GAZETTE NUCLÉAIRE
191/192, septembre 2001

SAUVONS YURI BANDAZHEVSKY :
Appel de Scientifiques
Demande de libération pour le Professeur Yuri I. Bandazhevsky

Monsieur le Président Alexandre Loukachenko
Président de la République de Biélorussie
Minsk
Aux bons soins de 
Monsieur l'Ambassadeur de la République de Biélorussie, 
38, avenue Suchet, 75016 - Paris

Demande de libération pour le Professeur Youri I. Bandazhevsky

Monsieur le Président Alexandre Loukachenko,

     Le 26 avril 1986, la Biélorussie eu la malchance d'être à proximité immédiate de la centrale de Tchernobyl, sous les vents qui portaient le nuage radioactif. Votre pays en paye aujourd'hui encore les conséquences puisque près d'un quart de votre territoire est touché et qu'une part importante de la population, en particulier les enfants, ne sont pas en bonne santé. Vous avez vous-même, à l'Assemblée du Millenium de l'ONU, demandé l'aide internationale pour alléger les conséquences sanitaires de la catastrophe pour votre pays. 
     La Biélorussie a donc besoin de tous ses scientifiques, médecins et physiciens, qui ont des compétences dans ce domaine et qui essaient de surveiller la contamination de la population et de l'informer sur les gestes utiles pour éviter de l'accroître. Cette contamination se poursuit aujourd'hui de façon chronique, à travers l'alimentation, et ceci est bien une situation nouvelle qui comporte peu de précédents et qui nécessite la poursuite de recherches.

     Or, je viens d'apprendre que le Professeur Youri I. Bandazhevsky, recteur de l'Institut de médecine de Gomel, a été condamné le 18 juin dernier par le Tribunal militaire de Gomel à 8 ans de travaux forcés pour corruption, bien qu'il ait toujours nié les faits qui lui étaient reprochés et que de nombreux témoins à charge se soient rétractés au cours de ce procès. Les chercheurs dans le domaine des effets des contaminations chroniques sur les populations ne sont pas si nombreux et les connaissances encore très insuffisantes. Les études scientifiques menées, notamment en Europe, auront besoin de la collaboration des chercheurs biélorusses qui ont réalisé de nombreuses études sur le terrain, en particulier du Professeur Youri I. Bandazhevsky. C'est pourquoi, en plus de son action auprès des populations, lui-même et son équipe sont indispensables à votre pays et à la communauté scientifique.
     Au delà de ces considérations je souhaite également vous dire mon inquiétude sur les conditions de cette détention car la santé du Professeur Youri I. Bandazhevsky est très fragile. 
     Je viens donc vous demander la libération du Professeur Youri I. Bandazhevsky afin qu'il puisse poursuivre ses recherches, y compris en collaboration avec les chercheurs étrangers, afin de valoriser au mieux les informations qu'il a pu accumuler depuis plusieurs années. Ce geste sera très apprécié à l'intérieur comme à l'extérieur de votre pays, et contribuera à donner une image positive de votre pays. 
     Vous remerciant par avance pour votre geste, je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de notre considération respectueuse.

NOM prénom, 
adresse, 
titre
pays

p.2


RÉPONSE DU SECRÉTARIAT DU GSIEN A L'INVITATION
Pour célébrer le 10 anniversaire de l'indépendance de la République de Bélarus
Paris le 18 juin 2001
Mme Bella Belbéoch Secrétaire du GSIEN
à Monsieur Vladimir Senko
Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire de Bélarus en France,
Délégué Permanent auprès de l’UNESCO

