La voiture à air comprimé:
véhicule alternatif
Ajena Contact No 47, mars 2001
Dans le numéro 45 de l'AJENA-Contact nous vous avions parlé d'un nouveau type de véhicule utilisant un moteur à air. La crise des transports qui s'est à nouveau fait sentir cet automne, nous rappelle qu'il est urgent de trouver de nouvelles solutions. Voici donc de nouveaux éléments sur ce véhicule, extrait d'un entretien de la revue La Vie Naturelle avec Axel Vicq, PDG de la société AVE.

Quand on parle de la voiture à air comprimé, on a souvent deux réactions: la première est "ça ne peut pas marcher" et la deuxième, quand on a expliqué comment fonctionne le véhicule, "les pouvoirs publics ne laisseront jamais faire ça".

En préambule, il faut préciser que la voiture à air comprimé est une invention de Guy Nègre, un ingénieur motoriste qui a longtemps travaillé en Formule 1 et a conçu son moteur révolutionnaire qui ne fonctionne qu'avec de l'air, sans une seule goutte d'essence ni d'autre carburant. Ensuite, plutôt que d'essuyer les sarcasmes des grands constructeurs en leur présentant son moteur, il a décidé de développer un prototype et de le médiatiser. Cette voiture fonctionne très bien, nous sommes même plusieurs à l'avoir essayée à ce jour dans de nombreux pays. Les études et les mises au point successives ont demandé sept années de travail d'une équipe d'une quinzaine de personnes et ont nécessité le dépôt d'une vingtaine de brevets. Le résultat de ces études est un moteur relativement simple à cinq temps et à trois chambres: deux chambres cylindriques d'aspiration et d'expansion et une chambre sphérique de compression reliée par un injecteur d'air électronique à deux réserves de 300 litres d'air comprimé à 300 bars.

Par le jeu du piston, le premier cylindre aspire l'air extérieur à travers un filtre et l'envoie dans la chambre de compression; à cet instant, un jet d'air comprimé est violemment introduit dans cette chambre. Aussitôt relâché dans le cylindre d'expansion, l'air pousse le deuxième piston qui actionne la roue du moteur et la boucle est bouclée. C'est parce que le moteur aspire l'air extérieur que la réserve d'air comprimé donne au véhicule une autonomie de dix heures en cycle urbain. On n'utilise pas seulement l'air comprimé pour faire rouler la voiture mais aussi l'air ambiant. Et en le filtrant, on le rejette plus propre qu il n'est entré.

Comment recharge-t-on les réservoirs d'air comprimé?
Très simplement, soit en branchant le compresseur de la voiture à la prise de courant de son garage, soit d'une borne pour voiture électrique, soit en s'arrêtant à une station service spécialement équipée. Avec une prise de courant, le plein se fait de préférence la nuit, en 4 heures. A la station service, il ne faudra que trois minutes pour faire le plein par transfert de volume.

Quelles ont les caractéristiques techniques et les performances du véhicule?
Le premier moteur développé est un 35 CV qui permet de roulerjusqu'à 110 km/h avec une autonomie de 200 km en cycle urbain, c'est à dire une moyenne de 60 km/h. C'est le double d'une voiture électrique, sans le problème du poids, de l'entretien et du recyclage des batteries. 200 km d'autonomie c'est insuffisant pour partir en vacances. On peut louer une voiture ordinaire pour les vacances et rouler à l'air, c'est à dire à très bas prix, les onze autres mois dans l'année. La voiture à air comprimé est conçue pour les taxis, les voitures de livraison de proximité et la deuxième voiture, celle qui sert à se rendre à son lieu de travail, à faire les courses et à conduire les enfants à l'école; en moyenne elle effectue quotidiennement 43 kilomètres. C'est bien moins que l'autonomie de la voiture à air. Quand au secteur professionnel, il ne correspond qu'à 0,8 % du nombre d'automobiles, mais comme la voiture à air comprimé filtre l'air qu'elle "respire" cela suffirait à dépolluer des milliards de mètres cubes d'air.

Les pouvoirs publics accepteront-t-ils de perdre la manne fiscale colossale que représentent actuellement les produits pétroliers?
La réponse est simple car elle repose sur un double constat. D'une part le prix de l'essence et du gasoil ne cesseront d'augmenter, même si l'on assiste de temps à autre à quelques baisses techniques. Au rythme actuel de la consommation, il n'y aura plus de pétrole en 2050. Or le parc automobile devrait doubler dans les dix ans. Cela signifie qu'en 2035, les réserves de la terre seront épuisées et que les guerres du pétrole, qui ont déjà commencé dans le Golfe et en Tchétchénie, se multiplieront et s'amplifieront dans un avenir très proche.

