L'ENERGIE,
RISQUES ET PERSPECTIVES
TABLE RONDE Université
de Genève
22/11/2001
Intervenants:
Bernard Lachal
& Franco Romerio (CUEPE )
, avec
Robert Klapisch
& Yves
Renaud (CERN)
AUDITOIRE R-280 Uni-Mail
40 bld du Pont d'Arve
Une chose
est sûre: l'ère d'Atoms for Peace est définitivement
terminée;
et, comme au premier temps
du nucléaire,
sa valeur d'usage politico-militaire surdétermine sa possible
valeur d'usage civil
Michel Damian
PREMIERE
PARTIE: RISQUES
Risques
énergétiques
Economie / violence
La Science
...Afghanistan
SECONDE PARTIE: PERSPECTIVES
Généralités
NORD-SUD
Futur?
Conclusions
Bibliographie, sites internet
En exergue, pour sortir
de l'inévitable:
«Science sans conscience n'est
que ruine de l'âme» de Rabelais,
je vous propose, plus en rapport avec
l'énergie et les énergies renouvelables:
«La misère
m'empêcha de croire que tout est bien sous le soleil et dans
l'histoire;
le soleil m'apprit que l'histoire n'est pas
tout»
(Albert
Camus)
La
révolte de Camus pose la question de la responsabilité des
hommes de science face à leurs découvertes et face à
l'utilisation qui en est faite avec les conséquences politiques,
écologiques et orales qui en découlent. Finalement, l'absence
d'éthique est le reproche fondamental de Camus à l'égard
des scientifiques.
-1)Je
ne parlerai que peu de technique, d'abord parce que les autres intervenants
le feront mieux que moi, mais surtout car la problématique énergétique
n'est pas seulement un problème technique , pour mieux
me mettre à la place de l'assistance et pouvoir modifier mon "regard"
grâce à ses réflexions éminemment… renouvelables
!
-2)Mes
interventions pourront donc paraître "décalée", mais
l'assistance n'étant sûrement pas composée que de spécialistes
et/ou de "techniciens", je pense que l'être moins facilitera vos
réactions à tous et permettra mieux un questionnement sur
des risques que l'on… risque
d'oublier ou même, pas abordés etmêmesur certains
" dogmes" du monde de l'énergie!
(avec l'accord de J-L.Sudan)
-3)Cette
position venant d'une formation moins "orthodoxe" dont je serai sûrement
amener à parler!
Ma position "décalée":
pourquoi?
Avant
tout: ma position ne saurait bien sûr refléter celle du CERN,
mais j'y reviendrai, en particulier lors de l'intervention de Mr Klapisch
qui m'a proposé d'intervenir (depuis "
un défi du 21ème siècle ", commentaire d'une
de ses conférences au CERN…). Mais il se trouve aussi que je viens
de publier dans "Graviton" un magazine du CERN: "Des énergies
du désespoir aux énergies du futur!" , texte écrit
- je le précise - AVANT les… événements. Est-il nécessaire
de signaler que les préparatifs de cette manifestation ont également
débuté bien avant, mais il me paraît difficile d'en
faire abstraction, ne serait-ce que parce que parce que la problématique
de l'approvisionnement énergétique y est présente,
sinon au centre; exprimons-nous, chacun avec son… regard, qu'il soit en
phase ou… décalé!
En résumé,
vous êtes invités à
participer
à la promotion d'une… "ENERGÉTHIQUE" ?!
Pour cela, je projetterai
deux images principales:
l'une pour la 1ère
partie "Risques
"
l'autre pour la seconde
"Perspectives"
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PREMIERE
PARTIE: RISQUES
Risques
énergétiques
PREMIERE IMAGE PRINCIPALE
Le Monde,
27/09/2001
Je donnerai
mon commentaire après les réactions de l'assistance
("les filons")
Les
changements climatiques mériteraient de figurer au "tableau"; il
n'en sera fait mention que pour rappeler une certitude, parmi plein d'incertitudes:
nous seront TOUS affectés mais, malheureusement encore une fois,
le Sud en premier
Soyons
volontiers iconoclaste
«Apprendre,
c'est développer l'irrévérence , l'initiative
et la liberté de l'esprit »
(Albert Jacquard)
Dans
le registre des idées auxquelles rien ne peut être opposé,
on trouve cette véritable incantation d'une affligeante et même
effrayante banalité: "Le risque
zéro n'existe pas": mais est-il nécessaire de casser des
oeufs si on n'a pas besoin d'omelette?! "Simplement" répondre aux
souhaits suicidaires des humains est-il vraiment la bonne réponse?
