Jean Pignero milite depuis longtemps contre le danger nucléaire. Il nous demande, le 6 novembre 2001, de critiquer personnellement et de faire connaître autour de nous, oralement ou/et par écrit, ses dernière réflexions sur ce sujet 1 – Ce sont les scientifiques qui ont fourni et qui fournissent aux Politiciens et aux Militaires les données nécessaires pour construire et développer les armes nucléaire. Les ingénieurs militaires qui participent à ces recherches le font du fait de leurs connaissances scientifiques.
2 – Les sciences sont presque toutes pacifiques, mais la science des rayonnements
ionisants, à l’origine pacifique, est devenue en 1934 la science
nucléaire quand des scientifiques sont arrivés à transformer
des atomes naturels en atomes artificiels;
3 – La science nucléaire est, pour partie, un crime nucléaire
quand les armes nucléaires permettent de tuer indistinctement un
grand nombre de militaires et de civils.
4 – Ce crime peut être qualifié de crime nucléaire
contre l’humanité parce que la technique tout entière issue
de toute la science nucléaire produit obligatoirement des pollutions
connues des scientifiques, dont une partie ne peut être détectée
par des non-scientifiques, ni contrôlée, ni détruite.
Transportées par les vents, les eaux, la terre, ces pollutions nucléaires
s’imposeront dans le monde entier pendant des siècles et nuiront
à tous les êtres vivants.
5 – Ces pollutions méritent d’être reconnues par les sympathisants,
militants, associations antinucléaires comme le motif premier de
leurs pensées et de leurs actions, même si ces pollutions
ne concernent qu’un aspect de leurs actions.
Voici quelques propositions :
5a - Il faudrait, dans tous les pays, que le Pouvoir politique reconnaisse
le crime nucléaire contre l’humanité comme une vérité
première : à nous d’intervenir auprès des politiciens
et de porter plainte en justice contre les criminels nucléaires,
donneurs d’ordre et praticiens. Nos demandes et nos plaintes risquent d’être
déclarées irrecevables au motif que ce crime n’existe pas
dans le code pénal ni dans la constitution ; ce rejet, s’il a lieu,
devrait nous conforter dans notre revendication.
5b – Il serait donc souhaitable que les militants des associations antinucléaires
modifient les statuts de leurs associations afin qu’ils incluent le crime
nucléaire contre l’humanité et leur refus primordial de ce
crime, refus qui justifie leurs actions militantes contre un danger particulier
du nucléaire. Ils pourraient demander aux sympathisants leur avis
et leur approbation de la rédaction de ce texte qui rendrait plus
difficile aux pronucléaires de déclarer irrecevables leurs
contestations.
5c – Il faudrait alors personnaliser nos demandes et nos plaintes, pas
du tout par haine personnelle ou politique, mais du seul fait de l’exigence
de notre volonté de sauvegarde humanitaire. Concernant le Pouvoir
politique, il faudrait proposer, pour la France, les noms du président
de la république, Chirac (puis, éventuellement, de son successeur),
du premier ministre, Jospin (puis de son successeur) et de tous les ministres
qui ont signé des ordonnances, des lois et décrets favorisant
le nucléaire. Et ajouter les noms des politiciens qui ne sont plus
membres du gouvernement actuel, mais qui ont participé, en leurs
temps, aux même responsabilités : Giscard, etc.
5d – Pour mémoire, faire juger les responsables décédés
: de Gaulle, Mitterrand, etc.
6 – Ensuite ou en même temps, concernant le Pouvoir scientifique,
il faudrait porter plainte contre les scientifiques qui ont oeuvré
ou oeuvrent, même indirectement, pour le développement du
nucléaire, dont tous les responsables des installations nucléaires.
Et, à titre posthume, porter plainte contre les scientifiques dont
F. et I. Joliot sont les représentants les plus éminents.
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suite:
Depuis de longues années (1974) notre association, le Groupement
de Scientifiques pour l'Information sur l'Energie Nucléaire (GSIEN),
milite pour une sûreté de haut niveau dans le domaine du nucléaire
permettant une meilleure protection des populations et de l'environnement.
Pour arriver à bâtir une telle sûreté s’appuyant
sur une radioprotection et un contrôle environnemental de qualité,
il faut certes des hommes et des femmes de haut niveau mais aussi des institutions
qui leur permettent de déployer toutes leurs potentialités.
