(...)
1/ Pour la France, ce plan prévoit qu'environ 5% de notre future consommation électrique devra être assurée par l'énergie éolienne soit l'équivalent de la production de 4 à 5 réacteurs de 900 MW (Ce pourcentage correspondra à une production éolienne d'environ 25 à 30 TWh/an. Un réacteur de 900 MW a une production annuelle nette d'environ 5.7 TWh). Ainsi toute argumentation qui tendrait à tromper en faisant miroiter un remplacement total de nos centrales nucléaires seulement par des éoliennes est profondément malhonnête; (voir pour un argumentaire BelIa et Roger Belbeoch, sortir du nucléaire, c'est possible avant la catastrophe, 1995, Esprit frappeur. Paris)
Faut-il rappeler que le fondement d'une politique énergétique
durable est basé sur la diversification des sources de production
en fonction des potentialités locales ? Prôner alors le tout
éolien est une aberration profonde qui ne vise qu'à discréditer
cette filière et ses acteurs, tout en apeurant inutilement certains
esthètes des paysages. Malgré tout, cette planification nous
amène naturellement à réfléchir sur l'empreinte
écologique de milliers d'éoliennes dans notre pays (en référence
au livre de M Wackernagel et W Rees, Notre empreinte écologique,
1999, Les Éditions Écosocieté, Montréal).
Rappelons d'abord que le nombre programmé d'éoliennes à
installer en France se situera entre 5000 (prévision du ministère
de l'industrie) et 10000 (prévision de l'ADEME), et qu'il est probable
qu'à l'horizon 2010, un nombre certain, on parle d'un tiers (?),
de ces installations se feront en mer à une dizaine de km des cotes.
(..)
Mais pour bien apprécier l'empreinte totale d'une industrie, il
est nécessaire d'intégrer le temps de retour à la
normalité après sa cessation d'activité. En effet,
les surfaces occupées par toute industrie ne se libèrent
jamais au claquement de doigt, à la simple fermeture des sites.
Quand donc le site de Malville (Seveso, Salsignes, etc.) retrouvera sa
virginité d'antan ? Puisque les anti-éoliens prennent si
rapidement l'exemple du nucléaire pour dévaloriser les énergies
renouvelables, ne faut-il pas rappeler certains faits incontournables ?
En France, les grandes étapes de la construction d'une centrale
nucléaire sont régies par le décret du 11 décembre
1963 modifié par celui du 19 janvier 1990. Ce texte impose à
l'exploitant d'indiquer les diverses étapes de la fermeture de la
centrale nucléaire et la remise en état du site en respectant
des règles minimales de surveillance. Ainsi le démantèlement
d'une centrale nucléaire se programme actuellement sur 50 ans. Pour
une centrale nucléaire classique (sur le modèle de celle
de Cruas soit 4 réacteurs REP de 900 MW) d'une durée de vie
de 30 années, l'empreinte écologique minimale est de 8500
hectares-années. Il est évident que ce calcul n'intègre
absolument pas les aires de stockage ultime des matériaux irradiés
du fait même que leur période d'activité porte pour
certains sur des dizaines de milliers d'années. Dans ces conditions,
l'empreinte écologique calculée serait gigantesque, sans
aucune comparaison possible avec d'autres industries ! À l'opposé,
une éolienne dont les fondations ont une emprise au sol d'environ
100 m2 se démonte totalement en quelques jours, sans
grande pollution résultante des sites. Ces quelques chiffres montrent
combien l'impact sur l'environnement dans la durée - le seul qui
vaille - même de quelques dizaines de milliers d'éoliennes,
est objectivement dérisoire devant celui d'une unique centrale nucléaire.
2/ Une tout autre interrogation est de savoir si notre mode de consommation
énergétique occidental, aussi condamnable qu'il soit, peut
être comblé totalement par l'ensemble des énergies
renouvelables. Évidemment, la question est si vaste, que je ne saurais
ici la résoudre. Je me bornerai à énoncer quelques
données facilement contrôlables en guise d'éléments
de réflexion.
