GAZETTE NUCLÉAIRE
TERRORISME ET PROTECTION DES SITES SENSIBLES
     Je vous livre quelques textes sur le sujet (terrorisme et sûreté). Certains extraits de Contrôle (N° 142) ont été écrits avant les évènements, ce qui les rend encore plus inadaptés. De fait les endroits sensibles aussi bien nucléaire que chimique sont protégés contre les dangers que l'on peut estimer. Normalement tout devrait permettre de faire face à une séquence accidentelle causée par les stocks sur le site. 
     Pour le côté chimie, à défaut de tout prévoir, on doit au moins examiner chaque substance et se prémunir contre ses dangers potentiels. Pour le nucléaire, on se doit d'examiner les points sensibles et de prendre les mesures adéquates.
     Bon ça c'est la théorie...
     De fait si on examine l'explosion de Toulouse, il s'agissait d'un site datant des années 20, récupéré au hasard de regroupement et restructuration successives par Elf-Total-Fina. Ce site était conservé sans avoir été remis vraiment à niveau. Dans l'analyse de dangers présenté 2 ans avant pour un agrandissement (!!), agrandissement accepté malgré les remarques des associations, la présence du nitrate d'ammonium n'avait même pas été prise en compte puisque c'est un composé minéral stable. Stable, bien sûr sauf si sa composition s'est modifiée sous l'effet d'un stockage sans précaution ou si on a ajouté sans vérifier diverses substances plus ou moins pures. Et de fil en aiguille tout le stock a explosé. Est-ce un accident ou un attentat. Certains préféreraient l'attentat mais il semble bien que ce soit un accident suite à une série d'erreurs. Pourquoi préférer l'attentat, parce que c'est alors l'état, donc vous et moi, qui paie. Dans le cas contraire ce sont les assurances (vous et moi aussi car les primes vont flamber..), mais l'image de marque de la firme est préservée à défaut des populations et de leur environnement.
     En ce qui concerne le nucléaire, montant trop vite au créneau et mal renseigné (?), notre cher Pierret a encore frappé "les enceintes de confinement résisteraient à un impact d'avion". Il avait oublié et on avait omis de lui préciser que l'avion en question n'était pas un avion de ligne (150 à 250 tonnes, bourré de kérosène, volant autour de 500 à 600 km/h) mais un petit commercial (moins de 6 tonnes, 300 km/h). 
     De toute façon si un avion se crashe volontairement ou si un acte terroriste est réalisé aucun site nucléaire ou chimique ne résistera. Cela oblige à revoir nos certitudes. Cela nous oblige à nous poser des questions. Le risque 0 n'existe pas, on peut seulement essayer de se donner les moyens de minimiser les conséquences en employant toutes les parades connues.
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L'une d'elles est d'éviter les grosses accumulations de produits dangereux sur un même site, l'autre est de prendre toutes les mesures pour sécuriser et de ne surtout pas les remettre à plus tard sous prétexte de coûts trop élevés.
     Une découverte de plus, si on peut dire, est celle du manque flagrant d'inspecteurs. Nous avons des industries (65000 sites + ou - dangereux dont 400 environ sites à haut risque), des sites nucléaires mais un nombre ridicule de personnes pour les inspecter et obliger à prendre en compte la réglementation.
     La lecture des journaux ou l'écoute des médias a de quoi effrayer. 
     En effet comment imaginer que le déploiement de missiles sera dissuasif ? Je sais bien qu'il y a des craintes mais si on n'eradique pas les racines du mal : exclusion, incompréhension, chômage, guerre larvée ou non , on ne fera rien de correct.
     Il n'y a pas de remèdes miracles mais il faut se demander comment on a pu en arriver à un tel niveau de violences. Manifestement il y a quelque chose de détraqué quelque part. 
     Voici un extrait assez significatif de l'article de Thierry C. Pauchant -LE DEVOIR (Suisse) 18/10/01- 
Comment neutraliser le terrorisme des Joker dans un monde sans Batman 
L'une des leçons fondamentales à retenir de cette tragédie est que nos pratiques de gestion, en entreprise privée et en administration publique, sont trop unidimensionnelles. Que cela soit pour l'aviation civile ou pour l'immobilier, notre monde est surtout dominé par des impératifs de performance et de rentabilité. Ces impératifs nous poussent, par exemple, à refuser certaines pratiques de sécurité dans l'aviation ou à bâtir des tours de bureaux gigantesques. Elles nous poussent de même à accroître de façon démesurée notre degré de complexité, car performant et rentable, qui peut alors être exploité par des terroristes.
Estelle Morin, des HEC, a mesuré de façon rigoureuse la prédominance de ces impératifs: plus de 76 % de nos critères actuels de l'efficacité organisationnelle sont de nature financière. Seuls 24 % touchent des considérations non financières comme la sécurité, la santé au travail ou l'impact global des organisations sur nos communautés et le monde en général. Accorder une place plus importante à ces impératifs mènerait à des stratégies nouvelles plus robustes à l'ambiguïté de la complexité. 
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Heureusement, ces stratégies ont déjà été définies dans le domaine scientifique de la gestion des risques et des crises. En voici:
     -Rechercher de façon systématique le côté potentiellement destructeur de la complexité. La firme Johnson and Johnson par exemple, après l'empoisonnement des capsules Tylenol, n'a pas conclu qu'un acte terroriste contre ce produit était improbable. Elle a simulé délibérément des attaques terroristes contre le Tylenol et modifié les caractéristiques de ce produit et de son emballage.
     -Accroître l'impératif de la sécurité dans le design des produits. Il est évident que le Pentagone, construit par des militaires avec un souci de sécurité, a mieux résisté aux attentats. Cela a des implications importantes pour le design d'ouvrages aussi différents que des tours de bureaux, des barrages et des centrales nucléaires.
     -Diminuer le couplage entre les éléments d'un système. La tempête de verglas, par exemple, a montré notre dépendance aux systèmes centralisés. Des stratégies plus robustes comprennent, par exemple, l'utilisation de minicentrales plus près des communautés et demandant moins de lignes à haute tension ou des systèmes d'appoint individuels, comme des génératrices et des feux à combustion lente. 
     -Encourager une distribution éthique de la richesse. Sans insinuer que cela soit une excuse, il semble évident que le fait que des personnes gagnent moins de 1 $ par jour encourage la violence. Déjà, les révolutionnaires français de 1789 criaient: «Risquons tout puisque nous n'avons rien.» 
     -Développer une véritable culture de sécurité civile. Cela comprend la capacité d'envisager, sans tomber dans la paranoïa, le côté destructeur de la complexité et de se prémunir contre lui. Les tentatives actuelles de réduire l'effet de serre, par exemple, vont dans ce sens. Aussi, en Nouvelle-Zélande, la population est préparée à se prendre en main pendant trois jours si une catastrophe devait survenir. 
     -Encourager l'apprentissage des crises majeures. Cette dernière stratégie vise à tirer les leçons profondes de l'émergence d'une crise. Dans le cas du World Trade Center, il est impératif que nous apprenions à mieux tolérer les différences culturelles et religieuses des peuples de la Terre tout en neutralisant le terrorisme.
     Terrorisme ou pas, l'explosion de Toulouse nous fait toucher du doigt que :
     1-les fameux PPI doivent être revus. En effet ordre fut donné aux populations de se confiner. Comment dans une ville dévastée, sans vitres, sans portes et même sans toit ? Le PPI est adapté aux accidents "connus", pas à une explosion niée. Même 1 mois après les dirigeants déclarent que cette explosion ne pouvait pas se produire. Bien sûr mais elle a eu lieu....
     2- Les mises en application de la directives Séveso traînent en longueur et les inspections des DRIRE se bornent à regarder des dossiers. A leur décharge, s'ils doivent inspecter plus de 5 sites par jour, ça ne marchera jamais.
     Remarquez, je redis toutes ces évidences mais depuis 26 ans que le groupement existe, on n'a pas cessé d'en parler. Force est de constater qu'on a perdu mais que les faits nous ont donné raison.
     En ce qui concerne les cibles des avions, le mystérieux tombé près de Harrisburg nous avait semblé viser  TMI. Vous vous souvenez sûrement de cet accident de 1979 où le réacteur N°2 de Three Mile Island a subi un dénoyage de coeur, une explosion hydrogène, etc.. (gaztte 26/27 et 50/51). Il y a toujours sur le site un réacteur en fonctionnement et un réacteur poubelle. L'impact aurait complété le scénario ctastrophe. Ce n'est pas arrivé, tant mieux.
     Par contre, en France on s'agite sans trop savoir que faire.
     N'oublions pas que le Pentagone était défendu par des rampes de fusées et cela n'a rien évité.
     Qu'il faille trouver les mesures adéquates, qu'il faille réfléchir et rengainer nos certitudes, c'est sans appel.
     Les règles de survol datent de 1957, il y a sûrement lieu de les revoir.
     En fonctionnement normal, on peut parler probabilité. Dans le cas qui nous préoccupe c'est-à-dire le rapport non plus du faible au fort mais du fou au fort, on a tout à apprendre.
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AIEA
Les centrales nucléaires
vulnérables à des attaques aériennes suicide