Une réforme courageuse semblait être en cours d'élaboration
concernant la sûreté et la transparence dans les domaines
de l'énergie nucléaire. D’une part, il s'agissait de rendre
indépendants des promoteurs, les organismes contrôlant la
sûreté des installations nucléaires, dont le dernier
maillon faible était l'IPSN, ses liens historiques et structurels
avec le CEA ne lui donnant pas la liberté d'action qui aurait dû
être sienne. Et d’autre part, il fallait aussi revitaliser le volet
santé et radioprotection qui aurait dû être la mission
de l'OPRI (ancien SCPRI) mais que ces organismes (SCPRI ou OPRI) n'ont
jamais eu les moyens (et peut être l'envie) de mettre totalement
en oeuvre.
En matière de santé, la complémentarité de
l'IPSN et de l'OPRI est évidente. Le premier organisme a développé
de très performants moyens de calcul, de mesure et d'expertise dans
le domaine de la radioprotection. Il poursuit des recherches sur les effets
des contaminations et des irradiations ainsi que sur les moyens palliatifs.
Le second devrait travailler au niveau des populations en effectuant des
contrôles individuels et environnementaux. Ses moyens limités,
une philosophie héritée du feu SCPRI, ne l'ont jamais incité
à remplir sa mission, mais plutôt à se placer dans
une position de "chevalier servant" de l'industrie nucléaire.
Les modifications de structure de l'IPSN, création d'un conseil
de direction, d'un comité scientifique, d'un comité d'éthique,
ont permis à cet Institut de mieux définir son rôle
et in fine à reconnaître (publiquement) que, par le passé,
des erreurs ont pu être commises. Cette attitude va dans le sens
de la transparence que le gouvernement semble vouloir promouvoir. Par contre
il ne semble pas que la grâce ait touché l'OPRI dont la Direction
continue d'évaluer ce qu'elle peut admettre à l'aune des
indemnisations auxquelles cela pourrait conduire (cf la dernière
intervention de son directeur à la journée d’information
du 31 janvier 2002 en Corse).
Le GSIEN, consulté par Mr Le Déaut à propos de son
rapport sur le contrôle de l'industrie nucléaire, avait recommandé
de rendre l'IPSN indépendant du CEA, pour lui donner sa liberté
d’analyse. Pour une sûreté de haut niveau, il faut un contrôle
rigoureux. Ce contrôle ne peut être exercé que par un
institut d'état, indépendant des établissements contrôlés.
Son budget doit être assumé totalement par l'Etat car il ne
faut pas qu'il soit obligé de passer des contrats pour avoir un
budget suffisant, avec les industries dont il doit contrôler le fonctionnement
et vérifier les dossiers.
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A cette occasion, le GSIEN avait, également,
souhaité le renforcement d'un institut tel que l’OPRI pour assurer
le contrôle de l'environnement et par suite une radioprotection de
qualité pour la population et les travailleurs. Il fallait rompre
avec les habitudes de secret. L'OPRI actuel, petite entité de 200
personnes ne pouvait assumer un tel rôle : pas assez de personnel,
moyens trop concentrés. Sa régionalisation, dans le cadre
des DASS, pouvait permettre un meilleur contrôle de la radioprotection
de toutes les installations nucléaires (industrielles, recherches,
médicales, vétérinaires, etc...) ainsi qu'une meilleure
information de la profession médicale (ce que celle-ci demande pour
pouvoir mieux assumer son rôle en cas d'accident )
La proposition de Mr Le Déaut de création de l'IRSN, institut
regroupant IPSN et OPRI ne nous avait pas paru une bonne voie. Néanmoins,
nous espérions, cependant, que cette création permettrait
un brassage constructif de cultures et d'éthiques différentes,
à condition d'éviter toutefois qu'un choix peu judicieux
des futures instances dirigeantes privilégie les anciennes pratiques
tant réprouvées.
Il nous apparaît, à la lecture de tous les textes des projets
concernant l'IRSN, que loin d'assurer ouverture et transparence, cet institut
va au contraire contribuer à détruire les quelques avancées
qu'il y avait depuis une dizaine d'années, suite à Tchernobyl
entre autre. Une première avancée importante en sûreté
fut la créationde la Direction de la Sûreté des Installations
Nucléaires. Une autre fut celle de la réforme du SCPRI. Et
la dernière aurait été l'indépendance de l'IPSN.
