Les récentes rencontres
parlementaires consacrées aux questions énergétiques
pouvaient offrir au gouvernement Raffarin l'opportunité de traduire
concrètement les belles intentions affichées, depuis son
entrée en fonction, sur les bienfaits d'une politique de développement
durable. Or, malgré les grands principes énoncés à
Johannesburg, les dernières déclarations gouvernementales
nous font envisager le pire : le retour à la politique nucléaire
du siècle dernier. Ou comment faire ressortir le réacteur
nucléaire EPR des placards de l'histoire !
Semblant condamner par avance le débat
sur l'énergie à n'être qu'une chambre d'enregistrement,
la nouvelle majorité prend le risque d'examiner la politique énergétique
sous un angle purement dogmatique, ne prenant en compte que la question
de la production d'électricité. Nous affirmons au contraire
que toute politique énergétique digne de ce nom doit prioritairement
envisager la maîtrise de la consommation et les moyens d'augmenter
l'efficacité énergétique. Consommer ce qui est produit
ou produire ce qui est consommé ?
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L'ouverture des marchés énergétiques nationaux va entraîner une concurrence qui obligera les producteurs à rendre publics les vrais coûts de la production de l'énergie, intégrant le démantèlement des centrales, les pertes en ligne liées à l'acheminement de l'électricité sur plusieurs centaines de kilomètres ainsi que la gestion des déchets à court et long terme. Au regard de ces coûts jusqu'alors occultés, les énergies renouvelables se révèlent bien plus concurrentielles que ne l'annoncent nos « experts » officiels. L'Allemagne, l'Espagne et le Danemark ne s'y sont pas trompés en définissant des tarifs d'achat de l'énergie verte réellement incitatifs. Les nombreux projets d'implantation d'éoliennes en France (notamment dans l'Ouest) montrent que la France peut s'y engager rapidement, pour peu que localement les citoyens et les collectivités territoriales soient associés aux projets. La décentralisation préconisée par Jean-Pierre Raffarin aura également des conséquences sur la politique énergétique française. Calqué sur le modèle d'un État jacobin et ultra centralisé, le programme nucléaire, avec ses 58 réacteurs, produit les trois quarts de l'électricité consommée et/ou exportée. La diversification et le respect des spécificités locales militent en faveur d'unités de production plus petites, moins chères, plus accessibles et autonomes. Mais la vraie révolution copernicienne émanera de ruptures à venir. Les gains considérables à venir proviendront de l'usage de technologies efficaces en énergie limitant les besoins énergétiques tout en améliorant donc notre indépendance énergétique. La promotion de l'étiquetage des produits labellisés «Efficacité énergétique» permettrait un gain français de plus de 12 milliards de kWh, soit la production de deux centrales nucléaires! Maintes fois proposée, une politique novatrice en faveur de l'efficacité énergétique ne peut reposer que sur le triptyque : - Réglementation/Incitations financières/Information. -Réglementation en supprimant les technologies manifestement dépassées, - incitations financières en baissant la TVA sur les produits efficaces en énergie et information du grand public par l'identification d'une étiquette et d'un label connus et reconnus. Le choix que s'apprête donc à prendre le gouvernement Raffarin, sans consultation de la société civile, aura des répercussions pour plusieurs centaines d'années. En promouvant l'EPR et le nucléaire, le nouveau gouvernement prend le contre-pied de tous les pays européens et refuse d'écouter les 61% de Français-es hostiles au nucléaire. À l'aube d'un débat national sur l'énergie, qui semble prendre le chemin d'une simple formalité, la société civile ne peut accepter des envolées lyriques et des séminaires gouvernementaux en faveur du développement durable non suivis d'effets. Le gouvernement prendra-t-il le risque d'être UMPopulaire sur le nucléaire ? Pour signer ce texte :
