Ce document restera probablement
pour l’Histoire un témoin parmi d’autres de la soumission de l’Académie
à l’autorité de quelques “mandarins”. Nul n’ignore, s’agissant
de l’évaluation des relations entre l’énergie nucléaire
et la santé, le poids dans ce type d’institution, fondée
sur une cooptation favorable à la pensée unique, de personnages
bardés d’honneurs, mais parfois controversés. Quelques uns,
à la différence de scientifiques plus réservés
sur ce sujet, y ont ainsi considéré comme définitivement
et uniquement positive l’exploitation de la radioactivité du point
de vue de la santé.
Certes, il n’est pas question ici de mettre systématiquement en doute les apports du nucléaire au domaine médical. De la banale radiographie et de ses perfectionnements contemporains, à l’utilisation des traceurs radioactifs pour les diagnostics médicaux ou, le cas échéant, aux techniques très sophistiquées d’irradiation contre des cellules cancéreuses, l’apport médical de l’atome peut être jugé comme positif. Il est cependant évident que cette technique a ses limites. Elle devient dangereuse lorsque son utilisation est systématique, excessive, exclusive, lorsqu'elle ignore délibérément les risques induits par les phénomènes de synergie, et s’affranchit du manque de données - en particulier en terme d’épidémiologie – ou du manque de connaissances approfondies sur un grand nombre de corps radioactifs. Or cette illustre Assemblée a fait apparemment table rase des nombreuses questions qu’inspire l’utilisation multipliée de l’atome, et même totale abstraction des discussions sur les incertitudes de méthode, amorcées au cours du colloque dont sont pourtant tirées ces “ Recommandations ”, au profit d’une approbation sans réserves et sans doutes. Réserves et doutes dont l’histoire des sciences, pourtant, montre la nécessité! Ainsi, le Professeur Pellerin – par ailleurs au cœur d’une controverse très vive sur le passage du nuage de Tchernobyl en France – avait été conduit à remettre en cause, des décennies après qu’on en eut fait une obligation, le contrôle systématique des personnels de l’État ou des entreprises par radiographie, en raison des risques induits par les doses ainsi cumulées. Cette prudence nécessaire semble devoir toutefois se heurter au principe affirmé dès le départ par la Commission Internationale de Protection Radiologique (CIPR) - née dans le sillage de l’ONU après la deuxième guerre mondiale - affirmant que les conditions d’utilisation de l’atome sont “ un compromis entre les avantages que l’humanité peut en tirer et les risques acceptables pour cette dernière. ” Un compromis, on a bien lu. Et qui a défini, et continue de définir, les termes du compromis et le niveau de l’acceptable, sinon des “experts” dont, justement - pour ne pas dire exclusivement - nos Académiciens? Plus encore, l’Académie se risque, probablement sous l’influence de certains de ses membres, à déborder de son domaine de spécialité – la médecine – pour s’aventurer sur le terrain de la politique énergétique, en préconisant à l’aide d’arguments fragmentaires des choix dont, manifestement, un certain nombre de paramètres lui échappent. Il est tout à fait regrettable que des experts ayant ainsi dépassé leurs bornes n’aient pas été ramenés par leurs pairs sur la voie de la modération. Quelques observations à propos de
ces étranges “recommandations” permettront de préciser ces
critiques:
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Recommandation n°2 Il est tout à fait stupéfiant, connaissant l’impasse actuelle dans laquelle se trouvent les autorités françaises en matière de traitement et de stockage des déchets radioactifs, de voir l’Académie de Médecine écarter d’un revers de plume cette problématique, en présentant la question de la pollution sous le seul angle d‘un exercice théorique de la Commission Européenne (dont les limites auraient au moins dû être rappelées et discutées) concluant que l’impact sur la santé du kWh nucléaire est “plus faible” que celui des autres énergies, notamment éolienne! Une telle conclusion, issue d’une analyse de type “cycle de vie” se