GAZETTE NUCLEAIRE
157/158 avril 1997

Editorial
TCHERNOBYL et le facteur humain


     Tout d'abord merci à toutes et tous. J'ai envoyé une série de petites cartes de relance que j'avais en réserve depuis au moins 10 ans ou plus. Et vous avez répondu massivement, vous m'avez pardonné mes quelques erreurs et surtout vous me les avez signalées.

Alors pour continuer votre information administrative, sachez que sur  l'étiquette est portée en bas et à droite l'année d'abonnement (97 si vous êtes à jour, 96 si vous êtes en retard d'une année et 95 si c'est de 2, au delà je n'envoie plus). Après cette gazette je vais envoyer ma dernière vague de cartes aux 96 (Près de 300 qui ont oublié que l’année commençait en janvier !). Vérifiez votre bande et prévenez moi si j'ai mal enregistré, ça m'arrive, pas trop souvent mais sur 1100 envois j'ai bien 20 ou 30 manquements.

A part cela le budget gazette est serré, nous avons tout juste celles de l'année et plus d'avance. C'est pour cela qu'il faut vous réabonner si vous considérez que la gazette sert le combat pour une prise en main de votre vie par vous même. En effet nous persistons à ne vouloir dépendre de personne et à n’accepter de l’argent que de nos abonnés. A la rigueur nous nous faisons payer les dossiers que nous écrivons et encore ..

J'ai noté vos reproches, je vais donc essayer de bien séparer les textes officiels, les citations du reste. Je vais aussi essayer quelques résumés et quelques explications. Pas toujours facile, cependant je pense à mettre des petits commentaires pour vous aider et vous faire sauter si vous préférez un texte un peu compliqué.

Reste que la technique restera toujours un peu difficile. Quant à la signature de l'éditorial, c'est effectivement le directeur de publication, rédacteur en chef (on est 4) qui écrit d'où je ne rajoute pas de signature car c'est la voix de la gazette de fait.

Le onzième anniversaire de Tchernobyl se profile et je crois que nous sommes encore loin d'apprécier complètement l'impact de cette catastrophe mais il ne cesse de s'alourdir. Bella s’est fait le plaisir (douloureux) de tout relire et vous a concocté un dossier résumé. Il n’est pas facile à lire mais il est très complet. Bonne lecture.

suite:
Nonobstant les 32 morts cités par Charpak comme seul impact tangible, c'est faire fi de l'impact à long terme et surtout c'est une comptabilité macabre où la comparaison entre les morts tués par la route ou nos inconséquences n'excuse ni les uns ni les autres. Dans l'horreur on peut toujours faire mieux. Charpak et d’autres volent au secours d’un nucléaire qu’ils tuent par leur incompétence (tant mieux pour nous qui sommes moins doués et avons oeuvré avec acharnement pour éviter l'accident donc le prolonger si ce n'est le sauver ).

J’ai dit et je le répète les antinucléaires sont ces acharnés du mensonge. Il n’y a qu’à voir ce qui se passe au Japon, d’un feu de sodium à Monju, en passant par des rejets dans une centrale chargée au MOX, pour finir par une explosion dans l’usine de retraitement à Tokaï Mura, on parle de dissoudre le service de sûreté, de stopper le nucléaire. Il faut dire que les Japonais et leur gouvernement n’apprécient pas du tout que les rapports aient été falsifiés, que les accidents aient été signalés avec 30 h de retard et plus, que les travailleurs aient du mentir pour garder leur emploi. Trop c’est trop.

A quand une opération de ce type en France ? A Nogent s Marne l’expert auprès des tribunaux a souligné que la mairie connaissait les faits depuis 30 ans, que le SCPRI avait soit disant perdu les dossiers, etc.. Bon ça bouge c’est bien. Cette école doit être fermée et ça ne rend service à personne de déclarer le contraire mais la mairie a enfin compris que son camp était celui de la population!

Ceci dit, comme Tchernobyl est soi-disant un festival d'erreurs humaines, je suis revenue sur des dossiers qui traitent du facteur humain dans le nucléaire. On peut alors mieux cerner ce que erreur signifie. De toute façon à la base des erreurs il y a en général une erreur de conception ou de réalisation: ce sont aussi des erreurs humaines mais à un autre niveau.

Il est important de revenir sur la Hague, les études de maladie, de mortalité ainsi que sur le sanglier radioactif des Vosges. De même nous reparlons du Japon: Rokkashomura, Monju, Tokaï Mura ( j'ai un dossier Japonais sur le sujet que je publierai dans un prochain numéro)

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     J'ai aussi des dossiers écrits par des contestataires sur les futurs labos et les drôles de dossiers de l'ANDRA. Ce ne sont pas les informations qui me manquent mais la place pour les publier.