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Dominique BERNARD Physicien très fâché membre du Groupe de Scientifique pour l’Information sur l’Énergie Nucléaire (GSIEN) Fidèle abonné du Monde et passionné des questions énergétiques, je me suis précipité sur le “supplément intérieur” du Monde du 18 décembre 2002, pensant y trouver de quoi assouvir ma passion. Le titre “Énergies, quel scénario pour 2050 ?)” était même très prometteur ! Quelle surprise de découvrir derrière ce bel habillage, un document de PROPAGANDE POUR LE NUCLÉAIRE comme je pensais qu’on ne pouvait plus en produire avec : - un scénario 1 de renouvellement du parc nucléaire actuel d’ici à 2050, SCÉNARIO D’UN MONDE DIT “INVIVABLE” - un scénario 2 de triplement du parc nucléaire actuel d’ici à 2050, SCÉNARIO D’UN MONDE DIT VIVABLE comme …. à TCHERNOBYL sans doute ! Tiens me dis-je, la rédaction du Monde aurait-elle trop mangé de champignons irradiés ? Mais NON ! rendu à la quatrième page, je découvre les vrais auteurs de ce mauvais “dossier du Monde”, il s’agit d’AREVA qui cherche à relancer son “nouveau réacteur EPR” à l’occasion du démarrage du débat énergétique français. D’ailleurs si j’avais pris ma loupe, j’aurais pu voir que c’était écrit (Publicité) en tout petit en haut de chaque page; Bref ! Le Monde dérape sérieusement en acceptant de publier ce genre de document de PROPAGANDE qui bien sûr a été financé par AREVA ; Merci, pour l’objectivité et la transparence des débats énergétiques futurs que vous n’hésiterez pas impulser dans vos colonnes, de nous indiquer aussi le montant des recettes que ces pages vous auront procurés ! Je ne souhaite pas répondre sur le fond des pseudos arguments énoncés par AREVA, d’autres lecteurs s’en chargeront sûrement. Benjamin Dessus Texte envoyé au Monde Affirmant avec raison que “la société française réclame de plus en plus une explicitation de la politique énergétique nationale et la transparence des choix”, le gouvernement Raffarin prépare activement la tenue d’un grand débat public sur l’énergie dès le mois de janvier prochain, débat qui doit conduire à une loi de programmation énergétique avant la fin de l’année. Dans ce contexte, on ne s’étonne pas, en ouvrant Le Monde du 18 décembre dernier, d’y trouver un dossier de 4 pages sur cette question. Sous la rubrique “alternatives” le titre “Énergies quel scénario pour 2050” est alléchant, le texte bien illustré. On s’y plonge donc d’autant plus volontiers qu’on connaît la réputation du quotidien dans l’établissement de dossiers sérieux et équilibrés. Le dossier ouvre sur un grand panorama mettant en scène deux images du monde en 2050. Une image repoussoir, le monde “invivable”, mortifère, noir de charbon, de disparités, étouffant, et une image désirable, le monde “vivable”, libéré, propre, équitable et frais ! Comment ne pas choisir le second scénario? (suite)
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D’autant qu’il fait la part belle aux énergies renouvelables qui voient leur part augmenter considérablement en 2050, devenant et de loin la première des sources d’énergie mondiale. Le commentaire des illustrations fait cependant naître un petit doute : pourquoi souligner l’importance du nucléaire dans un tel scénario alors qu’il n’arrive qu’en quatrième position sur 5 juste devant le charbon et ne représente que 12% du total ? C’est en tournant la page qu’on commence à soupçonner quelque chose. En effet, sous le vocable d’énergie, on n’y parle plus, en fait, que de production d’électricité, renouvelable ou non. Et l’on montre à souhait toutes les limitations majeures qui affectent le développement mondial de l’électricité renouvelable avec des arguments aussi convaincants que la protestation véhémente de quelques habitants du Larzac contre une éolienne mal placée ! Et, en prenant bien soin d’éviter de signaler que l’électricité ne représente que moins de 20% des besoins d’énergie finale de la population mondiale, on en vient tout naturellement à aborder la question du nucléaire. “Après deux décennies de contestation, nous dit-on, le nucléaire peut revenir sur le devant de la scène”. A l’appui de cet espoir : regardez les allemands (qui ont pourtant décidé d’arrêter le nucléaire dans les 20 ans qui viennent), ils ont produit bien plus d’électricité nucléaire en 2001 qu’en 2000 (171 TWh contre 170, 0,06% d’écart), n’est ce pas formidable ! Et puis surtout, nous disposons d’un merveilleux réacteur franco-allemand à placer, l’EPR, bien sous tous rapports, dix fois plus sûr que les précédents, lesquels étaient pourtant déjà au dessus de tout soupçon, presque sans déchets, etc, etc… et çà, c’est la vraie solution au “développement durable”. Ce n’est que vers la fin de la page 3 qu’on s’aperçoit que tous ces articles non signés, tous ces encadrés sans références ne sont peut