GAZETTE NUCLEAIRE
NATURE LOIRE

La revue de la FRAPNA Loire France Nature Environnement Nov 1998
ÉNERGIES RENOUVELABLES
ENFIN !
HELIOSE
    L'espoir suscité par les énergies renouvelables dans les années 70 avait déçu par le manque de maturité des techniques et un contexte économique défavorable. Aujourd'hui, avec des techniques fiables, des prix concurrentiels, elles connaissent une seconde jeunesse et le solaire, l'éolien et le bois, notamment, semblent promis à un grand avenir. Des exemples dans différents pays européens montrent les possibilités de ces techniques et offrent peut-être à la France une alternative au tout nucléaire. Un tour d'horizon du contexte, des filières, et des multiples intérêts des énergies renouvelables.

Un bref historique
    En 1973, date du premier choc pétrolier, le bois a encore une place importante parmi les énergies de chauffage. Pour la production d'électricité, la contribution des énergies renouvelables se résume aux grands barrages hydroélectriques.
    Les années suivantes sont celles de la recherche d'alternatives aux combustibles d'origine pétrolière et des premières grandes mesures d'économie d'énergie, notamment la première réglementation thermique du bâtiment. L'énergie solaire va alors développer, dans l'urgence, par le biais de nombreuses entreprises qui proposeront des matériels plus ou moins fiables. Beaucoup d'entre elles péricliteront avant 1985 laissant derrière elles de nombreuses contre références. Néanmoins, beaucoup de chauffe-eau solaires de cette période fonctionnent encore. Cette époque est aussi celle du lancement du programme nucléaire français. Quelques experts décident alors en catimini, auprès du Président Pompidou malade, que la France construira 200 réacteurs nucléaires pour répondre à la consommation d'électricité française sensée évoluer parallèlement au PIB du pays. 1000 milliards de francs seront dépensés verrouillant le développement des autres filières et finalement, 58 réacteurs suffiront, permettant même d'exporter de l'électricité chez la plupart de nos voisins. Les énormes potentiels d'économies d'énergie avaient été négligés et EDF essaye aujourd'hui de trouver des débouchés pour ses excédents notamment à grand renfort de communication sur le chauffage électrique.
    Cette priorité accordée au nucléaire et le contre choc pétrolier des années 80 provoquèrent la mise en veille des énergies renouvelables malgré le travail de militants écologistes, ou d'associations où quelques visionnaires se heurtaient à la puissance des lobbies industriels de l'énergie et aux ravages de la pensée unique. Aujourd'hui, la situation leur donne raison : les filières du bois énergie, du solaire, de l'éolien explosent en Europe et dans le monde.

Des systèmes, des exemples, des résultats
    En effet, les énergies renouvelables semblent promises à un grand avenir. L'Europe s'engage : en janvier dernier, suite au livre blanc européen sur les énergies renouvelables, des parlementaires se sont réunis afin d'aider à leur développement. Le but est de hisser la part des énergies renouvelables de 6 à 12% dans le bilan énergétique européen en 2010.

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    Après les sommets de Kyoto et Buenos Aires, où les pays européens se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, la relance des énergies renouvelables apparaît plus que jamais comme une nécessité. Concrètement, l'aide aux énergies renouvelables pourrait passer par une directive européenne. En pratique, les mesures porteraient sur l'électricité, le chauffage, les transports. Cela pourrait se traduire par des mesures fiscales, comme des taxes sur les énergies non renouvelables, des aides financières, la simplification des procédures administratives.

Solaire thermique
    En ce qui concerne la France, les exemples sont à trouver à l'étranger ! L'énergie solaire thermique est très développée en Grèce mais aussi en Allemagne, Suisse et Autriche qui ne disposent pas d'un potentiel d'ensoleillement exceptionnel. A titre comparatif, 2000 m2 de capteurs solaires thermiques sont installés chaque année en France métropolitaine contre 200000 m2 en Autriche, où une maison neuve sur 4 est équipée d'une installation solaire. Pourtant, quelques entreprises françaises développent des systèmes de production d'eau chaude sanitaire ou de chauffage solaire très performants.
    Complétant le système de chauffage "classique" (il n'est pas question d'assurer l'autonomie avec le solaire), le système solaire contribue à environ 50% des besoins, les deux énergies étant gérées automatiquement. Le surcoût initial se rentabilise après quelques années.