Un petit mot sur les contaminations du sud-est et de l'Est la gazette vous en parle depuis 1986, et nous déplorons depuis ce temps là que les pouvoirs publics qui savent ne se donnent pas les moyens de faire de la prévention. Fondamentalement c'est le reproche principal, ils savaient, ils savent et ne prennent pas les quelques mesures indispensables. Où sont les enquêtes, où sont les consignes ? Comme à la Hague, il y a carence et dissimulation par omission. Tout existe mais pas de transmission des informations. Ce n’est pourtant pas si compliqué de faire savoir. Remarquez il faut convenir que les dossiers de l’IPSN que la Gazette a publié contenaient ces infos mais il faut du temps et des relais (la Gazette est un peu trop confidentielle avec ses 1100 abonnés). Je vous rappelle que les derniers bilans Hiroshima Nagasaki (1kg de matières fissionné, 52 ans) une étude montre que les faibles doses représentent un risque accru de cancer. C'est la fondation américano-japonaise (RERF) qui à partir de l'enquête qu'elle mène depuis 1950, constate que, depuis 1990 il y a un changement d'évolution . Dans l'Express (17-23 avril 1997) J.C. Zerbib a déclaré:
" Les décès survenus dans les cinq dernières années de la période étudiez (1950-1995) illustrent bien cette différence d'évolution; ils représentent 1% des leucémies et 25% des tumeurs malignes mortelles survenues en 40 ans. Et pour ce qui est des cancers solides l'excès de risques ne concerne pas uniquement les sujets fortement irradiés, mais bien aussi les autres. Quelque soit l'organe étudié, on ne trouvait pas avant cette publication, d'augmentation du risque pour la fraction de sujets exposés à des doses inférieures à 200 millisievert. Aujourd'hui on sait que même à 50 millisievert, le risque de cancer est accru."

On doit donc d'urgence réviser à la baisse les limites de doses admissibles or on traîne depuis 20 ans à appliquer les CIPR. On essaie même de traîner dans la boue tous ceux qui  demandent ces abaissements. A vous tous d’oeuvrer encore et encore...

Super la déclaration du sénateur Laffite à la Marche du siècle "Le programme nucléaire (civil je pense) a coûté 1000 milliards, alors les 60 milliards de Superphénix déjà payé de toute façon...."

suite:
     Incroyable mais vrai ! L'échelle des valeurs n'existe pas dans ce domaine, et qu'est-ce que la nation a recueilli de ces 1000 milliards, 3,5 millions de chômeurs, encourageant ! Le " déjà payé " était de trop car cela prouve que l'impasse où nous sommes enfoncés est inéluctable. Il ne faut pas brûler les élites mais il faut les contraindre à répondre de leurs actes et y associer la classe politique. Ce n'est pas seulement pour 5 ans qu'elle est élue mais la mémoire des actes doit rester. Sinon c'est trop facile, je fais une bêtise et c'est la nation qui se débrouille.

1000 milliards, on peut estimer à quoi ça à servir (à la louche bien sûr).
270 à 300 milliards pour les réacteurs,
150 à 250 milliards pour le retraitement (la Hague, Marcoule),
100 à 200 milliards pour l'enrichissement (Tricastin),
100 à 150 milliards pour MELOX
120 (au moins) milliards pour les RNR (Rapsodie, Phénix et Superphénix),
MAIS ON A TOUT DE LA MINE AU RETRAITEMENT EN PASSANT PAR TOUTES LES POLLUTIONS POSSIBLES.  Géant!

Et je n'ai pas mis les mines dans le compte ni le stockage des déchets, là on doit aussi rajouter 500 milliards. Soit le programme nucléaire CIVIL c'est le budget de la France (1 année mais rendez-vous compte le prix des emprunts.....On paie toujours notre folie civile des années 70). Et si on ajoute le militaire, on comprend mieux nos problèmes. Prospères, nous le sommes sûrement mais est-ce vraiment les populations qui en profitent ?

Quand on pense à l'endettement que cela représente, bonjour les dégâts. Et on nous vante nos exportations d'électricité, 14 milliards environ (70 000 milliards de kWh à 20 c). Face à 1000 milliards c'est impressionnant; et en plus on prétend que les français ne paient pas leur électricité assez cher, ils ont payé d'avance.

BONNE LECTURE ET VÉRIFIEZ VOTRE BANDE EN BAS A DROITE ... 97 c’est bon, autrement vous avez oublié de vous réabonner ou moi j’ai oublié de transcrire.  


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Sommaire
Dossier EDF, dossier DSIN avec Annexe: constats et demandes
Communiqués: SPX, sanglier radioactif dans les Vosges (A.F.P.), accident de Monju (CNIC Tokyo)
Extraits de l'étude cas-témoin des leucémies-Pr Viel, lettre d 'un conseiller, analyse IPSN, commentaire Gazette
Le Carnet: chronologie, nos positions
Dossier Tchernobyl

PETITE BIBLIOGRAPHIE

 Philippe Roqueplo, Entre savoir et décision, l’expertise scientifique (prix 75f), éditions INRA, 147 rue de l’Université 75338 Paris cedex 07
    Partant d’une analyse serrée de l’activité d’expertise, et de la distinction entre l’énonciation d’une connaissance scientifique et la formulation d’une expertise scientifique dans le cours d’un processus décisionnel, Philippe Roqueplo développe une réflexion novatrice sur les conditions et les modalités d’organisation de cette mission au sein des organismes de recherche
Bertrand Charrier, Bataille pour la planète (prix 135 f), éditions Economica, 49 rue Héricart, 75015 Paris
    Après les travaux du club de Rome, Bertrand Charrier démontre que la poursuite du développement économique actuel, basé sur la destruction de l’écosystème Terre conduit inexorablement la planète au chaos économique, social et écologique.
Pour éviter l’écroulement du système planétaire, une véritable rupture des comportements et des modes de pensée est obligatoire.
Il passe en revue les différents problèmes : l’eau, l’énergie, la nécessaire percée d’un comportement écologique.


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