Ce jeudi
1er mars, l'Association des malades de la thyroïde et la CRIIRAD déposeront
plainte contre X à Paris, notamment pour chef d'empoisonnement.
53 plaignant(e)s affecté(e)s par une pathologie thyroïdienne vont exiger, avec le concours du cabinet d'avocats Curtil et Honnarat, que la lumière soit faite sur l'état réel des pollutions radioactives sur notre territoire ainsi que sur leur conséquences sur la santé des personnes. Le développement gigantesque du nucléaire français a entraîné une contamination radioactive de l'ensemble de notre territoire. Les personnes affectées ne sont donc pas seulement les travailleurs du nucléaire à l'intérieur des centrales (la démonstration de la contamination de ces travailleurs a été faite dans le rapport de l'Inserm, publié en janvier 2001 (1)) mais également toute la population. Depuis des années, le lobby nucléaire français distille un discours rassurant et mensonger sur l'absence d'impact de la radioactivité artificielle qui serait en particulier nettement plus faible que la radioactivité naturelle. Il ne fait aucun doute que la radioactivité artificielle, rejetée par les centaines d'installations nucléaires de façon chronique ou accidentelle sur la France affecte la santé des citoyens. L'apothéose du discours rassurant a été atteinte avec le "non passage" du nuage de Tchernobyl. Pourtant des fissures apparaissent: - Le docteur Lacronique (2) et l'IPSN (3) reconnaissent au minimum un doublement des pathologies thyroïdiennes. Pour ce qui est d'un lien avec la radioactivité artificielle, un responsable de médecine nucléaire observe un triplement de ces pathologies et n'exclut pas une possibilité d'incidence des retombées de l'accident de Tchernobyl ainsi que d'autres facteurs environnementaux (4). Le lien entre pathologies et pollution radioactives n'est pas encore établi puisque très peu d'études épidémiologiques ont été réalisées, malgré nos demandes officielles. Pourtant, rien que pour la commune de Bourret (Tarn-et-Garonne), où siège l'association des malades de la thyroïde (près de Toulouse et des réacteurs nucléaires de Golfech), 5 cas de cancers thyroïdiens (dont des personnes jeunes) sur 545 habitants ont été répertoriés. Ces chiffres font exploser toutes les statistiques officielles (5). Pourquoi ce silence autour de ces questions ? Tout simplement pour pouvoir continuer à développer tranquillement l'exploitation de l'atome. (suite)
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QUAND ON NE VEUT PAS TROUVER, ON NE CHERCHE PAS ! Sakharov disait en 1982 : "Sur le plan de la morale, la seule particularité de ce problème est la totale impunité du crime (car il est absolument impossible de fournir la preuve concrète qu'une personne est morte des suites d'une irradiation) et aussi la totale impuissance des générations futures vis à vis de nos actes ". Près de 20 ans après cette déclaration, le combat courageux de ces 53 plaignants servira à mettre en lumière les découvertes récentes tendant à montrer un lien entre exposition à des radioéléments et développement de cancers. Le nucléaire est hors champ démocratique et le débat impossible dans notre pays nucléarisé. Il aura encore lieu dans l'enceinte d'un tribunal. En conséquence, le Réseau "Sortir du nucléaire", fort de l'adhésion de 613 associations et de milliers de personnes, soutient cette démarche pour la vérité et pour la vie. Il sera aux côtés des plaignants, le 1er mars pour dénoncer le fait qu'aujourd'hui, la sécurité des populations et des travailleurs est sacrifiée à une rentabilité économique. Du risque imminent de l'accident majeur et des rejets radioactifs, aux problèmes de santé publique qui commencent à émerger, le Réseau "Sortir du Nucléaire" réaffirme la nécessité pour la France de sortir d'urgence de la spirale mortifère du nucléaire. L'urgence est là ! (1) L'industrie nucléaire- Sous-traitance et servitude - Question en santé publique - Annie Thébaud-Mony (éditions médicales et scientifiques). (2) Directeur de l'OPRI , Office de Protection contre les Rayonnements Ionisants déclaration faite lors du documentaire de Graziani et Chatard "Tchernobyl autopsie d'un nuage " (3) Rapport de l'IPSN (Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire) (4) Déclaration lors du journal télévisé de TF1 du 15 décembre 2000 à 13h (5)Association des malades de la thyroïde BP 1 82700 Bourret asso.thyroide@worldonline.fr - Tél. : 05 63 27 50 80 p.2