Une société qui repose sur un projet de consommation toujours
croissant de ressources finies est condamnée à disparaître.
"Combien
de temps encore considérera-t-on que beaucoup est bien, que plus
est mieux et que trop pourrait n’être pas assez?" Notre
empreinte écologique, éd. Ecosociété, 1999)
Vous
voulez de l'énergie et du confort à n'importe quel "prix"?
Vous voulez du confort sans éthique? Vous en aurez ! Mais comment
fournir de l'énergie "à ce prix" sans violence
? Est-ce cela qu'on appelle « » (et autre «
risque acceptable ») pour le progrès? Rappelons
le
rapport 2000 d'Amnesty International, qui avait fait grand bruit en
parlant de « Coût humain du pétrole» en
parlant des exactions commises autour des champs pétrolifères.
Rappelons les trois caractéristiques
essentielles définies par le Conseil Mondial de l'Energie pour l'énergie
du futur: disponibilité - accessibilité - acceptabilité
(une 4ème sera donnée dans la seconde partie / "Futur"…).
Répondons tous à cette question: lesquelles des énergies
y répondent? Pour nous aider, constatons en plus la fragilité
de la sophistication, la vulnérabilité de la centralisation,
l'insaisissabilité de la globalisation qui débouche sur la
généralisation de… concentrations, sans compter que les
énergies en découlant entraînent des accidents… d'extermination
(seul lien qui sera fait avec Tchernobyl…) ! A ce sujet, une
bonne nouvelle! France 1989: création d'une structure de prévention
des risques technologiques et en
1996: suspension de ses activités => il n'y a donc plus de risques
technologiques en France!…
Grands centres
énergétiques
: instruments de puissance ET talons d'Achille de nos sociétés!:
choisir entre gigantisme et sécurité.
Accidents technologiques
majeurs: 3-4/5 ans (1940-70) => 30 depuis 1970 !
Risque
de… dépendance par filière unique. Risques
économiques (inadéquation du nucléaire avec la libéralisation…)
et donc financiers (surtout pour le Sud: immobilisation de capitaux énormes
Un calcul connu de Benjamin
Dessus: pour différer, ne serait-ce que d'une trentaine d'années,
le doublement du taux de gaz carbonique - seuil considéré
souvent comme fatidique et qui pourrait être atteint vers 2030, -
c'est plus de deux mille tranches supplémentaires de 1000 mégawatts
qu'il faudrait construire. Quels pays pourraient dégager les capitaux
nécessaires en faveur d'une option qui, de toute façon, ne
pourrait satisfaire tous les besoins? :
Nucléaire: ne peut faire que de l'électricité
(cogénération), chaîne globale (coûts/autoconso,
eau, ...), hypothèse EDF de 60% chauff. élec, secret, part
marginale / niveau mondial, stockage déchets // évolution
humaine!…
J'ai
parlé de dogme: je
pense qu'il serait temps de ne plus considérer que les ressources
énergétiques telluriques (des sous-sols) sont des richesses,
en tout cas pour les pays où elles sont! Je me permets de m'insurger
quand on affirme qu'il est vital pour les pays producteurs d'augmenter
leur production (d'hydrocarbures ou autres) pour permettre d'assurer leur
développement.
Car
il est un problème encore peu abordé, précurseur
d'une violence pourtant évidente,
et peut-être délibérément évacué
pour cette raison: au-delà du fait qu'on devra trouver autre chose
(et au-delà de « la Science trouvera "bien" une solution!»):
que sera "l'après-pétrole" des anciens fournisseurs ?
(actuels… " filons "!)Si grave soit la future situation dans les
zones industrialisées, elle se révèle infiniment plus
dramatique dans les pays sous-développés non producteurs
de pétrole. Pouvons-nous imaginer n'en subir aucune retombée
par les multiples déséquilibres qui en résulteront.
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Liens
économie / violence
Un peu de "politique économique"
Personne
ne peut plus nier la nécessité de modifier durablement nos
comportements et pourtant qu'entend-on? Recommencez à consommer!
Ce qui revient à associer le gaspillage et ses multiples conséquences
à un geste civique !
En
deux mots, la croissance durable est une impossibilité et un mythe
et les politiques qui se fondent sur ce concept sont irréalistes,
voire dangereuses, en parant au plus pressé avec des recettes d'autrefois.