     VIENNE, 18 sept (AFP) - Les centrales nucléaires du monde entier restent vulnérables à des attaques aériennes suicide comme celles qui ont frappé les Etats-Unis, estiment les experts de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA).
     Mais la difficulté de protéger plus de 400 centrales de dizaines de types différents, et la multiplicité d'autres types de cibles potentielles, font que les risques de prolifération nucléaire restent la priorité de l'assemblée générale annuelle de l'AIEA, qui a lieu jusqu'à vendredi à Vienne.
     "La dépendance de l'Occident sur l'énergie électrique, en grande partie d'origine nucléaire, fait des centrales nucléaires un des points névralgiques que des terroristes pourraient sélectionner", a reconnu mardi le porte-parole de l'AIEA, David Kyd. 
     Evoquant un scénario catastrophe étudié par les experts de cette agence de l'ONU, M. Kyd a expliqué qu'un avion long-courrier, de 200 tonnes et plus, chargé de carburant comme l'étaient les jets détournés le 11 septembre sur New York et Washington, pourrait provoquer un très grave accident nucléaire s'il atteignait l'enceinte de confinement et le réacteur d'une centrale.
     Mais les réacteurs, structures peu élevées et petites, sont difficiles à toucher entre les immenses tours de refroidissement qui dominent ces centrales, a-t-il relevé.
     De plus l'impact d'une telle attaque ne serait pas plus grand que le bombardement d'une raffinerie de pétrole, d'une usine chimique ou même d'une centrale électrique classique, a poursuivi le porte-parole. 
     "Pourtant les installations nucléaires exercent une attraction mystique", a reconnu M. Kyd.
     Toutes les centrales nucléaires américaines, ainsi que les réacteurs servant à la recherche, sont en état d'alerte maximum depuis les attaques suicide contre le World Trade Center, à New York, et le Pentagone à Washington.
     Mais les 438 centrales nucléaires en activité dans le monde sont difficiles à protéger, a poursuivi le porte-parole. Elles sont d'ailleurs de dizaines de types différents. Les Etats-Unis, qui représent le quart du total, comptent plus de 20 modèles, la Grande-Bretagne une demi douzaine.
     Pour se protéger contre l'impact d'avions gros porteurs, "je ne vois pas quelles mesures pratiques on pourrait prendre à un coût abordable", a-t-il ajouté.
     L'Allemagne, en raison du grand nombre de vols d'entraînement de l'OTAN sur son territoire, a renforcé ses centrales contre une collision éventuelle avec un avion de combat. Mais ces protections étaient sûres pour un avion non armé, moins certaines en cas d'explosion d'un chasseur-bombardier avec ses munitions, a expliqué un ancien expert de l'OTAN.
     Malgré les scénarios catastrophe, le gouvernement américain a concentré sa réaction sur les risques de prolifération et de détournement de matières fissiles, à l'ouverture de l'assemblée générale de l'AIEA. 
     "Nous ne pouvons pas partir du principe que les attaques terroristes de demain imiteront celles que nous venons de connaître", a déclaré le secrétaire américain à l'Energie Spencer Abraham. 
     Il a demandé à l'AIEA de redoubler d'efforts pour prévenir la prolifération nucléaire et le trafic illicite de matériaux nucléaires qui connaît une recrudescence.
     Après une accalmie entre 1995 et 1998, l'AIEA a enregistré depuis le début 1999 six saisies d'uranium ou de plutonium enrichi, dans les anciennes républiques d'URSS et dans les Balkans. Les quantités saisies vont de 0,4 gramme à 6 grammes.
     Il faut au minimum 8 kg de plutonium ou 25 kg d'uranium hautement enrichi pour produire une bombe nucléaire, d'après les experts. 