En ces temps électoraux incertains, l'Autriche se rappelle à
nos bons souvenirs ! Ce pays dont la densité humaine est comparable
à la nôtre, produisait en 1999 près de 80% de son électricité
par des renouvelables alors qu'en France on en était à peine
à 15%. La réglementation sur le chauffage électrique
(Une aberration en terme de cycle thermique.) y est si contraignante que
dans les faits il est pratiquement impossible de choisir un tel mode de
chauffage. De plus, le gouvernement autrichien vient de prendre des mesures
similaires pour le chauffage au fioul. Aussi, 150000 m 2 de
capteurs solaires y sont installés par an, alors que la France est
sur des bases dix fois moindres et culmine péniblement avec un parc
d'environ 400000 m 2 de capteurs installés (Voir MM Claude
Birraux et Jean-Yves Le Deaut, l'état actuel et les perspectives
techniques des énergies renouvelables, Office parlementaire d'évaluation
des choix scientifiques et technologiques, Paris, 2001, pages 120 et suivantes).
Et il ne viendrait vraiment à l'esprit de personne de dire que le
niveau actuel de vie des Autrichiens est inférieur au nôtre
(..)
3/ En septembre 1997, la norme européenne 150 14040 était
homologuée en France. Son domaine d'application, comme indique
en son titre, est le "management environnemental" (Ouf !). L'intérêt
fondamental de cette norme est qu'elle établit les principes et
un cadre méthodologique pour les "analyses du cycle de vie" (ACV)
d'objets ou de systèmes de production. Aujourd'hui, cette récente
notion est encore loin d'avoir pénétré les esprits
français. Toute production d'énergie induit diverses charges
écologiques (occupation d'espace, émission de rejets dangereux,
consommation d'énergie primaire, perturbation du cycle de l'eau,
etc.) que seule une ACV détaillée et circonspecte permet
de mesurer exactement. Cette approche est essentielle dans une comparaison
objective des différents systèmes producteurs d'énergie.
(suite )
|
suite:
Nous connaissons les raisons profondes qui orientent actuellement nos choix
de produits énergétiques. Du particulier à l'État,
ces logiques ne relèvent finalement que du registre économique.
Depuis les décisions électronucléaires sous Pompidou
jusqu'à la protestation régulière des automobilistes
sur le prix des carburants, toutes nos politiques énergétiques
se cantonnent sur un court terme financier et très conjoncturel.
Les rapports sociaux, la politique, l’économie, etc. sont évidemment
des éléments fondamentaux d'une société mais
biaisent dès la racine toute vision critique sur la pertinence "durable"
d'un choix technologique. Dans le secteur électrique, ces ACV sont
particulièrement... éclairantes ! Elles permettent de comparer
objectivement les différentes filières et de calculer les
temps de retour énergétique de chaque système. Sans
sous-évaluer les autres écobilans partiels (sur le CO2
rejeté, le cycle de l'eau, etc.) ou les impacts environnementaux
annexes, il est capital dans le domaine de l'énergie (électrique
ou non) de connaître précisément le temps mis par un
système à être excédentaire en énergie.
À quoi bon produire de l'énergie, si l'énergie produite
ne couvrira jamais (ou tardivement) celle qui a été nécessaire
à la constitution du système de production? Dans nos sociétés
non conviviales (capitaliste, communiste, dictatoriale, etc.), certains
groupes de pression (industriels, banquiers, etc.) conçoivent encore
des systèmes obsolètes producteurs d'électricité,
avec des rendements énergétiques globaux catastrophiques,
simplement parce qu'ils sont rentables sur le plan économique à
court terme. Mais qu'il arrive alors une grave perturbation (catastrophe,
guerre, ouverture du marché, etc.) dans cette réalité
socio-économique et l'équilibre de ces systèmes énergétiques
bascule du fait de leur faible pertinence technologique. (..)