Pour
ne pas rester incantatoire et passer pour pur utopiste, voici un simple
exemple que j'emprunte à Albert Jacquard dans son " Equation
du nénuphar": une augmentation de 2% par an - qui semble bien
modeste et raisonnable - correspond à une véritable explosion
quand on raisonne à long terme: le doublement étant obtenu
en moins de 35 ans, avec multiplication par 8 au bout d'un siècle
et par 64 après seulement deux siècles! Vouloir toujours
plus, c'est donc vouloir que rien ne change! Autrement dit: vouloir tout,
c'est se contenter de peu!! Et paradoxalement, on se satisfait de PEU quand
on a envie de TOUT!!!
Le rêve
de toute-puissance (infantile) et le confort des nantis (souvent séniles)
ne sont donc que ceux des inerties (pas forcément fossiles)
=>
Image " Congrès
des inerties fossiles " !
De cette forme de progrès, je ne dirai qu'une phrase:
pourquoi ne serait-il pas plus moderne (plus passionnant, plus gratifiant)
de chercher à être plus efficace pour le même service
que de chercher pour consommer plus? Par exemple, alors qu'une même
dépense affectée aux économies d'énergie réduirait
sept fois plus les émissions de gaz carbonique que si elle était
affectée à la construction de centrales nucléaires!...
Un
premier parallèle entre violence
et énergie et en rapport avec cette formation peu "orthodoxe": j'étais
en formation au CUN du Larzac quand le mur de Berlin est tombé
(connaissez-vous? José Bové? Lutte contre l'extension de
ce qui aurait du devenir le plus grand terrain militaire de France, centre
international d'étude des multiples formes… "institutionnelles"
de la violence et particulièrement
en France, plus en rapport avec le sujet d'aujourd'hui les conséquences
de la primauté sans discussion de l'énergie nucléaire):
une de nos conclusions a été que les USA semblant rester
seule grande superpuissance cela risquait de finalement poser un plus grave
problème encore.
Risque
= violence potentielle = résultat d'oubli(s) de prise en
compte de l'humain, de l'environnement et… du futur, c.à.d. de diverses
formes de solidarité
Oubli
de mondialisation… de la solidarité et donc de la citoyenneté
=> Institutionnaliser cette citoyenneté.
Risques
"politiques" = institutionnalisation de la violenceby
other means» se traduit hélas souvent à l'envers
: «La politique est la continuation de la guerre avec d'autres moyens
»!
Est-il encore utile de
rappeler à quel point énergie, science, guerre et paix se
trouvent imbriquées et que le contrôle des sources
énergétiques (DU PASSÉ !) et ses moyens
de transport est très important pour ceux qui dominent le monde?
Parce que c'est un atout majeur dans la guerre économique et la
garantie que la domination perdure; aussi n'est-il probablement pas exagéré
de parler de l'énergie comme colonne vertébrale de l'économie.
Identité n'est pas synonyme de puissance : les grandes… puissances
ne peuvent probablement se penser que comme puissances; la crainte de devoir
abandonner leur position hégémonique - qui a forgé
leur relation au monde - leur est synonyme de la peur de voir se dissoudre
leur identité, née, pour faire référence à
l'actualité, de 1492, date qui voit coïncider la "découverte"
de l'Amérique et l'expulsion des juifs et des musulmans d'Espagne,
expulsion des sources non chrétiennes de la civilisation ( , dans
son essai « L'Occident et les autres: histoire d'une suprématie
»!
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La
Science
A la faveur de la prétendue
neutralité de la science qui fait que toute technologie est présentée
comme pouvant être utilisée aussi efficacement pour le bien
que pour le mal (le "complexe du couteau"), quantité d'atomistes
s'empressèrent de faire miroiter aux yeux de l'opinion publique
et des politiques le nouvel Eldorado qu'était censée apporter
une production pratiquement illimitée d'énergie d'origine
nucléaire toujours moins chère dans des centrales fondées
tout d'abord sur la fission par neutrons lents, puis sur la surgénération,
en attendant la fusion thermonucléaire (et en passant peut-être
par l'Amplificateur d'énergie, dont Robert Klapisch fera sûrement
mention…).
=> Rappel de phrases fameuses
mais trop souvent "refoulées"!
-1)
L'énergie issue du plutonium sera "too cheep to measure
= trop bon marché pour être mesurée"(Wenberg
dans les années 50.)
-2)
"Les déserts fleuriront, l'eau de mer deviendra eau douce, les montagnes
pourront être déplacées, les rivières détournées,
des complexes agro-industriels surgiront autour descentrales électronucléaires,
entourées de serres, comme un petit paradis"
( Glenn Seaborg en
1951, prix Nobel de chimie, mais qui n'avait cessé de militer contre
la bombe atomique, dont il était pourtant l’un des pères
car découvreur du plutonium. )
-3)
Directeur général de l'IAEA à Manille, 10 décembre
1996 : «The problem we face on nuclear waste is not technological
but rather one of explaining to the public that the solutions are adequate.»...