Photovoltaïque
    L'autre énergie solaire, l'énergie photovoltaïque qui permet la production d'électricité à partir de la lumière du soleil, a deux situations d'applications : en site isolé ou raccordée au réseau.
    L'électrification de sites isolés, par cette technique, pour les refuges de montagne, les maisons à l'écart du réseau public, mais aussi les clôtures électriques, le mobilier urbain, la signalisation routière trouve facilement une rentabilité. L'autonomie d'un site est assuré par un stockage en batteries et le service est tout à fait satisfaisant si le dimensionnement est bon.
    Les pays en voie de développement sont très demandeurs pour des zones non raccordées au réseau et qui ne le seront probablement jamais, l'investissement étant trop lourd par rapport à la solution solaire.
    La centrale solaire raccordée au réseau, qui peut être individuelle, permet d'injecter les excédents de production dans le réseau public avec vente d'énergie à l'opérateur public. Certains pays ont choisi de développer cette technique par le biais de subventions avec pour objectif une baisse des coûts de fabrication. On constate déjà cette tendance et la propagation de ce principe s'accentue grâce à une émulation sur le marché. Ainsi, les toits solaires se comptent par dizaines de milliers au Japon et en Allemagne. Ils sont moins de 100 en France, promus par l'associations Phébus.
    La filière photovoltaïque est pleine expansion et les emplois qu'elle crée se chiffrent par centaines.

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Éolien
    On peut espérer de nombreux emplois grâce au développement de la filière éolienne à l'instar de l'industrie éolienne danois dont les effectifs sont de 20000 personnes. Outre les applications du "petit éolien" pour l'électrification de sites isolés, ce sont de véritables centrales éoliennes de plus en plus puissantes qui sont construites. La solution d'avenir semble être l'éolien off-shore permettant d'éviter trop de nuisances au paysage bien que le potentiel terrestre soit encore immense.
    Le nord de l'Europe est un exemple et la France est encore le mauvais élève de la classe. En Allemagne, la puissance éolienne installée atteint 2200 MW (un réacteur nucléaire a une puissance d'environ 1000 MW), au Danemark, 1200 MW, au Pays Bas, 350 MW, en Espagne, 550 MW, en Grande Bretagne, 320 MW, et en France, 10 MW bien que les données météorologiques nous offrent le deuxième potentiel éolien après celui de la Grande Bretagne.
    Un premier pas devrait nous permettre d'atteindre 250 à 500 MW en 2005 dans le cadre très strict du programme EOLE 2005 qui consiste en un appel à projets lancé par EDF, qui les sélectionne…
    L'objectif est relativement peu ambitieux et il n'est pas question d'un développement à la danoise.

Bois
    L'utilisation du bois pour le chauffage ne semble pas une nouveauté mais elle est devenue très moderne avec de nouvelles techniques : les chaudières automatiques au bois déchiqueté permettent de s'affranchir des contraintes d'alimentation des techniques classiques avec les bûches. Le combustible se présente sous forme de copeaux, résultat du broyage de déchets de l'industrie du bois ou de résidus de l'exploitation forestière. Ce gisement est conséquent. Il n'est pas question de brûler la forêt mais des sous-produits de celle-ci qui, rappelons le, a beaucoup progressé en France pendant les dernières décennies. Les copeaux, appelés plaquettes, peuvent être facilement véhiculés par une vis sans fin alimentant automatiquement le foyer de la chaudière. L'allumage et le décendrage pouvant également être automatiques, le confort d'utilisation est identique aux chaudières au fioul ou au gaz ce qui semble être une condition sine qua none pour les concurrencer. Ce type de chaufferies est très répandu en Suisse et en Autriche où il en existent des milliers. La filière bois y est très dynamique et participe à l'alimentation des chaudières de toutes tailles, en petit collectif ou pour des réseaux de chaleur urbains. Le très haut rendement, 80à 85%, de ces chaudières permet de réduire les volumes de bois nécessaire : 15 à 20 m3 de copeaux suffisent pour une année de chauffage d'une maison individuelle moyenne bien isolée;

