GAZETTE NUCLÉAIRE

 
Communiqué de presse
par le Président du Panel STOA, Professeur A. TRAKATELLIS, MEP
(original en anglais - traduction WISE- Paris)*
Bruxelles, 30 octobre 2001

     L’objectif de ce communiqué de presse est d’informer la presse et le public de façon correcte et responsable sur la décision prise par le Panel STOA le 23 octobre 2001, concernant l’étude “Effets toxiques potentiels des usines de retraitement nucléaire de Sellafield (GB) et du Cap de La Hague (France) “. La publication d’un certain nombre de présentations dans la presse ayant dénaturé la décision du Panel, nécessitait d’urgence une telle réaction.

L’étude a été préparée par un contractant externe, WISE-Paris, dans le cadre du programme de travail 2000 de STOA, après la saisine par la Commission des Pétitions du Parlement Européen. Lors de sa réunion du 23 octobre 2001, le Panel STOA, chargé de la totalité des décisions politiques concernant les activités de STOA, a pris note de l’étude soumise par le sous-traitant et a décidé de la publier comme première contribution au débat scientifique sur les effets toxiques éventuels des usines de retraitement de Sellafield et Cap de La Hague. 
     Conformément à la décision du Panel, l’étude sera publiée, accompagnée d’une lettre du Directeur du Panel STOA expliquant cette décision, ainsi que des rapports d’évaluation des experts, dont l’avis a été officiellement requis par le Panel STOA. Le Panel avait décidé le 21 juin 2001 de demander l’opinion d’experts indépendants, après avoir débattu des préoccupations exprimées par certains Députés Européens concernant un éventuel manque d’objectivité de l’étude réalisée par WISE-Paris. Le 23 octobre, le Panel a accusé réception des avis soumis par les relecteurs et a estimé approprié de communiquer cette information au public, si les relecteurs l’acceptaient. 
     Je voudrais faire remarquer que, comme c’est le cas pour toutes les études commandées par STOA. La publication de cette étude n’implique pas l’adoption de son contenu et ce dernier ne reflète pas nécessairement l’opinion des membres du Panel STOA, ou du Parlement Européen. 
     Dans le cadre de cette approche ouverte, le Panel est prêt, si une commission parlementaire le demande, à faire réaliser une étude complémentaire, qui prendra en compte les points de vue des groupes politiques et sociaux concernés, ainsi que ceux d’un large panel d’éminents scientifiques dans le domaine concerné par cette étude. La nouvelle étude devrait s’inscrire dans le cadre d’une contribution complémentaire aux efforts de STOA d’apporter un enrichissement au débat politique avec les informations scientifiques et techniques les plus objectives et les plus complètes possibles sur ce sujet. 
     Le Panel STOA a également décidé d’encourager la Commission des Pétitions à organiser une audition publique sur ce sujet, au moment où la Commission le jugera opportun, en collaboration avec STOA, ainsi que, si la Commission le décide, d’autres Commissions intéressées du Parlement Européen. Une telle audition représenterait une occasion pour les parties intéressées d’exprimer leur opinion et d’apporter toutes les informations nécessaires pour les étayer. Pour le Panel, un événement ouvert de ce type, a beaucoup de valeur, en ce sens qu’il est le meilleur moyen de traiter un sujet autour duquel des opinions très divergentes peuvent exister. 
     Enfin, le Panel STOA exprime ses regrets quant à la décision de WISE-Paris de passer outre la clause de confidentialité contenue dans son contrat avec le Parlement Européen en divulguant certaines parties de l’étude avant sa publication. L’attitude de WISE-Paris est contraire à la longue tradition de STOA, qui s’est toujours efforcé d’associer ses activités aux plus exigeantes normes scientifiques et éthiques.
suite:
ANALYSE CRITIQUE DU RAPPORT DE WISE-PARIS
Jean Claude Zerbib
octobre 2001
 
     Le rapport de WISE-PARIS est un rapport important qui mériterait une étude bien plus approfondie que celle que nous pouvons réaliser dans un court délai. Nous allons considérer :
     - le contrôle de installations nucléaire, 
     - les rejets d’effluents liquides et gazeux radioactifs, 
     - la contamination de l’environnement, 
     - l’impact dosimétrique; 
     en développant plus particulièrement le point relatif aux rejets d’effluents. En effet, les contrôles relatifs à la contamination de l’environnement et les calculs liés aux impacts dosimétrique associés à ces contamination nécessitent un travail important (validation des données de mesures, des codes de calcul utilisés, des hypothèses faites en matière de consommation, etc.). 
