GAZETTE NUCLEAIRE
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THREE MILE ISLAND
ENCARTS
 
ENCART 1
Les caractéristiques de la centrale de Three Mile lsland
Lieu Géographique
Commune de Dauphin County - Etat de Pennsylvanie (États-Unis).
Aéroport civil à 4 km.
Villes voisines
Middletown - 5 km - 9 000 habitants
Harrisburg - 16 km - 68 000 hab.
Lancaster - 25 km - 580.000 hab.
Ainsi on trouve 9 700 habitants dans un rayon de 5 km et pratiquement 1 millions d'habitants dans un rayon de 50 km.

Caractéristiques générales
Architecte industriel : B et R / Gilbert
Chaudière : Babock et Wilcok
Groupe Turbo-Alternateur : Westinghouse
Puissance thermique : 2 772 MW
Puissance électrique brute 959 MWe
Puissance électrique nette 905 MWe, soit un rendement de 32,7 %
Refroidissement sur réfrigérant atmosphérique à tirage naturel

Historique
Commande chaudière 3 février 1967
Permis de construire 4 novembre 1968
Mise en service industrielle prévue à l'origine en octobre 1976
Première criticité :28 mars 1978
Mise en service industrielle réelle : 30 décembre 1978

Caractéristique de la chaudière
Température d'entrée du coeur : 291 o C
Température de sortie du coeur : 320 o C
Pression 150 bar
Masse des éléments lourds (UO2) : 82 t.
Enrichissement initial : 2,57
Nature de la gaine : Zircaloy 4
Type réseau: 15 x 15.
Générateur de vapeur (type Babock)
nombre : 2
tubes en inconel  


 (suite)
suite:
Turbine
vitesse de rotation 1800 tour/minute
température de vapeur haute pression : 296 o C
pression de vapeur haute pression 62 bar
pression au condenseur : 85 millibar.
Enceinte : béton précontraint + acier.
ENCART 2
Quelques problèmes de soupape... et autres
21 mars 1979 : lors d'essai en inactif (combustible non chargé), sur la tranche de Bugey 5, non fermeture intempestive des vannes de décharge du pressuriseur, entraînant une dépressurisation du circuit primaire et la rupture d'une membrane du réservoir de décharge du pressuriseur...
6 avril 1979 : lors des essais en inactif sur une tranche de Gravelines, non fermeture d'une soupape sur le circuit de refroidissement du réacteur à l'arrêt et rupture d'une membrane du réservoir de décharge : 300 m3 d'eau « primaire » dans le bâtiment réacteur.
     On peut s'interroger sur la volonté de tenir compte de ces «incidents» lors des essais lorsqu'on lit, dans une note interne à EDF, que pour les matériels électriques:
«Il n'y aura pas répercussion des résultats d'essais sur les matériels de Fessenheim et de Bugey ; la seule exception concerne les moteurs RRA de Bugey pour lesquels le SCSIN n'a accepté la mise en service que sous réserve que la qualification soit obtenue pour les moteurs identiques du Cp1»
RRA : refroidissement. du réacteur à l'arrêt.
SCSIN : Service Central de Sûreté des Installations Nucléaires (le zinzin pour les habitués!...)
CP1 : Contrats programme no 1, autrement dit les tranches 900 MWe après Bugey.
ENCART 3
Quel est le poids des services de sûreté en France?
Le 5 février 1978, M. Christian de Torquat, chef du Service Central de Sûreté des Installations Nucléaires (Ministère de l'Industrie) écrivait au Directeur du Gaz et de l'Électricité au même ministère de l'Industrie, la lettre suivante (référence SIN 282/78):
Objet : Déclaration d'utilité publique des travaux de construction d'une centrale nucléaire sur le site de Cattenom (Moseile)
Référence : Votre lettre AS-2 - P/CN 593 du 2 janvier 1978
 p. 9

