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Ces différents travaux ont permis de disposer d'une bonne connaissance d'ensemble du niveau de contamination du territoire français dû aux retombées radioactives de l’accident de Tchernobyl, ainsi que de l’impact dosimétrique sur la population, Toutefois, deux aspects particuliers ont donné lieu à des études plus approfondies, dont les résultats ont été obtenus au cours de l’année 2000 : - l’évaluation des conséquences sanitaires de l’accident de Tchernobyl en France: en janvier 2000, la DGS a demandé à l’IPSN et à l’Institut national de Veille Sanitaire (InVS), de lui fournir un état des connaissances sur les conséquences sanitaires de l’accident de Tchernobyl ainsi qu'une analyse sur les investigations qu'il conviendrait de mener en France pour mettre en évidence d’éventuels effets de cet accident sur la santé, notamment concernant les cancers de la thyroïde. Ce travail a donné lieu à un rapport (3) remis a la DGS et publié en décembre 2000 ; - l’amélioration de la connaissance de la contamination des territoires français les plus fortement touchés par les retombées de l'accident de Tchernobyl. I- Évaluation des conséquences sanitaires de l’accident de Tchernobyl en France 1.1. Rappel des principaux résultats de l’évaluation des conséquences radioécologiques et dosimétriques L’étude menée par I'IPSN en 1997 fournit une estimation par département des dépôts radioactifs sur les sols agricoles, établie à partir des mesures effectuées dans les sols, le lait et les légumes -feuilles en 1986. Les résultats montrent qu'il existe un gradient des dépôts d'est en ouest, selon quatre zones. - La zone la plus contaminée (zone I, cf. figure 16) s’étend à l’est d'une ligne Gard/Moselle. Dans cette zone, les dépôts moyens de 137Cs, exprimés sous forme d’activité surfacique des surfaces agricoles, allaient de 3.000 à 60.00 Bq/m 2 et ceux d'iode 131 de 20.000 à 50.000 Bq/m2. Les valeurs de dépôts corrigées de la décroissance radioactive, sont ramenées à leur valeur de 1986. - Dans la zone la moins contaminée de France (zone IV), à l'ouest d'une ligne Haute-Garonne/Seine-Maritime, les ASR étaient inférieures à 750 Bq/m2 pour le 137 Cs et 5.000 Bq/m2 pour l’iode-131 Les concentrations en césium et en iode radioactifs dans les produits agricoles ont atteint leurs maximums immédiatement après les dépôts, puis ont décru avec des dynamiques variables Pour le lait et la viande, début mai 1986, les activités massiques moyennes en 137 Cs étaient de l’ordre de la centaine de Bq/kg dans tout l’Est du pays. Les valeurs maximales observées pour la viande pendant l’été 1986 ont été d'environ 1000 Bq/kg. A l’entrée de l’hiver, elles étaient redescendues à une dizaine de Bq/kg pour la viande comme pour le lait. Pour l’iode 131, dans la même zone, les concentrations moyennes ont pu atteindre plusieurs centaines de Bq/kg mais la décroissance a été bien plus rapide, avec une période effective d'environ 5 jours (diminution d'un facteur 2 tous les 5 jours). Les légumes-feuilles ont été les végétaux les plus contaminés. Les concentrations en 137 Cs ont atteint quelques centaines de Bq/kg dans les jours qui ont suivi les dépôts, notamment dans le nord-est ; pour l'iode-131, les valeurs aux mêmes endroits ont atteint quelques milliers de Bq/kg. Dans les deux cas, la décroissance a été très rapide (quelques Bq/kg en 137Cs et disparition de l'iode-131 dès juillet 1986). Pour les autres végétaux, les concentrations ont été plus faibles, mais la dynamique de décroissance plus lente, notamment pour les fruits, en raison du stockage du césium dans le bois des arbres. Actuellement, toutes les concentrations se trouvent en dessous de celles mesurées avant l’accident. (suite)
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suite:
Les produits forestiers, tels que le gibier et les champignons, présentent des niveaux de contamination plus élevés que les produits agricoles. En 1986, l’activité mesurée dans les champignons était 5 à 10 fois plus forte que celle enregistrée dans le lait ou les céréales, mais surtout, la décroissance dans le temps est beaucoup plus lente. Les teneurs en 137 Cs des champignons et du gibier ont peu varié depuis 1986. Ponctuellement, elles peuvent encore dépasser la limite de commercialisation de 600 Bq/kg, fixée par le règlement du Conseil des Communautés Européennes du 30 mai 1986, pour gérer les conséquences de l’accident de Tchernobyl. A partir de ces valeurs de contamination, des évaluations dosimétriques ont été faites en 1997 pour l’année 1986, la décennie 1987-1996 et les années suivantes, N'ont été considérées que les doses efficaces engagées à l'organisme entier, sauf pour l’année 1986 sur laquelle la dose à la thyroïde a également été évaluée. Pour 1986, la dose moyenne engagée à l’organisme entier pour un individu résidant dans l'Est de la France a été estimée entre 0,1 et 0,4 mSv, L'ingestion y contribue pour 60% à 70% et l’exposition externe pour 20% à 35%. Le reste, moins de 10 %, provient de l’exposition au rayonnement du nuage radioactif et à l’inhalation des aérosols qu'il contenait. La dose interne résulte à 50 % de l’ingestion de lait et de viande. Parmi les radionucléides en cause, l’iode-131 compte pour 20% à 25% du total, le reste étant essentiellement imputable aux 137Cs et 134Cs. Toujours sur la base du mode de vie le plus répandu, la dose à la thyroïde des personnes qui résidaient dans l’Est de la France en 1986 a été estimée comprise entre 0,8 et 2 mSv pour un adulte et entre 6,5 et 16 mSv pour un enfant de 5 ans (une dose de 20 mSv engagée à la thyroïde correspond à une dose efficace au corps entier de 1 mSv). Le cas de personnes vivant sur les zones les plus touchées par les dépôts et se nourrissant principalement de leurs productions ou de produits locaux a été étudié. La dose efficace engagée en 1986 pour ces personnes pourrait atteindre 1,5 mSv. La consommation d'eau n'a jamais pu conduire à une dose significative au regard de celle due aux autres aliments. L’étude des quelque 60.000 mesures faites au cours des trois ans qui ont suivi l’accident de Tchernobyl sur les personnels travaillant sur les sites du CEA, de COGEMA et d'EDF, confirment globalement les estimations de l’IPSN relatives à l’incorporation de césium 137 qui constitue l’essentiel de la dose en 1986. Toutefois, en raison de la circulation des denrées, certains habitants de l'Ouest de la France ont pu recevoir des doses proches de celles reçues par les habitants de l’Est du pays, plus touchés par les retombées directes du nuage. Une telle vérification n'a pas été possible pour l’iode 131, car les mesures de la charge thyroïdienne en iode 131 sont rares et peu exploitables en raison d'un important bruit de fond durant les premiers jours de mai 1986 et de la décroissance radioactive rapide de ce radionucléide. Pour les années 1987 à 1996, la dose efficace engagée cumulée pour l'Est de la France peut être estimée entre 0,2 et 0,7 mSv. L'irradiation externe compte pour 65% à 80% de ce total, le reste étant imputable à l’ingestion. Le 137 Cs est responsable de près de 80% des doses, le complément étant dû au 134Cs. La dose efficace engagée individuelle de mai 1986 à aujourd'hui est estimée comprise entre 0,3 et 1,2 mSv dans l’Est de la France. Actuellement, la dose efficace engagée chaque année est d'environ 0,010 à 0,015 mSv. Sa diminution au cours des années à venir sera très lente. (....) page 69 à 80
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Compte tenu de leurs caractéristiques
de drainage, les sols corses n'ont retenu qu'une faible partie du césium
137 déposé. Cependant ceux des environs de Solenzara qui
ont reçu de très fortes précipitations et ceux de
certains sites d'altitude témoignent de dépôts de césium
137 ayant initialement dépassé 50.000 Bq.m-2 ,
soit des dépôts d'iode 131 de plus de 250.000 Bq.m-2
.