     Nous ne pourrons pas aborder des points importants comme les options alternatives au retraitement à la gestion des déchets, des stocks de plutonium et d’uranium du retraitement ou des combustibles irradiés. Ces problèmes se posent pourtant quelles que soient les options technico-politiques que prendront, à moyen ou long terme, les États membres, car il faut au minimum gérer les matériaux produits jusqu’alors. 
     1-Le contrôle des installations nucléaires et le “Traité EURATOM”
     Les usines de retraitement du combustible sont constituées d’une série d’installations qui opèrent “en ligne”, ou de manière différée, depuis la réception des “châteaux” de transport renfermant les assemblages combustibles jusqu’à l’entreposage et l’expédition des déchets conditionnés et des matières premières radioactives (uranium, plutonium). Chacune de ces installations a une fonction définie de manière simple, mais constitue cependant une unité suffisamment complexe pour être considérée par la réglementation française comme étant une “Installation Nucléaire de Base” (INB). Ces INB font l’objet de “dossiers de sûreté”, écrits à chacune des étapes de la vie de l’installation, depuis la phase du projet jusqu’à la mise en service industrielle, et soumis à l’approbation des autorités réglementaires. 
     Indépendamment du jugement porté sur la pertinence et l’efficacité des dispositifs intrinsèques de sûreté et des parades éventuelles mises en oeuvre sur un site comme celui de Sellafield ou de La Hague, l’appropriation de l’ensemble des données par les experts chargés du contrôle nécessite beaucoup de temps dans la mesure ou nous attendons d’eux une analyse critique pleinement autonome. Cette analyse ne peut cependant faire l’économie d’échanges avec l’exploitant et les autorités de sûreté qui ont elles même procédé à l’analyse critique et à l’inspection des installations du site. 
     Compte tenu de ces considérations, si la donnée, fournie par le rapport WISE-Paris (2 hommes-mois sur une période de 4,5 mois), relative au temps consacré au contrôle des installations par les contrôleurs “Euratom” est exacte, nous pouvons dire également que les moyens d’expertise que se donne la Commission Européenne pour l’application des dispositions du Traité Euratom ne sont pas à la hauteur des exigences de l’article 37.
p.15

2 - Les rejets d’effluents liquides et gazeux radioactifs des usines de retraitement.
     L’étude de ce Rapport, qui comporte une analyse comparée des rejets d’effluents radioactifs des sites de retraitement du combustible irradié de Sellafield et de La Hague, ainsi qu’une comparaison de leurs impacts dosimétriques associés, conduit à vérifier au préalable la validité des données de base qui fondent les appréciations de WISE-Paris. Nous utilisons principalement à cet effet les publications de la CE [1 à 3] faites en application du Traité Euratom, celles du NRPB (1) [5], de BNFL (2) [6 à 8], des autorités britanniques chargées du contrôle de l’environnement et des produits de consommation [9 à 13], ainsi que les travaux du GRNC (3) [14] : 
     - Le tableau 1 fournit, pour les usines britanniques et françaises, depuis la mise en service industrielle du site jusqu’en 1992, puis pour la période 1993-1999, les activités cumulées des radionucléides à vie longue présents dans les effluents liquides. Ces valeurs ont été constituées à partir de données provenant des publications [1 à 14]. 
     - Le tableau 2 présente, pour les mêmes périodes que celles retenues pour les liquides, les activités cumulées des radionucléides à vie longue présents dans les effluents gazeux de La Hague et de Sellafield [1 à 14].
     - Nota sur les tableaux 1 et 2
     Nous avons choisi ces périodes compte tenu des considérations formulées dans le Rapport sur le bilan des rejets des usines de Sellafield et du fait que 1992 a été une année charnière pour les deux sites (4)
     De façon générale, nous observons, pour les usines britanniques et françaises, une double évolution : 
     - Une tendance nette à la réduction de l’activité des rejets qui concerne principalement les radionucléides de périodes inférieures à une trentaine d’années (césium 137 et strontium 90 inclus); 
     - Une augmentation de l’activité des effluents portant sur les radionucléides qui posent des problèmes de fait de la complexité de leur piégeage (tritium et krypton 85) et/ou de la sûreté du stockage à long terme compte tenu de leur très longue période (technétium 99 et iode 129). 
