Dans la galerie de reconnaissance
du tunnel autoroutier du Mont Terri, dans le canton du Jura, un projet
international pour la caractérisation d’une formation argileuse
est en cours depuis 1996. La Cédra, qui est un des partenaires importants
du projet, utilise les résultats de ce projet pour compléter
les études qu’elle réalise dans le nord-est de la Suisse,
où la même formation (Argiles à Opalinus) est étudiée
quant à son aptitude au stockage des déchets de haute activité.
Le projet de recherche international réalisé dans la galerie de reconnaissance du tunnel autoroutier du Mont Terri a pour objectif d’étudier les caractéristiques géologiques, hydrogéologiques, géochimiques et géomécaniques d’une formation argileuse, les Argiles à Opalinus. Ces travaux complètent les recherches que la Cédra poursuit dans le nord-est de la Suisse en vue d’établir la preuve de faisabilité de l’élimination des déchets de haute activité dans cette formation, preuve exigée par le Conseil fédéral. [Cette preuve concerne la faisabilité technique (construction), la sûreté à long terme et l’existence d’une roche d’extension suffisante possédant les caractéristiques requises.]. Comme on envisage d’utiliser, à l’étranger aussi, des argiles similaires pour le stockage final des déchets radioactifs, des organisations de cinq autres pays participent à ce projet. Objectifs du projet
Le laboratoire souterrain du Mont Terri est le théâtre d’expériences
permettant d’étudier les caractéristiques géologiques,
hydrogéologiques, géochimiques et géomécaniques
d’une roche argileuse, qui sont importantes pour apprécier la faisabilité
et la sûreté d’un dépôt final pour déchets
radioactifs.
Ce laboratoire se situe dans
les Argiles à Opalinus, formation relativement résistante
contenant des matériaux argileux gonflants. Dans certaines conditions,
ces minéraux argileux sont à l’origine de recolmatage des
failles; cette roche reste donc extrèmement peu preméable
à l’eau. De telles roches argileuses forment du reste aussi les
couches de couverture imperméables situées au-dessus des
gisements de pétrole et de gaz. En raison des fortes réactions
observées entre les Argiles à Opalinus et l’eau, on ne peut
pas utiliser les même méthodes de forage et de mesure que
par exemple dans le granite. Un important objectif du projet consiste donc
à évaluer et à améliorer les méthodes
de forage et de mesure appropriées à la caractérisation
hydrogéologique, géochimique et géomécanique
des Argiles à Opalinus.
Situation et structure du laboratoire souterrain
La route nationale suisse A 16, la Transjurane, qui va de Bienne à
Porrentruy et continue sur Belfort, en France, a nécessité
la construction de plusieurs tunnels autoroutiers. Dans le cadre d’études
géologiques et géomécaniques pour le tunnel autoroutier
du Mont Terri, on a creusé en 1989 une galerie de reconnaissance
(cf. fig.2)
Celle-ci traverse les Argiles à Opalinus où se trouve, sous une couverture rocheuse d’environ 300 mètres, le laboratoire souterrain du Mont Terri. La galerie de reconnaissance a une hauteur de 4,6 mètres et une largeur de 4,7 mètres. Elle a été creusée à l’explosif. Pour consolider la roche, il a suffi la plupart du temps d’une couche de béton projeté de 10 à 15 centimètres d’épaisseur, mais il a fallu installer par endroits des poutrelles en acier et des boulons d’ancrage. Figure 2 La Transjurane A16 relie Belfort à Bienne et Berne. C'est dans le tunnel du Mont Terri de ce tronçon d'autoroute que se trouve le laboratoire souterrain, aménagé dans les Argiles à Opalinus, comme on le voit sur le profil géologique de la figure 4. (suite)
