La Violence
Notre petitesse face à l'apparition de la violence est une des interrogations
incontournables depuis le fameux… "Big-Bang". Elle est un sujet très
complexe qui peut provenir de différents domaines: religion, économie,
politique, éthique et tant d’autres. Force est malheureusement de
constater notre participation active à une culture de violence contribuant
ainsi à produire l’insécurité. Face à cela,
est-il raisonnable de rester insensible ? Dans le contexte actuel, la violence
provient essentiellement de la lutte pour «mettre la main»
sur les sources d’énergie fossiles, notamment le pétrole.
Vous me direz: «mais de là à parler d'énergies du désespoir» ! Il s'agit en l’occurence d'une paraphrase du monde des "énergies alternatives”: «sans énergies, pas d'énergie ! » (Fondation Energies pour le Monde http://www.fondem.org/s_accueil.asp). Résumons en quelques points les multiples violences survenant aussi bien lors de l'approvisionnement que de la production énergétique issue des ressources fossiles.
Violence sur l'environnement: le creusement des mines provoque la pollution
de l’atmosphère, de la terre et de l’eau, alors que l’énergie
nucléaire peut entraîner des accidents comme celui de Tchernobyl
(et d’autres non avoués ou minimisés).
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Violence sur les êtres humains: maladies et accidents de toutes sortes
de plus en plus fréquents; déplacements de multitudes de
personnes, etc. et même lors de la construction de barrages pour
l’énergie hydraulique. Finalement, la violence frappe autant ceux
dont le sol est "riche" en fossiles que ceux qui n’en possèdent
pas. Les premiers parce qu’on les dépouille à vil prix et
les seconds qu'on veut ignorer ou à qui l’on ne permet souvent même
pas d'accéder aux énergies renouvelables. Nous ne mentionnerons
les changements climatiques que pour rappeler une certitude : nous serons
tous affectés, mais le Sud en premier.
Il existe une autre menace dont on ne parle pas beaucoup, précurseur
d'une violence pourtant évidente et peut-être délibérément
évacué pour cette raison. Je me réfère au moment
de l’épuisement des puits de pétrole. Que va-t-il se passer
? Au-delà de l’attitude d’évacuation : “la Science trouvera
"bien" une solution“ (pour les pays riches, qui auront plus pu s’y
préparer), que sera l’après pétrole des pays
fournisseurs? Pouvons-nous imaginer n'en subir aucune conséquence
par les multiples déséquilibres qui en résulteront?
Rien de plus destructeur que l'énergie d'un instant, celle de la
violence; mais quoi de plus renouvelable que les énergies de toujours,
celles du soleil ? Lentement sortis de l'âge des cavernes, allons-nous
sortir de la culture des matières fossiles, à défaut
d'être sorti de l'âge des “casernes“ ? (paraphrase de Théodore
Monod). C'est ce dont nous allons tâcher de parler maintenant, avec
l'aide de la figure parlante ci-dessous :
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L’Energie
En voyant les difficultés qu'a le “courant“ pour passer entre les
différents acteurs, un "alternatif" (défenseur des énergies
alternatives) ne pourra pas éviter d'aborder les relations entre
énergie et politique(s). Pour preuve, j'emprunte au CUEPE (Centre
Universitaire
d'Etude des Problèmes de l'Energie de l’Université
de Genève ; http://www.unige.ch/cuepe/), l'introduction à
son dernier cycle de conférences:
«Le débat sur l'énergie et ses effets environnementaux
soulève de profondes controverses. Il suffit de mentionner les discussions
sur les changements climatiques, l'énergie nucléaire ou le
rôle que les énergies renouvelables sont appelées à
jouer dans l'avenir, pour rappeler leur ampleur. Pour les citoyens, dans
ces conditions, il est très difficile de se faire une opinion et
d'exprimer un vote lors de référendums. Les décideurs
doivent trancher entre un ensemble de propositions et jugements divergents,
quand ils ne font pas partie, eux-mêmes, d'un camp déterminé.
Même les experts, la plupart du temps, expriment des jugements controversés.»
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Il ne fait plus aucun doute que le pétrole est au centre des conflits
qui font l'actualité, notamment à cause des "pipe-lines"
traversant ou devant traverser l'Afghanistan. N'est-il pas évident
que les pays riches, au-delà du droit légitime à l'énergie,
continuent à faire main basse sur les matières premières?
Les trois caractéristiques essentielles définies par le CME
(Conseil Mondial de l'Energie) pour l'énergie
du futur sont: disponibilité - accessibilité - acceptabilité.
Quelles sont les énergies en mesure d’y répondre? Les énergies
renouvelables ("ER") sont parfaitement capables de satisfaire les trois
critères ci-dessus et les seules en mesure de répondre au
vide de solidarité et de sociabilité découlant de
l'absence de débats entre citoyens et experts" sur l'approvisionnement
énergétique.
