G@ZETTE NUCLÉAIRE

COURRIER DES LECTEURS
CINQUANTE ANS DE SUBVENTIONS STÉRILES
Shawn-Patrick
Coordinateur,  campagne Sortir du nucléaire
Ottawa, Canada
www.cnp.ca - www.sortirdunucleaire.ca


RESUME
     David Martin, auteur de Subventions canadiennes au nucléaire, 905-852-0571 (Uxbridge)
     Elizabeth May, directrice génerale, Sierra Club du Canada, 613-241-4611 (Ottawa)
     Le texte anglais complet de Subventions canadiennes au nucléaire: Cinquante ans de subventions strériles (60 pages) est disponible en format PDF à www.cnp.ca
     Un résumé en français est également disponible par courriel ou télécopieur.

     Énergie atomique du Canada limitée (EACL) est la société d'État canadienne qui assure la conception et la vente des réacteurs CANDU. A l'occasion du 50ème anniversaire d'EACL, son président-directeur général, Robert von Adel, vantait «la promesse de l'énergie sans bornes» dans un langage rappelant le style propagande des années cinquante. Il confond malheureusement faits et réalités. Fait : EACL est un cas désespéré qui a reçu à ce jour 17,5 milliards de dollars en subventions et qui continue d'en réclamer encore plus. Réalité : après 50 années de faillites techniques et financières, rien ne porte à croire que la tendance pourrait changer.
     En 2001-2002, le gouvernement fédéral a majoré la subvention annuelle d'EACL à 211,2 milliards de dollars : la plus élevée en 15 ans. Le nombre d'employés a augmenté à 4 000, le niveau le plus élevé en 15 ans. Cela est tout à fait contraire au plan budgétaire de 1996 dans lequel le gouvernement limitait à 100 millions la subvention annuelle d'EACL. De toute évidence, la reprise des subventions nucléaires fait partie de l'héritage que laisse le Premier ministre Chrétien à ses contribuables. Pas surprenant que EACL décrive Jean Chrétien comme «un défenseur ardent et de longue date d'EACL et du CANDU ».
     Van Adel est en train de réorganiser EACL sur les principes d'entreprise. Mais une société de la Couronne qui dépend massivement de subventions du gouvernement ne peut être organisée sur un modèle de libre entreprise ou encore adopter un véritable sens des affaires. Van Adel parle d'un «investissement soutenu» nécessaire à la transformation d'EACL. Malheureusement pour les contribuables canadiens, un «investissement soutenu» se traduit nécessairement par une hausse de subventions.
     La propagande de l'industrie nucléaire s'est concentrée récemment sur la prétendue «renaissance nucléaire». Suite à l'introduction de la concurrence sur le marché de l'électricité aux États-Unis, les compagnies productrices d'électricité ont pu mettre une croix sur une bonne part de leur dette nucléaire en tant que coûts échoués («stranded costs»), ce qui a permis aux vieilles centrales nucléaires de vendre leur production à une fraction du véritable coût et de continuer de fonctionner. La « renaissance nucléaire » ne fut en fait qu'une opération de sauvetage pour cette industrie. Les abonnés sont cependant tenus de continuer à payer les coûts échoués. Il n'y a pas non plus de propositions fermes aux États-Unis pour de nouvelles centrales nucléaires pour la simple raison que les centrales nucléaires coûtent le double des centrales au gaz.
     Le coût élevé n'est pas l'unique argument contre l'énergie nucléaire. Cette forme de production d'énergie est un cauchemar au niveau de la sûreté. Pourquoi les terroristes auraient-ils besoin de bombes alors qu'ils peuvent causer la fusion du cœur du réacteur d'une centrale ? Le nucléaire n'est pas une technologie « propre » : les émissions radioactives et les déchets nucléaires causent des cancers et des anomalies congénitales ; il y a toujours la possibilité d'un accident catastrophique semblable à celui de Tchernobyl ; et la prolifération des armes nucléaires est un danger persistant. L'option nucléaire a été rejetée comme solution aux problèmes climatiques lors de la Conférence sur les changements climatiques tenue à Bonn en 2001. L'énergie nucléaire est en conflit avec l'engagement canadien dans le cadre du Protocole de Kyoto : les formes renouvelables d'énergie et l'efficacité énergétique sont des technologies plus économiques, plus propres et plus sécuritaires.
     Le Cabinet a accordé un montant de 200 millions de dollars à EACL, sans débat public, pour la conception de son nouveau réacteur prototype, le réacteur CANDU avancé ACR. EACL prétend pouvoir trouver facilement un marché pour ce réacteur qui aura un prix de vente moindre. Ce n'est pas la première fois qu'on entend cette rengaine après 50 ans de cafouillages répétés : le « Organic Cooled Reactor » au Manitoba fut un cul-de-sac technologique ; le réacteur à eau bouillante ordinaire CANDU BWR à Gentilly, au Québec, qui utilisait de l'eau bouillante ordinaire comme caloporteur, tout comme le ACR, fut un citron qui fonctionna moins de 200 jours et coûta 126 millions aux contribuables, sans compter les frais de conception ; le Slowpoke Energy System, un reacteur-fournaise dont personne ne voulait et dont la conception coûta 45 millions de dollars; 