-4)
O.M.S. Genève 1958 (!!!) in Questions de santé mentale que
pose l’utilisation de l’énergie atomique: «(du point de
vue de la santé mentale) La solution la plus satisfaisante pour
l’avenir de l’énergie atomique serait de voir monter une nouvelle
génération qui aurait appris à s’accommoder de l’ignorance
et de l’incertitude»
-5)
« Ce que le peuple américain a retenu de la guerre du
Golfe, c'est qu'il est extrêmement plus facile et plus drôle
d'aller botter les fesses des gens au Proche-Orient que de faire des sacrifices
pour limiter la dépendance de l'Amérique vis-à-vis
du pétrole importé ». (James Schlesinger, ancien
secrétaire américain à l'énergie dans l'administration
Carter, résumant l'opinion dominante aux Etats-Unis depuis la guerre
du Golfe, dans une communication intitulée «Transformation
géopolitique et marché énergétique»,
présentée au 15e congrès du Conseil mondial de l'énergie
tenu du 20 au 25 septembre 1992 à Madrid !
En contreparties de ces mythes:
1) l'extension
du secret-défense à d'importants secteurs de la vie économique
(et pas seulement énergétique: embrigadement progressif de
la science par le complexe militaro-industriel, voir un exemple dans la
disproportion systématique des budgets de la recherche en faveur
des sciences dures tributaires de projets mégatechnologiques qui
ne peuvent qu'accroître les disparités entre riches et pauvres
au sein des nations industrialisées et l'écart croissant
entre nations sur-développées et nation sous-développées!)
2) l'apparition de risques
technologiques majeurs nouveaux aux conséquences presque illimitées
dans le temps
3) le remplacement massif des travailleurs par des robots et
autres machines entraînant la montée du chômage que
seul le recours aux énergies renouvelables et aux technologies douces
eût permis de contrer, comme l'Appel de Genève l'avait déjà
proclamé en 1978. Cf. APAG , Livre jaune sur la société
du plutonium/Yellow Book on the Plutonium Society , La Baconnière,
Neuchâtel, 1981, où il proclame aussi son adhésion
à un modèle de civilisation fondé sur les énergies
renouvelables et les technologies douces, une certaine austérité
économique et… une plus grande modestie scientifique.
L'attitude
scientifique ne consiste pas à croire mais à SYSTEMATIQUEMENT
mettre en doute: proposer des explications en sachant que c'est toujours
provisoire, toujours révisable (le fait scientifique est évolutif)
et surtout elle ne donne pas LA réponse à un problème
moral; les avancées de la science mettent les jeunes en face de
questions que jamais les générations précédentes
n'avaient évoquées => d'où une nouvelle fois ne
pas parer à l'urgence avec des recettes d'autrefois => vouloir
ce qui pourrait être mais réfléchir si ce serait bon!
=>
« Le (…) scientifique (…) donne l'alerte lorsqu'il voit se répandre
des contrevérités ou quand il assiste à des actes
inacceptables. ( …) [Et] ne pas accepter l'inacceptable, c'est [finalement]
entrer en politique».
(Albert
Jacquard, L'équation du nénuphar)
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AFGHANISTAN
(3 mois après le 11 septembre...)
Le doute n'étant permis
pour personne que l'approvisionnement énergétique est au
centre de "l'actualité", je dois "marcher sur des oeufs" (… de fossiles?!).
Mais à la lueur de la "riposte" en cours, n'est-il pas légitime
de penser que les ressources locales sont la première justification
des motivations occidentales? => zones "utiles" et zones "inutiles"?
Rien
que dans cette zone, et rien qu'au niveau des réseaux de distribution,
de nombreux pays s'affrontent autour du tracé des futurs oléoduc
et gazoducs devant amener le pétrole de toute la région
Caspienne vers l'Europe de l'Ouest.
A
noter que la réserve de gaz
naturel serait très grande dans le Nord de l'Afghanistan et que
le Turkménistan possèderait de grandes réserves
d'hydrocarbures, estimées à environ 15 milliards de mètres
cubes (2e ou 3e rang mondial).