être pas le résultat du travail de fond des journalistes du Monde, mais de la pub éditoriale. Mais de qui ? Il faut attendre le bas de la dernière page pour découvrir “qu’alternatives” n‘est pas un titre du Monde mais un magazine publié pour Areva, la multinationale nucléaire qui regroupe Framatome, le CEA et Cogema . Alors, on retourne à la première page et l’on découvre en toutes petites lettres, invisibles pour toute personne ne disposant pas d’une acuité visuelle supérieure à dix dixièmes, la mention “Publicité”. C’est à la fois lamentable et scandaleux. Non pas tant qu’Areva ait les moyens de se payer quatre pages de pub dans le Monde, nous savons bien que le lobby nucléaire n’est pas sur le carreau et compte bien défendre sa position par tous les moyens dont il dispose. Ce qui est triste et scandaleux, c’est que le Monde, en particulier dans cette période préparatoire à un débat supposé “démocratique et transparent” sur l’énergie, s’associe à une manipulation grossière de l’opinion publique, en jouant de son image traditionnelle d’objectivité et de sérieux. L’ambiguïté et l’amalgame ne sont pas compatibles avec le débat démocratique. A l’aube du débat énergétique qui va se dérouler ces prochains mois, il nous paraît utile de rappeler à tous les partenaires de ce débat, gouvernement, entreprises, citoyens et média le minimum de principes déontologiques sans lesquels le débat risque fort d’être entièrement manipulé par les intérêts particuliers au détriment de la transparence et de l’intérêt collectif. C’est pourquoi nous proposons que ce débat prenne la forme structurée et démocratique d’une conférence de citoyens et que le gouvernement s’engage à l’avance à justifier toute décision qui serait contraire aux propositions des citoyens. p.3
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Bonjour à vous,
Les directeurs des écoles, collèges et lycées du Nord-Cotentin (peut-être au-delà) ont reçu un courrier en date du 23 janvier 2003 (accompagné d'une plaquette de présentation/inscription) de Monsieur Andrieux, directeur de Cogéma-La Hague les invitant à une journée de présentation d'un projet pédagogique intitulé "Énergie et environnement" et destiné aux élèves du ;primaire et du secondaire. Ce courrier fait état d'une démarche entreprise par Cogéma auprès du Rectorat de l'Académie de Caen et de l'Inspecteur d'Académie de la Manche qui ont donné leur aval. Il est également fait état, dans ce courrier, d'un dossier paru dans le journal "Le Monde" du 18/12/02 intitulé: "Énergies, quel scénario pour 2050?". Ce dossier attribué au "Monde" est en réalité une publicité AREVA (maison -mère de Cogéma). La mention "publicité" est, il est vrai, à peine visible. Ce genre de "partenariats" rarement désintéressés interroge à l'heure où il est fréquemment fait état de l'entrée des entreprises au sein de l'école. Pepsi ici, Coca par là, le CIC là-bas et Cogéma par ici : on a les "sociétés éducatrices" qu'on peut ! Ci-dessous, le courrier d'Attac Nord-Cotentin adressé à la rectrice et à l'inspecteur d'académie qui fera l'objet d'une lettre ouverte dans la presse locale prochainement, et la lettre du CRILAN adressée aux mêmes destinataires. Amitiés Grégory GRISEL, membre du bureau d'Attac Nord-Cotentin (et du CA de l'ACRO, association pour le contrôle de la radioactivité dans l'ouest) et abonné Gazette. Cherbourg, le 7 février 2003
Madame, Monsieur,
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Laisser ces mêmes sociétés s'introduire auprès des enseignants pour leur «proposer» des projets pédagogiques, c'est abandonner la fonction pédagogique de l'école. Nous vous demandons Madame, Monsieur, de retirer l'accord que vous avez donné à la société Cogéma. Une réponse nous obligerait. Certain que nous partageons les mêmes valeurs d'un service public d'éducation, soyez assurés Madame, Monsieur, de toute notre considération, Bertrand Riandière La Roche, président
Attac Nord-Cotentin 124 rue Emmanuel Liais 50100 CHERBOURG C.R.I.L.A.N. ( Association loi 1901, agréée au titre de l'article L.141-1 du code de l'environnement) Siège social : 10 route d'Etang-Val 50340-Les Pieux A MADAME le RECTEUR d'ACADÉMIE
Madame, Monsieur,
Dernier (?) commentaire sur le sujet extrait de Libération 19/02/03 L'industriel s'est targué d'un article favorable, en fait une pub payée. Par Denis DELBECQ Chez Areva, on reconnaît que la lettre
à en-tête de la Cogema est une «vraie connerie».