En outre, le coût de la pollution en termes de santé publique est en train d'atteindre des sommets insupportables que les politiques n'osent même pas avouer, et l'effet de serre n'est pas loin d'être à son point de non-retour. Six milliards d'individus rejettent du gaz carbonique, c'est possible tant qu'il y a assez d'arbres et d'océans pour le recycler. Mais cinq milliards de voitures et de poids lourds qui crachent des oxydes de carbone et des poussières à longueur de temps, voilà une pollution non recyclée qui s'accumule et produit la plus grande menace sur la vie depuis celle de la guerre atomique. Nous en sommes les uns comme les autres, totalement responsables. Alors comme l'a dit Edouard Balladur récemment sur Europe 1, "il est temps de chercher un autre mode de propulsion que le moteur à essence ". La voiture à air comprimé est la seule, actuellement, qui soit prête à être commercialisée. Nous attendons donc avec impatience des pouvoirs publics que sa production soit fortement encouragée.

C'est beaucoup plus efficace que la pastille verte du ministère de l'environnement. Ce ministère vous a-t-il encouragé?
Non, je constate avec regret que les " Verts " de toutes tendances s'intéressent bien peu à la voiture de Guy Nègre. En outre, il est évident que des intérêts contraires à la voiture à air comprimé chercheront à faire obstacle à son développement. C'est pourquoi nous avons besoin du soutien des usagers. C'est à eux, qui sont aussi des électeurs, de décider s'ils veulent rouler en voiture à air comprimé.

Il vous faudrait l'appui d'un comité de soutien.
C'est en cours. A cause de l'effet de serre et des risques de guerre du pétrole, la voiture à air comprimé est en passe de devenir un enjeu humanitaire. C'est pourquoi un comité de soutien, appelé Air Power vient d'être crée à l'initiative de l'association Les Chantiers du Futur. Ce comité aura des correspondants dans tous les départements et fera entendre sa voix aux élus.

Guy Nègre a annoncé la commercialisation de ses voitures pour la fin de l'an 2000. Sera-t-il prèt?
Techniquement le véhicule est prêt. Mais nous devons compter avec les procédures d'homologation et l'installation des usines. Il faut six mois pour construire la première usine et deux mois pour roder la production. Je préfère annoncer l'année 2002. Si c'est en 2001, hé bien tant mieux!

Avez-vous déjà des commandes?
En deux mois, sans publicité, nous avons dépassé les 200 clients sur la liste d'attente. Nous procéderons par souscriptions, jusqu'à 2'000 voitures par usine, qui correspond à la production de la première année.

C'est plus qu'encourageant... C'est devenu une nécessité historique. Cette invention est vitale pour nettoyer l'air que nous respirons et que respirerons nos enfants. A quoi sert de préserver l'espèce si c'est pour la sacrifier à brève échéance à l'autel de nos erreurs ?

Propos recueillis par Galane Gallois La Vie Naturelle - No 164 octobre 2000.
Qu'en pense t-on à la rédaction?

Parmi les alternatives pour réduire notre dépendance énergétique en matière de transport, la voiture à air comprimé pourrait être l'un de nos véhicules de demain. Parallèlement les recherches sur les piles à combustibles pourraient également offrir une autre alternative durable. Cependant il faudra veiller à ne pas créer une nouvelle demande d'électricité, notamment en France, ce qui donnerait un argument supplémentaire pour la poursuite des programmes nucléaires. Il faut donc d'ores et déjà rechercher des solutions crédibles pour produire l'air comprimé et surtout l'électricité à partir de sources d'énergies locales et durables.

D'autre part la recherche de véhicules de substitution aux véhicules à moteur thermique ne doit pas être faite au détriment de la remise en cause de nos modes de transport, qui passent notamment par la promotion ét l'amélioration des transports en commun, la prise en compte des cyclistes dans les infrastructures routières et urbaines, les lignes ferroviaires pendulaires .


Le tramway de Strasbourg (67).

Fiche technique
· Véhicule mono-énergie air - cylindrée: 566 cm3
· Puissance maxi : 25 CV CEE (18 kW CEE) à 3500 tr/min
· Couple maxi : 6,3 kg.m CEE (61,7 N.m CEE) à 800 - 3000 tr/mn
· Vitesse maxi :110 km/h
· Autonomie en cycle urbain: environ 10 heures soit 200 km
· Autonomie à 60 km/h : 240 km
· Coût d'utilisation : 5 francs pour 100 km (compresseur embarqué)
· Puissance électrique de charge 5 kVA soit 5,5 kW
· Poids: environ 700 kg
· Modèles: taxi, pick-up, monospace familial, fourgonnette
· Charge utile: 450kg de marchandises ou 4 personnes + chauffeur
· Prixmoyen: 62'000 FHT

Pour plus d'information contacter:
A. VE Axel Vicq - 51, avenue de la République F- 17210 Montlieu la Garde

Tél.:05 46 04 3 392, Fax: 05 46 01 56 85, E-mail: ave.media@ wanadoo.fr