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Comme cette galerie de reconnaissance servira, dès fin 1998, soit après l'ouverture du tunnel autoroutier, de passage de sécurité et doit donc rester libre, huit niches de 8 mètres de long et 4 mètres de haut maximum ont été excavées début 1996 pour les besoins du projet. La plupart de ces expériences sont réalisées dans des forages creusés à partir de ces niches. Dès fin 1997, on a excavé avec l'autorisation de la République et Canton du Jura une nouvelle galerie et des niches d'une longueur totale de 250 mètres environ. Il est prévu de réaliser d'autres expériences de grande envergure dans ce nouveau système de galeries. Ainsi qu'il ressort de la figure 3, cette nouvelle galerie part de la galerie de reconnaissance existante, qu'elle longe ensuite à une distance de 30 mètres, avant de la rejoindre à nouveau. Cette nouvelle galerie a une hauteur de 4 mètres et une largeur de 3,5m. Elle a été essentiellement creusées à l'explosif. La roche est consolidée avec du béton projeté et des éléments de protection en acier dans les parties moins stables. Dans la zone de l'expérience ED-B (analyse de la décompression pendant et après la construction de la galerie), la galerie e été excavée, sur 35 mètres, en profil circulaire de 3,6mètres de diamètre, à l'aide d'une haveuse. Figure 3 Plan du laboratoire souterrain du Mont Terri. La galerie de reconnaissance a été excavée en 1989, les niches destinées aux expériences en 1996. La nouvelle galerie a été excavée au cours de l’hiver 1997/98. Les argiles à Opalinus du Mont Terri
Les argiles à Opalinus ont été formées il y
a environ 180 millions d’années, au cours du Jurassique (Dogger,
Aalénien), par le dépôt de fines particules de vase
au fond de la mer [cf. texte encadré de la page 10 du n° 31
“Cédra informe”]. Elles contiennent 40 à 80 pour cent de
minéraux argileux, dont 10 pour cent sont gonflants. D’autres composantes
sont le quartz (stable et silt), la calcite, la sidérite, la pyrite,
la feldspath et le carbone organique. La roche est finement poreuse et
contient 4 à 12 pour cent d’eau. L’épaisseur totale des Argiles
à Opalinus est estimée à environ 140 mètres.
On peut distinguer trois faciès légèrement différents
(variétés rocheuses) : dans la moitié inférieure
de la séquence, un faciès argileux; au milieu, un faciès
sableux et calcaire d’environ 15 mètres d’épaisseur; dans
la moitié supérieure, un faciès sableux alternant
avec un faciès argileux.
L’anticlinal du Mont Terri a été formé il y a quelques
millions d’années, au cours du plissement du Jura. Comme il ressort
de la figure 4, cet anticlinal a été cisaillé
et a chevauché le Jura tabulaire de l’Ajoie. Dans la zone du laboratoire
souterrain, les couches ont une inclinaison d’environ 45 degrés
vers le sud-est et sont décalées par quelques failles de
faible épaisseur inclinées de 20 à 60 degrés
vers le sud-est. Ce n’est que vers le milieu des Argiles à Opalinus
qu’on a observé, dans le tunnel autoroutier comme dans la galerie
de reconnaissance, une assez grande zone faillée de plusieurs mètres
d’épaisseur, qu’on a appelé faille principale.
Figure 4 Profil géologique du tunnel autoroutier du Mont Terri d’après Schaeren et Norbert 1989 p.20
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Les Argiles à Opalinus
sont très peu perméables à l’eau. Lors de la construction
de la galerie de reconnaissance et du tunnel autoroutier, on n’a pas observé
d’intrusion d’eau naturelle ou d’endroit humide, que ce soit dans la roche
ou le long des failles; une première évaluation hydraulique
des quantités d’eau ayant afflué dans les forages pour les
échantillonnages d’eau a révélé une conductivité
hydraulique de 2.10-13 à 10-15 mètres
par seconde pour la roche, et d’environ 10-13 mètres
par seconde pour la faille principale.
L’eau interstitielle des Argiles à Opalinus est très fortement
minéralisée..
On a extrait des eaux de type chlorure de sodium avec une concentration
de minéraux dissous approchant les 20 grammes par litre. Une eau
presque aussi fortement minéralisée a pu être prélevée
dans la zone de la faille principale. Ces eaux devraient contenir une part
importante d’eau de mer datant de nombreux millions d’années.
