G@ZETTE NUCLEAIRE
No 3 octobre 1976
rédigé
par des mili-
tants du grou-
pement des Scientifi-
ques pour l'Information
sur l'Energie Nucléaire (GSIEN)
des Amis de la Terre, du Syndicat
national des Chercheurs Scientifiques
(SNCS, FEN), de la CFDT, du PS, du PSU, de
l'OCR et quelques autres soucieux d'empêcher
les officiels du nucléaire de transformer l'information
en propagande
@
Supplément au Courrier de la Baleine No 23, mensuel des Amis de la Terre
Numéro de commission paritaire: 52329. Directeur de la publication : Alain Hervé
Imp. Syros, 9 rue Borromée, 75015 Paris.

L'URANIUM ET SON APPROVISIONNEMENT
EDITORIAL


     L'énergie nucléaire, c'est bien connu, est une énergie miraculeuse: sûre, abondante et bon marché.
     Notre propos, dans ce numéro, est de montrer que cette vision idyllique des choses n'a que peu de rapport avec la réalité. Et pour cela nous nous pencherons sur les problèmes de l'uranium.
     Les réacteurs nucléaires, tout le monde sait cela, fonctionnent à base d'uranium. La propagande officielle affecte de croire que les gisements de ce minerai sont inépuisables. Or, comme tous les combustibles fossiles, l'uranium n'existe qu'en quantité limitée. Et même très limitée.
     Les réserves actuellement connues sont minces: compte tenu des besoins, elles ne nous donnent même pas 20 ans d'avance. Dès les années 90, de graves problèmes d'approvisionnement sont à prévoir. D'autant plus graves que les capacités de production ne suivent pas, et risquent de créer des goulots d'étranglement dès le début des années 80.
     Les réserves sont donc minces et de plus situées.. à l'étranger. L'Agence d'Approvisionnement d'Euratom le dit clairement dans son rapport annuel de 1975: «environ 90% des besoins en uranium de la Communauté seront couverts par des pays tiers». Il faudra donc «protéger ces entreprises contre les risques politiques» (voir document).
     Cette pénurie va avoir une forte influence sur les prix. Actuellement, l'énergie nucléaire mange son pain blanc: elle fonctionne avec les minerais les plus riches, les mieux situés, les plus facilement exploitables. Le rapport offre/demande se trouve encore relativement équilibré, et ceci explique le bas prix du combustible et la part relativement négligeable qu'il représente dans le prix de l'énergie nucléaire.
     Mais cette situation est appelée à se modifier rapidement et profondément. L'accroissement considérable de la demande prévue va provoquer très vite l'épuisement des gisements les plus favorables. 
Il faudra alors aller chercher des minerais d'une teneur beaucoup plus faible, situés dans des lieux d'accès plus difficile: les coûts de production vont s'en trouver augmentés d'autant.
     C'est le premier facteur de hausse du prix du combustible. Il y en a un second: les programmes nucléaires actuellement en cours vont provoquer un accroissement considérable de la demande, la plaçant dans une position de plus en plus défavorable vis-à-vis de l'offre. Pris au piège des énormes investissements que représente l'équipement en centrales, les acheteurs de combustible ne pourront faire autrement que d'accepter les prix imposés par les producteurs.
     Ceux-ci n'ont d'ailleurs pas intérêt à se hâter d'accroître leurs capacités de production: il leur est beaucoup plus avantageux d'entretenir une savante pénurie permettant d'orchestrer une pression croissante sur les prix.
     Allécher le client avec de bas prix pour créer la demande est un schéma que nous avons bien connue avec le pétrole.
     L'ère de l'uranium bon marché touche à son terme. Déjà ces dernières années ont connu des hausses considérabies, et il n'y a aucune raison, bien au contraire, pour que ce mouvement s'arrête. Or tout se passe comme si les responsables des programmes ignoraient cette évolution.
     Dès lors, plusieurs problèmes se posent:
     D'abord il n'est pas sûr que, compte tenu des limitations en combustible, l'énergie nucléaire puisse jamais fournir les quantités d'énergie demandée; il est possible qu'elle ne dépasse jamais le statut d'énergie d'appoint.
     Ce qui est sûr en revanche, c'est qu'elle va devenir de plus en plus chère, et que la part de combustible dans son coût, aujourd'hui négligeable, augmentera dans des proportions considérables.
     Dans ces conditions, que va devenir la rentabilité du nucléaire, pièce maîtresse de l'argumentation officielle ?
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SOMMAIRE
L'euphorie de la direction d'EDF - Situation mondiale pour l'uranium naturel - Situation européenne - Situation française
L'uranium enrichi - Evolution des coûts - Les surgénérateurs - Qui contrôle le marché ?

Année 1976
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