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RAPPEL HISTORIQUE SUR LES DANGERS DE LA HAGUE
OU L'OUBLI FACILE
Yves LENOIR 

     En 1978, dans le cadre du grand hearing "Rede - Gegenrede" organisé par le gouvernement de Niedersachsen au sujet du projet d'iumplantation d'une usine de retraitement et d'un stockage souterrain de déchets nucléaires, on m'avait confié le soin d'évaluer le risque que représentait la chute d'avions militaires et civils (l'endroit est quasiment sous le couloir aérien Hamburg-Berlin).
Les conclusions de mon étude étaient claires : malgré des épaisseurs pouvant atteindre 2 m, les voiles de béton armé constituant les parois des bâtiments n'auraient pas suffi à préserver l'intégrité des dispositifs internes.
En effet, indépendamment des problèmes posés par l'incendie du carburant (non examinés dans l'étude), des destructions provoqués par des "missiles" secondaires surviendraient à coup sûr. Ces missiles sont des débris de béton projetés vers l'intérieur à des vitesses pouvant atteindre une centaine de mètres par seconde et peser plusieurs centaines de kg (cas de la chute d'un Boeing 727 percutant à 250 m/s). 
Il faut rappeler ici qu'il s'agissait de chiffrer les dommages d'un événement de faible probabilité. Dès lors que l'intention malveillante intervient, l'enchaînement devient quasi déterministe et la décision de construire ou de ne pas construire traduit donc très directement la volonté d'offrir ou non un objectif à un adversaire répertorié ou futur. 
Hier, à l'émission "Riposte" sur la Cinquième, les personnalités réunies ont avoué avoir découvert récemment que l'usine de La Hague faisait courir un risque "continental". Je trouve stupéfiant que, parmi eux, ni les militants, ni les anciens ministres de l'environnement n'avaient un jour entendu parler de ce genre d'étude (mes sources à l'époque étaient essentiellement américaines), ni n'avaient pris la peine d'étudier le dossier Gorleben, un dossier qui concerne la première usine nucléaire refusée par le politique au terme d'un processus ouvert, dans le monde.  

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Note d'information sur la protection des installations nucléaires contre les chutes d'avions 
Note ASN :   Paris, le 13 septembre 2001 

     La protection des installations nucléaires contre les risques externes (séismes, inondations, incendies d'origine externe, &) est un aspect de la sûreté pris en compte par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). 
     Concernant les chutes d'avions, les règles fondamentales de sûreté (RFS) applicables distinguent, pour la construction des installations nucléaires, 3 familles d'avions : 
     • 1) les petits avions civils (aviation générale, de masse inférieure à 5,7 tonnes) ; 
     • 2) l'aviation militaire ; 
     • 3) l'aviation commerciale (avions de masse supérieure à 5,7 tonnes).
     Compte tenu des probabilités de chute de ces avions sur les installations nucléaires, celles-ci sont construites depuis les années 70 pour résister sans dommages à l'impact de la chute d'avions de la 1ère famille, les petits avions civils. Elles ne sont pas construites pour résister sans dommages à l'impact d'autres avions, dont les probabilités de chute accidentelle sont extrêmement faibles. En la matière, les règles françaises ne diffèrent pas de la pratique internationale. 
     Ce qui s'est passé aux USA ne relève pas de chutes accidentelles mais de véritables actes de guerre, qui ne sont pas pris en compte dans la construction des installations nucléaires. 
     S'agissant de la chute d'un avion de grande taille, l'impact sur la sûreté d'une installation nucléaire dépendrait de multiples paramètres et pas seulement de la masse de l'avion. Même si elles ne sont pas construites pour résister sans dommages à un tel choc, les centrales nucléaires offriraient une bonne capacité de résistance grâce notamment à leurs enceintes de confinement en béton armé. 
     Par ailleurs, les installations nucléaires sont classées points sensibles et à ce titre font l'objet de mesures de protection contre le terrorisme, qui ont été renforcées dans le cadre du plan VIGIPIRATE. Ces mesures, de même que les études menées sur la résistance d'une installation nucléaire face à un acte de terrorisme ne peuvent pas, par nature, faire l'objet d'une communication publique. 