suite:
la conception du CANDU-3, « un réacteur plus petit et moins cher » (tout comme le ACR) coûta 75 millions, mais personne ne voulait d'un réacteur qui n'avait pas fait ses preuves ; les coûts de conception du CANDU-9 n'ont jamais été dévoilés, mais le programme fut mis au rancart après l'abandon par la Corée du sud de son programme CANDU ; et les deux réacteurs MAPLE à Chalk River : un autre fiasco comportant un délai de mise en service de quatre ans. La plus récente proposition de mégaprojet nucléaire subventionné : 500 millions de dollars pour le réacteur CCN (Centre canadien de neutrons) qui doit remplacer le NRU vieillissant en 2005. Il n'y a pas de véritable besoin pour ce réacteur puisque la recherche peut se faire à d'autres centres de recherche internationaux. À la lumière du cheminement historique sans précédent d'EACL, jonché d'incompétence et d'échecs, il est inconcevable qu'on veuille encore octroyer 20 millions de dollars de fonds publics pour le réacteur ACR ou encore 500 millions pour le CCN.
     Les réacteurs CANDU se sont détériorés beaucoup plus tôt qu'à la fin de leur durée de vie prévue de 40 ans. Au bout de 20 ans ou moins, il est nécessaire de procéder à une remise en état majeure qui coûte tout aussi chère sinon plus que l'achat original de la centrale. En sa fonction de consultant principal, EACL a été blâmée pour encore un autre fiasco, soit la remise en état des réacteurs du Complexe nucléaire de Pickering A. Le démarrage du premier réacteur a été retardé de trois ans et les coûts de réfection des quatre réacteurs sont montés en spirale de 800 millions à 2,5 milliards.
     EACL a mis sur pied un plan de remise en état de la Centrale nucléaire de Point Lepreau qui appartient à la Société d'Énergie du Nouveau Brunswick. En septembre 2002, la Commission des entreprises de service public de cette province s'est prononcée contre la proposition de 845 millions de dollars, faisant valoir qu'elle était trop risquée et trop coûteuse. Ce sont les contribuables fédéraux qui assument le risque si EACL cafouille. Pour faire avancer le projet, EACL demande maintenant au gouvernement fédéral soit d'accepter encore plus de risque, soit d'augmenter sa participation. Le Cabinet doit simplement dire non à ce gouffre financier qui s'ajoute aux autres. Le Conseil d'administration d'Hydro-Québec, quant à lui, doit décider en 2003 s'il procède ou pas à une remise en état du réacteur Gentilly-2.
     EACL promet depuis longtemps que son salut financier réside dans l'exportation des CANDU, mais 12 réacteurs seulement ont été vendus, soit moins de 3 % du total mondial. En 1996, EACL déclarait que “son but était d'assurer la vente de dix réacteurs CANDU dans les dix prochaines années”. Depuis lors, trois réacteurs seulement ont été vendus : deux à la Chine en 1996 et un à la Roumanie en 2003. Cette vente du réacteur Cernavoda-2 n'est en fait que la phase finale d'un marché conclu en 1980, mais elle a quand même nécessité une garantie de 328 millions de dollars sur le Compte Canada de la Société pour l'expansion des exportations : en plein dans le mil pour les contribuables canadiens. Les deux réacteurs Qinshan vendus à la Chine ont aussi bénéficié de crédits de 1,5 milliards de dollars en provenance de la même source. Les ventes de réacteurs sont trop coûteuses et trop risquées pour les institutions financières du secteur privé ; alors pourquoi notre gouvernement risquerait-il ainsi les deniers publics?
     Les récentes pertes de contrats de vente à la Turquie, à l'Australie et à la Corée du sud confirment que la voie des exportations de CANDU est un cul-de-sac. Il n'y a pas de possibilités de nouvelles ventes de réacteurs dans un avenir prochain.
     EACL laisse aux Canadiens un sinistre héritage de déchets radioactifs et de contamination. La Province du Manitoba s'est plainte de la durée prévue (60 ans) du nettoyage des Laboratoires de Whiteshell. EACL ne veut même pas dévoiler son plan de nettoyage des Laboratoires de Chalk River dans la vallée de l'Outaouais, en Ontario et le gouvernement refuse de soumettre le plan de déclassement à une évaluation environnementale. La contamination radioactive, après 50 ans de pratiques laxistes, a atteint la rivière des Outaouais, à vocation récréative et source d'eau potable pour des millions de Québécois et d'Ontariens.
     EACL a fêté son 50ème anniversaire en 2002, tout comme le magazine MAD et les céréales Sugar Frosted Flakes. Contrairement à ces deux entreprises profitables, la réalisation la plus marquante d'EACL en 50 ans a été son habileté à tirer d'énormes subventions du gouvernement fédéral comme un énorme aspirateur nucléaire. Après cinquante ans de subventions stériles, il serait grandement temps de couper les fonds.
p.26

COMMUNIQUÉ (le 3 /1/ 03)
NOUVEAUX DÉCRETS D’AUTORISATION à LA HAGUE , AVANT TOUT DÉBAT !
QUI SERONT LES DINDONS de LA FARCE du NOUVEL AN
(C.R.I.L.A.N.)

(Association loi 1901, agréée au titre de l’article L.141-1 du code de l’environnement)
Siège social : 10 route d’Etang-Val 50340-Les Pieux
TEL : 02 33 52 45 59 - Fax : 02 33 52 53 26
Président : Michel Frémont
Représentant de l’association dans les commissions de la CSPI de la Hague, du CSM, de la centrale de Flamanville : Didier ANGER.

     Le Nouvel An passé, avec ses cadeaux, on annonce, une fois encore, la sortie, en ce mois de janvier, des décrets nouveaux à la Hague.
     Des enquêtes publiques avaient eu lieu, au début 2000, concernant la COGEMA et l’ANDRA, avec quelques irrégularités et incohérences dans les procédures :
     1° Le Président de la Commission d’enquêtes avait été rémunéré par l’ANDRA, moins de 5 ans avant celles-ci, ce qui est contraire à la loi.
     2° La révision des autorisations de rejets n’était pas soumise à enquête pour la COGEMA, mais l’était pour le Centre de Stockage Manche(CSM) de l’ANDRA, dont les rejets chimiques et radioactifs doivent passer par les installations COGEMA (STE et canalisations).
     Les écologistes étaient accusés, tout à la fois par la Direction de la COGEMA, les directions syndicales, les élus de Droite et de Gauche, en Cotentin, d’avoir fait bloquer la sortie de ces décrets par le Ministère VERT de l’environnement. Il y a huit mois que le gouvernement JOSPIN est tombé: Les problèmes n’étaient pas que politiques, mais aussi techniques.

     La COGEMA demandait :
     - Une extension des capacités de stockage en piscine de 30%;
     - Une extension des capacités de retraitement de 2X 800 tonnes / an pour UP2 800, prévue pour les combustibles irradiés d’EDF et UP3 pour les combustibles irradiés étrangers, à 2 x 1000 tonnes /an , soit 25% de plus.
     - La possibilité de retraiter des déchets spéciaux (contenant de l’uranium plus enrichi comme les déchets australiens, ou un combustible contenant plus de plutonium, comme le MOX).
     L’ANDRA demandait aussi la «mise sous surveillance» du CSM, c’est-à-dire sa fermeture déjà effectuée de fait depuis 1997, malgré notre demande qu’on aille rechercher et reconditionner les tranches nord du site, en mauvais état.

