GAZETTE NUCLEAIRE

TCHERNOBYL, TROIS ANS APRES
 L'APRI ET LA CARTE INDIVIDUELLE RADIOLOGIQUE

6.10.19888

JP aux médecins et aux physiciens qui ont
quelque sympathie pour l'action d'information
menée par l'APRI depuis 1962

     Bonjour,
     J'ai appris récemment que le ministère français de la santé publique et celui du travail diffusent une carte individuelle radiologique, dont un exemplaire ci-joint.
     Dès le début de l'action de l'ACDR (Association Contre le Danger Radiologique, première dénomination de l'APRI), nous avions mis au point avec le Dr Pierre Pizon une fiche d'irradiations médicales, dont un exemplaire ci-joint.
     La comparaison de ces 2 documents m'incite à écrire à ces deux ministres. Voici le projet de cette lettre que je vous serais très reconnaissant de critiquer (textes à corriger, autres questions à poser, ordre de présentation des questions).

     Monsieur le Ministre,
     J'ai l'honneur de vous demander quelques renseignements au sujet de la Carte Individuelle Radiologique, que les DDASS diffusent:

     1) Pourquoi la page intérieure ne comporte-t-elle pas une colonne permettant aux praticiens d'indiquer la dose moyenne infligée au patient à chaque examen (ces doses moyennes étant connues des radiologues et pouvant au moins être communiquées par le SCPRI aux médecins utilisateurs) ?

   .

p.30

     2) Pourquoi l'équivalent de dose maximal admissible pour l'organisme entier, les organes hématopoietiques et les gonades pour les individus du public n'est-il pas indiqué?
     3) A quelle date cette Carte Individuelle Radiologique a-t-elle été mise en circulation par les DDASS dans le public?
     4) Pourquoi les doses sont-elles indiquées en millirad, le rad étant une unité périmée depuis le 1.1.1986 ?
     5) Pourquoi les expositions dues à des traitements ne sont-elles pas prises en compte ? Même si les doses médicales ont été exclues de la dose générale par la CIPR, elles existent bien et leur connaissance serait très utile pour les praticiens; elles permettraient de connaître les contaminations.
     6) Pourquoi les bénéficiaires de cette carte ne sont-ils pas invités à reporter (même approximativement et brièvement) les examens et traitements antérieurs dont ils peuvent retrouver le souvenir, notamment grâce aux clichés par eux conservés ?
     7) Comment la dose annuelle moyenne imputable aux industries nucléaires a-t-elle été calculée ? Sur la dose théorique des industries nucléaires françaises en fonctionnement normal ou sur la dose constatée des industries françaises et étrangéres (n'oublions pas Tchernobyl) ?
     8) Pourquoi les expositions imputables aux retombées 
des essais d'armes nucléaires et de moteurs nucléaires de 
satellites ne sont-elles pas prises en compte ? 
     9) L'indication pour mémoire: 1 cigarette = 5 mrad, a-t-elle pour but de faire comprendre que les fumeurs de 40 cigarettes (200: 5) et plus devraient vivre continuellement dans un abri construit en un matériau n'émettant aucun rayonnement et ne comportant aucun appareil ou montre émettant des rayonnements ?
     10) Pourquoi «millirad» prend-il un «s» au pluriel, les
unités nommées par une abréviation (m pour mètre, par
exemple) ou artificiellement (rad, rem, par exemple) restant au singulier pour ne pas être confondues avec des vitesses par seconde ou des débits de dose par seconde ?
     Dans l'attente de votre réponse, veuillez agréer, Monsieur le Ministre...
Bien cordialement à vous
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