     Par lettre citée en référence, vous m'avez adressé le dossier d'enquête relatif à la déclaration d'utilité publique des travaux de construction d'une centrale nucléaire (deux tranches de 900 MWe et deux tranches de 1300 MWe) sur le site de Cattenom et vous m'avez demandé mon avis sur les problèmes de sûreté qui pourraient être liés au choix de ce site.
     A cet égard, j'ai l'honneur de vous faire savoir que j'estime que le site de Cattenom présente, notamment du point de vue de la répartition de la population, des caractéristiques nettement plus défavorables que la plupart des sites précédemment utilisés pour l'implantation de tranches nucléaires. Cette constatation m'a amené, dès le 29 octobre 1975, à appeler l'attention du ministre sur les réserves de mon service sur le choix de ce site. En outre, dans le cadre de l'instruction de la déclaration d'utilité publique des travaux de construction d'une centrale nucléaire sur le site de Cattenom, je vous ai d'ores et déjà précisé de façon détaillée la position de mon service sur le choix de ce site; je vous rappelle à cet égard les termes de ma lettre SIN no 1432/76 du 14 décembre 1976.
     Par ailleurs, comme vous le savez, le ministre de l'industrie, du commerce et de l'artisanat a, par lettre CAB no 4312 Z du 22 septembre 1977, demandé au Premier ministre qu'une réflexion sur les directives qui pourraient être élaborées quant au choix des sites des centrales nucléaires pour ce qui concerne les problèmes liés à la densité et à la répartition de la populàtion, soit menée au sein du comité interministériel de la sécurité nucléaire. Cette réflexion n'a pas, à ce jour, atteint un stade qui permette d'en esquisser les conclusions.
     Dans ces conditions et dans l'attente des résultats des travaux précités, je ne peux que maintenir les réserves que j'ai déjà exprimées depuis plus de deux ans sur le choix du site de Cattenom pour l'implantation de tranches nucléaires. »
     Ce qui n'a pas empêché, malgré toutes les réserves du Service chargé de la Sûreté, M. Giscard d'Estaing d'annoncer qu'il fallait que des tranches nucléaires soient engagées le plus rapidement possible sur le site de Cattenom.

Questions:
- A quoi sert le SCSIN?
- Pourquoi ses avis ne sont-ils pas rendus publics?


ENCART 4
     Après la diffusion, le 27 avril, du premier rapport de MM. Roche (SCSIN) et Cayol (CEA), le Ministère de l'Industrie a annoncé que celui-ci serait étudié par six personnalités membres de l'Académie des Sciences. Le GSIEN a publié le communiqué suivant:
     « Le Groupement de Scientifiques pour l'Information sur l'Energie Nucléaire s'élève avec vigueur contre la campagne qui tend à faire croire que l'information va être faite sur les conditions de sécurité des centrales nucléaires construites en France.
     Nous avons appris avec tristesse mais sans réelle surprise l'annonce faite par Monsieur André Giraud, de la création d'un comité compose de hautes personnalités scientifiques, qui sera chargé d'examiner les conclusions des experts et qui «suggèreront les mesures à prendre en France pour renforcer la sûreté des installations ».
     Avec tristesse, car si certaines de ces personnalités n'ont jamais cessé de faire chorus avec nos officiels, il est certain que les autres, d'une honnêteté reconnue, se sont laissés piéger dans un comité croupion qui ne peut servir que d'alibi à nos décideurs.
     La preuve en est, la suite de la déclaration de Monsieur André Giraud, qui a déjà conclu avant même que le comité se soit réuni (et qui comme le premier ministre, avait déjà dès le 31 mars 1979 émis des avis défmitifs) «il n'est apparu aucun élément de nature à modifier notre attitude à l'égard des centrales à eau légère du modèle utilisé en France, ou à remettre en cause notre doctrine en matière de sécurité nucléaire. » (Le Matin de Paris, 25.04.79).
     Ce n'est pas un comité de sages qu'il faut, mais une commission d'enquête qui élaborera un document contradictoire, commission d'enquête qui doit comprendre outre des représentants officiels, des représentants des travailleurs, des scientifiques ayant émis des doutes.
suite:
     Cette commission doit être habilitée à avoir accès à tous les dossiers. Les dépositions doivent être publiques.
     La démocratie pratiquée en France serait-elle en retrait par rapport à l'Angleterre qui a fait les auditions de Windscale, par rapport à l'Allemagne qui vient de procéder à une analyse publique du dossier de l'usine de retraitement de Gorleben?
     Ont participé à ces travaux des contre-experts de toute nationalité, Arnéricain, Anglais, Suédois et même Français.
     Pourquoi faut-il qu'en France, le principe soit toujours celui des enquêtes d'utilité publique, où un commissaire enquêteur peut se permettre de considérer que, comme il n'est pas compétent, il ne tient pas compte des avis contre, mais fait entière confiance aux experts officiels (exemple: enquête sur le site du Pellerin)?
     Aux U.S.A., il fallut un scandale pour que la N.R.C., organisme indépendant de l'AE.C., des constructeurs et des exploitants, soit créé.
     Aura-t-on toujours en France la chance que les incidents comme celui survenu à Bugey le 21 mars 1979 sur la tranche 5 (avec l'ouverture de la vanne de décharge et rupture de la membrane du ballon de décharge analogue à Three Mile Island) ou celui survenu à Graveline le 3 avril 1979 (perte de 50 m3 d'eau du circuit primaire par défaillance d'une vanne du circuit de refroidissement du réacteur à l'arrêt) aient lieu toujours lors des derniers essais en inactif, environ 3 mois avant le démarrage de ces réacteurs ?
     Faudra-t-il un Three Mile Island français pour que soit créée une commission indépendante dont les conclusions seront respectées et qui pourra imposer ses décisions à EDF et Framatome?
     De toute façon, le programme électronucléaire français repose sur un bluff permanent soutenu par une campagne d'intoxication faite sous forme d'une information lénifiante et tronquée.
     Le G.S.I.E.N. rappelle avec force sa demande d'un débat sur la politique énergétique française et plus particulièrement sur la part de 1'électronucléaire. Il demande en outre l'arrêt du programme en l'état des centrales divergées, tant que ce débat n'aura pas eu lieu.
ANNEXE 1
Situation de quelques corps radioactifs à l'arrêt du réacteur
(présentation à améliorer...)
                                      Période                   Activité
                                                                  Curies/tonne
KRIPTON
83 m                           1,86 h                        1,23 105
85 m                           4,5 h                          1,7   105
85 f1                          10,7 ans                      9,85 103
87                                1,27 h                       5,13 105
88                                2,8 h                         7      105
892                             191 sec                       8,6  105
903                             32,3 sec                      8,3  105
IODE
128                             1150 sec                        104
1291                          1,6 107 ans                    3 102
130 m                           552 sec                      1,5 104
130 f                             12,3 h                        2,13 104
131                             8,03 jours                    1,07 106
132 f                              2,3 h                         1,54 106
133 f                              20,8 h                       2,15 106
135                                 6,7 h                          2 106
1374                               230 sec                      2 106
XENON
131 m                            12 jours                      7,05 105
133 m                              2,25 j                        3,1  105
133 f                                 5,3j                         2,16 106
135 f                                9,14 h                       5,06 105

