GAZETTE NUCLEAIRE
165/166 avril 1998

A QUAND UNE VRAIE POLITIQUE ENERGÉTIQUE?
Editorial


    Tout d'abord merci pour vos encouragements et vos réabonnements. Ça va, on a payé la 1ère Gazette de l'année, on va pouvoir payer celle d'avril-mai mais pour pouvoir continuer, IL FAUT VOUS RÉABONNER.

    Regardez votre étiquette sur la bande s'il n'y a pas 98 vous êtes en retard (vous êtes 440 dans ce cas). Il y a 285 abonnés en règle sans compter les étrangers (+72). Un petit effort sinon on aura des problèmes.
    Le drôle de l'affaire des réabonnements : quasiment tous les officiels CEA, EDF, ANDRA, DSIN, IPSN, etc.. se sont réabonnés sauf... devinez. Vous avez trouvé le ministère de l'Environnement, sans commentaire!
    Plusieurs nouvelles sont tombées sur SPX;
- la première est que c'est EDF qui paiera tout le démantèlement. Nos montages de firmes internationales sont curieux. NERSA dégage en touche sur son principal actionnaire (51 %) et en plus tous les participants étrangers sont payés en électricité.
- la deuxième est qu'une soixantaine de personnes de NERSA (sur 732) menace d'occuper un site, de refuser d'obéir. Du chantage avec du nucléaire, comme quoi tout est possible. Même s'il est normal de se préoccuper du sort de la région où se trouvait SPX, il n'y a pas d'excuses à prendre en otage le réacteur et la sûreté.
    Claude Birraux (office parlementaire) a organisé une audition sur le futur réacteur européen (EPR), enfin, plutôt franco-allemand. La collaboration se porte on ne peut mieux, les allemands ont passé un accord avec BNFL (British Nuclear Fuel Limited), soit le concurrent direct de COGEMA (bon la coopération est avec EDF mais tout de même) et les français ont eux flirté avec GEC Alsthom, concurrent de Siemens. Ce ne sont que des coups de canifs, tout va bien... Ce qui va moins bien c'est que la conception de ce réacteur date toujours des années 70. On a seulement travaillé la sûreté parce qu'allemands aidant on a pris en compte le risque hydrogène; TMI a contraint à croire à la nécessité d'un récupérateur de coeur tondu. Mais rien sur un réacteur fabriquant moins de plutonium (parce qu'il le consomme) et surtout moins d'actinides. Il resterait les produits de fission et ce ne serait pas un mince problème. A mon avis ce qui condamne le nucléaire, c'est:
- la possibilité d'accident si grave qu'on ne peut en mesurer les conséquences (voir Tchernobyl qui continue à poser question) et - l'incapacité à mettre en oeuvre des solutions plus propres, moins dévoreuses d'énergie.

suite:
    Certes le C02 et l'effet de serre existent, mais comme ce sont les transports qui ont le pompon, on peut faire du classique (gaz et charbon). Leur contribution au C02 sera marginale d'autant plus qu'on mettra en oeuvre une vigoureuse politique d'économies d'énergie.
    A ce sujet je suis tombée sur un schéma donné à des futurs enseignants de géographie (ceux qui doivent faire la propagande pour EDF mais il y a des défections...). Ce schéma présentait les gisements charbon, gaz, uranium, pétrole et tenez vous bien Superphénix. Eh oui les 70 fois plus d'énergie ou même 140 parfois si on transformait tous les atomes de l'uranium 238 en plutonium ont la vie dure...
    A part cela le directeur de l'Energie et des Matières Premières (DGEMP) nous a confié qu il y avait 4 réacteurs de trop sur 58 et que ce surplus resterait jusque vers 2015 (soit 4 ou 5 +- 2) Comme l'un des directeurs d'EDF a annonce qu'on utilisait 7 réacteurs pour l'exportation on retrouve bien nos 12 réacteurs excédentairesqui «nous donnent des devises et... des déchets. Je ne sais pas ce qu'on gagne vraiment.
    Les allemands n'ont pas caché que pour le moment l'EPR n'était pas compétitif avec le charbon ou le gaz (sauf dans le fin fond de l'ex-RDA). Quant aux français ils ont reconnu la même chose d'autant plus qu'on a un excès de réacteurs. D'où, qui va se payer un 1750 MWé? La Turquie, la Chine... a-t-il été suggéré. La réponse est non, car les seuls pays qui peuvent supporter un tel monstre sont la France et l'Allemagne, d'où la France vendra à l'Allemagne et l'Allemagne vendra à la France... De plus comment envisager de vendre à la Turquie? A-t'elle la possibilité d'accueillir un tel réacteur et quel est son niveau technologique ?
    La C.G.T. nous a fait un super numéro:
    Le nucléaire est l'avenir de l'humanité, c'est propre, c'est beau. c'est grandiose. Superphénix en était le fleuron, il est arrêté. L'EPR sera le nouvel oriflamme. Les déchets on trouvera et on doit penser à nos enfants pour qu'ils aient de l'énergie et de l'électricité. Il y a des malheureux même en France. On n'exportera notre savoir-faire et tout se passera bien. Il n'y aura plus d'armes mais de beaux réacteurs. Leur discours est affolant parce que totalement irréel. Ils savent et nous le savons tous qu'on ne pourra pas empêcher un pays de se doter de la bombe. Ils savent que le nucléaire n'est pas générateur d'emploi, bien au contraire. Il rend les régions dépendantes d'une seule source d'argent et d'un gros machin qui envoie ses immondices ailleurs.
 p.1