Dans ces conditions il n'est alors nul besoin de créer cet énorme
IRSN qui risque de casser ce qui commençait à se rôder.
Un point particulièrement important n’a pas été traité
avec toute l’attention nécessaire : la clause de conscience. Prévoir
que des contrôleurs soient soumis au droit de réserve est
une chose. Oublier que ces mêmes personnes doivent pouvoir transgresser
ce droit est une grave erreur. L’expert doit pouvoir s’exprimer et ne pas
être soumis à sanction en cas de désaccord avec sa
hiérarchie, s’il estime que son silence conduit à induire
des risques graves pour la population et le pays (l’affaire du sang contaminé
en est un exemple dramatique mais plus récemment la tenue des enceintes
de confinement en cas d’attentat a obligé les experts à contredire
le ministre certainement mal informé...)
Il nous semble, malgré tous les efforts entrepris pour améliorer
la sûreté et la radioprotection que le projet actuel ne peut
pas être adopté en l'état.
Nous espérons que vous serez sensible à nos arguments car
si nous souhaitons une réforme des organismes de contrôle
de la sûreté et de la radioprotection, ainsi que du contrôle
environnemental, cette réforme doit répondre aux aspirations
des citoyens.
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Édition française de The Ecologist. Défaire le développement, refaire le monde L’idée du “ développement
” a été lancée en 1949, par le président des
États-Unis Harry Truman. Plus de cinquante ans après, le
bilan est désastreux.
La critique du développement
? Cela nous ramène à la naissance de l’écologie, dans
les années 1970 : rappelons les best-sellers que furent le rapport
du Club de Rome
Halte à la croissance (Fayard, 1972), le
programme Changer ou disparaître (Fayard, 1972) de l’équipe
de The Ecologist menée par Teddy Goldsmith ou encore Small
is beautiful d’E. Schumacher (Seuil 1978)…
Fort heureusement depuis
quelques années, la contestation de la mondialisation de Seattle
à Porto Alegre porte également la contestation du “ développement
” lui même, et non pas de telle ou telle modalité. Le développement,
loin d’être la solution, apparaît plutôt comme le problème
!
Ce numéro de L'Écologiste
invite à renouer avec l’inspiration des débuts de l’écologie,
afin de penser non pas un développement alternatif mais bien des
alternatives au développement. Serge Latouche, économiste,
professeur émérite de Paris XI et président de l’association
La
Ligne d’Horizon avec laquelle ce numéro a été
réalisé, préface ce numéro et montre que le
“ développement durable ” adopté par toutes les multinationales
et même par des associations écologistes ressemble fort à
une contradiction dans les termes.
Ce numéro de L'Écologiste
est organisé en trois parties : la critique du développement
(Première partie) – Les alternatives possibles (Deuxième
partie) – Les textes classiques (Troisième partie). Il constitue
un
document sans équivalent sur le sujet
Un numéro à
lire pour préparer la conférence des Nations Unies sur “
le financement du développement ” à Monterrey (Mexique) du
18 au 22 mars 2002 et surtout le sommet des Nations Unies sur le “ développement
durable ” à Johannesburg du 26 août au 4 septembre 2002 !
L'écologiste
est partenaire du Colloque à l’UNESCO sur l’après développement,
organisé par l’association La Ligne d’Horizon et Le Monde
Diplomatique du 28 février au 3 mars 2002.
Tel. 01 42 06 05 26 ou www.apres-developpement.org p.4
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Nucléaire civil et militaire sont intimement
liés aussi pour éviter le développement futur du nucléaire
et stopper le nucléaire actuel, il ne faut pas oublier de promouvoir
le désarmement nucléaire et la lutte contre la prolifération.
Les deux exemples suivants en sont une preuve intéressante.
Le plutonium pourrait être interdit de production prochainement
Lors
de la réunion de la Conférence de Révision du Traité
de Non-Prolifération à New-York en mai 2000, le texte suivant
a été publié en compte-rendu de la conférence:
"La Conférence insiste sur la nécessité de négocier
lors de la prochaine conférence sur le désarmement sur un
Traité non-discriminatoire, multilatéral, international,
et autorisant des vérifications, qui concerne l'interdiction de
matériaux fissiles pour arme nucléaire ou pour tout autre
dispositif conduisant à des explosions nucléaires, et ceci
dans un double but de désarmement nucléaire et de non-dissémination".
