Le combustible neuf qui alimente le coeur
d'un réacteur de la filière à eau légère
est constitué d'une poudre d'oxyde d'uranium, enrichi en 235U
(noyau fissile) à des teneurs variant de 3 à 3,5%. Cette
poudre est contenue dans des tubes métalliques, les gaines, en alliage
au zirconium. Dans le réacteur, la composition du combustible se
transforme: il apparaît d'une part les produits de fission provenant
de la fission de 235U. Ce sont des éléments de
masse environ deux fois plus légère que l'235U,
généralement radioactifs par émission b
et/ou g. Citons parmi eux le
85Kr
(10.8 ans), 137Cs (30 ans), Sr (30 ans). Le tritium provient
de la fission ternaire de 235U, c'est-à-dire de la fission
en 3 fragments.
Il apparaît d'autre part des noyaux plus lourds que 235U,
résultant de la capture successive de neutrons par 238U,
captures qui peuvent être suivies d'émission b
(transformation d'un neutron en un proton).
|
C'est
ainsi qu'on synthétise les isotopes du plutonium (Z = 94), puis
ceux de l'Americium (Z = 95) et du Curium (Z = 96). Ce sont les transuraniens
dont le plus «célèbre» est 239Pu. Comme
ce dernier, ce sont des corps très toxiques, car ils sont généralement
émetteurs a. Ils présentent en
outre l'inconvérnent d'avoir de longues périodes pouvant
aller jusqu'à des milliers d'années.
Enfin, les neutrons peuvent interagir avec les gaines et donner naissance
à des produits d'activation dont la nature est analogue à
çelle des produits de fission. L'ensemble de ces radioéléments
représente des déchets de très haute activité.
Pour donner un ordre de grandeur; signalons qu'un réacteur de 1.000
MW(e) produit annuellement une trentaine de tonnes de combustibles irradiés
comprenant, après 5 mois de décroissance, 130 millions de
Curies de produits de fission et 4.5 millions de Curies de transuraniens
(dont environ 280 kg de plutonium). Au cours du retraitement, la totalité
de ces produits est traitée chimiquement, donnant lieu à
une pollution importante par les divers rejets gazeux et liquides.
p.7
|
Pour le premier PWR de 900MW installé en France, c'est maintenant
l'heure de vérité. Malheureusement les pressions gouvernementales
pour démarrer coûte que coûte Fessenheim 1 à
l'heure prévue, des incidents ont retardé ce démarrage.
«On» était pret à négliger les fuites
importantes du condenseur de la turbine ou les incidents le fonctionnement
de certaines installations électriques de secours, mais il a bien
fallu s'incliner devant des incidents beaucoup plus sérieux.
Le premier concerne les pompes de charge du circuit, pompes haute pression
assurant l'appoint en eau du circuit prirhaire. Ces pompes sont au nombre
de trois, l'une d'elle étant toujours en service. La sécurité
dans ce cas est totale d'après la Direction d'EDF, puique si une
pompe est en entretien et que la pompe en marche tombe en panne, il en
reste encore une troisième disponible. Framatome vient de démontrer
que l'on pouvait mettre en panne simultanément les trois pompes.
Le bruit excessif (150 décibels au lieu les 80 prévue) nécessitait
«une toute petite mise au point de dernier moment». La mise
au point a été fatale aux paliers des multiplicateurs des
pompes (organes nécaniques d'entraînement entre le moteur
et la pompe elle-même). Les trois pompes sont actuellement hors service
!
Le deuxième incident qui interdit tout démarrage, concerne
les manchettes thermiques. De quoi s'agit-il ? Les tuyauteries primaires
véhiculent de l'eau entre 284o et 322o. Elles
reçoivent des tuyauteries plus petites destinées à
amener soit de l'eau plus chaude venant du pressuriseur, soit de l'eau
plus froide venant de l'injection (ce système de sécurité
est très important puisque c'est lui qui entre en jeu lors de l'incident
le plus sérieux qui peut arriever à une centrale PWR: la
perte de frigérant, perte qui est susceptible d'entraîner
l'explosion - classique et non pas nucléaire - de la centrale).
Les manchettes thermiques sont des équipements soudés destinés
à diminuer le choc thermique dû aux différences de
température:
(suite)
|
suite:
Fessenheim n 'a pas encore démarré, mais les essais ont suffi
à dessouder 4 manchettes et à en fissurer une cinquième.
Cet incident n'est pas nouveau: les Américains l'ont eu également.
Le type de soudage employé (un cordon tout autour) ne résistait
pas aux dilatations. Ils ont conseillé un soudage en deux points
seulement. Lorsque Framatome reçut les plans correspondant de Westinghouse,
ceux-ci n étaient pas cotés. Alors, le nucléaire étant,
comme chacun sait, une industrie de pointe, sinon d'avenir, Framatome a
mesuré sur plan ces manchettes (avec un double décimètre
?). Bien entendu, avec la précision d'une telle mesure, elles étaient
trop petites. La soudure n'a pas résisté aux vibrations dues
à cette erreur de cote. Le gouvernement, voulant faire demarrer
Fessenheim à tout prix, suggéra de les enlever purement et
simplement. Les métallurgistes consultés n'ont pas voulu
apporter leur caution à une telle opération:
ils
ne répondaient de rien. Il a donc bien fallu réparer. Mais
il n'était pas question de couper les tuyauteries. En effet, dans
ce cas, il faut refaire un test en pression du circuit primaire. Or les
réglements sur la tenue du matériel n'autorisent pas plus
de cinq tests dans la vie d'une tranche: il y en a déjà eu
deux de faits et il faut de plus en faire tous les dix ans. On va donc
envoyer un soudeur dans les tuyauteries primaires en passant par la cuve
dont on aura dévissé le couvercle. Ce soudeur devra travailler
avec une glace et soudera l'inox après avoir pass'r le bras dans
la manchette. Quelle sera l'importance du retard ? Trois semaines? Trois
mois ? On n'en sait rien pour l'instant.
p.8
|