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     Le numéro 142 de  Contrôle, le magazine de l'ASN, paru début septembre 2001, traite de l'ensemble des risques externes (séismes, inondations, incendies d'origine externe, &) et compte un article consacré à la protection des centrales nucléaires contre les chutes d'avions. 
     Voici cet article : 
     Protection des centrales contre les chutes d'avion 
par Francis Vitton Chef du département sûreté nucléaire et environnement du SEPTEN à la Division ingénierie et services d'EDF et Jean-Pierre Bai - Adjoint au chef de mission sûreté de la direction technique de la Division production nucléaire d'EDF
     Prise en compte des chutes d'avions à la conception 
     La réglementation applicable est la règle fondamentale de sûreté (RFS) I.2.a du 5 août 1980 "Prise en compte des risques liés aux chutes d'avions". Son application à la conception des centrales nucléaires françaises conduit aux résultats suivants, pour les 3 familles d'avions considérées dans la RFS : 
Famille               Vols/an       Probabilité      Probabilité d'impact/an
                                         d'accidents/vol       / tranche / fonction
                                                                           de sûreté
Commerciale        700.000         < 10-6                    < 10-8
Militaire                500.000           10-6                     < 10-7
Générale            2 000.000           10-4                    qq 10-6
     • Aviation commerciale (avions de masse supérieure à 5,7 tonnes) : la probabilité annuelle d'impact pour un site potentiel quelconque est généralement inférieure à 10-8 (à comparer à quelques 10-7). Le standard n'est donc pas dimensionné au chargement correspondant. 
     • Aviation militaire : la probabilité annuelle d'impact sur une tranche est, en moyenne, de l'ordre de 10-7, c'est-à-dire de l'ordre de grandeur du critère. Il a été choisi de ne pas retenir le chargement correspondant pour le standard et de ne choisir que des sites suffisamment éloignés des aéroports militaires.
     • Aviation générale (avions de masse inférieure à 5,7 tonnes) : la probabilité annuelle d'impact sur une tranche est de l'ordre de 10-6 ; le chargement correspondant est donc retenu pour le standard. • 
     Deux avions de l'aviation générale ont été retenus (conformément à la RFS) : 
     • le CESSNA 210 (monomoteur à hélice), considéré sous deux aspects : "projectile mou de 1,5 tonnes avec une surface d'impact de 4 m”, le moteur constituant un projectile dur de 0,2 tonne avec une surface d'impact de 0,5m” ;
     • le LEAR JET 23 (biréacteur), "projectile mou de 5,7 tonnes avec une surface d'impact de 12m”. • 
     La distinction entre "projectile mou" et "projectile dur" résulte du fait que les effets sur les structures sont de natures totalement différentes, à savoir respectivement l'ébranlement général du bâtiment et la perforation de la partie de structure impactée. En pratique, l'effet d'ébranlement est couvert par celui du séisme. 
     Les bâtiments sensibles sont calculés pour résister sans dommage à ces impacts. Le chargement pris en compte est représenté par une force en fonction du temps uniformément répartie sur la surface d'impact. La vitesse d'impact est de 360 km/h, et l'on considère plusieurs angles de chute de l'avion. Les hypothèses utilisées dans les calculs sont sévères (limitation de la déformation en traction des aciers à 0,8% et en compression du béton à 0,35%), ce qui dégage des marges importantes vis-à-vis de la ruine.
     Concrètement, pour le palier 900 MWe, ces règles conduisent au dimensionnement aux chutes d'avion (CESSNA et LEAR JET, ou CESSNA seul selon les cas) des bâtiments réacteurs, bâtiments électriques, stations de pompage, réservoir ASG et sa casemate, parties basses du BAN et du BK , local RRI-REA ... Pour les autres paliers, les bâtiments équivalents sont également calculés à ces chargements. 
     A noter que, pour éviter d'avoir à calculer certains bâtiments, il est retenu de séparer suffisamment les matériels (et donc les bâtiments) des deux voies redondantes pour éviter le mode commun "chute d'avion". C'est notamment le cas des diesels voies A et B pour les paliers 1300 MW et N4. 
     A noter enfin que, au-delà du calcul de résistance des structures-mêmes des bâtiments, des dispositions constructives sont prises au niveau des toitures pour éviter l'entrée du kérosène dans les locaux par les bouches d'aération, en cas de chute d'avion, et ainsi éviter les risques d'incendie qui pourraient en résulter à l'intérieur des bâtiments.
     Mesures d'exploitation vis-à-vis des chutes d'avion 
     Réglementation
     Les centrales nucléaires sont interdites de survol à basse altitude. 
L'arrêté ministériel du 10 octobre 1957 précise :
"sauf pour les besoins du décollage et de l'atterrissage, et des man Suvres qui s'y rattachent, les aéronefs motopropulsés doivent se maintenir à une hauteur minimale au-dessus du sol définie comme suit : pour le survol d'hôpitaux ou de tout autre établissement ou exploitation portant une marque distinctive, 300 m pour les aéronefs équipés d'un moteur à pistons et 1000 m pour les aéronefs équipés de plusieurs moteurs". 
     Concrètement, cela se traduit :
     • par le fait que les cartes aériennes identifient les centrales nucléaires comme ouvrages interdits de survol ; 
suite:
     • par la présence du repérage réglementaire (grande croix peinte) sur le toit d'un des bâtiments principaux de chaque centrale. 
     Suivi en exploitation
     Chaque site est chargé de suivre l'évolution de son environnement, et à ce titre réactualise périodiquement les statistiques des nombres de vols de chacune des familles d'avions, afin de s'assurer que les probabilités d'impact par an, par tranche et par fonction de sûreté demeurent toujours cohérentes avec les critères. Ces valeurs actualisées figurent dans le rapport de sûreté de site. 
     Par ailleurs, le personnel chargé de la protection de site doit détecter tout survol non programmé du site à basse altitude par des engins volants (avions, hélicoptères, ULM, ailes volantes ...) et le déclarer à la gendarmerie selon des modalités précisées dans une consigne d'exploitation, en précisant l'identification de l'engin incriminé. 
     Les survols constatés sont également déclarés, selon les cas, à la Direction régionale ou générale de l'aviation civile, à l'Etat-major de la Région aérienne, au District aéronautique, à la préfecture. Il y a, en outre, chaque fois que possible, information des aérodromes, aéroports, aéro-clubs... voisins présumés concernés, pour essayer de faire diminuer le nombre de ces survols. 
     Enfin, vis-à-vis des survols autorisés par le directeur du site, une "disposition" a été mise en  oeuvre début 2000 afin de préciser les informations à transmettre préalablement à la DRIRE, en l'occurrence : 
     • la justification du vol ;
     • le plan de vol ; 
     • les dates et les conditions de vol ;
     • toutes les mesures préventives mises en oeuvre. 
     Retour d'expérience
     Les constats effectués mettent en évidence la difficulté pour le personnel chargé de la protection du site : 
     - d'identifier avec ses jumelles l'engin incriminé, surtout lorsqu'il s'agit d'avions militaires (du fait de leur vitesse) ; 
     - de s'assurer de la réalité de l'infraction (survol du site proprement dit et hauteur inférieure à celle autorisée). 
     • Pour autant, plusieurs années de constats permettent de tirer le bilan global suivant : 
     • 80 % des sites ne sont jamais ou pratiquement jamais survolés (~1 survol/an) ; 
     • 20 % des sites le sont un peu plus (~5 survols/an) ; 
     • seulement 2 sites l'ont été beaucoup : 
     Fessenheim, par des avions militaires, du fait de la base de l'OTAN à Bremgarten en Allemagne, qui est aujourd'hui fermée: ce site est maintenant dans le groupe des sites peu survolés ;
Gravelines, par des avions civils en phase d'atterrissage à l'aéroport de Calais : les actions engagées par le site auprès de la préfecture et de la DRIRE ont abouti à une diminution très significative des survols, ramenant le site dans le groupe des sites peu survolés. 
     Les survols sont pour l'essentiel imputables à l'aviation militaire et à l'aviation générale, puis à un degré bien moindre à l'aviation civile, et à des hélicoptères, ULM, ailes volantes, planeurs, montgolfières... 
     En tout état de cause, les survols constatés ne remettent pas en cause la sûreté des installations car, vu leur très faible nombre annuel et les probabilités d'accidents par vol, ils ne modifient pas de façon significative les probabilités d'atteinte des fonctions de sûreté et donc ne conduisent pas à un accroissement significatif du risque. 
     Cependant, et autant voire plus pour des raisons de sécurité que de sûreté, les sites ont pour consigne de faire le nécessaire auprès des organismes concernés et des autorités compétentes pour faire appliquer la réglementation, et donc faire cesser les survols des sites.

