Texte et photo: Michel Villoz
«Des nouvelles technologies permettrant d'abaisser les coûts de stockage de l'énergie»
Batteries fermées (VRLA)
L'avantage de la batterie fermée est que
l'électrolyte étant stabilisé par un gel (SiO2)
ou un matériau AGM (absorbent glass mat, sorte de fibre de verre
absorbant l'acide) qui joue également le rôle de séparateur,
les problèmes de stratification de la densité de l'acide
sont en principe résolus.
Compression mécanique
Lors de la décharge de l'électrode
positive, le dioxyde de plomb est transformé en sulfate de plomb
dont le volume est plus important. A la recharge, ce gros cristal est de
nouveau transformé en dioxyde de plomb plus petit. Ces contraintes
mécaniques entraînent une perte de cohésion entre les
particules de matière active qui peuvent même se détacher,
réduisant la capacité, et dans le cas d'une batterie ouverte
tomber au fond du boîtier. Pour pallier cet inconvénient,
un nouveau séparateur a été développé
qui supporte une contrainte mécanique. Une publication récente[1]
présente l'utilisation de ces séparateurs, et le gain de
performances obtenu atteint plus de 1500 cycles à 100% avec une
compression de 80 kpa.
Batteries ouvertes
Une partie des améliorations réalisées
avec des batteries fermées peut être transposée aux
batteries «traditionnelles» ouvertes. Le problème principal
à résoudre est la corrosion provenant de la stratification
de l'électrolyte. Pour résoudre ce problème dans les
grands systèmes solaires, on ajoute souvent une pompe de type aquarium
envoyant des bulles d'air dans l'électrolyte pour obtenir un mouvement
de brassage. Cette amélioration permet de réduire le taux
de surcharge nécessaire utilisé auparavant pour le brassage
par gazéification de 115% à 104%, ce qui réduit la
consommation d'eau et la corrosion supplémentaire provenant de la
surcharge.
Batterie «cristal»
Un projet européen récent a proposé
de modifier la composition de l'électrolyte en ajoutant des additifs
qui pourraient stabiliser la densité de l'acide et éviter
les problèmes de stratification: l'idée est de pouvoir fabriquer
la batterie sur une chaîne classique (genre batterie automobile)
et de modifier uniquement la formulation de l'acide, ce qui n'entraîne
pas de modification du matériel de fabrication. Les premiers résultats
de la batterie «cristal» sont encourageants[2]: on ajoute
à l'électrolyte de l'acide phosphorique qui réduit
la formation de grands cristaux de sulfate de plomb sur l'électrode
positive et un colloïde de silice qui stabilise l'électrolyte.
Une telle batterie devrait offrir environ deux fois plus de cycles et durer
plus longtemps qu'une batterie similaire sans modification d'électrolyte.
Coût du stockage sur 20 ans
Nous avons calculé une estimation du coût
du stockage pour différents types de batterie en tenant compte des
frais de changements estimés ici à 10€ par pièce.
L'hypothèse est que l'on a besoin de stocker 1 kWh par jour. Le
tobleau ci-dessous résume les calculs effectués.
1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | 12 | 13 |
Type de batterie | Coût pce €/kWh | Cycles 100% profond | Vie | Profond. de décharge | €/kWh | Nbre de chgmts | Nbre de batteries | Poids | € | € | € | €/kWh |
Voiture
Cristal VRLA & press Tubulaire |
50
100 150 200 |
100
500 1500 1500 |
5
7 7 12 |
0.14
0.27 0.82 0.41 |
365
365 183 487 |
10
4 4 2 |
73
14.6 4.9 4.9 |
1825
365 122 122 |
730
146 49 49 |
3650
1460 730 973 |
4380
1606 779 1022 |
0.60
0.22 0.11 0.14 |
Remarques:
- On voit immédiatement que les «mauvaises»
batteries coûtent beaucoup plus cher. La batterie voiture qui
est largement utilisée dans les SHS est catastrophique et demande
73 unités ou 1,825 tonnes pour stocker 1 kWh par jour sur 20 ans
alors que les modèles tubulaires ou fermés à compression
demandent seulement 122kg.
- La grande dissémination des SHS encouragée
par des financements internationaux revient à éparpiller
dans les pays chauds des énormes quantités de batteries qui
ne seront jamais recyclées, faute de moyens.
- Il serait beaucoup plus opportun de promouvoir
des systèmes regroupant plusieurs utilisateurs (micro-réseaux
en 24 Vdc) pour pouvoir choisir au départ des batteries tubulaires
ou de technologie mieux appropriée.
Pour terminer, nous avons calculé le coût
total d'un système fournissant 1 kWh/jour dans un pays chaud avec
ces différents types de batteries.
Système solaire correspondant
Coût total du système
batterie
départ €
%
colonne*
1
2
3
4
5
Panneaux 250W
1250€ Voiture
1815 5830
75
Régulateur
100€ Cristal
1815 3056
53
Câbles & méch.
100€ VRLA & press. 1633
2229 35
Total
1450€ Tubulaire
1937 2472
41
Le coût des autres composants est estimé à 1450€ (*colonne 1) alors qu'en 3, nous calculons l'investissement de départ pour chaque technologie, en 4 le coût total du système sur 20 ans et en 5, la proportion des frais de stockage sur cette durée.
Conclusion
Cette présentation de quelques types de batteries
au plomb permet d'estimer le coût du stockage et montre l'importance
du choix de la «bonne technologie» pour abaisser le coût
des systèmes photovoltaïques autonomes.
[1] M. Perrin et al.: "Extending cycles life of lead-acid
batteries: a new separation system allows the application of pressure on
the plate group", Journal of Power Sources 105 (2002)
[2] L. Torcheux, P. Laillier: "A new electrolyte formulation
for low cost cycling lead acid batteries", Journal of Power Sources
95 (2001)