Autres filières
- L'énergie hydraulique, déjà très développée en France pour les fortes puissances peut l'être encore mais il fait s'orienter vers des installations de petite taille dans un souci de respect des cours d'eau et du paysage. Une installation bien conçue peut être tout à fait neutre pour l'environnement.
- Les filières de la méthanisation de déchets, des boues de stations d'épuration ou des effluents agroalimentaires constituent un potentiel également important.
- Enfin, la valorisation énergétique des déchets, qui est aussi une ressource renouvelable, peut permettre l'économie de ressources fossiles. La chaleur est distribuée par des réseaux urbains. L'incinération doit néanmoins être envisagée en dernier recours après collecte, tri et valorisation des déchets, car son impact environnemental n'est pas neutres et les résidus générés ont un volume encore important. La meilleure solution de traitement des déchets est clairement la réduction à la source.

Solutions contre l'effet de serre

    Chaque année, pour la production d'énergie, 1,5 million de tonne de SO2, très nocif, et 350 millions de tonnes de CO2 sont émis en France.  


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Il est aujourd'hui prouvées que ces rejets provoquent effet de serre et perturbations du climat.
    La solution la plus simple reste celle des économies d'énergie dont le potentiel est encore immense : lampes basse consommation, électroménager performant, isolation, habitat climatique, etc. Les énergies renouvelables offrent une alternative. C'est pourquoi, après le sommet de Kyoto, l'Europe s'est engagée dans cette voie.
    Dans notre région, par exemple, 1m2 de capteur solaire thermique utilisé pour le chauffage réduit annuellement la consommation de 60 litres de fioul, de 45 kg de propane, de 55 m3 de gaz naturel, ou encore de 500 kWh électriques. Cela correspond respectivement à 120 kg, 110 kg, 100 kg, 320 kg de gaz à effet de serre; cette dernière valeur, concernant le chauffage électrique, peut sembler très élevée, mais s'explique, car les installations répondant aux appels de pointe hivernale provoqués par le chauffage électrique sont pour près de la moitié des centrales thermiques de très mauvais rendement et donc émettent de fortes quantités de gaz à effet de serre. Concernant le solaire, l'éolien ou la microhydraulique, l'intérêt vis à vis du phénomène de l'effet de serre est évident. Pour le bois, et plus généralement la combustion de la biomasse, il est moins naturel de comprendre pourquoi l'impact est neutre. La combustion de la biomasse s'inscrit alors dans le cycle naturel du carbone et réémet dans l'atmosphère la même quantité de composés carbonés que la décomposition naturelle de la biomasse. De plus, ces composés ont été stockés dans l'arbre ou la plante au cours de sa vie alors que la combustion des énergies fossiles est en fait le déstockage de carbone transformé en charbon ou pétrole, il y a des millions d'années à une époque où la composition chimique de l'atmosphère était très différente. C'est ce déstockage qui est à l'origine des déséquilibres climatiques.
    De plus, seules les énergies renouvelables peuvent s'inscrire dans la perpective d'un développement durable. Les réserves mondiales de pétrole, de gaz et d'uranium s'épuiseront au cours du siècle prochain. Notre mode de consommation d'énergie n'est pas viable durablement à l'échelle mondiale. Ces ressources sont dès aujourd'hui concentrées dans quelques pays ce qui provoquera des tensions économiques et politiques sur leur approvisionnement;
Alternative au nucléaire ?

