S. GAZAL*, C. ARTIGUE**, Q. DESBREST**
*Laboratoire Dynamiques Socio-Cognitives et Vie Politique
- UFR de Psychologie - Université de Toulouse Le Mirail
5, allées Antonio Machado - 31058 TOULOUSE
Cedex Tel : 05 63 64 21 29 fax 05 61 50 49 50
**UFR de Psychologie - Université de Toulouse
Le Mirail - 5, allées Antonio Machado - 31058 TOULOUSE Cedex
Résumé: La
question de l’identification et de la gestion des risques occupe depuis
les années 1980 une place croissante dans les sociétés
industrialisées. Les médecins représentent une catégorie
d’acteurs particulièrement concernés par le risque radiologique,
tant en ce qui concerne l’identification que la gestion du risque, que
ce soit en amont, en aval ou au niveau de l’exposition du risque. L’hypothèse
a été élaborée à partir des données
de la psychologie sociale d’une perception différentielle du risque
nucléaire en fonction de la spécialité médicale
: médecins généralistes / radiologues, et de la distance
à l’installation nucléaire (sûreté, voies d’atteinte
et effets délétères des rayonnements ionisants, gestion
de l’accident nucléaire, communication). Cette hypothèse
a été testée par questionnaire et validée à
p < 0.05 auprès d’un échantillon représentatif
de 60 médecins de la région Midi-Pyrénées.
Sur le plan strictement médical, l’intervalle de variation des résultats
est 0.34 - 0.69. En matière de communication, les media et l’information
écrite constituent le mode d’information privilégié
et la confiance en les sources d’information est limitée.
1. LA CONSTRUCTION SUBJECTIVE DU RISQUE
(suite)
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suite:
En ce qui concerne la distance à la source, les études menées après la survenue des grandes catastrophes industrielles des années 1970-1980 font état d’une sensibilité au risque plus grande chez les populations vivant à proximité de sites industriels (chimie, nucléaire) que chez les populations qui en sont éloignées (5). 2. LES MEDECINS ET LE RISQUE RADIOLOGIQUE
p.22
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Pour ce qui
est de la communication, et notamment du canal phatique,
les radiologues considèrent les media (spécialisés
ou non), l’information écrite (presse spécialisée,
plaquettes) et dans une moindre mesure orale et (inter-)active (exercices
de simulation, visites de centrales, conférences-débats)
comme plus adaptés que les généralistes. Seuls 20
% d’entre-eux favorisent l’enseignement post-universitaire, contre 74 %
chez les généralistes.
Media et information écrite sont plus valorisés à Toulouse, alors qu’à proximité du site c’est le canal oral et (inter-)actif. Quant à la confiance dans la source d’information, les radiologues font plus confiance que les généralistes aux organismes impliqués dans le nucléaire (25 % contre 12 %), les généralistes s’en défient beaucoup plus (65 % contre 37 % pour les radiologues). Seul le Commissariat à l’Energie Atomique bénéficie de la confiance des radiologues (50 % contre 0 % à EDF) et EDF est le principal bénéficiaire de la défiance des généralistes (83 % contre 46 % au CEA). Les radiologues se défient moins de la classe politique (gouvernement, élus locaux, hommes politiques) que les généralistes (79 % contre 92 %), et ils ne placent aucune confiance dans les journalistes (0 % contre 33 % chez les généralistes). Curieusement, les écologistes sont crédités de la même confiance et de la même défiance par les deux spécialités médicales (10 % et 70 %, 3 % et 74 %). Ceci est probablement imputable autant à l’image de la compétence qu’à la confiance qui leur est accordée (3). Aucun médecin de Golfech n’accorde de crédit aux journalistes, pas plus d’ailleurs qu’à EDF. C’est surtout à Golfech que le CEA puise son crédit de confiance, et à Toulouse qu’EDF inspire le plus de méfiance, la classe politique et les acteurs indépendants (écologistes, journalistes) le plus de confiance. Au-delà de la mise à l’épreuve de l’hypothèse, cette étude fait en outre apparaître des scores comparables pour la connaissance des effets déterministes des faibles doses et des fortes doses, des effets aléatoires des faibles doses, de la distinction effets aléatoires / déterministes (54 % - 59 %), des effets sur la descendance (67 % - 69 %). Le taux de bonnes réponses semble décroître avec le temps de latence de l’effet déterministe (1ères minutes à quelques heures ou phase critique : 57% - 67%, syndrome digestif : 50 %, stérilité : 22 %). (suite)
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suite:
Les cancers sont perçus comme effets à court terme dans 22 % des cas, comme effets aléatoires des faibles doses par 77 % des sujets, contre seulement 50 % et 43 % pour les leucémies et les mutations génétiques, celles-ci étant cependant créditées sur la descendance de 98 % de bonnes réponses. Ces résultats témoignent de la nécessité de préciser les notions d’effets déterministes (existence d’un seuil ?), d’effets précoces / effets tardifs (variabilité des définitions), de fortes et faibles doses. En matière de communication, l’information écrite recueille 74% des suffrages, les media 61 %, l’enseignement post-universitaire 47 % et le canal oral et (inter-) actif 37 %. Quant aux sources d’information, la classe politique est créditée de 3 % d’opinions favorables (85 % de défiance), les organismes nucléaires de 18 % (50 % de défiance) et les acteurs indépendants de 12 % (67 % de défiance). Aucun médecin n’accorde sa confiance aux élus locaux, aux hommes politiques et à EDF. 4 - CONCLUSION
Remerciements
p.24
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