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Bella Belbéoch 25 février 2000 C'est dans ce contexte que nous avons appris que les agents EDF de centrales nucléaires avaient reçu injonction des directeurs de centre de respecter la clause de confidentialité inhérente à leur contrat de travail. En exemple la lettre remise en novembre dernier, en même temps que leur fiche de paie, aux agents EDF de la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux. Dès le début de la lettre il est fait état de l'ouverture en France des marchés de l'électricité et du gaz et sa conséquence "(...) vous êtes tenu(e) à une obligation de confidentialité, inhérente à votre contrat de travail". "(...) sans remettre en cause notre politique de transparence, vous devez conserver la confidentialité la plus absolue vis-à-vis de l'externe (....) ". Plus loin, "Toute violation de cette obligation de confidentialité constitue une faute passible des sanctions disciplinaires (...) ". La transparence version EDF conduit de fait à un verrouillage complet de l'information. Est-ce cela le "nouveau contrôle du nucléaire" prôné par l'Autorité de sûreté ? Pour l'instant nous ne savons pas si les agents de toutes les centrales ont reçu cette notification par écrit ou si la "réactivation" de la clause de confidentialité ne concerne que quelques sites. La conséquence immédiate d'un tel rappel est d'intimider les travailleurs d'EDF afin de museler ceux pouvant éventuellement être considérés comme trop bavards à l'extérieur de l'entreprise. Y a-t-il donc des choses à cacher dans certaines centrales nucléaires? Prenons le cas de Saint-Laurent-des-Eaux. Cette centrale a une histoire qu'il n'est pas mauvais de rappeler. Sur le site qui comporte actuellement 2 réacteurs PWR de 900 MWé (B1 et B2) ont fonctionné 2 réacteurs UNGG (uranium naturel, graphite-gaz), l'uranium naturel comme combustible, le graphite comme modérateur et le gaz carbonique sous pression comme fluide caloporteur. Les réacteurs A1 et A2 respectivement de 480 et 515 MWé, ont été couplés au réseau en mars 1969 et août 1971, sortis du réseau en avril 1990 et mai 1992. Il y a eu deux accidents de fusion. Le premier en 1969 a entraîné la fusion de 5 éléments combustibles de la tranche A1. L'accident de mars 1980 a conduit à la fusion de 2 éléments combustibles de la tranche A2. C'est l'événement le plus grave répertorié pour les réacteurs français. Bien qu'ayant été traité d'incident à l'époque, il est considéré sur l'échelle INES comme un accident. Il est de niveau 4, accident sans risque important à l'extérieur de l'installation. Les réacteurs sont interdits de rejets d'émetteurs alpha dans l'environnement, donc de plutonium. Or il y a eu des rejets de plutonium dans la Loire mais nous ne l'apprendrons que 8 ans plus tard, lors du colloque "Nucléaire-Santé-Sécurité" organisé à Montauban en 1988 par le Conseil Général de Tarn et Garonne![1] (suite)
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D'après les mesures effectuées dans les sédiments de la Loire et les matières en suspension, Jean-Marie Martin (Directeur de l'Institut de Biogéochimie Marine, École Normale Supérieure, Paris) estime que l'activité du plutonium rejeté, en Pu239 et Pu240, se situe entre 535 et 740 millions de becquerels suite à cet accident de mars 1980. Personne n'a effectué à l'époque de mesures indépendantes de rejets atmosphériques hors de la centrale. On voit ainsi ce qui est considéré par les autorités comme un accident "sans risque important à l'extérieur de