    Difficile la discussion car il faut être deux pour discuter et vraiment dans ce cas on a affaire à un monologue.
    Finalement cette audition nous a appris que, contre vent et marées on essaie encore de nous faire le coup du "fait accompli" avec le nucléaire que l'on fera gigantesque, que l'on "moxera". Heureusement que:
- On a déjà trop de réacteurs alors...
- on veut les faire durer 30, 40, voire 60 ans donc pas de nouvelles constructions pour le moment. Il est grand temps de se mobiliser si on veut faire mettre sur pied une politique énergétique nouvelle.
    Un petit résumé rapide du contenu de la Gazette.
    Pour commencer un dossier énergie avec la présentation du secrétaire d'état à l'énergie, agrémenté de schémas (que j'ai refaits, ceux du dossier étaient trop moches, je pense ne pas avoir fait d'erreurs). Bon, le nucléaire y est très central mais on évoque économies d'énergie et complément par le gaz. Ce premier texte date d'octobre. En février, il y a eu un comité interministériel avec au menu, SPX, l'énergie et l'expertise.
    SPX tient quasiment tout le dossier mais il y a une esquisse courte d'options nouvelles pour une nouvelle politique énergétique plus diversifiée. Pour que cela se réalise, je crois qu'il faut intervenir, sinon barre vers le nucléaire avec en prime le fameux EPR.
    En ce qui concerne les déchets. il n'y a pas de nouveauté, à part l'attente de l'échéance des élections. Enfin j'exagère car s'il est toujours question des "labos"(?) profonds et de la Meuse, on parle des stockages en sub-surface. C'est donc un progrès.
    Dans ce dossier j'ai inséré une critique du pré-rapport Vesseron-Mandil, dossier dont la conclusion principale est MOX en avant toute.
    Petit dossier sur les déchets, résidus de mines, ferrailles. huiles usagees enfin ce qu'on appelle TFA. Gros probleme s'il en est car il n'y a pas de réglementation, pas de sites et on peut tout craindre. La CRII-rad vient à Nice de trouver un endroit contaminé résidu de travaux médicaux (?), de quoi ? Il n'y a plus qu'à chercher. C'est bien la notion pollueur-payeur si le pollueur joue franc jeu et accepte ses responsabilités. Pour le moment les pollueurs se défilent...
    Le Compte rendu de l'assemblée générale du GSIEN et le dossier sur SPX qui en est sorti.
Puis le coin associatif:
L'ACRO et les mesures à la Hague
Stop Essais et les vieux sites militaires Nuke info et les fissures japonaises
L'Alsace avec un dossier sur Paluel, La Corse et Charpak.
Bonne lecture, à bientôt.
N'oubliez pas de m'envoyer des nouvelles de vos associations.
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SOMMAIRE
Dossier Energie:Mission Energie (1997), Etude du rapport Mandil-Vesseron, conférence de presse sur l'énergie, point sur les laboratoires
Dossier déchets:résidus miniers, TFA -1) position ANDRA, 2) position CEA, 3) EDF recyclage ferrailles
AG GSIEN:résumé, texte sur Superphénix, faut-il croire les experts?, un coeur à prendre!
Notes de lecture, Le coin des associations
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