I- RÉUNION D'INFORMATION POUR LES MAIRES DU DISTRICT DE LA
HAGUE
ESPACE COMMUNICATION COGEMA le 9 décembre 1998
Exposé de Monsieur POUILLOUX
Tableau I : Comparaison des doses (en mSv.an~1) citées dans
différents documents (adultes)
S'agissant de la Manche, le Comité scientifique pour une nouvelle étude épidémiologique dans le Nord-Cotentin, présidé par le professeur Souleau, avait procédé à une estimation des expositions naturelles au niveau du département (rapport de décembre 1997). La valeur moyenne de l'activité volumique en radon dans l'habitat était de 74 Bq/m3, avec une fourchette allant de 6 à 540 Bq/m3, fondée sur la campagne de mesures réalisées par l'IPSN dans le cadre de la cartographie du territoire national. La dose correspondante est de 1,7mSv/an. Pour ce qui concerne l'ingestion de radionucléides naturels, en l'absence de données locales disponibles, le Comité avait retenu la valeur de 0,4 mSv/an fournie par l'UNSCEAR (Comité scientifique des Nations-Unies sur les effets des rayonnemnts atomiques)
Commentaires relatifs à l'exposition au radon
Le Commissaire enquêteur a réalisé
le calcul de l'exposition au radon sur la base de quatre mesures d'activité
volumique qu'il a lui-même effectuées dans deux maisons, ce
qui est peu, et qui l'ont conduit à retenir la valeur moyenne de
300 Becquerels par mètre cube (Bq/m3). La méthode de mesure
n'est pas précisée. Les niveaux mesurés se situent
nettement au-dessus de la moyenne départementale tout en restant
dans la fourchette des résultats de l'enquête de l'IPSN.
En France, une récente circulaire interministérielle
(Circulaire conjointe DGS et DGUHC No99/46 du 27/1/99 relative à
l'organisation de la gestion du risque lié au radon) portant sur
les bâtiments recevant du public, retient comme seuil d'alerte la
valeur de 1000 Bq/m3 et comme seuil de précaution celle de 400 Bq/m3.
Commentaires relatifs à l'exposition due à l'ingestion
de radionucléides naturels
Les calculs de doses sont effectués à partir des niveaux
d'activité par unité de masse dans les produits ingérés
et des rations alimentaires.
Les rations alimentaires retenues par le Commissaire enquêteur
ont été établies sur la base de discussions avec les
habitants de la région. Pour l'adulte, elles sont comparables à
celles habituellement utilisées dans les estimations dosimétriques
et notamment dans l'étude du groupe «Radioécologie
Nord-Cotentin» (ce groupe a pris la suite du Comité Souleau
pour évaluer l'impact des installations nucléaires implantées
dans la région) mis en place par la Ministre de l'Aménagement
du Territoire et de l'Environnement et le Secrétaire d'État
à la Santé.
1 - Ingestion de produits marins
Le Commissaire enquêteur estime la dose correspondante
pour l'adulte à 2 mSv/an dont 1,3 mSv dus au polonium
et 0,6 dus au plomb. Pour l'enfant, elle serait de 2,5mSv/an.
Les activité massiques du polonium et du plomb retenues pour
ces calculs correspondent en général à la valeur haute
de la fourchette des résultats publié dans différentes
enquêtes, qu'il s'agisse des mesures effectuées par SUBATECH
à la demande du Commissaire enquêteur ou du bilan radioécologique
de la centrale de Flamanville, tous deux annexés au rapport (cf.
tableau II).
2 - Ingestion de produits terrestres
Le Commissaire enquêteur estime la dose correspondante
pour l'adulte à 4,5 mSv/an dont 1,8 mSv dus au polonium,
1,2 dus au plomb, 0,9 dus au potassium et 0,4 dus à l'actinium (Ac).
Pour l'enfant, elle serait de 6,2 mSv/an.
L'origine des activités massiques utilisées n'est pas
précisée. Les seules mesures locales publiées sont
celles de l'IPSN pour le plomb. A titre de comparaison, il est possible
de se référer aux mesures internationales (cf. tableau
III).
En première analyse, les activités massiques utilisées semblent donc très nettement surestimées; or elles contribuent pour 70% à la dose ingérée.