suite:
     Quels que soient les décrets, quels sont les principaux problèmes non résolus ?
     1° Les autorisations de rejets doivent, certes, être revues à des baisses, plus ou moins importantes, selon les éléments radioactifs et les rejets chimiques doivent être enfin précisés ( tributyl-phosphates, nitrates, etc).
Ils ne sont cependant pas conformes à la convention OSPAR, signée par la France, qui prévoit la réduction vers zéro des rejets liquides, radioactifs et chimiques dans l’Atlantique Nord. Les rejets de l’usine COGEMA-La Hague, globalement, restent supérieurs à l’ensemble des rejets de centrales nucléaires dans le Monde .
     2° Que signifie l’extension des capacités de stockage ?
Est-ce que l’on se dirige, à la Hague, vers le stockage sans retraitement ? Les nouveaux accords entre EDF et la COGEMA ne prévoient le retraitement que pour 800 tonnes de combustibles par an sur les 1200, soient les 2/3, et ce, jusqu’en 2007 seulement.
     Qu’en est-il du retour des tous les déchets étrangers, après retraitement, comme l’exige la loi Bataille alors que seuls, quelques déchets vitrifiés ont été renvoyés ?
     3° Que signifie l’extension des capacités de retraitement de chacune des deux usines, soit 2000 tonnes/ an pour l’ensemble ?
     La Belgique a abandonné le retraitement. L’Allemagne l’arrête en 2005. Le Japon finit de construire son usine, avec la complicité de la COGEMA.
     En 2001, un peu plus de 900 tonnes ont été retraitées. En 2002, environ 1100. Où sont les nouveaux contrats étrangers ? A-t-on prévu de fonctionner sur la base de 800 à 1000 tonnes / an, alternativement, sur l’une des deux usines seulement, pendant que l’autre serait à l’arrêt, et ce, jusqu’en 2006 /2007 ?
     ET après ?
     4° Que fait-on des dizaines de tonnes de plutonium, si sensible, stockées sans autorisation, à la Hague ?
     Leur « immobilisation », par mélange avec des déchets n’est-elle pas la moins mauvaise des solutions, et face aux risques, aux menaces terroristes, et pour l’emploi sur le site, pendant au moins 20 ans ?
     5° Quelle est l’utilité du retraitement ?
     N’est-ce pas une question importante, qui aurait dû être posée au cours du débat programmé sur l’énergie, puisque il est plus coûteux et plus dangereux de fabriquer et d’utiliser du MOX et puisque l’uranium, issu du retraitement n’est utilisé que dans deux réacteurs sur 58 ?
     Il est inadmissible et contraire à la démocratie qu’on décide d’abord et qu’on discute après. Les écologistes connaissent par avance les conclusions du débat-bidon. Les travailleurs de la Hague qui veulent croire encore en l’avenir du retraitement et qui n’ont cessé de réclamer la sortie des décrets, ne vont-ils pas être aussi les dindons de la farce du Nouvel An ?
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Commentaire gazette
     Voici en substance le décret pour UP3-A et UP 2-800 (il suffit de changer UP 3A et UP 2-800 et les noms des piscines).
     Pas de problème AREVA a obtenu absolument tout:
    -1700 tonnes annuelles pour les 2 INB soit 100 tonnes de plus que le décret de 1984.
    -1000 tonnes par INB.
    -La capacité des piscines devenue 4600 et 6200 tonnes pour chaque INB soit en tout 21600 tonnes.
    -Plus de limites sur les combustibles : exit les 33000 MW.j/t et leur composition. Maintenant tout est permis : MOX, RNR, recherche,....
    -il n’y a quelques limites que sur les rejets mais l’analyse ACRO vous montre que même ceci est faux. 
     Alors voilà, on a perdu. 
     Bon on va continuer à se battre pour que l’environnement ne soit pas pollué et que les enfants puissent vivre.
Pour votre gouverne voici le fameux décret.
DECRET du 10 janvier 2003
Article 1
     L'article 1er du décret du 12 mai 1981 susvisé est rédigé ainsi qu'il suit 
     «Art. 1er. - La Compagnie générale des matières nucléaires est autorisée à créer, dans l'établissement qu'elle exploite sur le site de La Hague (département de la Manche), une usine de traitement de combustibles nucléaires irradiés dénommée "UP 3-A”. Cette installation sera réalisée et exploitée dans les conditions définies par la demande du 16 octobre 1978 modifiée par la demande du 20 septembre 1999 et les dossiers joints à ces demandes, sous réserve des dispositions du présent décret.
     Cette installation est destinée, en liaison avec les autres installations du site 
     a) A la réception, à l'entreposage et au traitement de combustibles irradiés, puis au conditionnement et à l'expédition de substances radioactives issues du traitement de ces combustibles, en observant les grandes phases suivantes :
     - réception et entreposage d'emballages de transport contenant des éléments combustibles à base d'uranium métal, d'oxyde d'uranium, d'oxyde mixte d'uranium et de plutonium ;
     - déchargement des emballages et entreposage des éléments combustibles ; l'entreposage d'éléments combustibles n'est autorisé qu'en vue de leur traitement ;
     - transformation des substances radioactives contenues dans ces éléments combustibles par cisaillage, dissolution et traitement par séparation chimique, purification et concentration ;
     - production, conditionnement, entreposage puis, en vue notamment de leur recyclage, expédition d'oxyde de plutonium et de nitrate d'uranyle ou d'un autre composé chimique stable de l'uranium ou de mélanges d'oxyde d'uranium et de plutonium ;
     - conditionnement, entreposage et expédition de déchets générés par ces opérations;
     b) A la réception et au transfert dans des emballages appropriées d'assemblages combustibles neufs en vue de leur expédition ;
     c) A la réception, à l'entreposage, au traitement, au conditionnement et à l'expédition de matières nucléaires et substances radioactives (assemblages combustibles non irradiés, effluents, rebuts, déchets) provenant d'installations du site et hors site et susceptibles d'un traitement dans tout ou partie des procédés de l'installation. La réception de matières nucléaires et substances radioactives n'est autorisée qu'en vue de leur traitement.
     La quantité annuelle traitée par séparation chimique dans l'installation est limitée à 1.000 tonnes d'uranium et de plutonium contenus dans les éléments combustibles avant leur irradiation et dans les matières nucléaires et substances radioactives avant leur traitement.
     La quantité annuelle traitée dans l'installation ajoutée à la quantité annuelle traitée dans l'installation nucléaire de base UP 2-800 sera inférieure à 1.700 tonnes.
     Les caractéristiques des éléments combustibles pouvant être traités lors des campagnes seront bornées par les valeurs suivantes:
     - combustible à base d'oxyde d'uranium naturel enrichi pour réacteur à eau légère : une combustion massique moyenne de l'assemblage au plus égale à 75 000 mégawatts.jours par tonne ; une teneur moyenne de l'uranium en isotope 235 avant irradiation au plus égale à 5 % en masse;
suite:
     - combustible à base d'oxyde d'uranium de retraitement enrichi pour réacteur à eau légère : une combustion massique moyenne de l'assemblage au plus égale à 75.000 MW.jours par tonne ; une teneur moyenne de l'uranium en isotope 235 avant irradiation au plus égale à 4,9 % en masse ;
     - combustible à base d'oxyde mixte d'uranium et de plutonium pour réacteur à eau légère : une combustion massique moyenne de l'assemblage au plus égale à 65.000 MW.jours par tonne ; une teneur moyenne de l'uranium en isotope 235 avant irradiation au plus égale à 1,2 % en masse ; une teneur moyenne en plutonium et américium de l'assemblage avant irradiation au plus égale à 11 % en masse ; une teneur moyenne en plutonium et américium des crayons de combustible avant irradiation au plus égale à 12,5 % en masse ;
     - combustible à base d'oxyde d'uranium et d'oxyde de plutonium pour réacteur à neutrons rapides : une combustion massique moyenne de l'assemblage au plus égale à 120.000MW.jours par tonne et une teneur moyenne de plutonium de l'assemblage avant irradiation au plus égale à 35 % en masse ;
- combustible pour réacteurs de recherche : une teneur moyenne de l'uranium en isotope 235 avant irradiation au plus égale à 95 % en masse.
     Ces combustibles ne pourront être reçus et entreposés que s'ils ont été retirés du réacteur nucléaire depuis au moins 6 mois, et traités dans l'installation que s'ils ont été retirés du réacteur nucléaire depuis au moins un an. »
Article 2
     Le paragraphe 2.2 de l'article 2 du décret du 12 mai 1981 susvisé est rédigé ainsi qu'il suit :
     « 2.2. Des piscines d'entreposage d'éléments combustibles d'une capacité maximale, respectivement pour les piscines dénommées "piscine D et "piscine E, de 4.600 et 6.200 tonnes d'uranium et de plutonium contenus dans ces éléments avant irradiation. »
Article 3
     Le paragraphe 4.5 de l'article 4 du décret du 12 mai 1981 susvisé est rédigé ainsi qu'il suit :
     « 4.5. L'installation sera exploitée de telle manière qu'en cas de survenance d'un séisme d'intensité VII-VIII de l'échelle MSK, compte tenu du spectre de réponse du site, les conséquences demeurent acceptables pour le public et l'environnement. »
Article 4
     Le troisième alinéa du paragraphe 4.6 de l'article 4 du décret du 12 mai 1981 susvisé est supprimé.
Article 5
     Il est ajouté à l'article 7 du décret du 12 mai 1981 susvisé un nouvel alinéa ainsi rédigé :
« En ce qui concerne l'adaptation des conditions d'exploitation à des types de combustibles et de matières nucléaires ou substances radioactives pouvant être traitées dans l'installation en application de l'article 1er ci-dessus, tout nouveau type significativement différent des combustibles irradiés provenant des réacteurs nucléaires à eau ordinaire jusqu'ici traités dans l'installation fera l'objet d'une autorisation spécifique délivrée par arrêté conjoint des ministres chargés de l'environnement et de l'industrie, après examen d'un dossier particulier de sûreté présenté par l'exploitant, dans les conditions prévues par l'article 4-II du décret du 11 décembre 1963 susvisé.
Doit être regardé comme significativement différent, au sens de l'alinéa qui précède, tout type de combustible dont soit la composition isotopique diffère de celles des combustibles précédemment autorisés à être retraités dans l'installation, soit le taux de combustion est supérieur de plus de 5 % au taux de combustion le plus élevé précédemment autorisé pour ce type de combustible. »
Article 6
Le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, la ministre de l'écologie et du développement durable et la ministre déléguée à l'industrie sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret, qui sera publié au Journal officiel de la République française.
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Analyse de l’arrêté du 10 janvier 2003 autorisant la Cogéma
à poursuivre les prélèvements d’eau et les rejets d’effluents liquides et gazeux
 pour l’exploitation du site nucléaire de la Hague, cas des rejets de carbone 14
André Guillemette, c14, ACRO