L’évolution de la contamination par l’iode 131 des denrées produites en Corse en 1986 a pu être estimée à partir des mesures effectuées dans du lait de chèvre, de brebis et de vache, ainsi que dans du fromage, au cours des trois mois qui ont suivi les dépôts, mais aussi à partir des mesures de césium 137 faites à cette époque. En effet, le rapport entre les activités de ces radionucléides a été assez constant: début mai 1986, les activités d'iode 131 mesurées dans l’environnement étaient 5 à 10 fois plus élevées que celles de césium 137. Seuls les produits agricoles ou d’élevage consommés entre mai et juillet 1986 ont pu contribuer à l’incorporation d'iode 131. Compte tenu de la date des dépôts, il s'agit principalement des légumes, du lait de vache, de chèvre ou de brebis et de leurs dérivés consommés frais, notamment le Brocciu (fromage de brebis). Les activités élevées du lait résultent d'une consommation exclusive d'herbe ou d'autres végétaux par les animaux d’élevage. La diminution très rapide des activités est due, d'une part à la décroissance radioactive de l’iode 131, d'autre part à des mécanismes biologiques de dilution et d’épuration, notamment la repousse des végétaux et l’élimination métabolique de l’animal. Si les animaux sont en partie nourris avec des fourrages ou des compléments pas ou moins contamines, l’activité du lait en est d'autant réduite. A l’extrême, le lait d'une vache nourrie avec des fourrages récoltes avant les dépôts peut être considéré comme exempt de contamination. L’activité des légumes-feuilles est plus élevée que celle des autres légumes car ce sont les feuilles qui ont reçu l’essentiel des dépôts; les fruits, racines ou tubercules sont plus protégés. La diminution des activités massiques des légumes récoltés dans les jours suivants est également due à la décroissance radioactive, au stade de développement du végétal au moment des dépôts, et à sa croissance depuis lors. Les céréales et leurs dérivés, la plupart des fruits, dont le raisin, ont été récoltés après disparition de l’iode 131. Dans le cas de la viande d’élevage ou du gibier, le délai de quelques jours nécessaire à la contamination de l’animal puis le délai de quelques semaines entre son abattage et la consommation de la viande sont suffisants pour assurer une diminution significative de l’activité de l’iode 131. 2.3.1. Les mesures effectuées dans
la chaîne alimentaire
( suite )
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suite:Enfin de 1986 à 1989 des
poissons provenant du Tavignano, du réservoir de Teppe-Rosse et
des lacs d'altitude ont été analysés par l’IPSN. D'autres
organismes ont également effectué en 1986 des mesures ponctuelles,
notamment la DDASS
En 2001, à la demande de la Direction Générale de la santé, l’OPRI a effectué une vaste campagne de prélèvements et d'analyses d’échantillons de denrées de différentes natures provenant de la région de Belgodère en Balagne, de la région d'Ajaccio et de celle de Bastia. L'IPSN a également prélevé et analysé des échantillons de sols provenant de plus de 100 sites repartis sur l’ensemble de la Corse et plus particulièrement des environs de Solenzara. 2.3.2. Estimation des dépôts
d'iode 131 en Corse
Cette relation appliquée aux hauteurs de pluie mesurées par Météo-France entre le 1er et le 5 mai 1986 a permis d’établir une carte théorique des dépôts d'iode 131 (Figure 23). Une limite importante quant à la validité de cette cartographie est liée à la couverture des mesures effectuées par Meteo France et au caractère sporadique des précipitations : certains endroits ont pu recevoir des précipitations plus ou moins importantes sans qu'aucune station de Météo-France n'ait pu en témoigner. Sous ces réserves, la carte fait apparaître trois grandes zones: la zone A sur laquelle les dépôts d'iode 131 ont été plus faibles ou du même ordre de grandeur que le dépôt moyen départemental sur les surfaces agricoles de l’Est de la France continentale, la zone B sur laquelle les dépôts ont pu être jusqu'à 3 fois supérieurs à ce dépôt moyen, et la zone C qui figure parmi les plus touchées de l’Est de la France. 2.3.3. Interprétation des mesures