Conclusions de l'IPSN
La lecture du rapport du Commissaire enquêteur conduit aux observations
suivantes:
- s'agissant du radon, la valeur est de 300 Bq/m3. Elle correspond
seulement à quatre mesures réalisées dans deux maisons
par le Commissaire enquêteur. Or, il faut rappeler que la campagne
de mesures réalisée par l'IPSN dans le département
de la Manche a conduit à une valeur moyenne dans l'habitat de 74
Bq/m3 avec une fourchette allant de 6 à 540 Bq/m3
- s'agissant de l'ingestion de radionucléides naturels, 70%
de la dose calculée provient des produits terrestres alors que l'origine
des mesures n'est pas précisée et que leur niveau est 10
à 100 fois plus élevé que celui que l'on trouve dans
la littérature scientifique.
Pour les produits marins où l'on dispose de mesures locales,
ce sont les valeurs supérieures qui sont retenues par le Commissaire
enquêteur.
En conclusion, la sommation de valeurs majorantes pour les deux voies
d'exposition conduit à des résultats qui ne peuvent pas être
interprétés comme représentatifs de l'impact de la
radioactivité naturelle sur les populations.
Une première analyse de cet impact, utilisant les mesures locales
existantes et des valeurs internationales lorsque les mesures locales ne
sont pas disponibles, ont conduit l'IPSN à estimer l'exposition
naturelle dans le Nord-Cotentin à 2,7 mSv par an. Des
mesures complémentaires terrestres permettraient de préciser
la valeur moyenne dans le Nord-Cotentin.
Les doses dues à l'irradiation naturelle peuvent présenter
de larges variations suivant les régions. Ces variations sont dues
essentiellement au radon. Un faible pourcentage de nos concitoyens est
vraisemblablement exposé à des doses dues à l'irradiation
naturelle de l'ordre de 10 mSv par an.
Tableau II: Activités dans le milieu marin (en Bq/kg frais)
Tableau III: Activités dans le milieu terrestre (en Bq/kg
frais)
III- SYNTHÈSE
Dans son rapport établi dans le cadre de l'enquête publique relative à la centrale nucléairc d'EDF à Flamanville, le Commissaire enquêteur a émis des recommandations au sujet de l'exposition locale à la radioactivité naturelle. A la demande du préfet de la Manche, l'IPSN a rédigé une note destinée à mettre en perspective les observations du Commissaire enquêteur avec les connaissances actuelles sur les expositions naturelles.
En résumé, les calculs du Commissaire enquêteur
conduisent à des doses de 11 à 12 mSv/an pour les adultes
et de 15 à 18 mSv/an pour les enfants (1 à 2 ans).
Les composantes de l'exposition naturelle considérées
sont principalement:
- le radon dans les habitations (5 mSv pour les adultes; 9mSv pour
les enfants),
- l'ingestion de radionucléides naturels tels que le polonium
210 et le plomb 210 contenus dans des produits alimentaires marins et terrestres
(7 mSv pour les adultes, 9 mSv pour les enfants).
Ces doses sont nettement plus élevées que les chiffres
moyens français et internationaux qui sont de l'ordre de 2 mSv/an.
L'explication tient au choix systématiquement majorant fait par
le Commissaire enquêteur parmi les mesures disponibles. L'origine
de certaines mesures n'est en outre pas précisée.
Ainsi:
- s'agissant du radon, la valeur retenue est de 300 Bq/m3. Elle correspond
seulement à quatre mesures réalisées dans deux maisons
par le Commissaire enquêteur lui-même. Or, il faut rappeler
que la campagne de mesures réalisée par l'IPSN dans le département
de la Manche a conduit à une valeur moyenne dans l'habitat de 74
Bq/m3 avec une fourchette allant de 6 à 540 Bq/m3.
- s'agissant de l'ingestion de radionucléides naturels, 70%
de la dose calculée provient des produits terrestres alors que l'origine
des mesures n'est pas précisée et que leur niveau est 10
à 100 fois plus élevé que celui que l'on trouve dans
la littérature scientifique.
Pour les produits marins où l'on dispose de mesures locales,
ce sont les valeurs supérieures qui sont retenues par le Commissaire
enquêteur.
En conclusion, la sommation de valeurs majorantes pour les deux voies
d'exposition conduit à des résultats qui ne peuvent pas être
interprétés comme représentatifs de l'impact de la
radioactivité naturelle sur les populations.
Cependant, il est clair que les doses dues à l'irradiation naturelle
sont largement supérieures à la limite de 1 mSv par an retenue
dans la directive 96/29/Euratom comme valeur maximale pour l'exposition
ajoutée du fait des activités humaines; elles présentent
de plus de larges variations par rapport à la moyenne nationale
estimée qui est de 2,4 mSv par an; ainsi, un faible pourcentage
de nos concitoyens est vraisemblablement exposé à des doses
dues à l'irradiation naturelle de l'ordre de 10 mSv par an.