     Comparatif anciens arrêtés / nouvel arrêté
     Les installations nucléaires du site de la Hague ont été autorisées à fonctionner par décrets très discrets parus en 1966, seule l’activité principale des différentes installations nucléaires y était mentionnée en 3 lignes. 
Ce n’est qu’à partir de 1980 qu’une autorisation de rejets liquides et gazeux a été officialisée sous une forme très globale : rejets “ béta et gamma”, seuls le tritium, le strontium plus le césium pour les rejets liquides, et le tritium ainsi que le krypton et les halogènes (les iodes) pour les rejets gazeux faisaient l’objet d’une restriction particulière.
     Il a fallu attendre 2003 (23 ans !) pour que les autorités en charge de la santé publique imposent à l’exploitant des limites de rejets plus détaillées et un peu moins “larges” à l’instar de leurs homologues anglais qui procèdent ainsi depuis plus de 10 ans.
     Nous comparons ci-après les autorisations Sellafield et la Hague, ainsi que les rejets déclarés par Cogéma la Hague en 2000:
Rejets liquides (TBq/an), comparaison La Hague / Sellafield
Rejets liquides (TBq/an), comparaison La Hague / Sellafield

Rejets liquides (TBq/an), comparaison La Hague / Sellafield
Rejets liquides (TBq/an), comparaison La Hague / Sellafield

suite:
(1) Arrêtés du 1er novembre 1980, du 27 février 1984 et du 25 mars 1984 autorisant le rejet d’effluents liquides et gazeux par la Cogéma
(2) Cogéma, dossiers d’enquêtes publiques, janvier 2000
(3) Arrêté du 10 janvier 2003 autorisant la Cogéma à poursuivre les prélèvements d’eau et les rejets d’effluents liquides et gazeux pour l’exploitation du site nucléaire de la Hague
(4) Radioactivty in food and the environment, 2000 (RIFE-6)
(5) Surveillance trimestrielle environnement de la Hague, Cogéma la Hague
(6) Cette valeur regroupe tous les iodes pour le site de la Hague
 