disponibles
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Le logiciel ASTRAL a permis de vérifier la cohérence des activités mesurées dans les différents échantillons de la chaîne alimentaire prélevés en Corse en 1986. Ces mesures sont alors comparées avec les estimations obtenues à partir de la carte des dépôts de mai 1986 (figure 23). - Interprétation des mesures d'iode 131 La figure 24 montre que les activités d'iode 131 mesurées dans les 5 échantillons de lait de chèvre prélevés en Balagne sont cohérentes entre elles et témoignent d'un dépôt d'iode 131 de l’ordre de 30.000 à 70.000 Bq.m -2. Cette gamme de valeurs estimée par modélisation n'est qu'indicative car très dépendante de la nature et de la quantité de fourrages produits localement entrant dans l'alimentation des animaux. Elle concorde avec des dépôts estimés sur la Balagne à moins de 75.000 Bq.m-2 . Les activités mesurées dans les échantillons de lait de vache prélevés dans la région d'Ajaccio et de Propriano, sont inférieures à celles attendues dans le lait de vaches nourries d'affouragements verts locaux. Les précipitations très variables dans cette région (22 mm à 34 mm) ont sans doute conduit à des dépôts et à une contamination des fourrages donnés aux bovins très variables. Les autres mesures d'iode 131 portant sur des fromages ou des foins, sont plus difficiles à interpréter sans informations complémentaires. Dans le cas d'un fromage, il est nécessaire de faire des hypothèses sur le procédé et le délai de fabrication. Toutefois, l’activité de 7 Bq.kg mesurée début juillet 1986 par l’IPSN dans un échantillon de fromage de brebis provenant de Balagne, semble assez cohérente avec une activité initiale du lait de l’ordre de 15.000 Bq.l-1 ce qui correspond aux activités mesurées dans le lait de Balagne. - Interprétation des mesures de césium 137
(
suite )
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suite:Compte tenu des fluctuations et
des incertitudes, le rapport de ces activités ramenées au
moment des dépôts est compris entre 3 et 12. Par ailleurs,
de nombreuses mesures de césium 137 ont été faites
après la disparition de l’iode 131. Lorsqu’elles sont jugées
cohérentes, ces mesures, même tardives permettent de reconstituer
les activités d'iode 131. Les activités de césium
137 mesurées dans les échantillons de lait de brebis provenant
de Balagne et de lait de vache de la région d'Ajaccio sont cohérentes
avec celles d'iode 131. Celles de Balagne pourraient témoigner de
dépôts de l’ordre de 10.000 Bq.m -2 de césium
137. Celles de la région d'Ajaccio sont, à l'instar des mesures
d'iode 131, inférieures à celles attendues. Dans les mois
suivants, les mesures de césium faites par le SCPRI sur le lait
de vache de la région d'Ajaccio permettent de suivre l’évolution
des activités en distinguant plusieurs phases probablement liées
à l’alimentation des animaux. La première phase de diminution
rapide de l’activité du césium ([1] sur la figure
26) est similaire à celle observée partout en France à
la suite de l’accident de Tchernobyl. Elle résulte des effets conjugués
de la diminution de l’activité des herbages consommés verts
et du métabolisme de l’animal. L'augmentation de l’activité
observable ensuite ([2] sur la figure 26) traduit une modification
de l'alimentation qui pourrait correspondre par exemple à l’utilisation
de fourrages plus contaminés donnés en complément.
Sur le continent, dans les régions laitières, une augmentation
similaire a été observée en début de stabulation
(début d'hiver) lorsque des foins de printemps, pour lesquels l’activité
du césium n'avait pas diminué depuis, ont été
donnés aux animaux. Enfin, la diminution progressive des activités
du césium 137 mesurées ([3] sur la figure 26) témoigne
de l’épuration générale de l’environnement. Cette
diminution est comparable à celle observée dans le sud-est
de la France.
