GAZETTE NUCLEAIRE
LE COIN DES LECTEURS
REPONSE DE M. DEGONDE SUR LES ACTIONS POUR UNE AUTRE
POLITIQUE ENERGETIQUE
DEMOCRATIE
La seule possibilité que nous ayons est, naturellement, de nous
adresser à l'opinion publique. On a assisté en Janvier à
un nouvel épisode du feuilleton “Les décisions étant
prises, le débat est ouvert ». Et d'ailleurs, quel débat!
confiné au Parlement, lieu par excellence de l'indifférence
superbe aux questions énergétiques et sans vote : on ne risquait
pas de débordement!
Les Nucléocrates auraient ils peur à ce point d'affronter
l'opinion publique et les opposants?
Or des sondages disent que le Nucléaire, ça ne passe
plus dans l'opinion. Nous pouvons essayer d'exploiter cette situation nouvelle
en disant à Jospin:
«Pendant des années nos dirigeants se sont retranchés
derrière des sondages favorables pour refuser tout débat
considéré comme sans objet, vu le consensus. Aujourd'hui,
la situation s'étant complètement retournée, nous
sommes fondés à exiger un authentique débat et un
référendum sur la pooursuite du Nucléaire. La Démocratie
française serait-elle décidément incapable d'admettre
que la population choisisse son avenir énergétique?»
Et que l'on ne vienne surtout pas nous dire que ce débat a déjà
eu lieu au Parlement les opposants Verts (qui appartiennent d'ailleurs
à la Majorité) ont eu dix minutes pour s'exprimer. Dix minutes
pour des millénaires d'ennuis!
Je suggère que le GSIEN donne une Conférence de Presse,
si possible avec des partenaires comme la CRII-RAD, l'ACRO, GREENPEACE
et le CEA pendant la Campagne des Européennes pour profiter d'une
meilleure attention de l'opinion. En effet, on peut peut-être espéré
trouver un écho, voire des relais, par exemple auprès de
DCB et par ricochet auprès de quelques autres; bref réintroduire
le problème dans le champ politique ce que nous aurions sans doute
plus de mal à obtenir hors cam-pagne électorale.
SUR LE FOND
La position prise en AG du GSIEN me parait être une très bonne
base pour une relance de l'action.
QUELQUES AUTRES REMARQUES UN PEU DÉCOUSUES!
Primauté de la notion d’économies d'énergie.
Toute politique énergétique digne de ce nom devrait comporter
un volet dont le rôle serait de rendre en permanence minimales les
consommations des divers secteurs énergétiques. C'est à
ces consommations rendues minimales qu'il reviendrait alors de piloter,
de déterminer la production énergétique. En rèsumé,
c'est l'action d'économie qui doit être désormais le
fondement de toute politique énergétique rationnelle.
Il serait très utile de disposer d'une évaluation du
potentiel actuel d'économies d'énergie du pays. Cela permettrait
de passer assez vite à des propositions concrètes et réalistes.
ACCIDENT NUCLÉAIRE: UN RISQUE INASSUMABLE
Il nous faut ramener la menace d'accident au centre du débat,
parce que c'est une raison majeure sinon la raison majeure de refuser l'option
électro-nucléaire. Il faut sommer nos autorités de
s'expliquer sur les mesures (de toute façon vaines et dérisoires)
qu'elles envisagent de prendre pour faire face à une crise nucléaire
grave reconnue maintenant comme possible, après des années
de dénégation farouche. Cela permettra en passant de mettre
à l'épreuve la réalité du discours officiel
sur la transparance nouvelle formule!
C02
Il faudrait faire reconnaître la production de déchets nucléaires
comme un détriment environnemental au même titre que le gaz
carbonique d'origine anthropique. Dans l'esprit des officiels, le C02 est
bien davantage un argument pour la poursuite et la légitimation
de l'option nucléaire qu’un authentique souci écologique.
Une preuve: EDF dénonce en France avec véhémence le
CO2 comme un danger pour la Planète mais construit en Espagne, en
Chine, etc..., des centrales à charbon de plusieurs milliers de
MW. Le CO2 français serait-il donc plus virulent que le CO2 espagnol,
chinois? Qui dénoncera la tartufferie des préoccupations
écologistes d'EDF? Plus généralement, il faudrait
prendre en compte les quatre contraintes relevées par Benjamin Dessus:
effet de serre, déchets nucléaires, raréfaction des
ressources fos-siles, dégradation et concurrence d'usage des sols
et bien entendu la menace d'accident.
COGENERATION
Il faut savoir qu'EDF et Pierret s'efforcent de donner un coup d'arrêt
au développement jugé trop rapide à leurs yeux de
la cogénération de grande puissance. EDF veut limiter à
1000 MWé la puissance « rachetée » aux cogénérateurs,
hors obligation réglementaire. Or cette puissance cogénérée
pourrait être très supérieure. Cette situation de blocage
n'est malheureusement pas portée à la connaissance de l'opinion.
En vertu de la transparence sans doute! On peut trouver les éléments
de cette controverse dans la revue de l'officieuse ATEE, Energie Plus,
No212, 216, 217,222.
La cogénération pourrait être un efficace moyen
d'éviction progressive du nucléaire du chauffage électrique
et du même coup de réhabilitation de ce dernier! ! En effet,
ne peut-on pas envisager des petits réseaux distribuant électricité
et chaleur (et pourquoi pas le froid) à l'échelle d'un quartier
ou d'un groupe d'immeubles (quelques MW à une dizaine de MW) alimentant
les convecteurs déjà en place et sans modification de ces
derniers? Dans un tel cas, le chauffage électrique honni n'est évidemment
plus un scandale thermodynamique et cette solution est très probablement
économiquement avantageuse. En effet, dans beaucoup de cas de cogénération
de cette puissance, la revente du courant à un tarif pourtant nettement
inférieur à celui qu'EDF applique à ses clients, rentabilise
l'opération. Il semble donc assez légitime de tabler sur
ce coût en auto-consommation. (A vérifier de manière
plus précise.)
Selon Energie Plus ci-dessus, le marché d'installations cogénératrices
adaptées au tertiaire domestique et professionnel est considéré
(à l'étranger...) comme immense. Il va falloir être
très attentif à l'émergence rapide de la petite et
de la micro-cogénération (puissance inférieure à
215 kWé, limite inférieure du contrat d'achat) jugées
très prometteuses, ailleurs qu’en France évidemment. De tous
les moyens actuellement disponibles, la cogénération est
celui qui permet une production électrique de masse, rapidement
mobilisable et utilisant le contenu énergétique du combustible
de manière optimale . C'est donc un facteur essentiel de la rénovation
énergétique.
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No 173-174