Le projet
Début du projet
En automne 1994, le Service hydrologique et géologique national
(SHGN) a présenté, dans le canton du Jura, une requête
pour l’excavation de niches ainsi que pour des forages dans la galerie
de reconnaissance du tunnel autoroutier du Mont Terri, en vue d’y réaliser
un programme international de recherche. Cette requête a été
acceptée en février 1995. Le SHGN et la Cédra ont
ensuite élaboré en commun une proposition de programme comportant
toute une série d’expériences et l’ont présentée
aux organisations membres du “Working Group on Measurement ans Physical
understanding of Groundwater Flow Through Argillaceous Media”, le “Clay-club”
[cf. article page 19 Cédra informe N°31], de l’AEN de l’OCDE.
L’Andra, la PNC et le CEN.SCK se sont jointes au projet. Un programme d’investigations
a ensuite été préparé en commun et les recherches
sur le terrain ont pu commencer en janvier 1996. Quatre autres organismes
ont entre temps adhéré au projet.
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Organisation du projet
L’encadré
(voir plus loin) présente les organismes qui participent au projet.
Ce dernier est placé sous le patronage du Service hydrologique et
géologique national (SHGN) qui a déposé, auprès
de la République et Canton du Jura, les demandes pour les programmes
d’investigation et obtenu les autorisations nécessaires.
Le projet est dirigé par les neuf partenaires de projet. Il se compose
d’une série d’expérience et est divisé en plusieurs
phases d’une année chacune. Chaque partenaire de projet peut proposer
des expériences auxquelles il veut participer. La direction et le
financement d’une expérience sont alors assurés par les partenaires
qui y participent.
Les résultats des expériences sont à la disposition
de tous les partenaires de projet et les rapports techniques élaborés
peuvent être consultés auprès du SHGN.
Stratégie
Le programme de recherche a été stratégiquement divisé
en trois étapes.
Dans la première
étape, qui comprenait les phases de projet 1 et 2 (janvier 1996
à juin 1997), on a procédé à des expériences
simples qui avaient pour but d’évaluer et, en cas de besoin, d’adapter
des méthodes de forage et des techniques de mesure appropriées,
ainsi que de caractériser - sommairement dans un premier temps-
les Argiles à Opalinus. On considérait cette première
étape nécessaire, parce qu’on s’attendait à ce que
les Argiles à Opalinus avec leur cohésion relativement faible
et leur teneur élevée en eau interstitielle et en minéraux
argileux gonflants, réagissent au contact de l’eau exogène,
et qu’il faille de ce fait s’attendre à des forages instables avec
effondrements de parois. Les expériences des phases 1 et 2 ont confirmé
ces attentes et ces craintes et permis l’évaluation d’une méthode
de forage appropriée -forage à l’air comprimé - et
de différentes techniques de mesure.
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Autorité responsable du tunnel autoroutier du Mont Terri
République et Canton du Jura
Département de l'Environnement et de l'Equipement
Partenaires du projet
SHGN Service
hydrologique et géologique national, Suisse (Patronage)
Andra Agence
nationale pour la gestion des déchets radioactifs, France
BGR
Bundesanstalt für Geowissenschaften und Rohstoffe, Allemagne
Cédra
Société coopérative nationale pour l'entreposage de
déchets radioactifs, Suisse
CEN.SCK Centre d'étude de l'énergie nucléaire,
Studiecentrum voor Kernenergie, Belgique
Enresa Empresa National
de Residuos Radiactivos, Espagne
IPSN Institut
de protection et de sûreté nucléaire, France
Obayashi Obayashi Corporation, Japon
PNC Power Reactor
and Nuclear Fuel Development Corporation, Japon
Gestion du projet
Geotachnisches Institut SA, Berne, Suisse
Dans la deuxième étape,
qui comprend les phases de projet 3 et 4 (juillet 1997 à juin 1999),
on devrait procéder à des expériences plus complexes.