ASG: Alimentation en eau des générateurs de vapeur
BAN: Bâtiment des Auxiliaires Nucléaires
BK: Bâtiment Combustible
RRI: Circuit Refroidissement Intermédiaire
REA: Circuit d'Apprort en Bore
AVIS IPSN

     PARIS, 12 sept (AFP) - Les enceintes des réacteurs des centrales nucléaires ne résisteraient probablement pas à l'impact de la chute accidentelle ou d'origine terroriste d'un grand avion commercial car ce risque était statistiquement trop faible pour être pris en compte dans leur conception, a déclaré mercredi à l'AFP un expert de l'IPSN.
     Le secrétaire d'Etat à l'Industrie Christian Pierret avait assuré mercredi, en marge d'une conférence de presse, que les centrales nucléaires françaises étaient "conçues, déjà dans leur structure, pour pallier la chute d'aéronefs (...) et faire face à ce type d'événement".
     En France, dans la règle fondamentale de sûreté (RFS) appliquée à la construction des centrales nucléaires, a précisé Philippe Jamet, conseiller de l'Institut de protection et de sûreté nucléaire (IPSN), la probabilité de voir tomber un Boeing, un Airbus ou autre appareil commercial de plus de 5,7 tonnes est estimée à un pour cent millions.

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     Pour un appareil militaire de type Mirage, Rafale ou Phantom, le danger statistiquement prévu est de un pour dix millions. Pour l'aviation générale, deux types d'avions ont été retenus pour faire les calculs --un monomoteur à hélice, le Cessna 210, et un biréacteur, le Lear Jet 23--, avec un risque estimé à un pour un million. 
     "Les centrales nucléaires françaises sont dimensionnées pour ce dernier type d'avions", précise M. Jamet. 
     Le parc électro-nucléaire français est composé de deux types de réacteurs. Les parties vitales d'une vingtaine de réacteurs de 900 mégawatts (MW) sont protégées par une enceinte, tandis que trente réacteurs de 1.300 MW ont deux enceintes de confinement. 
"Mais les conséquences d'un accident ou d'un acte de malveillance dépendraient de leurs circonstances exactes et de la vitesse de l'avion, souligne l'expert. En gros, les centrales résisteraient à un avion militaire volant entre 100 et 200 mètres par seconde". 
     "Tout dépend aussi, poursuit-il, des parties de l'impact de ce qu'on appelle, dans ce contexte, projectile mou et projectile dur. Le projectile mou serait créé par la désagrégation de la structure de l'avion qui se comporterait comme une poignée de petites pierres jetées contre une toile de tente sans la percer, tandis que le projectile dur serait constitué, par exemple, par le moteur d'un avion à l'hélice, avec une surface d'impact limitée mais aurait la force d'une balle qui traverse une vitre."
     Mais face à une attaque terroriste avec un avion commercial comme celles perpétrées mardi aux Etats-Unis, conclut le spécialiste de l'IPSN, "on ne peut pas être certain que les enceintes résisteraient". 
     "Ces effroyables événements doivent nous obliger à tirer toutes les leçons de la vulnérabilité de nos pays occidentaux face au risque d'attaques terroristes", a estimé, dans un communiqué, le réseau Sortir du nucléaire, qui affirme regrouper 613 associations anti-nucléaires.
Dangers du nucléaire et terrorisme.
 B. Belbéoch, 20 septembre 2001.

     “ Société nucléaire, société policière ”
     Ainsi, voilà qu’au travers du terrorisme on découvre subitement la fragilité des installations nucléaires si sûres d’après les promoteurs. Pourtant lorsque dans les années 70 les manifestants antinucléaires scandaient “ société nucléaire, société policière ” c’est bien parce que les centrales nucléaires sont apparues comme des installations particulièrement vulnérables et que le système policier qu’elles devaient engendrer nous apparaissait comme peu souhaitable et inéluctable…Depuis, le déploiement policier qui entoure chaque transport par rail des combustibles partant ou arrivant à La Hague est un fait devenu banal. La contradiction entre les désirs d’une société vivable et conviviale à laquelle nous aspirons et la réalité policière (et si besoin militaire) n’en est que plus profonde. Il est certain que les récents attentats aux Etats-Unis avec plus de 6000 morts et disparus ne vont pas faire évoluer notre société vers plus de libertés mais vers plus de contrôles avec un Vigipirate omniprésent. Doit-on pour autant minimiser le risque terroriste pour ne pas entraîner une précipitation de la militarisation de la société ?  C’est la quadrature du cercle. 
     Le problème du terrorisme, des actes de malveillance sur des installations nucléaires n’est pas nouveau et il est pour le moins étonnant qu’il ne soit évoqué seulement que maintenant dans les médias. Il a été posé publiquement, sans aucun écho dans la presse, en janvier 1987 à Paris par Paul Leventhal directeur du Nuclear Control Institute (USA) au cours de l’Audition parlementaire sur les accidents nucléaires : protection de la population et de son environnement organisée par le Conseil de l’Europe après Tchernobyl.