L'utilisation du logiciel ASTRAL montre que les mesures effectuées par l’IPSN sur des échantillons de salade, de chou, de persil, d'orge et de mais prélevés fin juin 1986 près d'Aleria (Domaine de Casabianda) sont cohérentes entre elles et témoignent d'un dépôt initial de césium 137 de l’ordre de 25.000 Bq.m-2. Cette valeur de dépôt ainsi reconstituée est cohérente avec le dépôt théorique de césium évalué entre 23.000 et 34.000 Bq.m-2 à partir de la hauteur de pluies mesurée en mai 1986 par Météo-France. Deux échantillons de sol ont également été prélevés dans la région. L'un, prélevé et mesuré à Ghisonaccia-Gare par la CRII-Rad présente une activité de 32.000 Bq.m-2 . Cette mesure confirme les estimations précédentes. Le second échantillon prélevé à Casabianda et mesuré par l’IPSN présente une activité de 16.000 Bq.m -2. Cette valeur plus faible peut résulter d'un lessivage du sol littoral très sableux, au moment des dépôts. p.21
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Cet ensemble de mesures effectuées dans la région d'Aleria-Ghisonaccia permet d’évaluer l’activité de l’iode 131 déposé dans cette région entre 100.000 et 350.000 Bq.m-2, ce qui constitue un élément de validation de la carte des dépôts établie sur la base des précipitations. 2.3.5. Contamination de la chaîne
alimentaire des régions les plus touchées
2.3.5. Évaluations dosimétriques
( suite )
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suite:
Une activité de 45 Bq d'iode 131 a ainsi été mesurée le 5 juillet 1986 dans la thyroïde de l’enfant. En faisant l’hypothèse que cette activité résultant d'une consommation continue et régulière de produits locaux incluant du lait et du fromage de chèvre, et ceci depuis début mai 1986, on peut estimer que l’activité totale d'iode 131 ingérée par cet enfant a été de l'ordre de 18.500 ± 8500 Bq, ce qui correspond à une dose à la thyroïde de 18,5 ± 8,5 mSv. Il est important de noter que l’activité mesurée dans la thyroïde de ce garçon est tout à fait cohérente avec les mesures faites dans le lait et le fromage, par exemple pour une consommation quotidienne de 25 cl de lait de chèvre frais par jour ou de 50 g de fromage de chèvre et 200 g de légumes-feuilles frais par jour. La dose qui en résulte est donc elle-même cohérente avec les mesures dans la chaîne alimentaire et les estimations de dépôts faites pour la région de Vallica où résidait le garçon. De plus, la charge corporelle de 770 Bq de césium 137 mesurée chez ce jeune garçon est également cohérente avec sa charge thyroïdienne en iode 131, ainsi qu'avec les activités de césium 137 mesurées dans le lait et le fromage. Cette charge corporelle est du même ordre de grandeur que celles qui ont pu être mesurées dans les populations des départements de l'Est et du Sud de la France continentale. Cette dose est supérieure à la dose maximale calculée pour un enfant ayant mangé des produits de cette région (zone A) sans consommer de lait ou de fromage de chèvre. Elle résulte d'une pratique alimentaire qui, bien que particulière, peut être considérée comme répandue dans les villages de montagne. Si l’on suppose que des enfants ont pu manger les mêmes quantités de ces produits mais originaires des zones les plus touchées par les dépôts radioactifs, notamment de la région de Solenzara (zone C), les doses à la thyroïde de ces enfants ont pu atteindre 150 mSv. Il est évidemment impossible de fournir une meilleure estimation sans une enquête approfondie sur les habitudes alimentaires d'une telle population au printemps 1986. 2.4. Dépôts de césium
137 dans la région de Sisteron
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Elles sont représentatives des dépôts
et des hétérogénéités associés
aux zones du territoire national où les retombées consécutives
à l’accident de Tchernobyl ont été les plus importantes
(Comtat Venaissin, Jura, Alsace, Mercantour, Corse) et des autres pays
de l'Arc Alpin. Ces valeurs sont cohérentes avec les estimations
faites par l'IPSN sur les zones ayant reçu des précipitations
voisine de 40 mm entre le 1er et le 5 mai 1986 et avec la carte des dépôts
théoriques dans le quart sud-est de la France établie par
l’Institut.
Par ailleurs, les mesures obtenues sur Sisteron mettent en évidence une forte variabilité des activités surfaciques entre les trois sites de prélèvement et une forte disparité des dépôts surfaciques sur le jardin public entre le prélèvement effectué sous les arbres (13.400 Bq.m-2 ) d'une part, le prélèvement effectué sur la pelouse à découvert d'autre part (24.200 Bq.m-2). De telles hétérogénéités ont été fréquemment constatées à l’échelle communale en raison de l’hétérogénéité même des précipitations. Toutefois, une reconnaissance autour de la citadelle de Sisteron et dans les environs proches de la ville effectuée au moyen d'appareils de détection portables, n'a pas mis en évidence de points de reconcentration de la radioactivité comme on peut en observer, par exemple, dans le Massif du Mercantour. DE LA CONTAMINATION DE LA FRANCE
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suite:
Le 25 février dernier, les ministres de la Santé et de l'Environnement ont demandé au professeur Aurengo de présider un groupe de travail chargé de réaliser la cartographie de la contamination du territoire français à la suite de l’accident de Tchernobyl. L’IRSN apportera son soutien au professeur Aurengo dans le but de contribuer à un dialogue contradictoire, objectif et transparent.
notes
p.23
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