Dès le début du programme, on a éprouvé le
besoin d’une expérience permettant d’analyser les modifications
des Argiles à Opalinus lors de la construction d’une nouvelle galerie.
Dès qu’on a su que la République et Canton du Jura pouvait
autoriser la construction d’une nouvelle galerie, on a planifié
de nouvelles niches et d’autres expériences complexes (tests thermiques,
essais de gonflement, essais de diffusion).
Dans la troisième étape, qui comprend les phases de
projet postérieures à la phase 4 (après juin 1999),
il faudrait, pour diverses expériences, procéder à
des observations à long terme. Selon les besoins, il faudrait par
ailleurs avoir la possibilité de réaliser de nouvelles expériences.
Le programme de cette troisième étape est donc encore ouvert.
On sait seulement que les observations à long terme seront réalisées.
Elles peuvent se faire pendant des années avec de petit coûts
logistiques, car la galerie de reconnaissance sera entretenue par le Canton
du Jura, en tant que partie du système du tunnel autoroutier.
Questions à élucider
L’article suivant donne une liste des questions auxquelles les expériences
réalisées au laboratoire souterrain du Mont Terri devraient
apporter une explication. Chacune de ces expériences a toujours
deux objectifs. Premièrement, l’acquisition de connaissances sur
les processus et paramètres géomécaniques, géochimiques
et hydrauliques des Argiles à Opalinus, connaissances particulièrement
importantes pour la preuve de l’élimination que doit fournir la
Cédra. Deuxièmement, l’évaluation et l’amélioration
de méthodes de mesure appropriées. Celles-ci revêtent
une grande importance pour les partenaires de projet étrangers qui
envisagent de construire des dépôts finals dans des roches
argileuses similaires.
Figure 6
Dans la résine a été injectée dans un forage
(B4) de la paroi de la galerie de reconnaissance (expérience FM-B).
Une partie de cette résine a filtré au pied de la paroi de
la galerie. L’autre partie a pénétré dans le système
de diaclases ouvertes de la zone de décompression (EDZ) et y a durci.
Un surforage (BB) et d’autres forages tout autour ont permis de démontrer
la présence de diaclases remplies de résine.
La liste des questions est susceptible d’être allongée à
tout moment. Il est par exemple possible que les propriétés
étanches des roches argileuses au-dessus de gisements de pétrole
et de gaz soient étudiées par le groupe de recherche pétrolière
au Mont Terri.
(.....)
Premiers résultats
Les résultats des recherches des phases 1 et 2 sont en cours d’évaluation.
La publication des rapports est en préparation. Mais quelques résultats
intéressants peuvent être présentés déjà
maintenant.
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suite:
Zone de décompression fortement perméable
La roche est toujours soumise à une pression tributaire notamment
de l’épaisseur du recouvrement. Lorsqu’une cavité (galerie,
caverne) est creusée dans la roche, cette dernière a tendance,
selon sa résistance, à se diriger plus ou moins fortement
vers la cavité; une zone dite de décompression (Excavation
disturbed zone, EDZ) se forme alors autour de chaque galerie. Lors de l’excavation
des huit niches de la galerie de reconnaissance du Mont Terri, on a observé
dans la roche, derrière la paroi de la galerie, de nombreuses diaclases
(fissures) de décompression ouvertes, souvent parallèles
à la paroi de la galerie.
A la surface de ces diaclases, on a observé des cristaux de gypse
blancs mesurant quelques millimètres, formés depuis 1989,
date de la construction de la galerie de reconnaissance. Pour l’essai FM-B,
on a donc injecté, avec une légère surpression, de
la résine dans un forage effectué dans la paroi de la galerie.
Ce forage a été surforé avec un plus grand diamètre,
et d’autres forages ont été percés tout autour (voir
fig.6). Jusqu’à une profondeur d’environ 80 centimètres par
rapport à la paroi de la galerie, les carottes de ces forages ont
révélé de diaclases remplies de résine. On
en a conclu à l’existence d’un système de diaclases ouvertes
dans la zone de décompression. Des tests hydrauliques dans cette
zone ont confirmé une conductivité hydraulique très
fortement accrue par rapport à la roche non faillée.