     Commentaires
     Rejets liquides
     Net abaissement des autorisations de rejets globaux bêta gamma, de H-3, de Sr-90 et de Cs-137. Mais les autorités de contrôle suivent l’exploitant pour les rejets de C-14 et dans une moindre mesure pour I-129.
     Rejets gazeux
     Là aussi, net abaissement des autorisations de rejets globaux alpha et bêta gamma, de H-3 et des iodes, mais les autorités suivent l’exploitant pour les rejets de C-14 et de Kr-85
Sauf pour le cas notable du carbone 14, les autorisations de rejets de Sellafield, quoique  plus détaillées, sont nettement plus laxistes que les récentes autorisations de la Hague, elles s’adaptent même aux besoins “ industriels ” formulés par l’exploitant (exemple des rejets  de Kr-85 qui passent de 350.000 TBq/an en 1999 à 470.000 TBq/an en 2000).

p.29


     Le carbone 14
     Le carbone 14 est un radionucléide d’origine naturelle ou artificielle, c’est un émetteur bêta pur de faible énergie, sa période radioactive est de 5730 ans. Son activité est exprimée par rapport au carbone stable (Bq/kg de C).
     Le carbone est l’un des éléments qui sont essentiels à toute les formes de vie et il intervient dans la plupart des phénomènes biologiques et géochimiques. Le corps humain est constitué à 20 % de carbone.
     Le C-14 des explosions atmosphériques
     Les tirs aériens les plus importants ont eu lieu en 1962, juste avant la signature du traité d’interdiction de ces tirs par les USA et l’URSS en 1963 : 217 Mt de TNT pour la seule année 1962 contre 291 Mt de 1945 à 1961 [Beaujard, IPSN, 1997]. La France (12 Mt de 1960 à 1974) et la Chine (22 Mt de 1964 à 1980) ne s’étaient pas associées à ce traité.
     Durant plus de 6 siècles (1300 à 1900) le taux de C-14 a varié faiblement entre 224 et 230 Bq/kg. A partir de 1995, les explosions dans l’atmosphère ont fortement accru ce taux naturel, il aurait culminé à 384 Bq /kg de C en 1965 (explosions massives de 1962) pour redescendre lentement à 266 Bq /kg de C en 1990 [d’après Toggweil et al, EUR15880]. D’autres auteurs donnent une contamination nettement plus élevée, 700 à 800 Bq/kg de C en 1965 [Michelet, 2002]
     Dose efficace du C-14
     On fait l’hypothèse que le milieu terrestre et l’homme se mettent rapidement en équilibre avec l’atmosphère et que l’activité spécifique du carbone dans l’organisme humain est égale à celle de l’atmosphère au point considéré (Schwibach, Killough, EUR15760). Cette hypothèse se base sur le fait que le carbone des végétaux vient essentiellement de l’air (98 %) et que ces derniers sont à la base des chaînes alimentaires. ” [Beaujard, IPSN, 1997]
     La dose efficace due au carbone 14 naturel (226 Bq/kg de C) est d’environ 15 microSv/an [OMS, 1987] , [R. Paulin, 1997] et [Beaujard, IPSN, 1997]
     La part de dose due au C-14 engendré par les armes nucléaires représente 70 % de la dose efficace cumulée des différents radionucléides émis par ces tirs aériens [Court, 1997]. Aujourd’hui le C-14 des essais nucléaires représente une dose efficace résiduelle de l’ordre de 2 microSv/an [Flury-Hérard, 2002]
     Les rejets gazeux de C-14 à Sellafield et à la Hague 
     Un graphique illustre l’antériorité des anglais en matière de rejets gazeux de C-14. Les hautes valeurs de rejets de Sellafield dans les années 1970 /1985 sont dues au fort potentiel en C-14 des combustibles des réacteurs anglais (uranium naturel, types AGR et magnox), dont la teneur en impuretés azote engendrerait 4 à 5 fois plus de C-14 que les combustibles PWR. A noter que la Hague a aussi retraité des combustibles “narurels” dits UNGG et qu’aucune recherche sur l’impact des rejets de C-14 dûs à  ces combustibles n’a été effectuée en France aussi bien à Marcoule qu’à la Hague, contrairement aux reconstitutions effectuées à Sellafield sur les anneaux d’arbre.
     A Sellafield, Mac Cartney a réalisé une étude assez complète sur l’impact radiologique des rejets de carbone 14 aux environs de Sellafield. Il a ainsi effectué une campagne de mesure, se basant sur des échantillons d’herbe entre 1983 et 1985. ” [Beaujard, 1997]
     Cette étude était basée sur un individu ne se nourrissant que de production locale correspondant à un excès de 848 Bq/kg de C par rapport au bruit de fond, soit un taux de C-14 total voisin de 1000 Bq/kg de C (ibid).
     La dose calculée par McCartney était de 120 microSv/an,  48,2 microSv/an selon [Beaujard, 1997].
     A la suite de ces études, les autorités anglaises ont imposé à l’exploitant de réduire ces rejets gazeux de C-14 au-dessous de 8 TBq/an et ses rejets liquides au-dessous de 20, 8 TBq/an à partir de janvier 1988.
suite:
     En janvier 2003, la France autorise la Cogéma à rejeter juqu’à  28 TBq/an sous forme gazeuse et jusqu’à 42 TBq/an sous forme liquide.
     Le carbone 14 dans l’environnement du site de la Hague
     L’OPRI ne surveille le C-14 dans l’environnement de la Hague que depuis 1997 et la Cogéma depuis 1998. Le tableau ci-dessous regroupe les moyennes annuelles des analyses de C-14 (en Bq/kg de C) dans l’herbe effectuées par l’OPRI (87 HAG H) et Cogéma (A3 et A12) :