     La réduction est due à une amélioration des procédés d’épuration des effluents liquides (tri des effluents, recyclage, évaporations) et gazeux (séparation des ventilations, lavages, dépoussiéreurs spécifiques avant filtration de haute efficacité). 
     L’augmentation est directement liée à l’augmentation des tonnages retraités et à celle des taux de combustion. Une exception cependant, elle concerne l’usine THORP (mise en service en 1994), qui a été équipée au niveau des effluents gazeux, d’un système de piégeage du carbone 14. Toutefois, les autres installations du site ne bénéficient pas de ce dispositif. La contribution de THORP aux rejets gazeux du site de Sellafield en 14C, pour les années 1994-99, n’est que de 3,9%. 
     Nous allons présenter, sous la forme du tableau 3, les données chiffrées les plus importantes formulées dans le rapport WISE en regard desquelles nous préciserons ce que nous avons trouvé en examinant notamment les valeurs d’activités regroupées dans les tableaux 1 et 2.
Les effluents de Sellafield:
     Hormis le cas de l’augmentation en iode 129 dans les rejets gazeux que nous ne pouvons pas confirmer (5) tant les rapports publiés fournissent des résultats différents, les données du Rapport WISE-Paris relatives aux rejets d’effluents liquides et gazeux sont vérifiées dans la totalité des cas.
     Le Rapport (p 32) signale également un dépôt de plutonium au sol, dont l'activité, évaluée en 1992, serait comprise entre 160 et 280 GBq. Or, le bilan des effluents gazeux, qui figure au tableau 2, montre que les rejets cumulés sont bien plus importants que cela (3,7 TBq de 239+240Pu et 23,7 TBq de 241Pu). Comme le site est en bord de mer, il faudrait connaître plusieurs données (la “rose des vents ” et leurs vitesses moyennes, les hauteurs de cheminées) pour estimer les fractions respectives des dépôts de plutonium au sol et en mer.
     Pour ce qui concerne le plutonium des effluents liquides, qui se serait déposé dans les sédiments marins, le Rapport (page 33) fournit une estimation, effectuée en 1991, comprise entre 250 et 500 kg. S’il est possible de calculer les masses de plutonium 238 (0,19 kg) et de plutonium 239 (5,1kg) à partir de l’activité rejetée dans les effluents de 1951 à 1992, pour ce qui concerne les isotopes 239 et 240, nous devons faire des hypothèses de répartition dans l’activité totale rejetée [4]. Cette répartition dépend des taux de combustion des combustibles retraitées.
     Une approche grossière consiste à considérer l’activité des différents isotopes présents dans les effluents pour l’ensemble de la période 1951-1992. Dans cette hypothèse, le rapport des activités des isotopes 241Pu / 239Pu+240Pu indique que le taux de combustion moyen des combustibles retraités serait faible (2000 à 4000 MWthj ). Dans ce cas, le poids des isotopes 239 et 240 serait compris entre et 209 kg et le plutonium total compris entre 176 et 214 kg. Des calculs plus précis pourraient être réalisés si nous disposions des tonnages et des taux de combustion des combustibles retraités annuellement à Sellafield.
suite:
     Il faut noter ici l’intérêt de l’approche de WISE-Paris qui n’aborde pas seulement le bilan des rejets en terme d’activités mais également en terme de masses de matières dispersées.


Les effluents de La Hague:

     WISE-Paris relève (page 52) que trois radionucléides n’ont pas fait l’objet de mesures dans les rejets gazeux des usines de La Hague : le chlore 36, le strontium 90 et le technétium 99. A ce propos, nous pouvons préciser, qu’à la demande du GRNC, des campagnes particulières de mesures ont été réalisées afin de vérifier si des quantités mesurables étaient présentes dans les effluents gazeux des usines de La Hague. Ces campagnes concernent les rejets de chlore 36 (produit par activation d’impuretés de chlore éventuellement présentes dans le combustible) et de strontium 90 (produit de fission)
     - Pour le chlore 36 les contrôles ont porté sur divers indicateurs (viandes, volailles, oeufs, lait, céréales, sol, eau de ruisseau). Des mesures d’urines ont été également réalisées pour des personnes qui, d’après les données météorologiques, habitent près du point de retombée maximum. En l’absence de résultats de mesure significatifs, l’évaluation de l’activité des rejets gazeux considérés pour les calculs de dose a été faite sur la base d’une limite de détection du 36Cl dans les urines. 