l'installation" Les 2 réacteurs sont en phase de démantèlement ("déconstruction" dans la novlangue nucléaire). Les éléments combustibles ne sont plus sur le site, ils ont été envoyés à Marcoule (et peut être aussi à La Hague ?) Sur le site restent les "chemises" de graphite très radioactif qui entouraient le combustible. Elles sont stockées dans des silos ayant le statut d'installation nucléaire de base (INB) qui sont des sites de stockage provisoire. Il reste aussi les empilements de briques de graphite des deux piles, graphite lui aussi très radioactif. Pour l'instant on ne sait pas où stocker définitivement tout ce graphite radioactif. L'évacuation des déchets d'exploitation et le démantèlement des parties non nucléaires est en voie d'achèvement. Le démantèlement de parties nucléaires (hors réacteurs) est en cours. Au vu de l'injonction du directeur de la centrale de St-Laurent-des-Eaux on est en droit de penser qu'il y a des choses qui doivent rester secrètes sur ce site pour ne pas perturber la population pendant les opérations de démantèlement. Ces opérations sont délicates car il faut en permanence veiller à la radioprotection du personnel tant EDF qu'intérimaire. Il faut que les effluents liquides soient soigneusement traités, que les déchets obtenus soient manutentionnés avec précaution, qu'après mesure correcte de leur activité ils soient conditionnés dans des containers qui doivent rester étanches et il faut que ces "colis" (mot de la novlangue nucléaire) soient inventoriés correctement avant leur départ pour le centre de stockage de Soulaines (Aube) qui est censé ne recevoir que des déchets de faible activité à vie courte, la vie courte impliquant un minimum de 300 ans. Étant donné l'importance des problèmes de sécurité et de radioprotection, non seulement pour les agents EDF mais aussi pour la population sans oublier le site de stockage où sont envoyés les déchets et où ils doivent séjourner dans de "bonnes" conditions vis-à-vis de l'environnement, le silence des agents EDF exigé par la direction du CNPE de St-Laurent-Des-Eaux devrait conduire l'autorité de sûreté à se poser des questions sur la façon dont sont menées ces opérations de démantèlement sur le site : le silence exigé peut cacher des anomalies dangereuses pour la sûreté. Il est très inquiétant de voir se multiplier les "mises au placard" de personnes qui considèrent de leur devoir d'alerter leurs supérieurs hiérarchiques sur des dysfonctionnements qu'elles constatent et éventuellement l'opinion faute de résultats concrets dans l'entreprise alors que le nucléaire exige une sûreté sans défauts. Ce n'est pas un hasard si s'est créée récemment l'association ADHOC (agir et défendre les hommes qui osent contester) [2] et cela est révélateur d'une situation particulièrement inquiétante. La généralisation à l'ensemble du personnel EDF de cette clause de confidentialité signifie l'impossibilité de savoir ce qui se passe réellement sur un site nucléaire. Dès lors, en rendant caduc tout contrôle efficace par défaut de visibilité, toutes les dérives sont possibles. L'accepter, cela signifie entériner l'acte de décès de l'autorité de sûreté. [1]Jean-Marie MARTIN, Alain J. THOMAS, Contamination radioactive de l'environnement par l'industrie nucléaire, Actes du Colloque nucléaire-santé-sécurité, Conseil Général de Tarn et Garonne, Montauban, 21-22-23 janvier 1988, p. 347-381. [2]ADHOC, 21 rue Vaudin, 95450 La Villeneuve Saint Martin, e.mail : adhoc@mageos.com p.3
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Bella Belbéoch, 7 mars 2001 Le procès de l'ingénieur Joe Carson
Le réacteur-2 d'Indian Point: un ingénieur
démissionne