Les
voisins s'intéressent au désenclavement de la région,
comme le Pakistan qui prévoit la construction d'une autoroute devant
se prolonger jusqu'au Turkménistan, et surtout deux projets de pipelines
encore à l'étude, solutions vues d'un bon oeil par les Etats-Unis
pour éviter l'Iran et dans le cas de menaces sur le golfe persique...
La
Chine aussi veut profiter de la disparition de l'URSS et bénéficier
de ce marché de proximité. Par exemple, elle propose sur
son sol le passage d'un pipeline qui courrait jusqu'au Japon. Les
Etats-Unis s'efforcent de limiter tout cela et proposent, par exemple,
de faire passer les futurs oléoducs plutôt en direction
de la Méditerranée par la mer Caspienne et la Turquie…
A
noter: au rythme actuel, les forêts de l'Afghanistan auront disparu
dans seize ans… (Science & Vie , Octobre 97, page 34) => fichiers
"Nord / Sud" et/ou "Perspectives".
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SECONDE
PARTIE: PERSPECTIVES
GENERALITES
SECONDE
IMAGE PRINCIPALE
in SEBES
1996 (Uni de Genève, faculté de Droit)
Edouard Dommen / CNUCED,
La
colonisation de l'avenir: courbe de la consommation du pétrole
Risques
… d'assimilations!
Assimilation abusive de la montée (exponentielle)
avec la complexification de l'évolution, voire la "victoire" de
l'homme => quasiment «pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?!»
(et en oubliant que plus c'est compliqué, plus c'est fragile et
donc … vulnérable…).
La
descente,
elle,
semble donner la réponse et donner raison aux tenants des énergies
non-renouvelable (fossiles ou nucléaires) car il faut craindre l'assimilation
de NOS "dits" bien-êtres avec la seule explosion de la consommation
de produits fossiles (et fissiles!) (craintes alimentées régulièrement
par des réflexions souvent entendues pouvant être résumées
par "le nucléaire OU la bougie", alors
qu'il ne s'agit pas d'être moins mais d'être autrement…
): => "mon dieu c'est bien sûr", utilisons une ressource quasiment
infinie, tels l'hydrogène, voire le thorium, même si les deux
explorent des pistes apparemment différentes mais toujours liés
à l'un ou l'autre des lobbies les plus influents de la planète,
le pétrole et le nucléaire. Mais c'est vrai que si la ressource
solaire est manifestement (dans tous les sens du mot!) simple, ses applications
passent par des solutions… complexes! La complexité étant
un des avatars de l'entropie, ne pourrait-on pas tenter ce jeu de mots:
«l'entropie a un caractère… anthropique»?!
Rien
de plus destructeur que l'énergie d'un instant, celle de la violence;
mais quoi de plus renouvelable que les énergies de toujours, celles
du soleil? Lentement sortis de l'âge des cavernes, allons-nous sortir
de la culture des fossiles (les matières premières et… les
décideurs), à défaut d'être sorti de l'âge
des… casernes (Théodore Monod)? MAIS...:
Soyons encore iconoclaste!
Ne
jamais épuiser une ressource non-renouvelable veut dire à
la limite ne jamais s'en servir, c'est-à-dire en ne la considérant
donc plus comme ressource: une ressource n'est pas une donnée de
la nature mais de l'économie. Pour qu'une matière constitue
une ressource il faut lui reconnaître une valeur économique
et cette valeur dépend de l'usage que l'on en fait. L'épuisement
du pétrole relève de l'ordre économique: on renoncera
certainement à s'en servir lorsque son prix deviendra prohibitif,
mais il existera encore. Son épuisement ne menace pas l'existence
de l'humanité. Bien au contraire, il ne fera que marquer la fin
d'un épisode, comme l'illustre la courbe. Sans pétrole on
fera autrement, ou autre chose. A la limite avoir comme seul critère
l'épuisement du pétrole manifeste une forme d'esprit colonialiste!
Et
je reviens sur le CERN et la déclaration disponible sur une page
"grand public" justement: "L'une des applications les plus prometteuses
des accélérateurs de particules est la production, en toute
sécurité, d'énergie propre et presque sans limite.
"; technologie de l'imagination de Carlo Rubbia, ancien Directeur-Général
du CERN. "L'énergie du désespoir?! ":
A ces problèmes de prix et de progrès
on vous "offre" donc LA REPONSE avec tel ou tel outil, faites-en ce que
vous voulez; un peu comme si au "complexe du risque
zéro" on répondait avec le "complexe du couteau" (vous savez:
«moi, je fabrique des couteaux, libre à vous d'en faire
ce que vous voulez! »): ça me semble une effarante complication
en réponse à une effrayante banalité. Ne pas oublier
que, même avec la transmutation, il restera toujours du stockage,
au prix de… complications supplémentaires!