«Mais il n'y a aucune volonté de manipulation. Ce document
à vocation très locale a été rédigé
par le service communication de l'usine de La Hague, explique un responsable
du siège parisien d'Areva. On peut regretter que Jean-Luc Andrieux
l'ait lu un peu vite avant de le signer.»
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Avis du CPP (Comité de Prévention et de la Précaution) sur l'expertise des risques d'accident industriel Résumé - Avis en date du 20 décembre 2002 Le Ministre chargé de l'environnement a interrogé le CPP sur l'exercice de l'expertise dans le domaine du risque industriel accidentel. La saisine posait des questions sur la place de l'expertise aux différentes phases de la gestion des risques, les rôles que peuvent jouer les salariés, la prise en compte des facteurs d'incertitude, la qualité de l'expertise, la place des tierces expertises, ainsi que sur la façon d'accéder à une expertise diversifiée et ouverte, la façon de relier organismes d'expertise et monde de la recherche et la façon d'assurer le bon fonctionnement des lieux d'information et d'échange. Le CPP a procédé à l'audition de personnalités et à l'examen de travaux publiés sur ce thème. Le nombre, la variété et l'importance des sujets à traiter, même en restreignant le domaine retenu à la maîtrise du risque des installations dangereuses, ont conduit le CPP à focaliser sa réponse sur le partage de l'expertise entre les groupes concernés par le risque. Le CPP a considéré comme indispensable qu'une expertise scientifique de qualité sur les risques et les moyens de prévention soit largement disponible, à la fois pour assurer la clarté du processus de décision et pour atteindre un niveau de sécurité le meilleur possible. Le CPP a estimé que la qualité de l'expertise requiert l'ancrage des activités d'expertise au sein des activités de recherche. Il a estimé que cette qualité exige aussi l'ouverture du processus d'expertise entre pairs, entre nationalités, entre spécialités, entre métiers et entre parties prenantes. Il a noté que cette ouverture du processus d'expertise pouvait se faire selon des modalités diverses qu'il a passé en revue, mais que la mise en place de mesures d'accompagnement et de soutien était nécessaire. (suite)
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Dans cet esprit, le CPP propose à Mme la Ministre que des mesures pratiques soient prises dans trois domaines : 1. Les pratiques d'évaluation et de gestion des risques, dans le but d'accélérer leur évolution vers une plus grande capacité à mobiliser et à développer les expertises des parties prenantes. 2. Les moyens d'expertise publique, dans le but d'améliorer leur ancrage dans la recherche nationale et internationale et d'élargir leur disponibilité pour les parties prenantes. 3. L'expertise des entreprises, dans le but d'inciter celles-ci à développer plus avant un usage transparent et collectif de l'expertise. Le CPP a rédigé des recommandations qui peuvent aider à identifier de telles mesures. Celles-ci pourront compléter le nécessaire renforcement des moyens de l'expertise tant au sein des organismes publics que de l'inspection, et le soutien au développement d'un réseau dense et compétent d'expertise privée et associative, accessible aux parties prenantes. Le CPP a relevé d'autres points sur lesquels il souhaite attirer l'attention. La responsabilité juridique des personnes privées ou morales lors de la commande, la réalisation, et l'utilisation des résultats de l'expertise est un sujet qui devra être examiné plus à fond. La qualification de l'individu en tant qu'expert, sur le double plan scientifique ou juridique en est un autre. Le lien entre science, expertise et recherche renvoie à des questions importantes qu'il faudra traiter, comme l'identification des priorités parmi les disciplines scientifiques à développer, les dispositions permettant d'améliorer la pluridisciplinarité ou le maintien de la continuité entre recherche et expertise. Les moyens d'identifier, évaluer, décrire et prendre en compte l'incertitude doivent aussi être analysés plus avant. Télécharger l'avis intégral: http://www.environnement.gouv.fr/telch/2002-t4/20021220-avis-cpp.pdf p.5
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