Pour les autres formes d’énergies, il faut rappeler la fragilité
de la sophistication, la vulnérabilité de la centralisation
de l’énergie, alors que la globalisation de l’économie implique
la généralisation de concentrations et la multiplication
d’accidents.
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En effet, le soleil met à notre disposition une gigantesque
centrale thermonucléaire qui présente l’avantage de donner
son énergie tout en gardant ses déchets et qui ne tombe jamais
en pannes! Son plus gros handicap ne serait-il pas, au contraire
des énergies non renouvelables, qu'étant disponible pour
toujours et pour tous, il ne peut être centralisé et monopolisé?
Les gouvernements n'aiment donc guère privilégier une telle
énergie, capable de favoriser l'indépendance de régions
(au sens géopolitique) qui n'ont, à leurs yeux, que trop
tendance à rechercher leur autonomie.
Ne serait-il donc pas temps de redécouvrir les énergies renouvelables
en tant que ressources de chaque région et de chaque pays?
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Pourquoi
faut-il s'obstiner à vouloir résoudre depuis l'occident et
de la même manière, la problématique énergétique
de pays tellement différents? Dans des contextes différents,
des problèmes globaux exigent une adaptabilité des
solutions, adaptabilité à rajouter à la trilogie du
CME citée plus haut.
Pour faire la transition entre le précédent chapitre et le
prochain, il est permis de douter des volontés disponibles tant
que nous n'aurons pas compris qu'en fait la fameuse formule de Clausewitz
- «War is merely a continuation of politics" by other means»
se traduit hélas souvent à l'envers: «La politique
est la continuation de la guerre avec d'autres moyens»!
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Personne ne peut plus nier la nécessité de modifier durablement
nos comportements et pourtant quels sont les conseils que nos dirigeants
nous donnent? Recommencez à consommer! Ceci revient à associer
le gaspillage et ses multiples conséquences à un geste civique
!
La croissance durable est une utopie impossible à tenir et les politiques
qui se fondent sur ce concept sont irréalistes, voire dangereuses,
en parant au plus pressé avec des recettes d'autrefois.
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Courte
démonstration: une augmentation de 2% par an, qui semble bien
modeste et raisonnable, correspond à une véritable explosion
quand on raisonne à long terme: le doublement étant obtenu
en moins de 35 ans, avec multiplication par 8 au bout d'un siècle
et par 64 après seulement deux siècles! Vouloir toujours
plus, c'est donc suicidaire !
Vous voulez de l'énergie à n'importe quel prix? Vous voulez
du confort sans éthique? Vous en aurez! Mais comment fournir de
l'énergie à ce prix sans violence? Est-ce cela qu'on appelle
«l'inévitable prix à payer » ou «risque
acceptable») pour le “progrès”? Le rêve de toute-puissance
et le confort des nantis ne sont que ceux des inerties!
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Le défi n’est donc pas seulement technologique, il est éminemment
politique. Actuellement, la moitié du potentiel scientifique et
technique mondial (consacré pour moitié aux recherches spatiales,
militaires et nucléaires…) est utilisée pour développer
des techniques qui ne peuvent pas intéresser les habitants des pays
pauvres, c’est-à-dire plus de la moitié du globe. En renonçant
à répéter les erreurs du passé, en développant
des techniques plus simples et accessibles, les
énergies renouvelables pourraient participer à réaliser
le développement durable et donc jouer le rôle de stabilisateur
social en étant instruments de paix.
J'espère
avoir pu et su souligner la nécessité d'un "autre regard",
alternatif aux habitudes actuelles techniques, économiques et surtout
politiques. Après avoir tenté de cerner le fait que le pétrole
est l'essence de la guerre, outre celui de nos moteurs et de l’économie,
souhaitons que le "principe de précaution" nous apprenne à
reconnaître… "l'essence" de notre destin humain qui, par manque d'humanité,
ne nous laisse d’autre choix que l'humanitaire, sorte "d'après-vente"
de la guerre.
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Même
si la paraphrase est facile, comment ne pas penser que sans énergies
renouvelables, le monde ne se renouvellera pas?
Je fais appel à Albert Jacquard pour ma conclusion, tout en gardant
à l'esprit que le fait scientifique est évolutif : «Le
(…) scientifique (…) donne l'alerte lorsqu'il voit se répandre des
contrevérités ou quand il assiste à des actes inacceptables.
(…)[Et] ne pas accepter l'inacceptable, c'est [finalement]
entrer en politique».
«Science sans conscience n'est que ruine de l'âme»
(Rabelais)
(*) Les personnes intéressées pourront trouver ci-dessous
quelques autres chroniques du même auteur, dans le domaine de l'énergie
et/ou de l'écologie:
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