GAZETTE NUCLEAIRE
181/182 mai 2000

FESSENHEIM, BLAYAIS EN EXPERTISE.......
Editorial


     Enquête, expertise, recherche de site, ce début d'année, après la noyade du jour de l'an est fertile en incident en tout genre.
     J'ai ressorti (Gazette d'avril 1991 - pas encore numérisée...) la carte de sites potentiels (1983). Elle n'a pas changé en gros mais est plus précise sur les 15 sites en prospection (en commun Huelgoat, Quintin, Neuvy-Bouin, Auriat et pour les autres granite des petits déplacements). De fait le déchet est toujours d'une actualité brûlante. La gazette écrivait cela en 91 et 9 ans plus tard, le paysage n'a pas changé. On a négligé les déchets depuis le démarrage du nucléaire et on a du mal à surmonter ce handicap. Bien sûr ce manque de transparence a permis de se retrouver avec 59 réacteurs et des déposantes un peu partout.
     C'est pourquoi je suis contre les laboratoires d'une part parce qu'il y a encore beaucoup de travail avant de pouvoir qualifier un site et une(des) façon(s) de stocker mais surtout parce que les stockages en surface nous obligent à réfléchir à notre dépendance face à l'énergie. C'est la seule façon de mettre sur pied une politique alternative au nucléaire .
     Pour le moment les LEMI de l'IPSN (Tournemire, Fanay Augères, Revin suffisent bien pour étudier les écoulements d'eau, l'attaque des roches, l'étaiement des galeries et la validation des modèles.
     Le problème de la prospection ANDRA c'est qu'il s'agit de qualifier certes un labo mais surtout un site de stockage. Car tous les textes sont clairs et précis, on prospecte pour un site potentiel.
     Or c'est plus que prématuré, il faut d'abord étudier le concept de réversibilité qui pour le moment est un leurre (bien sûr on sera réversible le temps de fonctionnement d'une galerie mais après non..). Il faut aussi maîtriser les problèmes de circulation des eaux. Il faut de plus étudier les matrices de blocage des déchets. Il faut et c'est impératif apurer le passé.
     Ceci signifie qu'il ne suffit pas de dresser des inventaires, il faut résoudre les problèmes des stériles de mines, des résidus des usines d'engrais, des petits sites comme le chemin du radium à Gif, les décharges franciliennes ou dromoises où on a déversé ce qui sortait des sites d'usines.
     Il faut comme le demande le rapport de l'Office conduit sous l'égide de Michèle Rivasi clarifier les rôles de chacun (CEA, COGEMA, EDF, ANDRA) et trouver une stratégie commune. Il faut aussi cesser de vivre dans le futur et résoudre les problèmes existants : tonnage, forme physico-chimique, possibilités réelles de reprise (boues de la Hague, tranchées pleine terre de Cadarache, silos irradiants de Marcoule, fûts de Saclay).
     Il faut aussi revoir toute la politique de rejet. elle a clairement montré ses limites, même si le manque de suivi de la santé des populations autour des sites ne permet pas de conclure sur l'impact du nucléaire au plan radioactif et chimique. Il vaut mieux tendre vers le rejet zéro mais vers plus de déchets pour ne pas ajouter aux pollutions déjà existantes.
suite:
Le GSIEN persiste à affirmer que la seule façon de parvenir à gérer les déchets est d'arrêter d'en produire. Alors on pourra réfléchir sur le devenir de ceux qui existent et pour lesquels on n'a pas de solution pérenne hormis les entreposages qui fleurissent dans les sites CEA. Ce sont d'ailleurs de meilleures solutions que les carrières et les déposantes inconnues.
     Comme conclut Action Environnement dans son mémoire sur le site de Sanvensa (Aveyron) :
"La construction de laboratoire souterrain destinés à étudier la faisabilité d'un stockage de déchets radioactifs en formation géologique ne nous paraît pas prioritaire et nous semble même prématuré. Puisque le concept de réversibilité a été retenu au nom du principe de précautions, ce que nous approuvons entièrement, la priorité est l'étude de la faisabilité d'un entreposage(ou stockage) de longue durée (plusieurs centaines d'années) en surface ou subsurface pour les déchets B, les déchets C et les combustibles usés non retraités ainsi que l'élaboration d'une règle Fondamentale de sûreté sur l'entreposage de longue durée."
      Il est aussi suggéré de continuer les études sur la transmutation mais le GSIEN met en garde sur cette méthode. Cette voie ne sera jamais opérationnelle industriellement. Elle peut servir pour de faibles quantités et des déchets particulièrement toxiques. Il faut trop de conditions : séparation poussée des divers éléments, possibilités de façonnage de matériaux très actifs, mise en réacteur ou placement dans un accélérateur. Il faut énormément d'énergie pour réaliser les diverses étapes. évitons, une fois de plus de jouer aux shaddocks.... La transmutation est un rêve de physicien.
     Et de toute façon il ne sera pas question de transmuter les tonnes de résidus miniers ou de démantèlement. On ne transmutera pas non plus les milliers de tonnes sur tous les vieux sites. Mieux, il est préférable de stocker en l'état les combustibles pour stopper le retraitement, opération juteuse pour COGEMA mais polluante pour les populations. Alors on ne transmutera pas des combustibles usés...
     Et malgré tous les efforts - inventaire, rapports - on ne connaît toujours pas les quantités existantes en ferrailles, boues, etc..
On a de belles projections sur ce qu'on saura faire un jour mais quand ? Sur ce qu'on va renvoyer chez les étrangers mais quand et comment ?
     Ne rêvons pas le sujet est bien plus compliqué que ce que nous affirme ANDRA et COGEMA.
     Les déchets doivent être pris en charge. L'inventaire de l'ANDRA est un bon début mais insuffisant. L'assainissement des sites CEA est indispensable mais cela ne résoud en rien les problèmes des sites orpholins ou prétendument décontaminés. 