    Le martèlement médiatique orchestré par les lobbies du nucléaire est tel que la pensée unique sévit particulièrement dans le domaine de l'énergie. La question est pourtant plus que jamais d'actualité : les plus anciennes centrales arrivent en fin de vie et la décision de leur remplacement, ou non, doit être prise prochainement.
    Beaucoup de nos voisin ont tranché : non ! La Suède, par exemple, y renonce officiellement et les remplacera par des "négawatts" et par l'éolien, le solaire, le biogaz.
    Chez nous, le nucléaire représente une part plus importante dans le bilan énergétique mais nous exportons beaucoup d'électricité : est ce le rôle de service public d'EDF ? Les économies d'énergie, un coup d'arrêt dur le chauffage électrique, inintéressant pour les particuliers et coûteux pour la collectivité, éviteraient le remplacement d'un grand nombre de centrales. La cogénération, les cycles combinés au gaz, et les éoliennes seront probablement très vite plus rentables que le nucléaire. Mais la volonté politique n'est pas là, contrairement à certains pays du nord de l'Europe où l'on envisage une contribution de 20% de l'éolien dans la production totale d'électricité à l'horizon 2015.

Comment s'y prendre

    Dans ce contexte, un certain nombre de mesures pourraient être prises pour redynamiser le secteur des énergies renouvelables.
    D'abord, il faut qu'au plus haut niveau de l'état, les énergies renouvelables soient présentées comme une solution d'avenir voire une priorité de la politique énergétique et que l'exemple soit donné par des réalisations initiées par les pouvoirs publics.
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Ensuite, une aide accrue au mouvement associatif ainsi que des moyens humains supplémentaires, notamment dans le cadre du dispositif emplois jeunes, seraient les bienvenus.
    Il faudrait aussi pallier le déficit d'information et mieux organiser le service rendu au public dans ce domaine en soutenant un réseau de points informations énergie. La méconnaissance des énergies renouvelables devrait être combattue grâce à l'Éducation Nationale qui pourrait les inscrire dans les programmes scolaires et universitaires.
    Un assouplissement des procédures administratives et une aide à la réalisation d'études comparatives des différentes solutions énergétiques seraient favorables à l'émergence de projets pour les maîtres d'ouvrages publics.
    Des incitations financières telles que TVA à taux réduit pour la vente d'énergie d'origine renouvelable ou exonération de TIPP et TICGN sur le biogaz prendraient en compte leur faible impact environnemental.
    Il faudrait aussi accentuer les aides au financement d'études et de réalisations.
    Enfin, une plus grande implications des PME PMI devrait être encouragée notamment dans le cadre de programmes européens, ainsi qu'une mobilisation de nos grands organismes de recherche.
    Les énergies renouvelables ne peuvent plus être condamnées à la marginalité, comme le montrent de nombreux exemples, et représentent un véritable enjeu pour le futur: 
réduction des pollutions, limitation du recours aux ressources fossiles, valorisation des ressources naturelles, équilibre politique, développement local et emploi. Cela passera par une évolution des attitudes individuelles vis-à-vis des questions énergétiques mais aussi par une véritables volonté politique.
HELIOSE

    Il est possible d'agir individuellement lors d'un projet de construction ou de rénovation. Pour le chauffage, le séchage, la production d'eau chaude sanitaire, pour le chauffage des piscines, ou pour l'électrification. Des solutions utilisant les énergies renouvelables existent.
    Les associations, membres du Comité de Liaison des Énergies Renouvelables (CLER) font un travail de terrain et offrent des informations sur les techniques, les fournisseurs et installateurs, les coûts des installations, les aides financières de l'ADEME, de l'Europe ou de la région Rhône Alpes et peuvent réaliser des analyses techniques et économiques de projets des particuliers, entreprises ou collectivités.
    Dans la Loire, ce travail est conduit par :
HELIOSE, 1 rue Pétin Gaudet, 42 400 Saint chamond
tel : 04 77 31 61 16 fax : 04 77 29 08 29  


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