Ancienne eau de mer contenue dans la roche
Lors de la construction de la galerie de reconnaissance du Mont Terri,
les Argiles à Opalinus sont apparues toujours sèches, même
dans les zones faillées. Mais ses pores très fins renferment
4 à 12 pour cent d’eau interstitielle. Dans le cadre de l’expérience
WS-A, on a creusé vers le haut des forages inclinés de 20
à 30 mètres de long, et on les a chaque fois fermés
par un obturateur. Au bout d’une année, on a pu recueillir et analyser
environ 0,06 litre d’eau dans le forage réalisé dans les
Argiles à Opalinus non faillées (faciès argileux),
et environ 3,5 litres dans celui foré à travers la faille
principale. De plus, dans le cadre de l’expérience WS-B, on a pu
extraire des échantillons rocheux et analyser quelques millilitres
d’eau. Le tableau 1 montre les résultats de ces analyses et les
compare à la composition moyenne de l’eau de mer. La composition
chimique et les proportions isotopiques des eaux des Argiles à Opalinus
du Mont Terri révèlent une composante importante d’une ancienne
eau de mer ayant dû séjourner dans cette formation extrêmement
peu perméable depuis plusieurs millions d’années.
Pression interstitielle
Pour la mesure de la pression de l’eau dans des roches dures, comme exemple
le granite, on dispose depuis longtemps de techniques de mesure éprouvées
: on introduit dans un forage des obturateurs gonflables hydrauliquement,
on les met sous pression et on observe la remontée de la pression
dans l’intervalle obturé (c.-à-d. isolé).
Dans une roche peu résistante, très faiblement perméable
et fortement poreuse comme les Argiles à Opalinus, la méthode
de mesure qu’on vient de décrire a été estimée
trop peu fiable par différents chercheurs qui s’attendent aux processus
suivants:
p.22
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- Pendant la période de mesure, la roche qui se trouve dans la zone
des obturateurs soumis à une pression élevée cède
quelque peu, et les valeurs de pression observées dans l’intervalle
de mesure en sont influencées.
- L’eau introduite dans
l’intervalle de mesure peut réagir avec les minéraux argileux
de la roche. Des processus comme le gonflement de la roche et l’osmose
peuvent fausser les valeurs de pression.
L’Andra a de ce fait
réalisé une expérience qui consiste à développer
et tester un nouveau système d’obturateurs [Expérience
PP (Porewater Pressure Experiment).], et le CEN.SCK en a été
mandaté. La figure 7 montre schématiquement le système
d’obturateurs mis au point. Il se distingue des instruments de mesure conventionnels
par le fait que l’intervalle de mesure est délimité par des
sections indéformables, scellées par des injections de résine,
et qu’on a installé dans l’intervalle de mesure un tuyau en acier
fritté fortement poreux, d’un diamètre externe inférieur
de quelques millimètres au diamètre du forage. Dans cet acier
poreux, on peut faire circuler de l’eau chimiquement comparable à
l’eau interstitielle, qui réagit de ce fait aussi peu que possible
avec la roche.
Figure 7 Schéma du système
à obturateurs multiples mis au point selon les plans du CEN-SCK
(Belgique)
Ce système d’obturateurs a pu être construit et monté
avec succès dans un forage du Mont Terri. La figure 8 montre
la courbe de remontée de la pression mesurée, qui tend à
une valeur de 22 bar, indiquant une pression hydraulique de 220 mètres
d’eau, ce qui n’est pas en contradiction avec le niveau de l’eau souterraine
dans les sondages réalisés à partir de la surface.
Figure 8 Remontée de
la pression (à 20 m de la galerie de reconnaissance)
Courbe de remontée
de la pression à eau interstitielle dans les Argiles à Opalinus,
dans la zone de la niche PP (cf figure 3), à 20 mètres au
sud-ouest de la galerie de reconnaissance.