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Le gouvernement a donc nommé une mission Granite mais elle me semble bien mal partie. Pourquoi? Eh bien, parce que le Gouvernement ne comprend pas qu'une concertation ce n'est pas un monologue mais une construction : on écoute, on réfléchit avec les gens et seulement à ce moment-là on construit un rapport. Si on va voir les gens en ayant déjà écrit les conclusions, ce n'est pas la peine.
     Prenez l'enquête pour la Hague. Naïvement on croyait tous que COGEMA allait déposer un dossier sur les rejets. Pas du tout COGEMA a déposé un dossier pour étendre la capacité des piscines et des têtes de retraitement, changer le taux de brûlage. Enfin tout sauf les rejets.. Et alors qui a gagné dans la partie de bras de fer avec la DSIN, la COGEMA, évidemment.
     Et même avec un commissaire enquêteur qui fut payé par l'ANDRA lors de l'enquête pour le site de Bure et qui à la Hague s'occupe de COGEMA et de l'ANDRA les tribunaux n'arrivent pas à lire les textes correctement. Essayez, vous pékin moyen d'enfreindre la loi et de faire un chèque en bois, vous verrez le résultat. Je ne conteste pas que c'est normal mais pourquoi ce normal ne s'applique pas à COGEMA et à tous les puissants de ce monde....
     Cette gazette va vous présenter:
- La visite décennale de Fessenheim 1
1-Les conclusions GSIEN sur la visite décennale de Fessenheim. Nous avons travaillé le dossier "tenue des cuves sous irradiation". A notre avis, il y a encore du travail avant de conclure que les cuves vivront 30 et ce que désire EDF 40 et même plus d'années.
2-En ce qui concernent la tenue des autres équipements, il y a aussi à travailler. D'une part parce que le suivi n'a rien de simple et d'autre part parce qu'il y a toujours des arbitrages entre le coût de la sûreté et les kWh. Ce sont souvent les kWh qui gagnent. Pourtant si au Blayais, on avait rehaussé la digue (quelques 10 millions) on aurait économisé l'arrêt des réacteurs (environ 1 million par jour et par réacteur de manque à gagner en kWh) et surtout on n'aurait pas frôlé le pire..
suite:
3-l'analyse des incidents, le suivi de la première visite décennale, la protection des travailleurs. Tous ces points sont à suivre avec attention. En particulier la dosimètre neutronique doit être sérieusement améliorée et la préparation des chantiers mieux conçue.
- La fuite d'Indian Point
1-le dossier DSIN qui fait le point sur les bouchages de tubes de GV
2-l'analyse du GSIEN
- Le Blayais
1-le dossier IPSN sur les inondations
2-le dossier C.G.T.
3-le dossier DSIN
4-l'analyse GSIEN
-L'enquête publique de la Hague
1-Quelques commentaires sur les rejets
2-la cas du carbone 14
- Le coin associatif
Des nouvelles en direct des sites et des adresses utiles.
A part cela merci à tous. Les réabonnements sont francs et massifs
Je vous répète que l'abonnement est à l'année donc 1er janvier-31 décembre, que sur la bande je note :
fin abt 12/00 si vous êtes à jour pour 2000,
fin abt 12/99 si vous n'êtes pas à jour mais que vous avez payé 1999 (je continue à vous l'envoyer pendant 1an)
fin abt 12/01 si vous avez déjà payé 2001
Et merci à tous ceux qui m'ont signalé des erreurs, il n'y en a pas beaucoup mais il y en a et c'est toujours trop. Je peux oublier de rafraîchir mon fichier et ne pas mettre l'abonnement à jour. Je peux aussi me tromper dans l'adresse.
Bon enfin tout peut arriver, alors n'hésitez pas à me le faire savoir.
Bonne lecture. 

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SOMMAIRE
Fessenheim : visite décennale
Indian Point, fuite Générateur de Vapeur
-dossier DSIN
-analyse GSIEN
Le Blayais
-dossier IPSN - communiqué de presse du syndicat CGT / centrale du Blayais
-dossier DSIN - analyse GSIEN
Commentaire sur l'enquête publique Hague - La question du carbone 14
En direct des associations:
- CRILAN : De la Hague à Bure, le nucléaire au-dessus des lois ?
- FNE : plainte contre l'État français, violation du Traité Euratom et de la directive 96/29 -Communiqué commun des associations STOP-CIVAUX, C.L.A.P. (Collectif de lutte antinucléaire poitevin), UFC-86 et les Amis de la Terre - Site de Bure - Communiqué REZO

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