     - Pour le strontium 90, deux campagnes de mesures ont été réalisées. Elles ont permis de calculer un rejet maximal sur la base d’une limite de détection (0,1 GBq par an pour les années 1999 et 2000). 
     - Il est exact cependant que l’absence (constatée par les mesures) de technétium dans les effluents gazeux n’a pas fait l’objet d’une investigation comme cela a été le cas pour le chlore 36 et le strontium 90. 
     - Le Rapport de WISE-Paris cite également un différend soulevé par M. Guillemette (page 59) qui contestait certaines mesures de strontium 90 faites dans le milieu marin, après la déchirure de la conduite de rejet en mer, découverte par la COGEMA en janvier 1980. Cette contestation a été prise en compte par le GRNC et un Groupe de travail (auquel M. Guillemette a fait partie) a examiné les points soulevés. Un rapport concernant les résultats de ce réexamen a été publié [16] 
     - WISE-Paris a pour sa part soulevé le problème posé par les écarts de bilan (24,6% en moyenne entre 1988 et 1993) observés pour l’iode 129 dans les effluents liquides. Le GRNC avait effectivement observé cet écart ([14] fig. 25a et 25b) mais n’avait pas donné d’explications sur son origine. Il semble qu’il soit lié aux incertitudes de mesure de l’129I, mais un groupe de travail du GRNC doit se réunir pour examiner le problème. Bien entendu, les experts de WISE-Paris feront partie de ce groupe de travail dont la création a été décidée par le groupe plénier du GRNC. 
     -Le Rapport trouve également choquant la différence observée entre les autorisations réglementaires de rejets d’effluents liquides et gazeux d’une usine de retraitement comme celle de La Hague et d’un réacteur nucléaire comme ceux de Flamanville, situés à 17 km du site de la COGEMA. Il y a en effet des différences objectives entre la centaine de tonnes de combustible constituant le coeur du réacteur auquel on veille à garder l’intégrité la plus grande, et une usine qui va découper et mettre annuellement en solution l’équivalent de 16 coeurs de réacteurs de la puissance de ceux de Flamanville. 
     - Pour les effets à long terme, le problème est surtout posé par les radionucléides comme le carbone 14, le krypton 85, le technétium 99 et l’iode 129. Ceci pose implicitement une question : “Faut-il assurer la meilleure diffusion possible de ces radionucléides ou en exiger le piégeage malgré les incertitudes qui affectent la pérennité du confinement compte tenu de leurs très longues périodes (notamment le 14C -5730 ans, l’129I -15,7 millions d’années - et le 99Tc - 214 000 -) ? ”.
     Il est clair que la responsabilité de ce choix ne peut incomber à l’exploitant nucléaire. Il revient aux autorités réglementaires. 
     Les situations accidentelles des usines de retraitement
     Le Rapport de WISE-Paris pose le problème du risque majeur d’incendie dans une zone d’entreposage de matières radioactives (page 53). Il est clair que les attentats du 11 septembre 2001 vont conduire les Autorités de sûreté à donner une nouvelle dimension aux scénarios de référence et à l’analyse des actes de malveillance visant les Installations Nucléaires de Base. Les zones qui présentent, dans une usine de retraitement, un risque potentiel élevé sont les zones d’entreposage : 
     - des combustibles, en piscine ou à sec (Sellafield et de La Hague), 
     - des produits de fission (Sellafield, car La Hague vitrifie pratiquement en ligne), 
     - de l’oxyde de plutonium (Sellafield et La Hague). 
Références
p.16

     3 -Les mesures dans l’environnement et l’évaluation des doses de rayonnement reçues par le public
     Des évaluations de doses reçues par des personnes du public ont été réalisées par la CE, sur la base exclusive de modélisations, pour les usines de Sellafield et de La Hague, en 1983 [1] et 1995 [2]. Après avoir calculé les contaminations (air, sol et milieu marin) résultant des rejets d’effluents liquides et gazeux, les doses résultant (exposition externe et inhalation) étaient estimées pour les personnes vivant à 0,5km du point de source (rejets gazeux) et jusqu’à 5 km de distance. 
     Pour les rejets en mer, l’exposition d’un “groupe critique” constitué par des pêcheurs était évaluée ainsi que l’exposition interne de 2 groupes de populations consommant, ou non, des produits locaux qui présentent une charge radioactive. Le calcul des doses engagées était réalisé en utilisant les coefficients publiés dans la CIPR30. Un modèle a également été utilisé pour évaluer la dose collective délivrée aux populations de la Communauté européenne. 