Dernières Nouvelles
La plus grande éolienne de France couplée au réseau
jeudi
LA-CHAUSSEE-SUR-MARNE, 3 sept (AFP) - A 52 ans, Hervé Huet, agriculteur
marnais à Pogny, a décidé de semer le vent pour récolter
l'électricité : son éolienne géante, la plus
grande de France, d'une puissance de 1,5 MW, résultat de trois ans
d'études et d'efforts, doit être couplée jeudi au réseau
EDF.
Haute de 85 mètres au rotor, les pointes des trois pales culminent
à 125 mètres, à la verticale. Et ses lignes aérodynamiques
sont étrangement discrètes, au sommet de la crête crayeuse
de Champagne, sur le territoire de la commune de La-Chaussée-sur-Marne
(Marne). Sa rotation maximum est de 17 tours par minute: "elle sera silencieuse",
assure son promoteur.
"Ce qu'on entendra c'est le bruit du vent, sifflant légèrement
dans la voilure. L'éolienne en soi ne fait aucun bruit", explique-t-il.
E
t fièrement: "aucun rejet de gaz à effet de serre dans l'atmosphère,
on est dans le ton du sommet de Johannesburg !"
Pour le cultivateur, il n'y a qu'un pas du blé et de la betterave
à la production d'énergie renouvelable. "La terre, l'eau
et le vent sont des éléments naturels avec lesquels je travaille
depuis toujours", explique-t-il. "C'est pour cela que j'ai commencé
par l'exploitation de deux micro-barrages hydroélectriques, l'un
dans l'Aube et l'autre en Alsace".
Il assiste à une conférence de l'Agence de développement
de la maîtrise de l'énergie (ADEME), à Dunkerque en
1999, et décide de se mettre dans le vent.
"Je n'ai d'abord rencontré qu'un scepticisme amusé de la
part des politiques locaux", se souvient-il.
Un peu Don Quichotte, Hervé Huet va de l'avant pour construire son
moulin à vent. "Il n'y a qu'à regarder les gravures de l'époque,
les moulins étaient nombreux dans la région, pour moudre
le blé des agriculteurs. Et nous sommes à quelques encablures
du moulin de Valmy, celui qui a été transformé en
paquet d'allumettes par la tempête de décembre 1999".
Pas de danger avec l'éolienne high tech, "elle ne tournera jamais
plus vite. Ses senseurs informatisés l'orientent toujours au mieux
pour capter les brises. Elle se met automatiquement face au vent, sans
aucune prise, en cas de tempête. Elle est étudiée pour
résister à des rafales de 250 km/h".
"C'est finalement l'ADEME qui m'a aidé avec une subvention de 12
% du coût total, explique Hervé Huet, et la région
a automatiquement doublé la mise. (...) Mais le plus positif a été
Yves Cochet (Verts), à l'époque où il était
ministre de l'Environnement", concède cet "homme de droite".
D'un poids de 275 tonnes, l'ouvrage a été construit en près
de trois mois par la société Énergies du Midi de Béziers
(Hérault) et fournira environ 600 foyers en électricité.
L'ensemble lui a coûté "un peu moins" de 1,8 million d'euros
: selon ses calculs le "retour sur investissement" se fera en 7 ans. "Je
paierai la banque pendant 12 ans, conclut-il, mais finalement c'est un
investissement bien moins hasardeux de l'agriculture".
COMMENTAIRE
OK les éoliennes c’est bien mais il faut savoir raison garder. Mais
la comparaison de Silence est très intéressante et il faut
creuser cette voie pour avoir une politique énergétique de
qualité et surtout pas mono technique.
Et puis pensons toujours aux économies d’énergie, c’est ce
qui finalement nous permettra vraiment de ne pas polluer.
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