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 Son exposé avait en sous-titre, “ un danger sournois : le terrorisme nucléaire ”. Il disait clairement : “ Les dégâts occasionnés par un attentat terroriste visant un réacteur nucléaire seraient analogues à ceux qui résulteraient d’un accident de réacteur”.  Le problème a été soulevé il y a quelques années par la parution d’un article du Canard Enchaîné pointant l’insuffisance de la surveillance des centrales car des agents de la sûreté du territoire avaient facilement pu s’infiltrer à l’intérieur d’une centrale et assez près pour être à portée de bazooka de parties sensibles du réacteur. Il s’est posé avec acuité aux militants antinucléaires sur la stratégie à adopter pour leur défense judiciaire contre EDF : ils avaient pénétré sans encombre dans le périmètre de la centrale de Golfech et étaient montés s’installer pacifiquement sur une tour de refroidissement. De là-haut ils avaient pu joindre les médias et dénoncer les dangers que le nucléaire fait courir à la population en cas d’accident majeur. Les militants ont été jugés pour s’être introduits illégalement dans le périmètre de la centrale. Mais c’est le chef de la centrale de Golfech qui aurait dû être jugé et condamné car l’intrusion des militants était une preuve flagrante de l’insuffisance professionnelle des vigiles et donc de faute grave de la hiérarchie au plus haut niveau. Lors du procès, le chef de centrale n’a pas été accusé publiquement d’incompétence pour le laxisme des vigiles.
     Le terrorisme existe. On l’a subi en France il n’y a pas si longtemps et il peut s’attaquer aux installations nucléaires ou à d’autres installations mortifères considérées comme hyperprotégées. Si le 11 septembre les terroristes ont détourné aux USA 4 avions de ligne Boeing dont 3 d’entre eux, utilisés comme projectiles, ont réussi à percuter des cibles de haute valeur symbolique, les 2 tours du World Trade Center de Manhattan à New York, le Pentagone à Washington, il faut remarquer que le 2ème avion a survolé sur son trajet la centrale nucléaire d’Indian Point en amont de New-York. Quant au 4ème avion détourné il s’est écrasé en Pennsylvanie entre Harrisburgh et Pittsburgh, dans le comté de Somerset sur une portion désaffectée d’une mine de charbon en activité (selon Platts News). Ce crash s’est effectué  dans des conditions mal élucidées. Quelle était la cible visée ? Il a été question de la Maison Blanche, de Camp David, mais ce qui est certain c’est que la véritable cible est inconnue du public. La centrale nucléaire de Three Mile Island, proche de Harrisburg et hautement symbolique car elle a connu en mars 1979 une fusion partielle du cœur, aurait pu être une cible potentielle avec pour résultat une catastrophe nucléaire. 
     Dès le 11 septembre l’autorité de sûreté américaine (NRC, Nuclear Regulatory Commission) recommandait “ à titre de précaution, que tous les réacteurs électronucléaires, les réacteurs nucléaires non électrogènes, les installations d’élaboration de combustibles et de diffusion gazeuse soient amenées au plus haut niveau de sécurité. Les détails de ces niveaux sont classifiés [secrets]”. 
     (Certains internautes américains proposent d’utiliser des batteries anti-aériennes pour protéger les réacteurs. Mais il faudrait les mettre assez loin pour qu’en cas de succès l’avion abattu ne tombe pas sur le site…)
     En France, l’autorité de sûreté a indiqué dès le 13 septembre 2001 dans sa Note d’information sur la protection des installations nucléaires contre les chutes d’avions “ les installations nucléaires sont classées points sensibles et à ce titre font l’objet de mesures de protection contre le terrorisme qui ont été renforcées dans le cadre du plan Vigipirate ”. On peut en déduire que cela concerne toutes les centrales nucléaires, tous les centres de recherche civils (Saclay, Grenoble) et  militaires, l’usine de la Hague, les usines de fabrication de combustibles, Melox, Comhurex, Eurodif, etc. 
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     Les réacteurs nucléaires et les “ lacunes ” de la sûreté 
     Cette même note précise : “Ce qui s’est passé aux USA ne relève pas de chutes [d’avions] accidentelles mais de véritables actes de guerre qui ne sont pas pris en compte dans la construction des installations nucléaires ”.   http://www.asn.gouv.fr/
     Les promoteurs aveugles du nucléaire ont refusé de voir qu’un pays nucléarisé est un pays fragilisé, ce qu’avaient bien compris les antinucléaires des années 70. Le terrorisme, la guerre, les actes de malveillance font partie des risques “ oubliés ” mais inacceptables du nucléaire qui peuvent être responsables d’accidents nucléaires majeurs tout comme les autres risques “ habituels ” (risque de rupture de matériel et circuits importants pour la sûreté des aciers et autres matériaux dégradés par action des rayonnement, par chocs thermiques, erreurs de conception et prise en compte insuffisante des séismes, inondations, incendies etc.) 
     Il est important de voir les grosses “ lacunes ” de nos concepteurs vis-à-vis du risque terroriste et des actes de malveillance en général. Il ne peut pas en être autrement puisque si la probabilité d’occurrence d’un événement est très faible, inférieure à un millionnième, il est dit hors dimensionnement c’est à dire qu’on n’en tient pas compte dans la sûreté, tout simplement ! Il a été considéré que la probabilité de crash de tels avions de l’aviation générale était très faible. Or l’acte terroriste quand il se produit a une probabilité égale à 1 !
     -Impact d’un Boeing sur une enceinte de confinement 
     Dans un article du Monde du 14 septembre sur les centrales nucléaires américaines, Hervé Kempf signalait que les enceintes de nos réacteurs, comme celles des réacteurs américains, ne résisteraient pas à l’impact d’un Boeing 767 ce qui pourrait conduire à un scénario de type Tchernobyl si l’enceinte, une fois enfoncée, le circuit primaire pouvait lui aussi être atteint. 
     L’édition publique des textes des rapports de sûreté des 900 et 1300 MW confirment les données du Monde qui indiquait que seuls les crashs d’avions à une vitesse de 360 km/h de type CESSNA et LEAR JET ont été envisagés. Le premier est caractéristique d’avions pesant moins de 1,5 tonnes, le second de 1,5 à 5,7 tonnes or le Boeing 767 pèse 150 tonnes. 
     On remarquera que l’édition publique pour les tranches de 900 MW date de 1982, celle des tranches de 1300 MW de 1985 et 2 types de projectiles externes sont évoqués : les avions et les projectiles susceptibles d’être émis par le groupe turboalternateur d’une tranche. Des Boeing plus lourds et plus rapides que le Lear jet n’étaient-ils pas déjà largement utilisés à l’époque dans le domaine commercial et ne pouvait-on pas anticiper l’évolution de l’aviation vers des appareils plus performants plus rapides et plus lourds ? Evidemment cela aurait plombé le développement de l’électronucléaire.
     Indiquons aussi que dans ces règles de sûreté, s’il y a perte de l’étanchéité de l’enceinte de confinement par perforation, pour les 900 MW la production de projectiles secondaires n’est pas prise en compte dans le dimensionnement car il est considéré que la peau d’étanchéité ne se romprait pas. De même pour les 1300 MW on considère que les protections anti-projectiles sont suffisantes pour ne pas entraîner de projectiles secondaires.
     On peut d’ailleurs se demander si les calculs et les modélisations ont grand sens. Même au cas où le circuit primaire ne serait pas directement atteint, peut-on nous garantir que l’onde de choc résultante ne puisse conduire à la rupture d’éléments fragilisés par défauts et fissurations pré-existants ? Les équipements, les matériaux, sont toujours considérés comme parfaits dans les calculs (peut-on faire autrement ?) qu’il s’agisse des soudures de la cuve sous revêtement, des tuyauteries du circuit primaire, des tubes de générateurs de vapeur, des volutes des pompes primaires, des lignes de vapeur principales du secondaire dont la rupture guillotine peut engendrer la rupture des GV, etc.
     Quant aux enceintes de confinement en béton armé et réputées sûres, plusieurs d’entre elles ont dû être “ réparées ” car elles ne répondaient pas aux normes, avec des parties fuyardes quand elles sont mises sous pression interne (comme ce serait le cas en situation accidentelle). Même l’enceinte d’une tranche récente de Civaux n’est pas conforme aux critères de sûreté ! Ces enceintes sont probablement moins résistantes à l’impact externe d’un avion-projectile (y compris hors de l’impact direct : cisaillement possible au niveau du radier et du sas matériel). 
     -Il n’y a pas que le bâtiment réacteur, un impact sur le bâtiment auxiliaire ou sur le bâtiment combustible et les incendies ne seraient pas sans conséquences graves. 
     L’usine de retraitement de La Hague
     “ Un avion sur la Hague créerait un Tchernobyl, selon une étude pour l’Europe ”  tel a été le titre d’un article d’Hervé Kempf du Monde du 16 septembre, reprenant les conclusions d’une étude à paraître de Wise-Paris dont un des thèmes porte sur les accidents majeurs pouvant affecter l’usine. Le principal risque provient des piscines de refroidissement où sont stockés actuellement 7500 tonnes de combustibles usés pour être refroidis pendant plusieurs années avant retraitement. Rien qu’en césium 137 (Cs137) il y aurait 287 fois la quantité de Cs 137 relâché lors de l’accident de Tchernobyl dans l’ensemble des piscines.
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Si une seule piscine est touchée par l’impact d’un avion conduisant à la perte de l’eau de refroidissement et par voie de conséquence à la rupture des gaines de combustible, il serait relâché 66,7 fois le relâchement total de Cs 137 de Tchernobyl ce qui pourrait provoquer sur le long terme “jusqu’à 1,5 million de cancers mortels . [Cela me paraît une valeur basse].
     Alors on continue le retraitement ? Rappelons que même si on l’arrête (c’est à dire si on arrête l’extraction du plutonium du combustible usé) il faudra continuer à refroidir les combustibles usés, non seulement ceux qui sont déjà dans les piscines mais aussi ceux qui sont actuellement dans les cœurs des 58 réacteurs PWR en fonctionnement (sans compter Phénix et les réacteurs de recherche). Donc le danger continue. Arrogante imbécillité des décideurs et inconscience des citoyens qui ont laissé faire, tellement confiants dans la Science. 
     Ajoutons que le nucléaire peut continuer sans retraitement, c’est le choix fait au départ par la quasi-totalité des pays nucléarisés. 
     Le sabotage
     Il n’en est pas question dans les rapports de sûreté rendus publics. Pourtant les actes de malveillance existent et cela inquiète les autorités de sûreté. On peut s’en apercevoir quand par hasard on a accès au “ bon ” dossier. 
     Un exemple ancien mais significatif : le CEA voulait lancer pour le chauffage urbain, par l’intermédiaire de sa filiale Technicatome, un petit réacteur nucléaire dénommé Thermos dans la gamme de 50-100 MW. Il se trouve que les  Options générales de sûreté  concernant ce réacteur ont “ fui ” et qu’une analyse en a été faite par le “ Groupe information Thermos de la région de Saclay ” dans une brochure  publiée en mars 1978 par Ecologie-hebdo. Ce qui s’est écrit il y a plus de 23 ans est toujours valable aujourd’hui quelle que soit l’installation nucléaire.
      Dans le chapitre consacré au sabotage, la brochure cite des passages de ces options générales de sûreté que nous donnons ci-après en italique “ Seuls peuvent être énoncés quelques principes généraux concernant ce mode commun que l’on prendra en compte dans la mesure du possible. Il est impossible de dimensionner un composant ou sa protection contre un acte de malveillance d’autant plus que celui-ci peut être le fait d’une personne avertie ” [souligné par le groupe information Thermos). Plus loin on peut lire “ La complicité de l’équipe de quart rend possible toutes les hypothèses : mise hors service des sécurités sur la chute des barres, explosion d’une bombe dans la salle des mécanismes, réacteur en marche etc. ” La brochure ajoutait :“ La complicité possible des hommes de quart pose un problème insoluble. Le bon fonctionnement de l’installation demanderait d’avoir un personnel hautement qualifié et connaissant parfaitement l’installation ce qui, en cas de sabotage, rendrait leur complicité avec des saboteurs particulièrement efficace. La tentation serait grande de recruter ce personnel sur des critères d’incompétence et de méconnaissance totale de l’installation, mais alors que de risques pour le fonctionnement du réacteur et le danger, là, peut être suffisamment grand pour que les Options générales de sûreté fassent une mise en garde : Les deux principes que nous proposons ici sont les suivants : le personnel d’exploitation aura suivi une formation appropriée et connaîtra parfaitement l’installation. Il est exclu de se contenter d’un personnel presse-bouton (…). On ne tirera pas non plus argument des risques que peut faire encourir une équipe de quart compétente dans le cas où elle deviendrait complice d’agressions dirigées contre l’installation elle-même ”.
     Finalement le projet Thermos a capoté mais tout ce qui est dit sur le sabotage est valable pour les PWR et toute autre installation nucléaire. Pour les auteurs de la brochure, il y a 23 ans… “ (…) Les conséquences très graves du sabotage d’un réacteur rendent inéluctables et quasi nécessaires le renforcement des contrôles policiers de la Société ”.
     En conclusion
     D’après Nuclear News Flashes du 20 septembre 2001 “ un rapport sur la sécurité des réacteurs nucléaires allemands a été commandité par le ministre de l’environnement allemand Juegen Tritten après les attaques terroristes aux USA. Les réacteurs nucléaires sont conçus pour résister au crash d’un avion de chasse militaire mais pas à celui d’un avion de ligne moderne analogue à ceux qui ont frappé le World Trade Center et le Pentagone ”. Les nôtres non plus.
     C’est bien pour éviter de se trouver dans une configuration pouvant conduire à une catastrophe avec d’énormes rejets radioactifs qu’on doit arrêter le nucléaire civil (et militaire).
     Il faut sortir rapidement du piège nucléaire avec les moyens dont on dispose actuellement. Rappelons encore une fois qu’on dispose encore en France d’un parc de centrales thermiques classiques, à charbon, fioul et gaz, qui est sous-utilisé et qu’EDF projette de démanteler suffisamment pour rendre le nucléaire irréversible.
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Réseau "Sortir du nucléaire" 9, rue Dumenge 69004 Lyon 
Communiqué de presse du 12/09/2001
Terrorisme contre centrales nucléaires:
la France est d’une extrême vulnérabilité 