référence    1997    1998    1999    2000    2001
87HAG H    828     708      883      714     660
A3                           918    1214    1336    693
A12                       1064    1045    1029    860
Illustration des variations du taux de C-14 dans l’herbe dans l’environnement proche du site de la Hague, exemple du point A3, commune de Digulleville.
     L’environnement proche du site de la Hague est donc bien pollué en C-14 à hauteur de 1000 Bq/kg de C au moins depuis 1997, valeur de pollution qui a incité les autorités anglaises à réglementer les rejets gazeux de Sellafield à moins de 8 TBq/an pour ce radionucléide. Les autorités françaises laissent l’exploitant de la Hague rejeter jusqu’à 28 TBq.
     Avec un tel environnement pollué à 1000 Bq/kg de C, les anglais estiment la dose efficace induite pour la population exposée à 120 microSv/an pour le seul carbone 14 [Beaujard, 1997], la Cogéma, elle, estime l’impact du C-14 à 3 microSv/an, l’impact maximal de tous les radionucléides  rejetés étant inférieur à 30 microSv/an [Cogéma, études d’impact 2000].
     Cherchez l’erreur, sachant que tous les experts estiment l’impact du C-14 naturel voisin de 15 microSv/an avec un dosage à 226 Bq/kg de C : avec un environnement à plus de 1000 Bq/kg de C, obtient-on une dose comprise entre 50 et 120 microSv/an comme l’ont calculé les anglais en 1986 ou 3 microSv/an comme le soutient la Cogéma  en 2000 ?
     Rejets liquides et impact local
     Il est recommandé à l’exploitant français de dériver le C-14 gazeux dans les prochaines années vers les rejets liquides (jusqu’à 48 TBq/an).
     Il est intéressant d’observer le taux de C-14 dans les patelles locales avec les rejets liquides actuels de Cogéma :
     Les rejets liquides sont de l’ordre de 10 TBq/an  entre 1996 et 2000, qu’adviendra-t’il du carbone des patelles locales  (nationales et internationales) et autres éléments de la faune marine quand la Cogéma mulipliera ses rejets de C-14 par 3 ou 4 avec la bénédiction de sa tutelle, par ailleurs signataire de la convention internationale interdisant les rejets de radionucléides artificiels en milieu marin ??

Sigles :
Cogéma, Compagnie générale des matières nucléaires
IPSN, Institut de protection et de sûreté nucléaire
OMS, Organisation mondiale de la santé
SFRP, Société française de radioprptection

Bibliographie :
Beaujard P., Etude bibliographique sur le carbone 14, IPSN, SEGR/SEAR/97 n° 10, février 1997
Cogéma, Surveillance trimestrielle environnement de la Hague, collection 1997 - 2001
Galle P., toxiques nucléaires, 2ème édition, Masson 1997
OMS, critères d’hygiène de l’environnement, 1987
RIFE-6, Radioactivity in food and the environment 2000, Food Standards Agency and Scottish Environment Protection Agency, 2001
SFRP, journée carbone 14, actes du colloque, 18 avril 2002 
 

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POLLUTION PAR HYDROCARBURES ET CIRCUIT
DE REFROIDISSEMENT DES REACTEURS NUCLEAIRES
27 janvier 2003

     L’ADELFA COMMUNIQUE :
     Voici 30 ans très précisément, le pétrole échappé des flancs de l’ “Amoco Cadiz” souillait gravement les côtes de la Bretagne.
     Depuis qu’est-ce qui a changé ? 
     La situation s’est aggravée : les naufrages récents de l’Erika et du “Prestige” attestent que le droit à un environnement préservé continue d’être bafoué par la logique sordide du profit.
     La marée noire, on l’a vu ces derniers jours, se rapproche dangereusement de nos côtes jusqu’alors relativement préservées. L’Adelfa rend hommage aux bénévoles qui, en compagnie des membres du GON, se sont dépensés sans compter pour sauver des centaines d’oiseaux mazoutés, et prie instamment nos responsables nationaux, qui “déplorent” beaucoup, de mettre enfin en place les moyens humains et matériels d’une véritable sécurité maritime (15 % seulement de bateaux contrôlés dans les ports français !)
     Dans ce contexte, l’Adelfa entend faire part de sa vive préoccupation quant aux incidences possibles d’une pollution par nappes d’hydrocarbures sur le fonctionnement de la Centrale Nucléaire de Gravelines. L‘on sait que le circuit primaire de refroidissement de chacun des six réacteurs est alimenté par de l’eau de mer prélevée en énormes quantités dans l’avant-port ouest. On notera que la prise d’eau se trouve située à proximité immédiate de l’appontement pétrolier (APF) – ce qui n’est pas anecdotique du tout.
     Certes l’eau prélevée est filtrée par des “ échangeurs ” avec masques écrémeurs, mais de l’avis même d’EDF (réunion de la CLI du 28 mars 2001), en cas de présence de nappes d’hydrocarbures, si une pellicule grasse venait à s’installer sur ces échangeurs, ces derniers seraient rapidement obstrués et perdraient leur capacité d’échange thermique. En espérant que l’alerte soit rapidement donnée (qu’adviendrait-il d’un “mazoutage” de nuit ?), EDF se trouverait contrainte d’arrêter rapidement les réacteurs dont le refroidissement ne pourrait plus être plus assuré.

Scénario-catastrophe tout à fait improbable ?      Assurément non, puisque – et le problème que nous avions soulevé a de nouveau été évoqué lors de la réunion de la CLI du  6 mars 2002 – EDF a lancé des études en vue de mettre en place un barrage flottant permanent  de 400 m de long devant les masques écrémeurs. Aux dernières nouvelles, cette “solution” serait difficilement applicable, en raison notamment du fait que ce barrage serait soumis aux variations des marées…
     Que cette question soit prise en compte dans les scénarios officiels d’accidents est  assurément positif. Le temps presse néanmoins, au vu de l’actualité la plus récente, pour que se dégage une solution assurant la mise en sûreté effective des réacteurs, mis en place en bord de mer. 

Extraits du DOSSIER EDF HYDROCARBURES de Février 2003     EDF envisage de construire un barrage flottant pour protéger les masques écrémeurs. Ces masques qui sont des retenues en béton situés dans le canal d’amenée de l’eau de mer. Chaque unité (6 au total) a besoin de 42 m3/seconde soit 252 m3/seconde. Or ces “écrémeurs” ne sont efficace que pour 70 m3/seconde. EDF conclut donc qu’en cas de pollution hydrocarbure, il y aura en fonctionnement 3 réacteurs à 50% de puissance et 3 à l’arrêt. Pratique ! 
     D’où le fameux barrage flottant prévu pour 2004 !
     Il faut reconnaître que cette fameuse pollution est une épine   qui n’avait pas été estimée à sa juste importance. 
     Reste que ce problème doit aussi concerner le Blayais ainsi que Penly. Il faudrait vérifier Paluel et Flamanville.