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"NORD/SUD"
Nombreux obstacles, vastes
besoins, immenses possibilités!
65
% des ressources énergétiques: "PVD" et35 %: pays industrialisés.
Pour la consommation de cette énergie, chiffres exactement inverses;
65 %: pays industrialisés, 35 %: PVD.
ATTENTION:
le Sud n'est pas UN (à commencer au Nord avec ses "Quart-mondes");
attention aux étiquettes et aux tiroirs (souvent fait de bois… exotiques…).
Rappelons-nous la source du besoin humain énergétique fondamental
(habitués à obtenir de la lumière en actionnant un
interrupteur, de l'essence en prenant un tuyau, de l'eau en ouvrant un
robinet et de l'argent en enfilant une carte!): la nourriture/le couvert
(à rapprocher du toit/le "couvert"!) => «
sans énergies, pas d'énergie!»
Energies:
commerciales ou non?!
Un petit flash sur un phénomène dont la discrétion
est proportionnelle à l'importance: lorsque les physiciens parlent
d'énergie, ils savent - apparemment - de quoi ils parlent. Lorsque
les politiciens, les stratèges, les économistes ou les statisticiens
parlent d'énergie, ils parlent en fait d' agents énergétiques:
charbon, pétrole, gaz naturel, uranium, chutes d'eau, etc. constituent
l'énergie primaire, c'est-à-dire celle que nous trouvons
dans la nature. A la suite de transformations (et de transports), on aboutit
à l' énergie finale qui est celle qu'achète
le consommateur final: essence, fioul, électricité, etc.
Et celui-ci procède encore à une dernière transformation
pour obtenir celle des quatre formes d' énergie utile qu'il
désire: chaleur, travail mécanique, énergie de liaison
chimique ou lumière. Ce sont celles-ci qui sont comptabilisées.
Ce sont les énergies commerciales.
Les chiffres et les bilans ne disent rien, ou presque, sur les énergies
dites non commerciales utilisées dans de vastes régions du
monde (Afrique, Asie, Amérique latine, excusez du peu!): bois de
chauffage, excréments d'animaux, tourbe, etc., échappent
à la statistique et qui sont des énergie pour leur survie,
même si dans le secteur industriel l'Inde utilise encore plus de
40 % de l'énergie totale consommée du bois et des déchets
végétaux ou animaux:
Deux
milliards d'individus concernés
A
première vue, les énergies non commerciales paraissent négligeables,
notamment dans l'évaluation de leur impact écologique, parce
qu'elles sont considérées comme des formes d'énergie
renouvelable. Le sont-elles vraiment? La déforestation est en marche.
La croissance naturelle ne suffit plus, et de loin, à compenser
les coupes des autochtones pour leur habitat et surtout les industries
du bois. Le secteur domestique consomme près de la moitié
de toute l'énergie utilisée dans les pays en voie de développement.
Ce pourcentage peut même atteindre 90 % dans certains pays, comme
le Burundi, le Malawi, le Rwanda ou le… Népal.Les énergies
non commerciales ne sont pas nécessairement douces à l'environnement.A
noter: au rythme actuel, les forêts
de l'Afghanistan auront disparu dans seize ans… ( Science & Vie
, Octobre 97, page 34)
Les
sources non commerciales ne sont pas non plus négligeables en termes
quantitatifs. On estime qu'elles représentent près de 10%
de la consommation énergétique mondiale. Leur importance
se situe néanmoins surtout dans le fait qu'elles alimentent une
population de quelques deux milliards d'individus - 1/3 de la population
mondiale ! - qui n'ont pas d'accès aux énergies commerciales.
Cependant, les énergies traditionnelles ne répondent plus
de façon acceptable aux besoins de centaines de millions d'hommes
qui vivent en milieu rural, à des besoins qui paraissent essentiels
comme l'éclairage ou la disponibilité d'une eau saine en
quantité suffisante. Faute d'énergies plus élaborées,
ces populations n'ont aucune chance de sortir de la pauvreté. La
rupture de ce cercle vicieux devrait figurer parmi les priorités
de toute politique énergétique globale. Hélàs
les acteurs (dans tous les sens du mot) du Sud savent bien que l'on bâtit
souvent les stratégies de développement sur de telles prémisses
truquées.
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FUTUR?
"Développement
durable"
Une telle unanimité est suspecte: dissimule la complexité
du réel, la multiplicité des perceptions, les affrontements
d'intérêts et l'hétérogénéité
des stratégies des acteurs. Cette unanimité accompagnant
les politiques dites "de développement durable" mérite d'être
sérieusement interrogée.
