Les ordres de grandeur sont fournis au tableau 3:
en volumes des déchets stockés
Avec l'augmentation de tonnage et le passage au combustible oxyde, on s'attend à ce que La Hague rejette bien plus de corps radioactifs qu'auparavant, notamment à la mer. Ainsi, rien que pour les transuraniens, émetteurs a, le rejet était de 27 Ci en 1974. A partir du retraitement de 300 tonnes, on estime cette quantité dépassera les 90 Ci [5], qui est la limite imposée actuellement par arrêté préfectoral.
Aussi, dès 1976, les demandes officielles de rejets portent déjà
sur des antités plus importantes, du moins ce qui concerne l'activité
b (passage de 45.000 à 125.000 Ci tritium
inclus). En ce qui concerne les rejets liquides et gazeux, les autorités
«responsables»ppuient toujours sur les C.M.A. fixés
par la C.I.P.R. voilà bientôt 25 ans et sur l'idée
que les radioéléments se diluent parfaitement soit dans la
mer, soit dans l'air. Or, à ce sujet, on peut faire les remarques
suivantes:
(suite)
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suite:
a) la notion de C.M.A. est un compromis entre les connaissances que l'on
a à une époque sur la nocivité de tel ou tel radioélément
et le bénéfice éventuel que l'on peut tirer de l'industrie
nucléaire. Ceci est explicitement contenu dans le paragraphe 32
C des recommandations de la CIPR qui stipule : «La Commission
a donc recommandé une dose génétique maximale admissible
de 5 rems, en se fondant sur le principe que la charge qui en résulterait
pour la société serait acceptable et justifiée si
l'on considère les avantages probablement de plus en plus grands
qui résulteront de l'extension des applications de l'énergie
atomique». La C.M.A. est donc essentiellement changeante, et
il est par principe dangereux de rejeter un radioélément
de période longue (comme le
85Kr ou le tritium) sans
se soucier qu'à une époque ultérieure, lorsque ce
radioélément se sera accumulé, on puisse être
amené à diminuer sa C.M.A.
b) En ce qui concerne la dilution «parfaite», les phénomènes
de reconcentration éventuelle dans les chaînes alimentaires
ne sont pas pris en compte. On se rappelle ce qui s'est passé avec
les Gallois qui retrouvèrent dans leur pain d'algue du 106Ru
rejeté à la mer par l'usine de Windscale! On a aussi constaté
(contrôles de radioactivité effectués par le Centre
de La Hague) que si la radioactivité artificielle de l'eau, au large
de La Hague, restait très inférieure à la radioactivité
naturelle, il n'en était pas de même pour certaines algues,
mollusques et crustacés qui présentent des phénomènes
de concentration. A titre d'exemple, dans des algues corallines, l'activité
naturelle est de 4 pCi/g ; l'activité artificielle est passée
de 4 à 27 pCi/g entre 1972 et 1974. Dans les crabes, même
phénomène: l'activité artificielle passe de 1 à
3 pCi/g, alors que l'activité naturelle est de 2 pCi/g. (1 pCi 10-12
curie).
A part les rejets, il y a les stocks de déchets radioactifs formés tout le long de la chaîne du retraitement: déchets de gaines, effluents chimiques notamment du phosphate tributylique, boues, etc. Une partie faible (0,2 à 0,6 %) du plutonium reste mélangée à ces déchets. Le plus gros problème reste évidemment les déchets de haute activité, pour lesquels aucune solution satisfaisante n'a été vraiment trouvée. Ceux-ci sont formés de produits de fission, de la totalité de l'Americium et du Curium et d'une fraction faible (0,2 à 0,5 %) du plutonium. A part quelques-uns de très longue période (99Tc par exemple), les produits de fission disparaissent en gros au bout de 800 ans. En ce qui concerne les transuraniens, émetteurs a on distinguera généralement trois échelles de temps: celle du Curium qui s'étend environ sur 34 ans, celle de l'Americium qui va jusque vers 3.000 ans, et enfin celle du Plutonium (généré essentiellement à partir du 242Cm) qui s'étend au-delà de 100.000 ans. Divers scénarios peuvent être envisagés pour le confinement de ces produits, c'est ce que l'on apprendra dans le dossier page suivante... p.4
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