"La prochaine conférence sur le désarmement est vivement
encouragée à mettre au point un programme de travail qui
prenne en compte une mise en ?uvre immédiate de négociations
sur un traité de façon à aboutir dans un délai
de cinq ans".
Donc l'usine de La Hague doit prévoir l'arrêt de sa production
de plutonium d'ici environ 5 ans car le plutonium séparé
à La Hague fait bien partie des matières fissiles pouvant
permettre des explosions nucléaires. Les américains ont d'ailleurs
fait exploser une bombe au plutonium extrait de réacteur (mélange
des isotopes 239 et 240) pour s'assurer que cela était possible.
Le texte de la conférence est encore plus contraignant puisqu'il
faudra neutraliser le plutonium actuellement séparé...!!!
L'usine de La Hague pourra donc re-conditionner le plutonium dans des déchets
radioactifs pour le rendre inutilisable.
Beaucoup de travail en perspective quand on sait qu'un réacteur
produit environ 250 kg de plutonium par an. L'industrie nucléaire
n'a pas à craindre d'être au chômage...
Le Mégajoule prépare l'industrie nucléaire civile du futur
Le laser Mégajoule en construction près de Bordeaux est à
but explicitement militaire et destiné à mettre au point
les armes nucléaires des années 2020-2050 pour le France.
L'idée est de maîtriser la fusion de l'hydrogène ce
qui permettrait aux militaires de réaliser des bombes nucléaires
à fusion pure et allumage laser...et donc sans l'allumage actuel
qui passe par une bombe au plutonium.
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On
obtiendrait ainsi des bombes nucléaires de puissance modulable,
sans pollution de plutonium, et avec des flux de neutrons beaucoup plus
intenses, donc des bombes beaucoup plus meurtrières pour les vies
humaines. En particulier une version "fusion pure" des "mininukes"
américaines actuelles (dont la pression de l'opinion publique a
empêché l'utilisation en Afghanistan) permettrait de tuer
les hommes dans leurs abris sans pour autant pénétrer très
profondément dans le sol.
Mais les militaires pourraient aussi avoir envie de recycler vers les civils
la maîtrise de la fusion et vendre d'ici 30 ans un réacteur
à fusion. Les flux intenses de neutrons engendrés par de
tels réacteurs produiront des quantités importantes de bétons
et d'aciers rendus radioactifs par "activation" et l'isotope d'hydrogène
utilisé, le tritium, risquera de se répandre dans la nature
créant de l'eau radioactive, de l'eau tritiée, qu'il sera
impossible de neutraliser. La période radioactive du tritium est
de 12 ans et il faudra donc attendre des dizaines de périodes, voire
plus, pour retrouver des conditions viables en cas d'accident. Après
la civilisation du plutonium on risque de tomber dans l'industrie du tritium.
Enfin, le Laser Mégajoule viole le Traité d'arrêt des
essais nucléaires signé et ratifié par la France et
à ce titre, il faut se mobiliser pour faire arrêter ce projet
(voir sur le site www.obsarm.org). Ce laboratoire réalisera de véritables
explosions nucléaires qui pourront correspondre jusqu'à l'équivalent
de 5kg de TNT.
Conclusions Bien sur, le nucléaire civil d'aujourd'hui est détestable, et nous en héritons car le choix du plutonium a été guidé par la production de bombes nucléaires dans les années 1950. Et cinquante ans après nous avons une énorme industrie qu'il est bien difficile de remettre en cause. Méfions nous de la période actuelle qui nous prépare un autre nucléaire pour 2050.... Les gouvernements des Etats nucléaires, ont officiellement signé des Traités pour sortir du nucléaire militaire, mais pratiquement perfectionnent leurs arsenaux. La France en tête avec de nouveaux équipements (nouveaux missiles, nouvelles têtes nucléaires, nouveau sous-marin, Mégajoule) budgétisés au niveaux de 60 milliards d'euros pour les dix prochaines années. L'arrêt du nucléaire militaire est une condition sine-qua-none d'un arrêt du nucléaire civil, et peut-être un objectif encore plus difficile à atteindre. p.14
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