Le D.D.: présenté comme "solution" (quasiment miracle)
aux innombrables problèmes actuels de choix technologiques, économiques
et politiques. C'est, au contraire un problème à résoudre,
enjeu par enjeu, territoire par territoire. Pas de définition stabilisée
de la notion, pas plus des objectifs précis qu'elle recèle
que des moyens de les réaliser. Contenu à élaborer
chaque fois qu'on s'y réfère.
Energies renouvelables
Energies
nouvelles?! Elles représentaient 90% en 1800 puis 40 en 1900 et
~10 en 2000
Evocation des critères
du CME: disponibilité - accessibilité - acceptabilité.
Le
soleil
: lui, gigantesque centrale thermonucléaire à notre disposition
avecavantage de donner son énergie en gardant ses déchets:
suivez mon regard… et qui marche sans JAMAIS de pannes!
Son
plus gros handicap: disponible pour toujours et POUR TOUS=> anti-inflationniste,
anti-centralisé, "anti-monopolisable"? "Ça gêne": les
Etats n'aiment guère privilégier une telle énergie
pouvant favoriser l'indépendance de régions (au sens géopolitique).
=> Redécouvrir les ER en tant que ressources de chaque région
et de chaque pays? Pourquoi s'obstiner à vouloir résoudre
depuis "l'occident" et de la même manière, problématiques
énergétiques de pays tellement différents? A problèmes
globaux mais dans des contextes différents (géographiques,
culturels et… Temps) => adaptabilité
Exemples
d'adaptabilité: Dans le haut Népal
, une famille doit consacrer de cinq à dix-neuf jours
de travail par mois pour ramasser son bois)
mais voir même aussi la maison du Pf.
Guisan!...
ER:
pas "seulement" réponse à la disparition du pétrole
mais surtout réponse de sécurité, donc de PAIX
(pas les fossiles et pas plus le nucléaire): non seulement les ER
satisfont aux trois critères du CME mais elles seules répondent
au vide de solidarité-sociabilité découlant de l'absence
de débats entre citoyens, politiques et "experts" sur l'approvisionnement
énergétique. (Qui se souvient de la phrase d'un conseiller
du président Carter : «Choisir
le solaire ou envoyer les "marines"" » ! Après Three
Mile Island, le hausse du brut et les files d'attente pour l'essence)
-
"L'énergies des grands fonds"?
S&Vie octobre 2001: gisements de méthane qui pourraient
représenter "2 fois les réserves totales de tous les fossiles
réunis")
-
Centrales du désert ou spatiales? Rentables SEULEMENT SI
nombreux et gros consommateurs!
-
Energie des déchets:
utilise les défauts et les… inerties des hommes!
-
Géothermie?! Rappel: Suisse, 4ème au monde en puissance/habt
- Pour le "Sud"?:
1) A part dans les villes, contradiction gros besoins / dispersion
; ex. de la biomasse, avec une 1ère
"piste": problème de la continuation du bois pour les
dispersés (car le chaume, grain, paille, herbe, etc. également
disponibles, nécessitent de grosses installations) d'où peut-être
la possibilité, même à court terme, la technologie
de fabrication du charbon de bois ou de paille avec cogénération
d'énergie électrique qui manque aux pays en voie de développement.
Celle-ci, peu sophistiquée, pourrait rapidement leur être
rendue accessible pourvu que l'on décide de les aider. La généralisation
de cette technique, déjà démontrée en Afrique,
serait réellement promouvoir une technologie pour un développement
autocentré, visant à satisfaire les besoins essentiels en
énergie d'un certain nombre de pays.
2) Un exemple et une 2ème
piste: le Brésil ne peut pas trouver les 20 milliards
de dollars nécessaires pour construire les barrages indispensables
à l'augmentation de la consommation électrique dans la prochaine
décennie. En revanche, 3 milliards suffiraient pour adopter les
technologies modernes évitantà
l'échelle des Etats-Unis et pour les simples frigos, c'est l'électricité
produite par une vingtaine de centrales nucléaires ou au charbon
qui peut ainsi être économisée! => Piste: création
d'Instituts de Maîtrise de l'Energie (adaptés aux contextes
locaux…) PARTOUT !
