Nous entrons en zone de troubles.
Rappelez-vous: le GSIEN a toujours expliqué que le nucléaire
était un facteur aggravant en cas de conflit. Tout est cible mais
certaines industries sont plus vulnérables que d'autres. Et surtout
les conséquences sont différentes. La chimie tue mais on
peut reconstruire, le nucléaire stérilise et nul ne peut
prédire pour combien de temps. Plus que jamais soyons des citoyens
responsables et essayons d'aider à prendre la bonne route. C'est
trop facile de faire parler la mitraille et cela n'apporte pas de solutions
durables. Nos pays civilisés et riches doivent montrer l'exemple
et tenter d'aider ceux qui se battent pour la démocratie.
Je vous livre le communiqué de "Handicap International" qui, le 12 septembre, a annulé sa conférence de presse annonçant sa 7ème pyramide de chaussures et plus particulièrement ces passages: "Comme dans d'autres capitales, cette décisien d'annulation est prise en signe de profonde sympathie pour le désarroi du peuple américain et le désespoir des victimes de cette terrible série d'attentats. Quels qu'en soient les responsables, cette tragédie marque la fin du mythe de la sanctuarisation et rappelle à tous les gouvernements l'impérieuse obligation de ne pas laisser se dégrader indéfiniment les situations de conflits régionaux, même les plus complexes, ou la désespérance est le principal ferment du terrorisme." Rien à ajouter, si : la pyramide a été faite 10 jours plus tard et les mines sont toujours utilisées ! Saluons la nouvelle étude qui vient d'être menée en Franche-Comté sur les cancers de la thyroïde des enfants entre 0 et 14 ans. Pour cette tranche d'âge ce qui a été mis en évidence s'exprime ainsi: - 3 cas en 10 ans sur la période 1980 - 1989, pour 2.399.208 personnes-années, soit une incidence de 1,25 pour 1 million. - 5 cas en 9 ans sur la période 1990 - 1998, pour 1.942.847 personnes-années, soit une incidence de 2,57 pour 1 million. L'incidence du cancer de la thyroïde est donc multipliée par 2,06 entre les 2 périodes. (suite)
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suite:
Les auteurs concluent "Nous ne mettons pas en évidence de variation significative du cancer de la thyroïde de l'enfant, ni dans le temps ni dans l'espace.", mais ils ajoutent "une augmentation significative du diabète insulino - dépendant de l'enfant avec le temps, compatible avec les tendances européennes." et insistent sur le fait que ce résultat s'applique aux 0-14 ans, pour la période et la région considérées. L'incidence "naturelle" du cancer de la thyroïde est autour de 1 pour 1 million pour cette classe d'âge. Cette étude a été prise en charge par les médecins et cette approche doit être soulignée. Notons dans cette équipe la présence du Pr J.F. Viel qui a été le précurseur des études autour de la Hague. Nul ne les a vraiment aidé dans leur démarche et s'ils ont dû restreindre leur zone d'étude c'est par manque de moyens et non par choix délibéré. Ceci dit il est souhaitable que les organismes officiels (Institut de Veille Sanitaire - INVS -, l'Office de Protection contre les Rayonnements Ionisants - OPRI - et l'Institut de Protection et Sûreté Nucléaire - IPSN -) jouent pleinement leur rôle et réalisent des études de cette qualité. La CRIIRAD vient de porter à la connaissance de tous un atlas européen des contaminations du sol français qui s'avère en contradiction avec tous les relevés effectués par cette association et apparemment aussi avec les nouvelles publications de l'IPSN. Les déclarations de transparence sont vite contredites et je trouve scandaleux que la France ne soit pas capable d'assumer ses erreurs. Tchernobyl a révélé les lacunes de nos systèmes de surveillance aussi bien environnementales que sanitaires. 16 ans après il est lamentable de constater que les mensonges (et je pèse mes mots) c'est-à-dire des moyennes départementales, des moyennes nationales resurgissent au niveau européen ne tenant aucun compte des mesures faites dans les Vosges, en Alsace, dans le Mercatitour et en Corse. Il faut que cela cesse. Il est invraisemblable que les erreurs les plus manifestes se perpétuent et soient prises pour argent comptant alors que ce sont des faux. Oui la France a été contaminée lors du passage de nuage de Tchernobyl. Oui les régions les plus touchées ont été l'est (Vosges, Lorraine Alsace, etc..) et le sud-est (Drôme, Mercantour, Paca, etc..) Alors, faisons le recueil des données nécessaires et cherchons à comprendre les effets mais cessons d'affirmer qu'il n'y a eu aucun effet. p.1
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Chaque étude ne donne pas
un effet énorme mais toutes montrent une incidence à la hausse.