basant sur les matériaux de fabrication des composants et installations (dont on connaît bien les imperfections et les limites) semble peu pertinente lorsque l’on sait que pour le nucléaire c’est l’ensemble du cycle du combustible qui présente des risques et pollutions, et ce avec des impacts potentiels et sur des périodes de temps hors du commun. La clé de cet argumentaire tient tout entière dans le mot magique: dilution. Considérant que le milieu naturel – océans, atmosphère – est un récepteur terminal aux capacités de stockage illimitées et inoffensives, l’industrie nucléaire et ses supporters s’appuient pour se justifier (en dehors de la question des stockages confinés, encore “en suspens”) sur la dilution des rejets, qui sont présentés ainsi en bout de chaîne comme hors de portée de l’homme. En termes de calcul à la sortie des tuyaux, c’est apparemment juste. Mais les scientifiques, et surtout les biologistes, connaissent aujourd’hui – justement par des travaux sur les pollutions nucléaires – les phénomènes de reconcentration le long des chaîne trophiques. C’est tellement vrai que l’industrie nucléaire est partout contrainte à réviser ses rejets à la baisse, voire à envisager leur suppression pure et simple, comme dans les perspectives de la Convention OSPAR. De même, les sédimentologues ne peuvent plus ignorer l’impressionnante concentration dans les fonds marins de la Manche, de la Mer du Nord et de la mer de Norvège, par exemple, de rejets radioactifs issus tant de Sellafield que de La Hague. Encore n’a-t-on pas étudié, tant s’en faut, les problèmes posés par de très nombreux corps radioactifs, études qui restent à faire. Encore reste-t-on en attente de précisions sur l’impact à long terme - ou dans certaines conditions - de corps pourtant très abondants dans les rejets, comme le tritium. Encore ne sait-on pas tout sur la masse totale des rejets, en particulier dans le milieu océanique, masse qui est longtemps restée et reste trop souvent un “ secret d’état ” – qu’on se souvienne des incidents survenus en Mer du Japon, où les écologistes ont surpris maintes fois des navires russes en pleine action de déballastages sauvages. Ajoutons également qu’une lecture rapide de l’étude européenne citée par l’Académie de Médecine apporte quelques éclairages non négligeables (et passés sous silence) : au chapitre bibliographie, les auteurs de l’étude remarquent que les nombreuses recherches menées dans le monde sur l’impact de l’énergie nucléaire sur la santé aboutissent à des résultats fort contrastés. Ainsi, le calcul des coûts externes du kWh nucléaire (en Euros) peut varier d’un facteur 3 selon les publications - cette variation étant notamment due aux différences de méthodologies de comptabilisation des effets sur la santé. Peut-on, dans ces conditions, accepter le vocabulaire péremptoire des académiciens qui ne doutent de rien et vantent l’énergie nucléaire en quelques phrases catégoriques? En tout état de cause, voir écrire sans ciller que le nucléaire est moins risqué pour la santé que l’énergie éolienne ou solaire devrait faire s’interroger n’importe quelle personne dotée d’un minimum de sens critique ! Que la Commission Européenne et l’Académie de Médecine pérorent sur de telles comparaisons est tout de même fort inquiétant. p.18
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Recommandation n°1
On admet très bien le lien rappelé ici entre l’énergie et la santé: maîtrise de la chaîne du froid, possibilité de protéger les personnes dans les cas de températures extrêmes, gestion des malades, etc. La relation énergie-santé est une réalité, ses effets sont de nature diverse - y compris génétique. Toutefois, si l’objectif impérieux en terme de santé est de garantir l’accès à l’énergie à un plus grand nombre et le plus longtemps possible, on s’étonne de ne trouver ici aucun appel à l’efficacité énergétique, à la lutte contre les gaspillages actuels et à la maîtrise de la consommation, vu que les ressources non renouvelables (y compris l’uranium) sont condamnées à l’épuisement dans quelques décennies. Au contraire, on trouve juste après