(suite) |
suite:
Tableau 1 Composition chimique
de l’eau interstitielle et de l’eau souterraine provenant des Argiles à
Opalinus du Mont Terri, ainsi que de l’eau de mer.
Les eaux des Argiles
à Opalinus contiennent encore près de 50 pour cent des ions
typiques de l’eau de mer, sodium, chlore et brome. D’autres composantes
ont été modifiées avec le temps par des processus
d’interaction entre la roche et l’eau.
Données sur la
composition de l’eau de mer. Turekian K.K. (1969) : “The oceans, streams
and atmosphere”. Dans : Wedepohl K.H. : “Handbook of Geochemistry 1 (p.
297-323)”; Springer, Berlin/Heidelberg/New York.
Conclusions
- Dans la galerie de sondage du Mont Terri, on a pu entreprendre
avec succès un projet international portant sur l’étude d’une
formation argileuse.
- On a pu gagner la confiance et le soutien du gouvernement et de l’administration
de la République et Canton du Jura.
- Plus de cent scientifiques des organismes partenaires et de plus de 16
universités et instituts de recherche de six pays européens
et du Japon ont appris à collaborer avec pour motivation commune
de contribuer à porter le projet à un niveau scientifique
élevé.
- Le projet s’étendra vraisemblablement sur plusieurs années.
De nouvelles expériences peuvent être incorporées à
tout moment dans le programme et de nouveaux partenaires de projet sont
les bienvenus.
Publications Il est prévu de publier les résultats de ces recherches dans la série des rapports géologiques du Service hydrologique et géologique national. Un rapport sur les résultats des phases 1 et 2 du projet est en préparation. p.23
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Projet de recherche international
dans la galerie de reconnaissance du Mont Terri pour l'évaluation
des caractéristiques hydrogéologiques, géochimiques
et géotechniques d'une formation argileuse (Argiles à Opalinus).
Buts du projet
Les expériences menées dans le laboratoire souterrain du
Mont Terri ont pour but de récolter des informations sur les caractéristiques
géologiques, hydrogéologiques, géochimiques et géotechniques
d'une roche argileuse: les argiles à Opalinus. Ces caractéristiques
sont d'une grande importance pour juger de la faisabilité et du
degré de sûreté d'un dépôt final pour
des déchets radioactifs ou chimiques. Pour ces expériences,
on a effectué au Mont Terri des forages d'une longueur maximum de
30m, dans différentes directions, pour y réaliser toute une
série de mesures. Il s'agit aussi de tester et d'évaluer
des méthodes de mesure existantes et de les adapter aux roches argileuses.
Participation internationale
Plusieurs pays ont entrepris des recherches sur la possibilité de
stockage de leurs déchets radioactifs dans des roches argileuses.
C'est la raison pour laquelle différentes organisations d'Allemagne,
de Belgique, d'Espagne, de France et du Japon se sont jointes au projet.
Cinq de ces organisations ont déjà un laboratoire souterrain.
Bien que les roches étudiées dans ces laboratoires soient
peu ou pas comparables aux Argiles à Opalinus, les connaissances
et l'expérience de ces partenaires sont un apport important au projet
et lui assurent un niveau scientifique élevé.
Pas de stockage de déchets radioactifs au Mont
Terri
Il n'est pas question d'entreposer des matériaux radioactifs au
Mont Terri. La géologie locale, les plissements et les structures
tectoniques compliquées du Jura plissé sont à l'évidence
très défavorables. Pour la Suisse, les travaux effectués
au Mont Terri ont pour but de compléter les études géophysiques
déjà menées à bien et le forage profond prévu
dans la région du Weinland (canton de Zurich). C'est là que
la preuve de la possibilité d'un stockage définitif, telle
qu'elle est exigée par le Conseil fédéral est cherchée
dans les Argiles à Opalinus.
