| Les dépêches A.F.P. sont
tombées drues ces trois derniers mois. De Tchernobyl, en passant
par la canalisation COGEMA, les convois contaminés, les gros pépins
réacteurs, pour finir par le nuage de césium, le nucléaire
a été malmené. Malmené par lui-même il
faut bien le reconnaître.
Deux niveaux 2 sur les réacteurs en 1 mois, joli record! Des convois transportant les combustibles usés par voie maritime, ferroviaire et routière contaminés à des niveau dépassant d'un facteur 1000 et plus les seuils réglementaires. Un nuage de césium qui nous vient du fin fond d'Espagne (Algésiras) lèche nos villes du Sud et remonte jusqu'en Suisse qui le signale la première. Pas de quoi pavoiser... Cependant dans cet océan tristounet, quatre nouvelles importantes: - le rapport SPX de l'assemblée Nationale confirme l'arrêt de SPX, seulement l'arrêt. Il faut maintenant la décision de démanteler. - L'IPSN vient de faire le point sur les recherches de ses petits laboratoires (LEMI) et Tournemire confirme son importance. Il est toujours aussi urgent d'attendre avant d'aller plus avant dans le problème du stockage. L'argile se fissure et le transit de l'eau n'est simple ni à expliquer et ni à modéliser. Tournemire s'avère comme le rapporte la dépêche A.F.P. un site bien choisi pour analyser «l'impact des travaux souterrains eux-mêmes», car, «De ce point de vue, la coexistence d'un tunnel centenaire et de galeries récentes en fait un site exceptionnel. De toute évidence aucune démonstration de sûreté ne sera convaincante si elle se limite à un site unique sans aboutir à une compréhension profonde des mécanismes généraux." et il est ajouté "les problèmes potentiels sont d'autant plus complexes qu'il faut raisonner sur des millénaires. Avant 2006, date de la décision gouvernementale, il faut élaborer des modèles prévoyant... l'imprévisible face aux hypothétiques cataclysmes naturels ou technologiques, aux lents mouvements géologiques, le simple eftacement du site de la mémoire des générations futures.» - La CNE vient de rendre son rapport sur la réversibilité. Elle préconise cette réversibilité mais ajoute qu'il faut définir ce que cela veut dire. Il faut travailler sur ce concept et cesser de leurrer les populations. En l'état de nos connaissances un stockage profond sera forcément irréversible. Il faut donc, à l'aide des LEMI, vénfier ce que l'on est capable de prédire et de modéliser. Si ce concept ne peut être rempli et s'il est une condition sine qua non, alors il faut s'arrêter de créer des déchets. - Le rapport le Déaut sur l'organisation du contrôle. L'intitulé est assez parlant «La longue marche vers l'indépendance et /a transparence.» Si ce rapport admet que la crédibilité du système est fortement écorné, il s'arrêrte principalement sur l'aspect radioprotection. Certes ce maillon est faible mais il n'est pas le seul. De plus il admet tout juste la nécessité d'un programme cohérent. Il est évident que ce n'est pas le but du |
rapport et qu'il est déjà bon de voir repris des idées
défendues depuis 20 ans pour au moins améliorer la sûreté
et la prise en charge du questionnement citoyen, mais la médaille
a toujours un revers...
Demandez donc tous ces rapports le premier à l'assemblée nationale, le second directement à la CNE, tour Mirabeau et le troisième à l'Office Parlementaire. A part cela nous avons été gratifié de shows nucléaires au colloque «Les défis internationaux de l'énergie» et à la rencontre des présidents de CLI. Les fameux défis ont défié le bon sens en défendant SPX à tout venant. C'était hors sujet puisqu'il s'agissait de programme énergétique. En ce qui concerne les transports nous avons eu droit à un invraisemblable numéro de dupes. Le bureau de la Commission a eu l'insigne honneur d'être convié à une visite de l'usine COGEMA-Hague la veille de la conférence de presse. A aucun moment il n'a été question de transport, alors que le ministre avait le rapport dans sa sacoche depuis au moins une semaine! Sympa ! Mais totalement aberrant. Tout ceci s'est terminé par une session extraordinaire de la commission et des élus furax... ainsi que les membres de la commission grugés par ce numéro peu reluisant. Quant à la conférence des présidents, nous avons eu droit toujours du même ministre Christian Pierret à un plaidoyer pour l'EPR, à un éloge sans mesure de la fée électricité. Son discours fut peu adapté aux sujets traités mais on peut utiliser tous les moyens pour faire du lobbying. Vouloir I'EPR, énorme réacteur adapté (et encore il suffit de subir CIVAUX) à la France, n'est pas sérieux. Ce superbe oiseau concocté par Framatome et Siemens n'a pour but que de maintenir une industrie qui considère que la maintenance des réacteurs n'est pas un gâteau suffisant et qui ne rêve que de gigantisme. En 1998, malgré la lutte pour une ouverture de la politique énergétique, la situation est plus critique qu'en 1974. Le pétrole nous étranglait moins que le nucléaire. La mise en place du fameux programme "durée de vie des centrales" nous entraîne dans une spirale infernale. Le lobby joue la commande contre la sûreté. La foi dans les industriels du nucléaire est une chose, la réalité des incidents du palier 1450 une autre. Quant à l'EPR c'est un vieux réacteur avant même sa réalisation. Certes il a été conçu en essayant de tenir compte du retour d'expérience sur la sûreté mais on a oublié les déchets... On a peut-être aussi oublié des problèmes élémentaires de mécanique comme la tenue des aciers sous irradiation et les phénomènes de fatigue thermique. Je vous ferai un résumé du nouveau rapport CNE dans la prochaine gazette. Déjà là vous avez un bon aperçu de l'ensemble des problèmes. Ensuite vous avez un dossier sur les différents incidents, Civaux, les transports. Et pour finir deux lettres importantes, une sur les mines et l'autre sur la cogénération vue par la thermodynamique. |