Voici une info sur le sujet via le rezo     La centrale du Blayais devra être arrêtée en cas de marée noire dans l'estuaire
     PARIS, 5 fév (AFP) - La centrale nucléaire du Blayais, située sur la Gironde, devra être mise à l'arrêt si les nappes de fioul du Prestige pénétraient dans l'estuaire, a indiqué mercredi l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
     "Nous avons pris la décision d'imposer à l'exploitant de mettre les réacteurs à l'arrêt en cas de menace susceptible d'atteindre le site en moins de six heures", a précisé devant la presse Thomas Maurin, responsable des réacteurs de puissance (ndlr, produisant de l'électricité) au sein du "gendarme du nucléaire".
     Située à 50 km de l'embouchure, la centrale puise son eau de refroidissement dans la Gironde. Une pollution par hydrocarbures pourrait, si elle atteint la station de pompage, affecter ces moyens de refroidissement et poser de graves problèmes de sûreté.
     Les dirigeants de la centrale avaient indiqué début janvier que le site avait été mis en pré-alerte et qu'une éventuelle marée noire n'aurait "aucune conséquence car les installations sont déjà prévues pour filtrer l'eau". En cas de pollution massive cependant, les réacteurs de la centrale seraient mis à l'arrêt.
     Le "gendarme du nucléaire" a estimé ces dispositions insuffisantes et réclamé "des conditions d'arrêt plus restrictives". 
     Selon l'Autorité de sûreté, le délai de six heures est nettement suffisant, les experts estimant qu'il faudrait une trentaine d'heures pour que la pollution parcourre les 50 km depuis l'embouchure.
     De leur côté, les opposants du réseau "Sortir du nucléaire" ont estimé dans un communiqué que les dirigeants de la centrale avaient fait preuve de "légèreté". "La sûreté est de nouveau sacrifiée aux objectifs de rentabilité", selon le réseau d'associations, qui estime "suffisantes" les mesures préconisées par l'ASN.
     Selon le "gendarme du nucléaire", des "dispositifs de vigilance " ont également été mis en place pour deux centrales situées sur la partie nord des côtes de la Manche, Penly (Seine-Maritime) et Gravelines (Nord). Les deux sites pourraient être atteints en cas de pollution massive provenant du Tricolor, le navire échoué le 14 décembre dans le détroit du Pas de Calais.
Communiqué de presse du 13 février 2003
FORUM PLUTONIUM
Du plutonium américain à Cadarache ?


     Alors que jusque là les Etats Unis n'avaient jamais utilisé de plutonium dans le nucléaire civil, ils ont décidé de transformer en MOX (combustible nucléaire contenant non seulement de l'uranium mais aussi du plutonium) leur stock de plutonium militaire excédentaire.

suite:
Pour cela, le producteur de MOX français (Areva) est sur le point de construire une usine aux Etats-Unis, mais les autorités américaines exigent qu'au préalable un essai soit fait sur quatre assemblages de combustible dans les usines de MOX existantes, c'est celle de Cadarache qui devrait être choisie pour cet essai. 
     En effet, le gouvernement Belge n'a pas donné son autorisation pour l'usine de Dessel, et en France, terre d'accueil des produits radioactifs du monde entier, l'usine de Marcoule n'est habilitée à traiter que du plutonium civil.
     Ainsi, pour la première fois, du plutonium militaire serait conditionné à Cadarache. 
     Après le retraitement et le stockage de combustibles étrangers, cette opération confirme le rôle de plaque tournante que joue la France pour le nucléaire de la planète, avec tous les risques et les problèmes d'accumulation de déchets radioactifs que cela implique.
Enfin, va-t-on pour cela retarder une fois de plus la fermeture de la dangereuse usine MOX de Cadarache, fermeture fixée à la fin du mois de juin 2003 ? 
OUEST FRANCE 20/02/03
Les transports de plutonium épinglés 

      Chaque année, des centaines de camions et de wagons chargés de matières radioactives sillonnent la France. Hier, à Chalonsur-Saône (Saône-et-Loire), Greenpeace a bloqué un transport de plutonium classé secret. Elle dénonce le manque de sûreté et de sécurité de ces convois. Cogema dédramatise.
     A 11 h 30, hier dans le centre de Châlon-sur-Saône, vingt-trois militants de Greenpeace neutralisent un camion nucléaire. II est parti la veille de la Hague avec un chargement de plutonium à destination de Marcoule ou Cadarache (vallée du Rhône). Le convoi est à moins de cent mètres de la caserne Carnot où chauffeurs et gendarmes d'escorte ont l'habitude de déjeuner. Sept écologistes s'enchaînent aux essieux de la remorque et du tracteur. Ils seront délogés par les forces de l'ordre et les pompiers à 15 h 15.
     Dans le même temps, un camion identique à ceux utilisés par Cogema, quitte le Cotentin avec des militants et deux répliques de conteneurs de plutonium à son bord. « Nous allons refaire le trajet exact qu'empruntent ces véhicules et informer les populations, explique Frédéric Marillier. Par ces actions symboliques, l'organisation écologiste entend dénoncer « le manque de sûreté et de sécurité » de ces convois. Cela fait un an qu'elle piste les chargement de plutonium sans avoir été inquiétée une seconde.
     «Une fois encore Greenpeace joue sur la peur de manière infondée. On ne fait pas une bombe militaire avec du plutonium civil. Le comportement de Greenpeace est irresponsable», commente Charles Hufnagel, responsable de la communication de Cogema-logistic. Selon lui, « la sécurité de ces transports repose sur de nombreux systèmes embarqués et autour du camion. Une action terroriste aurait été neutralisée».
     Classé secret, ce type de transfert entre la Hague et Marcoule (pour fabriquer du combustible Mox) est placé sous le contrôle d'un haut fonctionnaire de Défense. Ce dernier, Didier Lallemand n'est « pas très content de l'action de Greenpeace. C'est un peu jouer avec le feu dans le contexte actuel». De marbre sur les mesures de sécurité mises en place, il confie toutefois. « Nous allons devoir désormais être plus malins qu'eux et changer nos habitudes. »

Jean-Pierre BUISSON.

