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SOUVENIR

DISPARITION DE VINCENT COUTROT
Ingénieur au CEA
(Alex W. du Prel Tahiti-Pacifique Août 1996 n° 64)

Un décès "politiquement non correct "

Frappant était le silence, des quotidiens de Tahiti (excepté " Les Nouvelles "), de RFO, monopole d'État de l'info télévisée et des leaders politiques lors de la regrettée disparition de M. Coutrot. Cet homme exceptionnel était non seulement l'un des grands pionniers du CEA dans le pacifique, fondateur d'une famille tahitienne, mais aussi celui qui introduisit l'énergie solaire en Polynésie française. Silence d'autant plus frappant lorsqu'on compare à la large médiatisation d'un autre décès une semaine auparavant, celui d'un bien peu connu ancien directeur de cabinet d'Alexandre Léontieff, lequel n'avait aucun lien familial local. Pourtant là, de longs reportages télévisés, éditos, éloges et pages entières de photos traitaient de son inhumation. Pourquoi un tel déséquilibre ?

Certainement parce que Vincent Coutrot a succombé à une leucémie (cancer du sang), une maladie Ô combien " politiquement non correcte " à Tahiti car trop souvent associée aux radiations atomiques. En plus, il osa nous quitter le jour même où l'OMS publiait des statistiques qui indiquent que le taux de cancers de la thyroïde chez les Tahitiennes est un des plus élevés au monde, après la Nouvelle-Calédonie. Il est évident que le décès de M. Coutrot devait "gêner".

Surtout que l'on pourvait émettre des hypothèses fondées sur l'origine de sa terrible maladie. En réponse à nos questions, il nous adressa un courrier que nous avions publié en septembre 1995 (TPM n° 53) et où il expliquait sa maladie, un message ambigu selon lequel on pouvait, ou ne pouvait pas, lier sa maladie avec ses activités professionnelles passées.

En revanche, une relation plus certaine pouvait être supposée suite à des conversations privées avec cet homme réputé pour sa droiture, lequel par la suite nous fit parvenir une documentation scientifique remettant en cause la validité des doses de radiations maximales "acceptées".

Il faut rappeler ici que plusieurs autres grands personnages ayant assisté à des essais aériens ont succombé à cette rare maladie qu'est la leucémie. Parmi ceux-ci le ministre gaulliste Gaston Palewski, persuadé que sa maladie résultait de l'accident où il fut enveloppé par un nuage radioactif dans le Hoggar ainsi que, selon des sources non vérifiées, Jean Sicurani, gouverneur de Tahiti de 1965 à 1969


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