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Il a constaté des différences entre les plans relatifs au dossier d'origine (il y a 25 ans) et le câblage actuel. Ces différences entre les dessins d'origine et la réalité ont été tout simplement "traités" en changeant au fur et à mesure les dessins d'origine. Or, les analyses de sûreté faites avant que l'autorisation de mise en route ne soit accordée par la NRC dépendent des plans, diagrammes etc. du dossier d'origine. Si la réalité d'aujourd'hui diffère de celle correspondant à l'analyse de sûreté cela signifie que les systèmes de sécurité peuvent ne pas fonctionner comme cela a été prévu. La ConEdison affirme que la sûreté n'est pas en cause. La NRC (Nuclear Regulatory Commission, l'autorité de sûreté) examine le différend. Pour remplacer le démissionnaire et afin de restaurer la confiance du public et des travailleurs du site la ConEdison vient d'embaucher un ingénieur qui a travaillé sur un réacteur de la Northeast Utilities au début des années 90 et était à l'époque un "whistleblower". Un vigile se rebiffe pour raisons de sécurité, est licencié, doit être réintégré sans perte de salaire. Un autre problème à Indian Point. Un vigile, travaillant 12 heures par jour pendant 5 jours a été licencié (abusivement d'après le ministère du travail) pour avoir refusé de travailler un 6ème jour. S'il avait accepté, (72 heures par semaine!) son état de fatigue ne lui aurait pas permis d'assurer la sécurité du site, il aurait violé le règlement de la NRC et "cela aurait pu représenter une menace pour le réacteur, ses employés et la communauté dans son ensemble". L'Office de la Santé et de la Sécurité a ordonné sa réintégration et le paiement de ses arriérés. Quant à la NRC elle a ordonné de résilier toutes les mesures prises à l'encontre du vigile de façon à s'assurer que son licenciement "n'a pas eu pour effet de geler la volonté d'autres employés de faire part de leurs inquiétudes concernant la sûreté et leur obéissance [à un ordre]" Remarques
p.4
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Intervention de Christian METAYER DANS LE NUCLÉAIRE
: RIEN N'EST PLUS COMME AVANT
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-Production d'effluents de produits de fission exagérés, -Soupapes réglantes trop sollicitées, -Etc, etc, etc... Quand la CGT et le personnel dénoncent dans les CMP ou CHSCT cet état de fait, nos remarques sont jetées au panier par la direction, nous faisant remarquer que la technique ne nous regarde pas. Le directeur de Belleville nous ayant dit un jour avec arrogance que le chef de la sûreté, c'était lui et lui seul. Mais alors qu'est-ce qui nous regarde ? Nous ne pouvons tolérer plus longtemps cette situation car cela serait suicidaire. D'autant que nous connaissons parfaitement ces phénomènes puisque c'est comme cela que nous avons assassiné nos chaudières thermiques classiques en arrêtant nos tranches le soir à 21 heures et en les redémarrant à 6 heures du matin. La politique ne doit pas prendre le pas sur la technique. Nous demandons donc que cette question soit portée au plus haut niveau, CSC des CMP, CNPI voire Conseil d'Administration d'EDF. Qu'une Commission ou un groupe de travail soit constitué (d'experts, ingénieurs d'EDF et constructeurs) ou par exemple qu'une étude expertise soit menée pour tirer enfin l'analyse et les conclusions de cette situation, qui conduit tout droit nos tranches 1300 et 900 MWé au cimetière de façon prématurée. Il semblerait que sur cette question la direction du parc nucléaire aurait émis quelques pistes au sujet du mode de fonctionnement. Ainsi nos tranches nucléaires produiraient en palier à puissance nominale comme prévu et conçu par le constructeur, mais alors la question reste posée; qui assure le téléréglage entre production et consommation ? Cela sous-entend que le parc thermique classique soit dimensionné en conséquence. Il est évident que nous restons bien dans le domaine du service public nationalisé, comme le revendique la CGT. Nous avons depuis plusieurs années laissé la technique aux seules mains de la direction, nous faisant parfois endormir par le chant des sirènes des managers, il nous faut impérativement nous réapproprier notre outil de travail. p.5
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