     D'inquiétants scénarios catastrophe
     Elle a déjà défrayé, la chronique nucléaire en publiant une étude sur les conséquences de la chute d'un avion sur les installations nucléaires de l usine de la Hague. Cette fois, Wise (agence d'expertise indépendante) a été sollicitée par Greenpeace. Objectif: évaluer les risques d'accidents liés aux transports nucléaires.
     Quatre cent cinquante convois transportant au total une quarantaine de tonnes de plutonium sous des formes diverses circulent chaque année sur les routes et voies ferrées de France. En examinant discrètement ce trafic, le cabinet Wise a imaginé trois scénarios catastrophe, tous très inquiétants pour l'environnement et les populations.
     Première hypothèse: une collision ferroviaire survient entre un train chargé de conteneurs radioactifs et un convoi d'hydrocarbures dans le tunnel de Bernay (Eure), sur l'axe Cherbourg-Caen-Paris. «Si l'intervention des pompiers n'est pas efficace en moins de 3 h 30, la contamination dans un rayon de plusieurs kilomètres serait deux fois celle qui a affecté Tchernobyl dans un rayon de trente kilomètres», indique Wise. Ses experts rappellent que, lors de l'incendie du tunnel du Mont-Blanc, il a fallu quatorze heures aux secours pour maîtriser le feu. Autre conséquence, la zone serait neutralisée pour « une durée indéterminée » paralysant tout le trafic ferroviaire entre Normandie et Paris.
     Second scénario, la collision d'un camion chargé de poudre de plutonium et un camion d'hydrocarbure, sur la rocade est de Lyon, « hyper fréquentée par les véhicules transportant des matières dangereuses», souligne Greenpeace Wise, en minimisant les conséquences d'un choc très violent su les conteneurs, parle «de relâchements radioactifs cent fois supérieurs à la dose mortelle. 6.000 personnes pourraient être concernée: par un tel accident ».
     Troisième éventualité: l'attentat terroriste. La facilité avec laquelle les écologistes ont pu suivre les convois nucléaires pendant un an laisse songeur. Un tir de missile sur un camion générerait au minimum 500 morts, contaminerait 250km2 et nécessiterait l'évacuation pour longtemps d'une grande partie de l'agglomération lyonnaise. «Chaque camion transporte 130 kg de poudre de plutonium. Une masse minimum de 500 grammes est suffisante pour déclencher une réaction de criticité (réaction de fission nucléaire).» Entre 1953 et 2001, la filière nucléaire a recensé 57 accidents de criticité, ayant entraîné 17 décès et 130 irradiations. Greenpeace ajoute qu'il faut «environ 8 kg de poudre de plutonium pour fabriquer une bombe atomique ».
Jean-Pierre BUISSON. 
Plus d'informations sur http://www.stop-plutonium.org .
p.31

UN PEU DE TECHNIQUE

Paris, le 19 février 2003
SUITE DES PROBLEMES LIES AUX GAINES DE COMBUSTIBLE 
     Nous avons publié un dossier sur le sujet (alimentés par les informations de WISE-Paris). Ces ennuis liés à des fabrications un peu ratées et à un changement de séjour des assemblages dans les réacteurs semblent plus difficile à résoudre que ce qui a été déclaré. Affaire à suivre...

EDF - Centrales nucléaires
Anomalie générique affectant l'étanchéité du combustible des réacteurs du palier 1300 MWe.
     Le 9 janvier 2003, EDF a déclaré un événement significatif pour la sûreté à caractère générique relatif aux défauts d'étanchéité de crayons de combustible apparus depuis deux ans sur plusieurs réacteurs du palier 1300 MWe.
     Ce phénomène, dit de "fretting", résulte d'une usure vibratoire des gaines des crayons au contact des ressorts de la grille inférieure des assemblages combustibles. Une perte de maintien des ressorts des grilles du fait de leur irradiation en réacteur et un régime hydraulique entraînant la mise en vibration des crayons sont vraisemblablement à l'origine de cette usure.
     Les réacteurs de Cattenom 3 et Nogent 2 ont été touchées avec une ampleur encore non expliquée, respectivement au cours de leur cycle 8 et 11. 
     Sur Cattenom 3, 92 crayons non étanches ont été dénombrés, répartis sur 26 assemblages combustibles dans leur troisième cycle d'irradiation et 2 assemblages de deuxième cycle. 
     Sur Nogent 2, le phénomène a touché 37 crayons répartis sur 22 assemblages de troisième cycle.
     Les autres réacteurs concernés par ce phénomène sont, selon EDF, Cattenom 4 (cycle 8) où 7 assemblages ont été déclarés non étanches, Cattenom 1 (cycle 11) et Penly 1 (cycle 9), avec 2 assemblages non étanches, Flamanville 2 (cycle 11), Golfech 1 (cycle 8), Paluel 4 (cycle 12), Nogent 2 (cycle 10), Paluel 1 (cycle 13) et Penly 2 (cycles 7 et 8) avec 1 assemblage non étanche.
     Afin de détecter plus rapidement toute apparition de défauts similaires dans le combustible, et de limiter l'activité du réfrigérant primaire et la dissémination de matière combustible dans le circuit primaire, l'ASN impose une surveillance radiochimique renforcée du fluide du circuit primaire sur les réacteurs Cattenom 1, 3, 4 et Nogent 2 et des conditions d'arrêt de ces réacteurs, en cas d'évolution anormale de l'activité du fluide primaire.

suite:

     EDF a proposé d'utiliser des assemblages combustibles renforcés en partie inférieure pour résoudre ce problème ; une première recharge de ce type a été introduite dans le réacteur Cattenom 3.
     L'incident générique est classé au niveau 1 de l'échelle INES.

EDF a des problèmes pour ses visites décennales au Blayais

     Grève à la centrale du Blayais: trois syndicats assignés devant le tribunal
20/02 18:53 (AFP)
     La direction de la centrale nucléaire du Blayais a assigné la CFDT, la CGT et FO devant le tribunal de grande instance de Bordeaux, considérant "illicites et abusives" les modalités d'une grève suivie par une partie du personnel de maintenance depuis début décembre, a-t-on appris jeudi de sources concordantes.
     Cette grève avait été lancée pour réclamer la création de postes d'agents de maintenance tant au niveau local qu'au niveau national et pour dénoncer la politique d'EDF qui fait "de plus en plus appel à des sous-traitants" pour la maintenance des réacteurs des centrales nucléaires, selon la CGT.
     La grève intervient alors que l'unité de production numéro 1 de la centrale du Blayais est arrêtée, pour sa deuxième visite décennale. Les agents en grève cessent le travail une minute le matin, à la prise de poste, et une minute le soir.
     Cette action rend "impossible certains travaux qui se font en dehors des plages horaires normales de travail, lors des visites décennales", a indiqué à l'AFP le secrétaire de la CGT à la centrale du Blayais, Bernard Langlois.
     En conséquence, le mouvement "se traduit par 24 jours de retard sur un arrêt de tranche prévu pour durer 87 jours", selon Valère Lagel, directeur délégué à la production de la centrale.
     Selon la direction, la grève est suivie par moins de 50% du personnel de maintenance, par 50 à 70% de ce personnel selon la CGT.
     La centrale du Blayais compte quatre réacteurs de 900 MW chacun...
p.32

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