L'air comprimé:
Naissance d'un carburant révolutionnaire
Une voiture écologiquement et socialement correcte
pourrait résoudre le problème de la pollution urbaine.
LES CAHIERS TECHNIQUES DU BATIMENT, septembre 2000

Dans les écuries des grands prix automobiles, on injecte de l'air comprimé dans les cylindres des moteurs refusant de démarrer. De là à utiliser en permanence ce carburant gratuit et non polluant, il n'y a qu'un pas, que Guy Nègre, ingénieur motoriste chevronné, issu du milieu de la formule 1 et de l'aviation, a franchi. Grâce au soutien financier de 340 partenaires privés réunis au sein du holding luxembourgeois Moteur Développement International (MDI) constituée à cet effet. Les bureaux d'études se trouvent à Carros, dans les Alpes-Maritimes, dans les locaux de CQFD Air Solution, une PME de trente personnes. Conçue pour lutter contre la pollution atmosphérique dans les grandes agglomérations, cette voiture révolutionnaire, présentée au dernier salon Marjolaine à Paris, offre les avantages de la voiture électrique, sans les inconvénients de ses batteries: poids, gestion coûteuse, et recyclage en fin de vie. En lieu et place des accumulateurs, la voiture embarque... de l'air compressé à 300 bars, stocké sous le plancher dans quatre bonbonnes légères et résistantes en composite carbone-époxy. Qui plus est, l'autonomie est deux fois supérieure (200 km à 60 kmlh).
La voiture à air comprimé
La voiture à air comprimé: vitesse de pointe, 110 km/h; configuration: taxi, pick-up, camionnette et familiale ; capacité: 6 passagers ou 3,9 m3; puissance: 25 CV; prix: 60.000 F HT.
Placide, high tech et économique
Le petit moteur en aluminium, qui ne pèse que 35 kg, est particulièrement ingénieux, car il consomme deux tiers d'air ambiant pour un tiers d'air comprimé, ce qui explique sa grande autonomie. La carrosserie en composite polyester-fibres de verre (et plus tard en fibres de chanvre) évite de recourir à l'acier, et la gestion électronique des commandes supprime 30 kg de câblage. Et côté équipement, la voiture n'a rien de spartiate: l'air comprimé à 10 bars dans la chambre de compression s'élève à 400oC, ce qui chauffe le véhicule. De même, la détente des gaz s'accompagne d'une chute de température utilisée pour climatiser l'habitacle. Dernière option proposée, un récupérateur d'énergie à la décélération et au freinage, qui stocke l'air comprimé disponible à la prochaine accélération. Enfin, sur le plan économique, un plein d'air réalisé durant les heures creuses revient à 10 F, soit 5 centimes le kilomètre en ville, contre 6 F pour le gazole

Une production locale

Si la voiture est révolutionnaire, le concept de fabrication et de distribution qui l'accompagne l'est encore davantage.

«Nous ne vendons pas des voitures, mais des usines, afin que la production soit réalisée localement», explique Guy Nègre. Qui plus est, la distribution et le SAV sont assurés directement par le constructeur, ce qui supprime l'organisation centralisée traditionnelle et ses nombreux intermédiaires (concessionnaire, agent, revendeur). Seules les prises de commandes sont gérées par MDI, qui se charge de les répercuter sur les sites les plus proches des acheteurs. L'usine, vendue clé en main 35 millions de francs, est à taille humaine (60 à 130 personnes) et produit 2000 à 4000 véhicules par an. Elle doit donc être implantée dans une zone à forte densité urbaine (1,5 million de personnes) pour lui assurer des débouchés suffisants.

Fin décembre, MDI avait reçu la commande de quatorze usines dans le monde entier dont trois en France. Mais contrairement aux objectifs, la voiture zéro pollution séduit aussi les particuliers, plus de 5.000 souscriptions ayant été enregistrées. Il leur faudra attendre l'homologation du véhicule, attendue pour la fin du printemps.

JPB

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