     Les attentats aux Etats-Unis montrent à l’évidence que la folie humaine n’a pas de limites. Ces effroyables évènements doivent nous obliger à tirer toutes les leçons de la vulnérabilité de nos pays occidentaux face au risque d’attaques terroristes. 
     Le général Buis disait qu'en cas de guerre un pays nucléarisé est impossible à défendre. En temps de paix, les centrales nucléaires restent des cibles relativement faciles. Si des actes de terrorisme étaient perpétrés contre les installations nucléaires, ce serait sans doute le fait de groupes bien organisés et bien conseillés. Quelles seraient les conséquences en cas d’avion suicide sur une centrale nucléaire ? Sur un site internet américain (*), on peut lire que, suite à l’attentat contre le World Trade Center en 1993, les terroristes envisageaient, dans une lettre authentifiée, des attentats contre des installations nucléaires américaines. 
     Les autorités nucléaires nous affirment que nos centrales nucléaires peuvent résister à la chute d’un avion. C’est vrai seulement pour un petit avion de tourisme de type “CESSNA” mais pas pour un avion de ligne dont l’impact serait au moins cent fois plus violent. Les documents de sûreté nucléaire sont très clairs sur ce sujet (**). Tout est donc prévu sauf l’imprévisible ! Pourtant, les conséquences pourraient dépasser l’entendement humain. 
     Le Réseau “Sortir du nucléaire” rappelle aux autorités françaises que notre pays, avec ses 58 réacteurs, concentre un nombre considérable de cibles nucléaires. Quelles garanties aujourd’hui pour les populations face à cette menace terroriste ? 
     Contact presse : 02 40 56 59 98 ou 04 78 28 29 22 