1. EquiIibre non atteint à TMI.
2. Donne du Strontium 89 de période 50 jours.
3. Donne du Strontium 90.
4. Donne du Cesium 137.

 p.10
(p. 11: schéma du réacteur dans le 1er dossier)
ANNEXE 2
Pour les amateurs, nous donnons ci-dessous les schémas des circuits auxiliaires d'un réacteur PWR (ici Bugey 2 et 3)
(p.12)


ANNEXE 3
Informations nucléaires

     A titre d'information et sans aucun commentaire, le lecteur jugera, nous donnons intégralement un texte paru dans le Bulletin no 128 (mars 1979) d'information des chefs d'Unité d'Electricité de France

QUELQUES REGLES DE BONNE PRATIQUE EN MATIERE DE RELATIONS PUBLIQUES

1. Se référer constamment à la notion de service public
· Avoir le souci prioritaire de l'intérêt du client, de l'accueil du public, de la réduction des inconvénients qui résultent pour lui de la construction et de l'exploitation de nos ouvrages;
- Ne pas se prévaloir abusivement de l'intérêt général même si nous avons la conviction de lui subordonner toujours celui d'EDF;
- Ne pas laisser dégénérer « l'esprit maison » en une appropriation de l'entreprise par ses agents
- Faciliter au personnel cette «défense de la nationalisation», à laquelle il tient comme la Direction, en recherchant toujours avec lui la qualité du service et des relations extérieures.
2. Passer de l'information aveugle et sourde à la vraie communication
- Se vouloir le plus possible une maison de verre, mais en se comportant en conséquence;
- Limiter au minimum strictement indispensable le domaine du secret et du confidentiel
· Ne pas répugner à avouer les faiblesses de l'entreprise si on a la volonté de les combattre

suite:
· Dénoncer la rétention intéressée de l'information tant interne qu'externe;
· Faire la chasse au jargon des spécialistes. S'attacher à bien se faire comprendre
· Se garder de l'illusion qu'il suffit d'informer pour intéresser et à plus forte raison pour convaincre
· Admettre que la seule rationalité technico-économique ne suffit pas à entraîner l'adhésion et que l'information est inutile si on ne sait la faire désirer
· Etre à l'écoute des publics interne et externe. Accueillir avec attentions les points de vue différents et rechercher leur complémentarité
- Favoriser toutes les formes d'information remontante et mieux cerner les vrais centres d'intérêt du personnel
· Améliorer le dialogue avec le personnel par l'ouverture, la loyauté, l'appel au respect du service public
- Comprendre que les hommes ont plus besoin de considération que d'information, surtout si cette information ne les implique pas directement.
3 - Donner toute l'importanoe qu'elles ruéritent aux Relations Publiques
· Ne pas considérer les Relations Publiques comme une fonction secondaire destinée seulement à « mettre dc l'huile dans les rouages », car une bonne image de l'~tabh.ssement demande bien d'autres efforts
· Chasser l'esprit technocratique et marquer une juste considération aux hommes de plume ou de tribune.
 p.13

Notes:
7. Voir note 5

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