Galerie de reconnaissance, niches et nouvelle galerie
La galerie de reconnaissance du Mont Terri a été excavée
en
1989 pour reconnaître
les conditions géologiques et géotechniques des roches avant
la construction du tunnel autoroutier. Elle servira de galerie de sécurité
après la mise en service du tunnel autoroutier, fin 1998. Étant
donné que le passage ne devait pas être gêné,
les partenaires du projet ont fait excaver huit niches début 1996,
et la plus grande partie des forages et des expériences ont été
réalisés à partir de ces niches. Une nouvelle galerie
d'une longueur d'environ 250 m sera creusée avant l'été
1998 pour permettre la réalisation de nouvelles expériences.
(suite)
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suite:
Quelques-unes des questions
à élucider
- Quelle est la perméabilité à l'eau et aux gaz de
la roches, des fissures et des failles ?
- Y a-t-il une circulation d'eau ou bien l'eau stagne-t-elle dans les pores
de la roche ?
- Quelle est la composition chimique de l'eau des pores de la roche, des
fissures et des failles?
- Quelle est l'extension de la zone endommagée par le creusement
autour d'une galerie ?
- Quelles sont les techniques de forage les plus appropriées ?
- Quels sont les fluides à utiliser pour diminuer ou annuler le
risque d'effondrement des forages par gonflement des minéraux argileux
?
- Quels sont les mécanismes prépondérants de l'écoulement
de l'eau souterraine et du transport des solutés ?
- Quelles sont les contraintes tectoniques dans la roche et quelles sont
les méthodes les plus appropriées pour les mesurer ?
Géologie
Les argiles à Opalinus ont été formées il y
a 180 millions d'années par le dépôt de fines particules
de vase au fond de la mer, à l'époque du Jurassique. Leur
épaisseur atteint à peu près 100 m au Mont Terri.
Elles contiennent 40 à 80% de minéraux argileux. Environ
10% de ces minéraux sont gonflants, c'est-à-dire que la roche
augmente de volume en présence de venues d'eau. Les autres composantes
de cette roche sont le quartz (sable et silt), la calcite, la sidérite
et la pyrite. Les argiles ne sont pas très résistantes et
les parois de la galerie de reconnaissance ont dû être revêtues
de béton projeté (voir page de couverture).
Tectonique
Les couches dessinent un pli - l'anticlinal du Mont Terri - bien visible
dans la coupe géologique ci-dessus. Ce pli a été poussé
sur les couches du Jura tabulaire il y a quelques millions d'années.
On a pu observer, dans les Argiles à Opalinus, des failles plus
moins importantes, au contact desquelles des paquets de roches ont été
décalés les uns par rapport aux autres.
Hydrogéologie
Les argiles à Opalinus passent pour être extrêmement
peu perméables. Lors de la perforation de la galerie, aucune venue
d'eau, ni taches d'humidité n'ont pu y être observées,
même à proximité des failles. La roche est finement
poreuse et contient 4 a 12% d'eau. Les premières analyses ont montré
qu'il s'agissait d'une eau chargée en sels (20 grammes de chlorure
de sodium par litre), ayant probablement séjourné plusieurs
millions d'années dans les pores de la roche.
p.24
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de déchets nucléaires au Nevada
M. Bush a fait connaître sa décision dans une lettre adressée
aux dirigeants du Congrès et rendue publique par la Maison Blanche.
Le président a suivi les recommandations qui lui avaient été
adressées la veille par son secrétaire à l’Énergie
Spencer Abraham.
Il avait proposé le stockage de la totalité des déchets
nucléaires américains, qui représentent environ 77.000
tonnes, à Yucca Mountain, sous les montagnes arides du désert
de Mohave au Nevada, un site situé à environ 140 km de la
capitale du jeu, Las Vegas.
Les principaux responsables politiques au Nevada qu'ils soient républicains
ou démocrates, sont opposés à la création de
ce dépôt. Ils craignent qu'il ne fasse fuir les touristes
de Las Vegas, l'une des premières destinations touristiques américaines,
et que cela ne ralentisse le développement de la capitale américaine
du jeu, qui se place en tête de toutes les villes américaines
pour la croissance urbaine.
La décision de M. Bush qui devrait être confirmée officiellement
sous peu, pourra être bloquée par le Parlement du Nevada.
