Onze exploitations de minerai
d’uranium ont été actives dans le département du Puy-de-Dôme
dans les années 1948 à 1979. Elles sont groupées en
deux secteur :
- Les mines de Bancherelle, Gagnol, Étang de Relier, Relier, Roffin,
Plan Bigay et Chez Gourniaud se trouvent sur les communes de Ris et de
Lachaux avec une unité de traitement du minerai à Roffin
(Lachaux) et un barrage réservoir sur Chateldon.
- Dans la région d’Ambert, on retrouve le Bois des Gardes à
Saint-Marin-des-Olmes. Les Bois des Fayes, le Temple, le Poyet sont situés
sur Baffie.
Le CEA, (Commissariat à l'Énergie Atomique) et la COGEMA
(Compagnie Générale des Matières Nucléaires)
en ont extrait plus de 170 tonnes d’uranium. Il ne s’agissait donc pas
de grosses exploitations. Mais quand on sait comment sont gérées
les installations du lobby nucléaire, on est vraiment tenté
d’y regarder de plus près.
En fait, une seule de ces implantation fait l’objet d’un suivi. A Roffin
(commune de Lachaux) le traitement du minerai a laissé sur place
30 000 tonnes de déchets. Ils sont constitués de minerai
dont on a extrait l’uranium. Il y reste donc tous les autres éléments
radioactifs. On y trouve par exemple le radium 226. C’est un élément
dont la radiotoxicité est forte. Il lui faut environ 20 000 ans
pour disparaître…en donnant d’autres éléments eux-mêmes
radioactifs jusqu’au plomb 206 stable.
Pareille négligence en dit long sur le soin apporté par les
exploitants du nucléaire et les autorités administratives
à préserver notre santé et celle des générations
futures.
(suite)
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Puy-de-Dôme Nature Environnement s’est donc lancé dans une
vaste opération de mesure de la radioactivité sur ces anciens
sites miniers. Un peu partout apparaissent des zones, certes limitées,
mais nettement contaminées par des éléments radioactifs.
En particulier, à Roffin, en dehors de la zone contrôlée
de l’ICPE, au Bois des Gardes, au Bois des Fayes, on relève au sol
plusieurs dizaines de micro-sievert par heure (microSv/h). Au Bois des
Gardes, on atteint 46 microSv/h.
Pour donner une idée de ce que cela représente, on peut retenir
que la radiotoxicité habituelle au sol est d’environ 0,1 microSv/h.
Certes dans les régions granitiques, comme celles explorées,
on trouve parfois des niveaux plus élevés, de l’ordre de
quelques microSv/h. Mais les contaminations relevées sont beaucoup
plus importantes. Elles correspondent ici à des activités
industrielles, en général des zones de stockage du minerai
qui ont été mal nettoyées.
L’ANDRA (Agence nationale pour la Gestion des Déchets radioactifs)
est une structure importante du lobby nucléaire. On ne peut la soupçonner
d’une rigueur excessive. Elle nous donne une indication utile. Elle considère
qu’un sol est contaminé par des éléments radioactifs
“ avec risque sanitaire ” à partir de 10 microSv/h.
Il faut ajouter que sur ces zones contaminées, y compris l’ICPE
de Roffin, la radioactivité n’est pas totalement confinée
et présente des signes de dissémination aux alentours ;
Sans compter que la mémoire se perd vite. Si on ne fait rien, dans
deux ou trois générations un sol contaminé pourra
recevoir une aire de jeux pour enfants ou un terrain de camping ou…On y
voit déjà promeneurs ou chasseurs ou autres ramasseurs de
champignons.
Le travail réalisé par Puy-de-Dôme Nature Environnement
n’est évidemment pas exhaustif. Il suffit cependant à révéler
:
- une situation dangereuse sur certains sites qui doit être corrigée;
- la nécessité de procéder à des investigations
plus importantes avec un organisme indépendant (la CRIIRAD).
C’est dans ce sens que nous saisissons le préfet du Puy-de-Dôme.
Nous luis demandons en particulier de mettre en oeuvre les instructions
données à tous les préfets par une circulaire interministérielle
du 16 mai 1997 sur les sites pollués par des substances radioactives
et qui correspond très exactement à la situation des anciennes
mines du département.
Affaire à suivre donc…et que nous suivrons.
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Extrait de la Lettre d'information
"Sortir du nucléaire" de décembre 2001 (envoi d'un spécimen
gratuit sur simple demande : merci d'indiquer votre adresse postale précise).
La reproduction de tout ou partie du témoignage ci-dessous est autorisée
et vivement conseillée. N'hésitez pas également à
faire circuler ce mail à vos connaissances.