3) Car il est possible de réaliser
d'
importantes économies d'énergie, extrêmement
rentables, avec des investissements modestes
=> EOLIEN: Mongolie: sans doute le
pays qui a le plus développé l'éolien!: 13.000 éoliennes
de petites tailles fournissent l'électricité à 500'000
personnes, soit un quart de la population; c'est mieux que le Danemark!(Silenc
Silence )
Enfin, le "Nord" ne pourrait-il pas parfois s'inspirer du Sud
"sevré d'énergies", plutôt que le contraire?
Exemple de
Mohammed Bah
Abba: "Ces vieux pots qui font du froid", ou "les vertus de
la thermodynamique sans appareillage" (système réfrigérant
au Nigeria) =>
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html ,
version
pdf (Prix Rolex 2000!)
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CONCLUSIONS
"Plus que
de miracles technologiques, c'est d'une prise de conscience et d'une volonté
politique mondiale dont nous avons un urgent besoin"
(Benjamin Dessus et François Pharabod,
Revue de l'énergie
, no 421, Paris, 1990.)
Exergue de
fin:
«Ne
pas accepter l'inacceptable, c'est nous engager (...) entrer en politique»
Albert Jacquard
L'équation du nénuphar
Oui, une véritable révolution est nécessaire,
mais la seule révolution "tranquille" est celle de la maîtrise
de l'énergie, ou celle des énergies renouvelables, ce qui
implique une véritable révolution humaine.
Le
défi
n’est donc pas seulement technologique, il est éminemment
politique:
n'oublions pas que la moitié du potentiel scientifique et technique
mondial (consacré pour moitié aux recherches spatiales, militaires
et nucléaires…) est utilisé pour développer des techniques
qui ne peuvent pas intéresser les habitants des pays pauvres, c’est-à-dire...
plus de la moitié du globe, excusez du peu! En renonçant
à singer les erreurs du passé et en développant des
techniques plus simples et accessibles, les ER, avec leurs multiples applications
et leurs non moins multiples promesses participent ainsi à la problématique
du "Développement Durable" et sont donc également des outils
de stabilité et de paix.
J'espère
avoir pu et su souligner la nécessité d'un "autre regard":
alternatives techniques mais aussi économiques et surtout… "politiques".
Il a été question de seuil: cette précaution (parfois
illusoire) ramène au "Principe" dont il est maintenant tant question.
Après avoir tenté de cerner le fait que le pétrole
est… l'essence de la guerre, celui de l'économie et pour
encore longtemps celui de nos moteurs (*), souhaitons que ce Principe
nous apprenne à sérier l'urgence et l'essentiel, à
faire le choix entre le possible et le souhaitable, bref à reconnaître…
l'essence de notre destin humain qui, par manque d'humanité, nous
fait trop souvent ne faire que de l'humanitaire, sorte "d'après-vente"
de la guerre.
A ce sujet, un grand "oublié":
les transports , enjeu majeur, avec ou sans
fossiles !
Les
transports représentent souvent plus de 50 % de l'énergie
moderne consommée dans le tiers-monde, au lieu de 20 % en France,
conséquence d'une urbanisation plus rapide. => ?!
"MOT(s) DE LA FIN"?
Propositions de l'assistance?!
“Epoque formidable cherche nouvelles énergies
pour énergies nouvelles”
Le SOLAR Club a quant à lui résolument
choisi:
Energies renouvelables: pour que le progrès
serve mieux l'avenir de l'humanité !
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-
Consommation d'énergie dans les pays du Sud: enjeu clé pour
un développement durable
(Actes de la journée 2001 du CUEPE)
- Quels systèmes
énergétiques pour le XXIème siècle?
(Synthèse du cycle de formation 1997-1999 du CUEPE)
- Face aux énergies
fossiles, quelle place pour l'énergie nucléaire ?
(Actes de la journée 1998 du CUEPE)
- Maîtrise
de l'énergie pour un monde vivable
(B. Laponche et al.) )
- L'énergie
au futur (ADER, Pierre
Lehmann) )
- Energie, un défi
planétaire
(Benjamin Dessus)
- Le droit de l'environnement (SEBES)
- Le nucléaire
et la lampe à pétrole (Les
Verts)
- Ethique et environnement
(Colloque organisé par le ministère de l'environnement à
la Sorbonne, en 1996) )
- Géographie
de l'énergie
(B. Mérenne-Schoumacher, Nathan) )
- Atlas du nouvel
état du monde
(Dan Smith, collection Atlas/Monde) )
- L'équation
du nénuphar
(Albert Jacquard)
SITES
INTERNET
SOLAR Club: http://cern.ch/solar-club
G@zette Nucléaire: http://cern.ch/solar-club/Gazette/index.html
(Attention site en cours de migration!)
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