Mais dans ce cas, indique-t-on à la Maison Blanche, c'est aux parlementaires
du Congrès à Washington qu'il appartiendra de prendre une
décision en dernier ressort.
mardi 23 juillet 2002 20h29 Bush autorise l'enfouissement de déchets nucléaires au Nevada WASHINGTON (Reuters) - Le président des États-Unis George W. Bush a signé une résolution ouvrant la voie à l'enfouissement des déchets nucléaires de l'ensemble du pays dans les montagnes Yucca, malgré l'opposition des habitants et des parlementaires du Nevada.
Le porte-parole de la Maison Blanche Ari Fleischer a déclaré
que cette décision "nous permettra, après une décennie
d'études scientifiques, de franchir la prochaine étape dans
la mise en place d'un stockage sûr des déchets nucléaires
de la nation".
Le site, en plein désert du Nevada, à 150 km au nord-ouest
de Las Vegas, doit entrer en service en 2010. Il pourra contenir les 70.000
tonnes de matériau radioactif devant être enfouies pour 10.000
ans, d'après l'Agence de protection de l'environnement des États-Unis.
(suite)
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suite:
Mais les législateurs du Nevada, faisant écho aux préoccupations
exprimées par les habitants de la région, craignent que le
site ne devienne une cible de choix pour les terroristes. Ils ont affirmé
leur détermination à se battre par tous les moyens contre
ce projet, aussi bien devant la justice qu'au Congrès par le biais
de son financement.
Le Congrès avait donné son accord définitif le mois
dernier à la résolution signée par George W. Bush.
écrasé par un tube de 4 tonnes
BURE (Meuse), 16 mai (AFP) - Un ouvrier, qui travaillait à Bure
(Meuse) sur le chantier du laboratoire souterrain d'études sur le
stockage de déchets nucléaires, a été tué
mercredi soir, écrasé par un tube d'aération de 4
tonnes, a-t-on appris jeudi auprès de la direction du site et des
gendarmes.
L'ouvrier, un homme de 33 ans, originaire de la Haute-Marne, travaillait
au fond du puits principal d'accès du futur laboratoire souterrain,
à 226 mètres de profondeur, lorsque l'accident s'est produit
vers 18H30.
Un médecin arrivé sur les lieux vers 19H00 avec les pompiers
n'a pu que constater le décès de l'ouvrier.
Le tube d'aération, d'un diamètre de 60 cm et d'une longueur
de 15 mètres, s'est détaché à une quinzaine
de mètres au dessus de l'ouvrier.
Les gendarmes de la brigade de Montiers-sur-Saulx, avec le concours d'éléments
de la brigade de recherches de Bar-le-Duc, ont ouvert une enquête
pour tenter de déterminer les causes de l'accident.
Par ailleurs, le parquet de Bar-le-Duc qui attend les premiers résultats
de la procédure de flagrance menée par les gendarmes, s'oriente
"vers l'ouverture prochaine d'une information judiciaire".
Parallèlement, l'Agence nationale pour la gestion des déchets
radioactifs (ANDRA) maître d'oeuvre du chantier est actuellement
en concertation avec les entreprises du Groupement Fond Est (GFE), qui
réalisent les travaux sur le site, et devrait se prononcer dans
la journée sur la reprise ou non des travaux.
En décembre dernier, un accident avait déjà eu lieu
dans le puits principal. Un ouvrier y avait fait une chute de onze mètres
alors qu'il effectuait des travaux de bétonnage. Il avait chuté
en raison de l'ouverture "par erreur" d'une trappe sur laquelle il se trouvait.
Victime de plusieurs fractures, l'homme avait également eu la rate
endommagée. Selon l'enquête préliminaire, "une double
erreur humaine" était à l'origine de cet accident.
Les travaux avaient alors été arrêtés pendant
plus d'un mois.
Le laboratoire de recherche souterrain doit être construit à
une profondeur de 490 mètres pour étudier à partir
de 2004 la possibilité de stocker des déchets nucléaires
à grande profondeur, dans une couche argileuse.
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