Témoignage
DEVOIR DE RÉSERVE OU LOI DU SILENCE !
EDF prétend qu'il existe des dispositifs qui visent, en toutes circonstances,
à assurer la protection des populations, dont le plan particulier
d'intervention (PPI) et le plan d'urgence d'intervention (PUI) mis en oeuvre
par les préfectures. Je suis sapeur-pompier professionnel au service
d'intervention et de secours du Rhône et j'ai un certificat d'intervention
en milieu radiologique, spécialité existant dans le cadre
des cellules mobiles d'intervention radiologique (CMIR). Si les CMIR sont
adaptées pour faire une recherche de source scellée, détecter
et enlever une pollution ponctuelle, établir un petit périmètre
de protection, elles ne peuvent en aucun cas assurer la protection des
populations en cas d'accident dépassant l'enceinte d'une installation
nucléaire. La seule protection efficace étant la distance,
l'unique protection contre une irradiation et (ou) une contamination est
le sauve-qui-peut et du bon côté (sens du vent). Pour en avoir
débattu avec des collègues, je sais qu'en cas d'accident
majeur, les sapeurs-pompiers n'iront pas au casse-pipe comme ceux de Tchernobyl.
Le texte ci-dessous est extrait d'un cours de formation d'officiers sapeurs-pompiers
à la "gestion des risques" en matière radiologique.
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Ainsi
apprécierons-nous ce qui est prévu sur le papier par nos
autorités, en caractères italiques, et ce qui se passerait
en réalité en cas d'accident dépassant l'enceinte
d'une installation nucléaire.
Plan d'intervention
L'organisation au préalable des secours à mettre en oeuvre
en présence d'un accident à caractère radiologique
est définie par les plans particuliers d'intervention (PPI) et par
les plans d'urgence interne (PUI) dans les installations nucléaires
de base (INB).
En matière nucléaire, le plan particulier d'intervention
(PPI) prévoit trois niveaux d'alerte et d'intervention, correspondant
à différentes procédures et moyens à mettre
en oeuvre.
Le niveau 1
Ce niveau correspond à un incident ou accident à caractère
non radiologique. Ce niveau comprend deux degrés :
Le premier en l'absence de victimes.
Le second en présence d'une ou plusieurs victimes.
Le niveau 2
Ce deuxième niveau est destiné à faire face à
un événement à caractère radiologique limité
au site. Ce niveau comprend aussi deux degrés :
Le premier en l'absence de victimes.
Le second en présence d'une ou plusieurs victimes.
Le niveau 3
Ce dernier niveau est déclenché lorsque l'accident est à
caractère radiologique avec des conséquences immédiates
ou envisageables à l'extérieur du site.
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Le PPI est établi par le préfet du département assisté
des services compétents, dont le SDIS (service départemental
d'incendies de secours), il est déclenché et mis en oeuvre
sous la responsabilité du préfet qui occupe la fonction de
directeur des opérations de secours (DOS).
Son objectif est la protection des populations grâce à une
information préventive associée à une organisation
de crise adaptée.
A cette fin, le PPI est actuellement organisé autour d'un PC fixe
activé en préfecture et d'un PC opérationnel mis en
place à proximité du lieu du sinistre.
Il prévoit succinctement :
- l'information des services, des populations et des médias ; -
l'activation des équipes de mesures et de prélèvements
: équipes de 1er niveau et cellule mobile d'intervention radiologique
en ce qui concerne les sapeurs-pompiers, ZIPE 1 (zone d'intervention premier
échelon) et ZIDE 2 (zone d'intervention de deuxième échelon
) pour ce qui est du CEA (commissariat à l'énergie atomique)
; - la mise en service des centres de regroupement et de contrôle
de la population ainsi que des centres de décontamination et la
distribution d'iode ; - le contrôle des accès routiers autour
du site concerné. Pour ce faire, deux périmètres sont
prédéfinis: l'un de 5 km de rayon dans lequel il peut être
envisagé de recourir à l'évacuation de la population
située sous le vent, alors que la consigne normale est le confinement
; o le second périmètre, compris entre 5 et 10 km, pour lequel
seul le confinement des populations est retenu ;
- l'accueil des blessés, irradiés ou contaminés.
En ce qui concerne le niveau 3, incident ou accident à caractère
radioactif extérieur au site, les équipes de détection
sapeurs-pompiers effectuent des mesures sur les circuits préétablis.
Des mesures complémentaires sont effectuées par les CMIR.
Suivant les résultats et les avis des experts, il y a trois types
de situation :
- Vie normale : Équipes de détection et CMIR peaufinent les
premières mesures. Des échantillons sont prélevés
pour mesure à l'aide du véhicule CMIR "anthropogammamétrique".
