IPSN - novembre 1999
Sûreté nucléaireLes recherches sismiques à l’IPSN ÉVALUATION DE L’ALÉA SISMIQUE PAR L’IPSN
1/ L’aléa sismique
L’étude des risques liés aux tremblements de terre et le dimensionnement des installations à l’égard des séismes font partie des données essentielles de la sûreté des installations nucléaires. Les vibrations engendrées par un séisme peuvent en effet entraîner une défaillance des dispositifs assurant le confinement de la radioactivité. En France, la réglementation impose que les installations nucléaires soient construites de façon à résister aux mouvements telluriques les plus agressifs susceptibles de les menacer. Pour chaque cas, le niveau de référence retenu est celui du “ séisme majoré de sécurité ”, c’est à dire celui du plus fort séisme ayant pu affecter le site dans le passé (ou “ séisme maximal historiquement vraisemblable ”), augmenté d’un degré d’intensité. Déterminer ce niveau de référence correspond à ce que l’on appelle l’évaluation de l’aléa sismique. Cela implique de : = définir le plus précisément possible la taille (magnitude) et le lieu des épicentres des tremblements de terre plausibles. = puis estimer le type de l’ampleur des mouvements du sol qu’ils entraîneraient en surface. 2/ Des recherches au service de l’expertise
3/ Principales recherches sismiques en cours à
l’IPSN
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pour les installations nucléaires de base Cette démarche, codifiée en 1981 et actualisée en 1998 dans une Règle Fondamentale de Sûreté (RFS 1.2.c), est de type déterministe et comporte plusieurs étapes. = Pour chaque site, on détermine d’abord un “ Séisme Maximal Historiquement Vraisemblable ” (SMHV), caractérisé par son intensité (niveau de dégâts qu’il produirait), sa magnitude et sa profondeur. Le calcul de ce SMHV est effectué à partir d’études visant à identifier et à caractériser les zones homogènes du point de vue de la géodynamique, et en analysant la sismicité historique (tremblements de terre recensés depuis 1000 ans) et instrumentale (séismes récents enregistrés par des sismographes) autour du site. = À partir du SMHV, on détermine alors le “ Séisme Majoré de Sécurité ” (SMS) en majorant le niveau d’intensité d’une unité. = Il faut ensuite évaluer le mouvement sismique associé à ce SMS, qui sera la donnée de base pour le dimensionnement parasismique de l’installation. En raison du manque d’enregistrements obtenus en France sur l’accélération du sol lors des séismes, l’IPSN calcule ce mouvement à l’aide de formules empiriques établies à partir d’une banque de données accélérométriques essentiellement obtenues en Californie et Italie. Le critère de sûreté est que, en cas de SMS, le maintien des fonctions de sûreté de l’installation soit garanti. Cette règle a été actualisée en 1998, suite aux travaux d’un groupe de travail piloté par l’IPSN et comprenant les experts des exploitants nucléaires, de la Direction de la sûreté des Installations nucléaires (DSIN), du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) et du ministère de l’Environnement. Les modifications ont permis d’intégrer les progrès scientifiques effectués depuis 1981 avec, par exemple, la prise en compte des paléoséismes et des “ effets de site ”. Une année probatoire permet actuellement de tester et valider les propositions de modifications. Comme pour tous les pays du bassin méditerranéen, cette activité résulte de la convergence des plaques africaine et eurasienne à une vitesse d’environ 1 à 2 centimètres par an. Mais contrairement à la Grèce ou l’Italie, la France est un pays à sismicité modérée. Cette caractéristique ne facilite pas le travail des chercheurs : quand les temps de retour des gros séismes sont longs, même lorsque les failles sont assez bien connues, le risque qu’elles présentent est difficile à apprécier. p.16
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L’amélioration des connaissances
de la sismicité française implique d’abord de localiser les
zones actives puis, à l’intérieur de celles-ci, d’identifier
les structures responsables (les failles) de cette activité. Enfin
il faut quantifier l’activité sur chaque faille
1/ Première étape : localisation des zones actives
2/ Deuxième étape : identification
des failles actives
3/ Troisième étape : quantification
de l’activité des failles
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a) Vitesses de glissement La première phase des recherches menées par l’IPSN pour quantifier l’activité des failles consiste à calculer les vitesses de glissement de part et d’autre de celles-ci. L’analyse géomorphostructurale basée sur l’étude des anomalies géomorphologiques (décalage de rivières, de cône de déjection, etc…), permet de déterminer la “ vitesse de glissement moyenne ” à partir de calculs effectués sur de très longues périodes de temps. La “ vitesse de glissement actuelle ”, à l’inverse de la précédente, est calculée sur une échelle de temps plus courte (un siècle par exemple). Ce calcul s’appuie sur les données fournies par la géodésie (science de la forme et de la dimension de la Terre) classique (reprise de profils topographiques) ou spatiale (Global Positionning System : GPS). b) Détermination des séismes à prendre en compte Lorsque les caractéristiques des failles sont bien connues, l’objectif est de définir pour chacune d’elles, en fonction de leur taille et de leur géométrie, un séisme maximum possible. La détermination de ce dernier s’avère le plus souvent délicate. Elle se fait, soit sur la base de la sismicité historique dans le cas où celle-ci indique un séisme pour la faille étudiée, soit à partir d’études de paléosismicité. L’analyse précise et la datation des décalages entre les différentes couches géologiques de part et d’autre de la faille, permet, de plus, dans certains cas, de retrouver le nombre d’événements sismiques survenus dans le passé. 1/ Calcul du mouvement sismique en surface p.17