On ne peut donc pas affirmer qu'il n'y a rien. Tout au plus en l'état
de nos connaissances, dire la significativité est faible, certes,
mais elle EST!!
Pour connaître (ou tenter de) l'impact de Tchernobyl, il convient d'étendre ce type d'analyse à l'ensemble des régions concernées (Rhône-Alpes, PACA, Corse, etc....) et pourquoi pas à toute la France. Des plaintes ont été déposées il faut faire la lumière sur ces pathologies (Thyroïde ou autre symptôme -diabète, développement retardé, fatigue,..-). Que vous dire de plus, nous avons rendu notre rapport sur Fessenheim. Même Si EDF en conclut que nous sommes en grande partie en phase avec elle, il faut convenir qu'il reste à exercer une vigilance pour que les réacteurs soient à un haut niveau de sûreté. Il est indispensable de continuer à surveiller la cuve pour ne pas se laisser surprendre par l'évolution des défauts. Il faut aussi faire un suivi des incidents et savoir utiliser le retour d'expérience. En ce qui concerne les travailleurs, la mise au point de dosimètres à neutron s'impose et la motorisation des vannes, indispensables à la manoeuvre de dégonflage d'une enceinte en cas d'accident mais irradiantes, doit être réalisée dans les plus brefs délais. La mise en place d'un nouveau combustible plus enrichi n'est pas sans incidence sur la sûreté du réacteur. - Entreposage des combustibles neufs - A la lumière de l'incident de Dampierre: erreur en chargement du coeur dans la position des assemblages (incident niveau 2), il convient de revoir les procédures mais aussi de se poser des questions sur le repérage des dits-assemblages. -manipulation des assemblages usés. La mise en conformité du site pour les risques séisme et inondation est en cours mais Fessenheim n'est pas un site prioritaire. Pour le risque hydrogène qui sera présent en cas d'incident grave, la DSIN a mis en demeure EDF d'équiper tous les sites (juin 2001). Cette opération sera terminée en 2007 (!!). Comme la demande pour Fessenheim remonte à 1989 (lère visite décennale) et qu'elle a été reprise en 1992, puis en 1999 (visite décennale no2), force est de constater qu'on a raison... mais lentement. Quant à la résistance des enceintes 900 (simple ) et 1300 (double) il ne faut pas s'attarder. Elles ont été conçues pour résister à un accident INTERNE. Après on a calculé à quoi elles résisteraient en cas d'agression EXTERNE. Les calculs donnent un CESNA ou un LEAR (avions de moins de 5,7 t), à la rigueur 1 moteur de Boeing. Le pourquoi de ces 2 avions vous est explicité plus loin dans la Gazette. En aucun cas un avion de ligne bourré de kérosène ( 150 tonnes minimum) n'a été pris en compte. A plus forte raison le choc n'a pas été prévu avec un appareil à une vitesse autour de 500 km/h ou même davantage. Donc il est plus que probable que l'enceinte ou les enceintes ne résisteraient pas à l'impact. Plus grave le béton se désagrégerait dans l'incendie provoqué par le kérosène. En ce qui concerne la Hague ou tout autre site les ravages dépendraient du point d'impact, de ce qui serait endommagé dans l'impact et de l'incendie suivant cet impact. Comme on a des réserves de produits chimiques (formol, solvants, hydrocarbures, acide sulfurique et nitrique, etc....), des piscines contenant environ 7.500 tonnes de combustibles, des fosses de rétention de boues radioactives (résidus de retraitement), des hangars de fûts de déchets, le résultat risque de ne pas être triste. Wise a refait les études de 1979 pour les actualiser avec le contenu actuel des piscines et des fosses. En 1979 il y avait en plus des cuves d'effluents hautement actifs (sous forme de blocs de verre maintenant). Ces cuves ne tenaient pas sous un impact et dégageaient un nuage allant au moins jusqu'à Cologne en doses importantes et en Norvège pour des doses encore significatives. On peut aussi se rappeler les avions militaires, les fameux F104 qui s'écrasaient les uns après les autres. Les allemands en avaient d'ailleurs tenu compte pour leurs réacteurs. Pas nous et les piscines de réacteurs (comme celles de la Hague) ne sont pas bunkérisées. Pour finir, un des derniers F104 a parcouru 400 km sans pilote (il s'était éjecté) et s'est crashé près d'une école. Alors si la probabilité pour qu'un avion fou s'écrase sur une cible sensible est faible, à l'inverse la probabilité pour qu'un avion avec un pilote fou se crashe sur une cible sensible est 1... (Ce qui est faible c'est la probabilité de ratage de la cible). (suite)
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La réglementation a des aspects "pratiques" qui s'avèrent dangereux. Peindre une croix sur les bâtiments pour les signaler a pu paraître une bonne idée, un jour, c'est moins évident maintenant. Quand la chimie rejoint le nucléaire, on trouve de tout sur les sites. A Toulouse il y avait aussi des sources, "parfaitement répertoriées", bien sûr mais qui se sont retrouvées orphelines. 12 emballages radioactifs trouvés sur le site d'AZF Le nucléaire se porte bien merci pour lui, voici le contrat signé entre EDF et COGEMA. lundi 3 septembre 2001
PARIS (Reuters) - EDF et Cogema annoncent la signature d'un protocole
d'accord d'un montant d'environ 4 milliards € pour
la gestion des combustibles usés issus des centrales nucléaires
du producteur d'électricité national.
Et si on utilisait ces euros pour enfin faire un programme énergétique cohérent? Je sais bien qu'il faudra trouver une solution aux combustibles déjà stockés à la Hague mais si on arrêtait d'en produire, cela limiterait le casse-tête. Quant au MOX on peut stopper la production sans remord. Alors pourquoi attendre? Un petit morceau de bravoure que je vous livre, à propos des assurances. Ce propos provient d'un représentant du MEDEF. Les assurances assurent seulement pour les calamités "naturelles" c'est-à-dire celles que Dieu nous envoie, pour notre bien (?). Quand cette calamité dépasse l'imagination humaine, c'est parce que c'est le diable qui entre dans la partie. Or l'Etat ne doit pas laisser le diable pouvoir intervenir donc il n'a pas fait son travail de protection et devient attaquable (exemple => Météo France qui émet des bulletins niveau 1, 2 ou 3 pour se prémunir contre les procès). Tout cela pour éviter de payer les dégâts occasionnés par une mauvaise prise en charge des risques, il faut avoir du culot pour le dire. Un dernier mot: les décombres du World Trade Center, 1 mois après, fument toujours et la chaleur est épouvantable. Alors imaginez n'importe quel site... Ramener de l'eau à la Hague, par exemple... (Bien sûr, c'est différent!?) Bonne lecture et réabonnez-vous pour 2002 car c'est le dernier
numéro de l'année.
p.2
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Erreurs corrigées
sur les versions web!
Erratum 1 Gazette 187/188 janv. 2001 - page 22: Dans "les médecins et la perception du risque nucléaire", il manque "Communication présentée lors du colloque international Radiation Protection What are the future needs? Saclay, 6-9 septembre 1999, publiée dans Radioprotection Colloques, vol 35, Cl, 2000 (47-50) sous le titre Physicians and perception of nuclear risk." Nos excuses aux auteurs pour cet oubli Erratum 2
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