000, à  partir du 1er janvier 2002, l'abonnement sera :
France   -> 23 ; Etranger -> 28 ; 1 numéro -> 5

Sommaire

Pour sauver Yuri BANDAZHEVSKY; Fin du monde ou début d'un monde nouveau; Pignero et le nucléaire; Que de beau monde; De l'indépendance de l'expert transparent; Surveillance de la Garonne
A propos de la Hague et des déchets:
rappel historique; lettre de la DRIRE à la CSPI
Les déchets vus par EDF:
déconstruction; redéploiement; l'Effet de leurre (REZO)
Un peu de technique:
Dampierre; Civaux; normes de tenues aux séismes
Infos sur effet de serre; Colloque sur l'énergie du 6-11-01:
Communiqué presse officiel; billet d'humeur de Stop-Civaux; Point de vue Comité de défense Châtaigneraie-Segala; Communiqué REZO
Nous leur avons dit NON:
4ème sous-marin, suite  et pas fin; A propos de Mururoa et Fangataufa
Le coin Associatif:
Gare aux mines; bons voeux du réseau et PPI
Année 2002
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REnews 2002: Base de données environnementale internationale