     Le Rapport WISE-Paris cite les travaux du GRNC [15, 17] qui a réalisé : 
     -Un inventaire aussi exhaustif que possible des radionucléides présents dans les rejets liquides et gazeux des usines de La Hague, de 1966 à 1996. Les radionucléides présents dans les effluents, mais non mesurés, ont fait l’objet d’une reconstitution. 
     - Un bilan de l’ensemble des prélèvements et types de mesures réalisés depuis la mise en service des usines de La Hague (1966). 
     Une confrontation entre les prévisions des modèles et les résultats de mesures. 
     Le calcul des activités incorporées et des expositions externes en tenant compte des habitudes de vie déterminées par des enquêtes locales. 
     Le calcul des doses délivrées à la moelle osseuse pour une cohorte d’individus, des doses à l’organisme entier (dose efficace) pour des “groupes de référence” ainsi que des doses délivrées dans certains scénarios particuliers. 
     La Rapport WISE-Paris souligne (page 54) que ces travaux s’appuient pour l’essentiel sur les mesures faites dans l’environnement par l’exploitant industriel (51%), la Marine Nationale (16%) et l’organisme national (17,5%) chargée du contrôle radiologique des installations nucléaires (OPRI). Cette remarque est exacte, mais il faut également noter que c’est la première fois qu’un groupe de travail ayant un mandat ministériel prend en compte (bien que ce nombre soit faible : 0,23%) les mesures effectuées par des mouvements associatifs (7) ACRO, CRII-RAD, GSIEN et associe leurs experts à l’ensemble des travaux. Le Rapport signale donc de manière pertinente le petit nombre de mesures réalisées par ces organisme, lequel témoigne surtout du fait que l’expertise indépendante n’est pas suffisamment sollicitée et ne dispose pas, en France, de l’aide publique et privée nécessaires.
     WISE-Paris souligne également que le GRNC n’a pas effectué de calcul de dose collective concernant la population mondiale (page 57) un calcul en utilisant notamment le modèle employé par la CE en 1995 [2]. 
     Le GRNC n’a effectivement pas effectué ces évaluations car elles n’entraient pas dans le cadre des missions qui lui avaient été confiées par le ministère de l’Environnement et le secrétariat d’État à la Santé français. 
suite:
     4 - Conclusions
     Le Rapport WISE-Paris constitue une étude importante de l’ensemble des problèmes posés par le retraitement du combustible dans les usines de Sellafield et de La Hague. La structure du rapport, que nous n’avons pas pu analyser en totalité de manière critique, couvre bien le champ des problèmes posés par ces opérations industrielles. 
     Pour ce qui concerne l’analyse des rejets d’effluents liquides et gazeux des usines britanniques et françaises, partie que nous avons examiné de manière très détaillée, il apparaît que les rédacteurs ont su réunir et utiliser une documentation technique et scientifique importante. 
     S’il est possible de trouver dans la littérature technique certains éléments abordés dans ce Rapport, nous devons préciser que ce dernier n’a pas d’équivalent pour ce qui concerne la prise en compte globale et l’abord critique de chacun des problèmes posés par la “fin du cycle” du combustible nucléaire. Les nombreuses annexes techniques qui accompagnent le rapport constituent un utile complément au Rapport qui mérite pour toutes ces raisons, une large publication.
1. NRPB = National Radiological Protection Board
2. BNFL = British Nuclear Fuels plc
3. Groupe Radioécologique Nord Cotentin (GRNC) qui, à la demande de la ministre de l’Environnement et du Secrétaire d’État à la Santé, a pour mission d’estimer les niveaux d’exposition aux rayonnements ionisants (dus aux installations nucléaires implantées dans la région) de groupes de populations du Nord Cotentin, le risque de leucémie associé, ainsi que les niveaux de certitudes qui affectent ces estimations.
4. A partir de 1990-91, l’on observe pour le site de La Hague une diminution importante des activités rejetées alors même que s’amorce une augmentation importante des tonnages retraités (en 1994 il a été retraité un tonnage double de celui des années 1990-91). Pour les installations de Sellafield, les années 1993-94 sont celles du plus important tonnage de combustible “Magnox” retraité (1664 t) et de la mise en service de THORP.
