GAZETTE NUCLÉAIRE
189/190, mai 2001
Polémique sur la Fusion en Allemagne

     BULLETIN ELECTRONIQUE D'ALLEMAGNE - "Sciences Allemagne" du Service pour la Science et la Technologie de l'Ambassade de France à Berlin
     Hebdomadaire - numéro 44 - 4 avril 2001

ENERGIES

     - Polémiques autour de la Fusion Nucléaire
     A l'occasion de l'audition d'une Commission d'Investigation sur L'Energie au Bundestag, les différents groupes parlementaires ont exprimé leur position quant à la fusion nucléaire.
     Dr. Axel Berg (SPD) déclare que la fusion n'est pas une solution aux problèmes climatiques à moyen terme, même selon les pronostics les plus optimistes qui prévoient une industrialisation d'ici 2050. Il a déclaré au Bundestag que les efforts devaient se porter sur les économies et les énergies renouvelables. Il estime que la fusion ne doit plus faire partie intégrante de la politique énergetique du pays, trop gourmande en crédits (la seule construction de ITER, réacteur de recherche, laisse une facture de 7 Milliards DM, sans compter les 500 Millions DM nécessaires à son hypothétique fonctionnement), aux issues incertaines, et laisser la place aux énergies renouvelables qui auront trouvé une rentabilité à moyenne échéance. Il est soutenu dans ce discours par Hans-Josef Fell (Grunen), qui qualifie la fusion de "risquée, coûteuse et superflue", et aimerait voir redirigés les crédits alloués à la recherche vers le fond de garantie des prix des énergies renouvelables. H.J. Fell insiste notamment sur les problèmes de sûreté nucléaire liés à la fusion, puisqu'il compare le réacteur à une bombe à Hydrogène au contrôle difficile, et évoque l'absence de solution pour le stockage des déchets produits.
     En réponse à ces arguments, Axel Fischer (CDU) avance que seules des barrières techniques retardent encore la fusion, mais que le principe n'est plus remis en cause. Cette énergie offre la possibilité à tous les pays de garantir leur indépendance énergétique, puisque les ressources sont disponibles en tous points de la planète. Elle garantit par ailleurs la réduction des émissions de CO2 tout en assurant de manière durable et solide l'alimentation énergétique. Il estime nécessaire d'ouvrir un débat public en dépit du contexte antinucléaire actuel dans l'objectif de faire accepter la fusion comme source future. Ulrike Flach, (FDP), explique par ailleurs que les déchets de fusion ont une durée de vie courte. Compte tenu de l'impossibilité d'assurer un approvisionnement énergétique avec les seules ressources éolienne et solaire, il estime hautement préjudiciable toute idée d'abandon du programme ITER, et juge nécessaire de promouvoir systématiquement la recherche sur la fusion nucléaire.
     En marge des confrontations relatives à la sortie du nucléaire de fission, et des conséquences directes et indirectes de ce choix sur l'approvisionnement énergétique, le respect du protocole de Kyoto ou la recherche nucléaire, se dessine une polémique grandissante. Le Ministre de l'Économie Werner Mueller vient en effet d'annoncer que l'Allemagne ne tiendra pas ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour 2020, en raison de la croissance économique et de l'abandon progressif de l'énergie nucléaire. La sortie du nucléaire décidée par le gouvernement ne prévoit nullement les énergies de remplacement. 

suite:
Ces choix doivent intervenir au cours des 20 prochaines années afin de pallier la fermeture des centrales ; notons que la politique énergétique, cruciale en termes économiques, politiques et environnementaux, se décide sur fond de manifestations antinucléaires et de crise au sein des Grunen.
     Sources : berlinews du 29 Mars 2001; Focus du 2 Avril 2001 Rédacteur : Philippe Coution

     COMMENTAIRE
     Si l'énergie de fission est problématique de part l'importance des problèmes liés à son fonctionnement (sûreté des réacteurs, déchets, rejets, impact sur la santé, etc...), l'énergie du fusion est quant à elle un mythe. De fait elle existe mais dans les astres. Nous sommes capable de réaliser la réaction mais juste sous forme de quelques bouffées et nous sommes incapables de l'entretenir et donc de tirer de l'énergie de ce phénomène.
     La fusion est le rêve d'une humanité qui espère toujours trouver des sources d'énergies qu'on pourrait exploiter sans contrainte. Ceci est impossible. Tout se paie.
     La fusion fait bien sûr des déchets, différents de ceux de la fission mais tout aussi gênants. De toute façon il est vain de mettre de l'argent dans des voies qui sont des impasses parce qu'une politique énergétiques doit être diversifiée et doit utilisée tout ce que nous connaissons. Il n'est pas très malin de vouloir implanter que des éoliennes ou que des chauffe-eau solaires. Par contre il est fort utile de promouvoir les économies d'énergie et l'éolien et le solaire.
     La fusion est aussi une source (fort potentielle en l'état de ce que nous savons faire) qui ne peut éclore que dans de gigantesques complexes. C'est encore plus centralisée que la fission.
     Mais pour pouvoir y accéder il faut résoudre le problème de l'entretien d'une réaction qui nous donne des neutrons avec lesquels on entretient un réacteur à fission. Que d'énergie dépensée pour revenir à la machine de Denis Papin : chauffer de l'eau pour faire tourner une turbine et obtenir de l'électricité. Il est vrai que les réactions, produisant directement des produits chargés et pouvant donc fournir directement de l'électricité, exigent des énergies encore plus élevées mais comme on ne sait pas faire les autres, autant sauter une étape et innover.
     Ce qui est certain c'est que la production d'un plasma puis son entretien puis l'extraction soit des chargés soit pour le moment de neutrons exigent une mise énergétique imposante. Par ailleurs le confinement du plasma demande des champs magnétiques intenses et les matériaux doivent résister à une forte irradiation. Quelques calculs menés il y a 10 ans montraient que les aciers au niobium nécessaires utilisaient quasiment tout le niobium connu.
     La fission n'a pas fini d'empoisonner notre environnement, ne partons pas sur la piste fusion avant d'en avoir mesuré tous les avantages mais surtout tous les inconvénients, car une fois le truc lancé on a du mal à savoir le guider.
     Sachons raison garder et enfin concocter une politique énergétique réaliste, économe et respectueuse de la santé et de l'environnement

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