Monsieur l’Ambassadeur,

     Vous m’avez invitée le 3 juillet prochain afin de célébrer votre fête nationale du dixième anniversaire de l’Indépendance de la République de Bélarus, et j’apprends à l’instant que le Professeur Bandazhevsky vient d’être condamné par le tribunal militaire de Gomel à 8 ans de prison. 
     Aucune des accusations de corruption qui étaient portées contre lui n’ont pu être démontrées ce qui revient à dire que c’est bien pour son activité scientifique que le Pr. Bandazhevsky a été condamné. Cet événement est une première mondiale dans l’histoire scientifique, du moins dans les pays occidentaux, celle d’un scientifique, qui pour son activité scientifique, est jugé par un tribunal militaire et condamné. Cela nous ramène à une période historique, celle des pratiques staliniennes, que nous pensions révolue précisément par l’accès de votre pays à l’indépendance. 
     Vous êtes Monsieur l’Ambassadeur, Délégué permanent auprès de l’UNESCO. Je vous ai entendu vous exprimer avec beaucoup de sensibilité au sujet des problèmes sanitaires qui touchent la population du Bélarus suite à la catastrophe de Tchernobyl. Je ne comprendrais pas, dans ces conditions, que vous participiez par votre indifférence à la condamnation d’un scientifique, Yuri Bandazhevsky, dont la principale motivation rejoint la vôtre : aider ses compatriotes. 
     En tant que secrétaire du Groupement de Scientifiques pour l’Information sur l'Énergie Nucléaire je vous demande de transmettre ma protestation auprès des autorités de votre pays pour la procédure judiciaire qui a été utilisée contre le Pr. Bandazhevsky.
     J’espère que vous pourrez transmettre et faire partager à votre Président, Son Excellence Monsieur Lukachenko, mon indignation vis-à-vis de la condamnation de cet homme de science dont le seul souci est, non seulement de déterminer l’impact réel de Tchernobyl sur la dégradation de la santé des habitants des zones contaminées de votre pays et en particulier celle des enfants, de leur venir en aide, mais aussi de faire un énorme travail pionnier sur les effets insoupçonnés de la contamination interne sur l’organisme humain ce qui devrait permettre de faire évoluer les normes internationales en matière de radioprotection.

suite:
     Si la condamnation du Pr. Bandazhevsky n’était pas annulée, cela signifierait que les déclarations du Président du Bélarus M. Loukachenko à l’assemblée du Millenum de l’ONU demandant l’aide internationale pour alléger les conséquences sanitaires de la catastrophe étaient des mots vides de sens, que vous-même, contrairement à ce que vous nous avez dit avec passion lors de la conférence de presse que vous aviez tenue pour le 15ème anniversaire de la tragédie de Tchernobyl ne tenez aucun compte des problèmes sanitaires qui affectent votre pays. 

Copie à Mme Monique Sené, Présidente du GSIEN, Docteur es-sciences
Copie à Amnesty International
Copie au Pr. Michel Fernex 


LE GSIEN A ENVOYÉ CETTE LETTRE
le 1er juillet 2001

Concerne : Demande de Grâce Présidentielle pour le Professeur Yuri I. Bandazhevsky

Monsieur le Président de la République,

     Le 3 juillet prochain, votre pays célèbre le dixième anniversaire de son indépendance.
     A cette occasion, et pour marquer cette commémoration importante, nous vous demandons très instamment d'accorder votre Grâce Présidentielle au Professeur Yuri I. Bandazhevsky, condamné le 18 juin dernier par le Tribunal militaire de Gomel à 8 ans de travaux forcés, bien qu'il ait toujours nié les faits qui lui étaient reprochés et que les témoins à charge se soient tous rétractés.
     Le professeur Bandazhevsky est actuellement très malade et nous sommes extrêmement inquiets pour sa santé.
     Comme vous le savez, cette personnalité scientifique et médicale de premier plan a obtenu du Parlement Européen le "Passeport pour la Liberté", document signé par des personnalités aussi éminentes que l'ancien Président du Portugal, Mario Soarès, de la Commission Européenne, Jacques Santer, Madame Emma Bonino ancienne Commissaire Européenne, Messieurs Onesta et Imbéni, Vice-Présidents du Parlement Européen, Madame Isler-Béguin, ancienne Vice-Présidente du Parlement Européen, Paul Lannoye, Président du Groupe des Verts au Parlement Européen, entre autre.
     Votre grâce présidentielle pour le Professeur Yuri I. Bandazhevsky serait saluée unanimement par tous ceux qui, partout dans le monde, souhaitent aider les victimes de la catastrophe de Tchernobyl et votre pays à soulager leurs souffrances. Les travaux et recherches de Y.I. Bandazhevsky ont toujours été motivés par cet objectif fondamental et prioritaire.
     Vous remerciant par avance pour votre réponse, nous vous prions d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de notre considération très distinguée.

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