5. Il est possible qu’une publication ait fourni des données qui ne concordent pas avec celles recueillies par le NRPB [5] et utilisées par le Comité COMARE [15]. Nous avons rencontré, a plusieurs reprises, des données fournissant pour un même groupe d’années des activités très différentes.
5.  Les plutoniums 239 et 240 émettent des particules alpha d’énergies très voisines (respectivement 5,156 MeV et 5,168 MeV pour les raies les plus intenses) ce qui fait que l’on mesure généralement l’activité alpha totale et non celle de chacun des isotopes. Cependant les activités massiques des deux isotopes sont différentes : la masse de 1 TBq de plutonium 239 représente 441 g et celle d’une TBq de plutonium 240 pèse 119 g. Le calcul de la masse des deux isotopes exige donc qu’une hypothèse soit faite sur la répartition des activités.
6. ACRO = Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l’Ouest,
CRII-RAD = Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité,
GSIEN = Groupement de Scientifiques pour l’Information sur l’Énergie Nucléaire.
p.17
* Document original: www.pu-investigation.org/english/reports/011030STOAPressRelease.pdf
Les Verts/ALE au Parlement Européen
COMMUNIQUE DE PRESSE
Audition de la commission des Pétitions sur les risques à la Hague et à Sellafield.
Bruxelles, le 18 avril 2002
   Les Verts/ALE demandent les rejets zéro, quelles que soient les activités de retraitement ou de non-retraitement
     Déclaration de Didier Anger, Conseiller régional de Basse Normandie (Les Verts) ancien vice-Président de la commission énergie au Parlement européen, militant associatif résidant à 20 km de l'usine de la Hague.
     "L'aspect le plus positif de l'audition publique organisée par la commission des Pétitions du PE, a été la reconnaissance par la Commissaire à l'environnement de l'UE, Madame Wallström, de la validité de l'étude faite par "WISE" Paris sur les risques liés à l'activité des usines de retraitement d'extraction de plutonium de la Hague (France) et de Sellafield (Royaume-Uni). Cette étude est contestée par les lobbies nucléaires français et britanniques. L'intervenant le plus opposé au rapport "Wise" a été le député socialiste Cazeneuve de Cherbourg qui se définit lui-même comme le député "Cogema". Il a dépassé son rôle de Président de la commission spéciale permanente d'information près de l'usine de la Hague, regroupant les différentes composantes du débat sur le nucléaire et le retraitement, il a proclamé sa foi dans le nucléaire et a affirmé quelques contre-vérités: le recyclage de l'uranium alors qu'il n'est pas recyclé, l'utilisation du plutonium alors que des stocks importants posent des problèmes spécifiques de protection contre des attentats terroristes sur le site de la Hague" poursuit Didier Anger. “ Les expertises contradictoires ont montré une fois de plus au cours de cette audition que les scientifiques n'aboutissent pas forcément à une vérité, mais plutôt au grand doute en matière de santé publique près des installations de retraitement.
     Le bon sens populaire veut que dans le doute l'on s'abstienne. Dans le doute abstenons-nous d'effectuer des rejets radioactifs et chimiques en mer et dans l'atmosphère, quelles que soient les activités sur les sites: retraitement ou non".
     Les Verts rappellent leur opposition au retraitement: "Même si l'on arrête le retraitement, il faudra, sur ces sites, immobiliser et rendre le plus inutilisable possible, le plutonium existant, à des fins militaires ou terroristes, reprendre tous les déchets, les compacter et démanteler les installations, pendant plusieurs dizaines d'années encore. Il s'agit dès maintenant de réduire les risques vers zéro, ce sur quoi la Commissaire Mme Wallström n'a pu s'engager: la Commission ne semble pas unanime sur la question du nucléaire, le Traité Euratom devrait être révisé et il faudrait envisager d'autres Traités en matière d'énergie que celui-ci qui visait plus à faire la promotion du nucléaire qu'à le contrôler", conclut Didier Anger.
     Pour plus d’informartion : service de presse du groupe des VERTS : AEL Isabelle Zerrouk: portable: +32-477-31 9474, tél.: +32-2-2842742 (Bxi), +33-3-8817 4032(Stb), e-mail: izerouk@europarl@eu@int (?!) Site internet (nouvelle URL): http://www.greens-efa.org/ FAX : +32-284 4944 (Bruxelles), +33-3-88 241 196 (Strasbourg)

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