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= L’expérimentation de Garner Valley (Californie du Sud) Ce projet est conduit depuis la fin des années 80 avec l’autorité de sûreté nucléaire américaine NRC (Nuclear Regulatory Commission) et l’Université de Californie. Situé à proximité des failles de San-Jacinto et de San-Andreas, le site se caractérise par une sismicité régulière et la présence d’une couche alluvionnaire d’une vingtaine de mètres d’épaisseur surmontant une formation granitique. Près de 1 000 séismes ont été enregistrés à différentes profondeurs au cours des cinq dernières années. L’étude de ces enregistrements a permis la mise au point de codes de calcul génériques permettant de prévoir l’amplification du mouvement du sol en présence de couches géologiques “ molles ”. = L’expérimentation de Grenoble Les mesures sismiques de petits séismes recueillies ces dernières années ont démontré l’importance des “ effets de site ” dans le bassin de Grenoble. Ceux-ci se manifestent par une forte amplification (facteur 10 à 15) sur une gamme de fréquence de 0.3 à 5.0 Hertz. Pour interpréter ces observations, et in fine essayer de prévoir les mouvements du sol possible en cas de séisme important, l’IPSN a développé un modèle numérique de simulation, basé sur les données enregistrées lors du séisme de Lancey (2,5). La modélisation montre comment, à partir de l’épicentre d’un séisme, les ondes se propagent sous Grenoble, avec une augmentation brutale de leur amplitude lorsqu’elles entrent dans le bassin (amplification d’un facteur 5), puis un véritable “ piégeage ” dans la cuvette où elles se répercutent. Alors qu’à l’extérieur du bassin le mouvement du sol ne dépasse pas quelques secondes, la durée du mouvement du sol dans le bassin peut atteindre plus de 30 secondes. La modélisation montre aussi que les zones où l’amplitude et la durée du mouvement du sol sont les plus importantes, sont localisées dans la vallée du Grésivaudan (la partie de la cuvette la plus proche du séisme) et le centre historique de la ville (là où le bassin est le plus profond). Le forage réalisé à Montbonnot en novembre 1999 apportera les informations encore manquantes sur la nature géologique du bassin grenoblois et permettra de valider ce modèle numérique, destiné à prévoir les “ effets de site ” pour l’ensemble des vallées alpines du même type que celle de Grenoble. 2/ Étude du mouvement sismique en
profondeur ( suite )
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b) L’étude des caractéristiques du mouvement sismique en profondeur afin de définir un mouvement sismique de référence. Celui-ci est indispensable pour calculer le dimensionnement des installations. L’IPSN a mené en collaboration avec la société Shimizu (Japon) des études sur les données sismiques collectées en profondeur (entre 100 et 900 mètres) dans plusieurs sites japonais. Ces études mettent en évidence que le mouvement sismique s’atténue avec la profondeur, mais que cette décroissance dépend des conditions géologiques, c’est-à-dire des propriétés mécaniques du terrain. Une expérimentation complémentaire est en cours sur le site de l’IPSN à Garner Valley. c) L’évaluation de l’impact d’un séisme sur un site en profondeur. La question la plus importante ici est de savoir si un séisme est susceptible de modifier de façon permanente et significative la circulation hydraulique au sein d’un massif rocheux. Les expérimentations sont menées à Garner Valley : des capteurs ont été placés au niveau des fractures, afin de mesurer les éventuelles modifications de la pression d’eau qui pourraient se produire lors d’un séisme. Accéléromètre : sismographe adapté à l’enregistrement des fortes secousses. Archéosismicité : étude des traces de séismes passé dans les bâtis anciens et les vestiges archéologiques BERSSIN : Bureau d’évaluation du risque sismique pour la sûreté des installations nucléaires. BRGM : Bureau de Recherches Géologiques et Minières. Épicentre : point de la surface terrestre où l’intensité d’un séisme est maximale. Foyer : endroit de la croûte terrestre où l’intensité d’un séisme est maximale. Intensité : classification des tremblements de terre, à partir de leurs effets en un endroit donné, basée sur l’analyse des réactions humaine, des dégâts aux bâtiments et des actions sur l’environnement naturel. Magnitude : mesure de la taille d’un séisme à partir de l’enregistrement des amplitudes maximales des ondes sismiques. NRC : Nuclear Regulatory Commission (États-Unis). Paléosismicité : étude des séismes passés grâce aux traces qu’ils ont laissées dans les formations géologiques majeurs (quaternaires). Sismicité : étude de la localisation et de la fréquence des séismes ; Sismicité instrumentale : étude des caractéristiques des séismes à partir des données enregistrées par les capteurs des réseaux de surveillance ou de recherche. Sismicité historique: étude des séismes par l’analyse de sources documentaires relatant les effets qu’ils engendrent sur la population, les constructions et l’environnement. Elle peut couvrir une période de mille ans dans certaines régions. Sismogramme : enregistrement des secousses sismiques effectué par un sismographe. Sismographe : appareil de mesure et d’enregistrement des secousses sismiques. p.18
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