(**) Ces règles impliquent la prise en compte de la chute d'un avions de l'aviation générale. Pour cela, il est admis de considérer deux types d'avions jugés représentatifs des différentes catégories d'avions de l'aviation générale : CESSNA 210 monomoteur de 1,5 tonne et LEAR JET 23, bimoteur de 5,7 tonnes. Tous deux sont supposés heurter les installations à 100m/seconde. (Extrait de "Législation et réglementation, sûreté nucléaire, 1999). Envoi des documents sur simple demande au 04 78 28 29 22.
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Three Mile Island:
menaces et mesures de sécurité renforcées
(officiel)

     WASHINGTON, 19 oct (AFP) - Des mesures exceptionnelles de sécurité ont été prises dans la nuit de mercredi à jeudi autour d'une centrale nucléaire dans l'est des Etats-Unis, Three Mile Island, qui a fait l'objet de menaces, a annoncé l'agence fédérale concernée. 
     "Des mesures de sécurité additionnelles ont été prises autour de Three Mile Island", en Pennsylvanie, a déclaré à l'AFP la porte-parole de la Commission de Régulation Nucléaire (Nuclear Regulatory Commission, NRC) à Washington, Rosetta Virgilio. 
     Mme Virgilio a ajouté que ces mesures avaient été mises en place mercredi entre 22h00 et 23h00 GMT à la suite de la prise en compte par les agences de sécurité fédérales de nouvelles menaces. 
     "Il y a eu de nouvelles menaces reçues pour Three Mile Island", a-t-elle déclaré.
     La porte-parole n'a pas été en mesure de préciser la nature des menaces ni la nature des mesures de sécurité prises autour de cette centrale nucléaire, proche de la ville de Harrisburg, qui avait été le théatre d'un grave accident en 1979.
     "C'était une très forte alerte", a seulement indiqué la porte-parole. 
     L'alerte a duré jusqu'à 04h00 GMT jeudi, a précisé Mme Virgilio, mais les mesures prises ont été maintenues. "Les mesures de sécurité renforcées restent en place", a-t-elle ajouté. 
     Après les attentats du 11 septembre les sites d'opération des 103 réacteurs nucléaires à travers les Etats-Unis on été mis en état d'alerte, et leur sécurité assurée notamment par des unités de la Garde Nationale.
     "Jusqu'à présent nous avions reçu des menaces mais elles n'étaient pas crédibles", a ajouté la porte-parole. 
     La compagnie AmerGen qui gère Three Mile Island, sur la rivière Susquehanna, a été notifiée des nouvelles menaces. 
     Three Mile Island avait été le théâtre d'un grave accident le 28 mars 1979, lorsque le système de refroidissement d'un de ses deux réacteurs avait mal fonctionné, provoquant un début de fusion accidentelle et la destruction du réacteur. Des vapeurs radioactives avaient été dispersées dans l'atmopshère.
 

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