- Confinement : Information de la population par haut-parleur. Balisage
des zones de confinement. Activation des centres de regroupement de la
population (matériel de détection de la contamination + médecins
Sapeurs-pompiers). Contrôle de la population grâce aux véhicules
CMIR "anthropogammamétrique" et mesures sur échantillons.
- Évacuation : Information de la population. Balisage des secteurs
à évacuer et à confiner. Participation à l'évacuation.
Contrôle aux centres de regroupement. Évacuation des malades.
Tri : personnes contaminées, non contaminées, grâce
aux véhicules CMIR "anthropogammamétriques" et mesures sur
échantillons (aliments, eaux, terre, végétaux …)
Les objectifs du plan d'urgence interne peuvent se résumer de la
façon suivante :
Assurer :
- le secours aux blessés, qu'ils soient conventionnels, irradiés
ou contaminés - la protection du reste du personnel ;
- la conduite des unités vers le meilleur état de sûreté
possible ; - la stabilisation de la situation en limitant au maximum les
conséquences de l'événement.
Alerter et informer :
- les autorités préfectorales et de sûreté ;
- les services d'intervention;
- l'organisation nationale de crise de la structure.
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suite:
Analyser l'accident et ses conséquences : - diagnostic et pronostic
de l'évolution potentielle ; - évaluation des rejets et de
leurs impacts sur la population.
Ces dispositions sont prises sous la responsabilité du chef d'établissement
qui est aussi à l'origine du déclenchement de ce plan.
Voilà pour la théorie ; pour la pratique, souhaitons que
jamais nous ne connaissions un accident de niveau 3.
Car un accident nucléaire dépassant les limites d'un
site nucléaire deviendra vite ingérable.
Il faut plusieurs heures entre l'ordre d'alerte de la CMIR et la réalisation
des premières mesures sur le circuit préétabli. La
CMIR, vu la pénibilité de la tâche, devra être
relevée : par qui ? Une seule CMIR (4 hommes) est opérationnelle,
les autres étant de repos ou affectées à d'autres
missions. Il faudra faire intervenir des CMIR d'autres départements
ou régions. (3 CMIR en Rhône-Alpes : Lyon, Valence, Grenoble).
Comment réaliser, comme le prévoit le PPI, la mise en service
des centres de regroupement et de contrôle de la population dans
la mesure où il n'y a pas, à ma connaissance, en Rhône-Alpes
comme dans tout le Sud-Est de la France (une des régions les plus
nucléarisé au monde !) des véhicules CMIR "anthropogammamétriques"
?
La distribution d'iode, pour être efficace et seulement contre l'iode
radioactif, doit se faire plusieurs heures avant l'exposition à
la radioactivité.
Si des blessés contaminés doivent être transportés
vers un centre hospitalier, aucune structure hospitalière, à
part un service de grand brûlés (milieu stérile et
confiné), ne pourra les accueillir. Les lits disponibles dans
ces services très pointus ne pourront accueillir qu'un nombre très
limité de victimes. Ensuite, il faudra décontaminer les véhicules
ayant servi au transport et le service hospitalier.
Quant à l'évacuation de la population située sous
le vent, chacun connaît la difficulté à évacuer
lors des manoeuvres très médiatiques de simulation préparées
des mois à l'avance ; en réel, la tâche sera encore
plus difficile avec des ordres et contre-ordres, l'affolement et la panique
(accidents routiers, embouteillages etc.).
Le confinement des populations ne s'improvise pas. Il faut posséder
la technique et le matériel (films plastiques, rubans adhésifs).
Aucune information ni formation n'est réalisée si ce n'est
par quelques dépliants dont la diffusion est restreinte.
Si la contamination est massive, ce sera le sauve-qui-peut
mais du bon côté (direction du vent), car la première
protection, c'est la distance, la seconde, le temps (la dose absorbée
est directement proportionnelle à la durée d'exposition).
Arrêtons là cette simulation désastreuse. EDF et les
autorités laissent croire à la population que des sapeurs-pompiers
pourront assurer leur protection en cas d'accident radioactif de niveau
3 : il est pourtant compréhensible que, même s'ils avaient
tous les moyens humains et matériels, ils seraient totalement inopérants
pour une pollution par des éléments radiotoxiques à
des doses du millionième de gramme.
Les sapeurs-pompiers sont des fonctionnaires territoriaux et d'après
leur statut, ils doivent observer un devoir de réserve, mais le
devoir de réserve n'est pas la loi du silence. Tout fonctionnaire
qui a connaissance de dysfonctionnements devrait les dénoncer.
un sapeur-pompier professionnel du Rhône
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