cette première des cinq recommandations, un vibrant appel... à mettre les bouchées doubles sur le nucléaire! Voilà bien une étonnante irruption de l’Académie de Médecine dans le domaine politique. Que l’on affirme le lien énergie-santé est compréhensible et intéressant. Qu’on en déduise un soutien objectif et systématique à l’énergie nucléaire est paradoxal, inattendu et lourd d’arrière-pensées. Paradoxal surtout, car toute l’expérience contemporaine des apports techniques les plus positifs des pays industriels aux pays en voie de développement (visés ici par l’Académie) souligne l’intérêt pour ces derniers des technologies dites renouvelables, en particulier de toutes les formes de l’énergie solaire, bien adaptées à leur situation géographique et à leurs contextes politiques parfois instables. De plus, qu’il ne vienne pas à l’idée des académiciens que la meilleure des solutions pour éviter à ces pays le “ manque ” d’énergie serait probablement de s’abstenir d’exporter chez eux les formes les plus gaspilleuses d’énergie de nos sociétés de consommation est révélateur de l’absence, préoccupante chez des Sages, d’un regard critique sur ces dernières. Que l’on suggère aussi – via la recommandation n°2 – d’orienter ces pays vers le nucléaire ne manquera pas, à la lumière des événements récents, de faire s’interroger sur le bon sens pur et simple des académiciens, sachant la stabilité politique et sociale requise pour un déploiement tolérable d’une telle forme d’énergie. Autrement dit, le nucléaire en Colombie, au Congo, au Libéria ou en Afghanistan est-il possible, et – surtout - souhaitable ? Nous regrettons de ne pas trouver de réponse à cette question dans les recommandations optimistes de l’Académie. Recommandation n°3
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Recommandation n°4 Tant qu’à s’aventurer dans le domaine “ politique ”, les académiciens auraient dû faire un effort supplémentaire et, plutôt que de se pencher sur les pollutions du seul point de vue techniciste, s’interroger sur leurs origines sociétales et nous inciter à maîtriser l’explosion des transports et des flux de matériaux dans nos pays développés. En appeler uniquement et simplement aux solutions technologiques (que ce soit par le nucléaire ou par des “ efforts industriels ”) pour maîtriser la dégradation de l’environnement planétaire est une vision fort éculée qui ne convainc plus grand monde aujourd’hui. Nos Académies (de Médecine, mais aussi des Sciences) semblent être les derniers lieux où se prêche un positivisme exagérément et dangereusement naïf. Telles nous apparaissent en tout cas les recommandations dont il est question ici Faire de la politique suppose, entre autres exercices, de maîtriser des processus sociaux-économiques. C’est bien une partie du débat contemporain et, peut-être, l’explication de la prétendue dépolitisation de nos sociétés. Ce ne sont pas les citoyens qui sont dépolitisés, mais les politiques ou prétendus tels, puisqu’ils ont – le plus souvent – renoncé à maîtriser ce qui devrait l’être, pour s’abandonner à la politique “ du chien crevé au fil de l’eau ”. En tenant de tels propos, les académiciens de médecine ont ainsi le même comportement que certains fonctionnaires de l’équipement dont le seul souci est le “toujours plus d’autoroutes ”. A eux le bitume, à l’Académie les pollutions. Cette recommandation, en 2003, n’apporte rien. Depuis des années, les personnes impliquées dans la problématique “ air-energie-transports ”, que ce soit au Conseil National de l’Air ou dans d’autres espaces de concertation, au niveau national ou à d’autres échelons territoriaux, en sont convaincues et s’y emploient, et les choses bougent – même si c’est trop lent à notre goût. Cette autre incursion de l’Académie dans la “ politique ”, affligeante et ratée, tombe donc complètement à plat. Recommandation n°5
Remerciements à J. Cambou, E. Toulouse, et M. Sené p.19
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Après avoir examiné
les relations entre choix énergétiques et santé, l’Académie
fait, dans ce domaine, cinq recommandations.
1.Veiller prioritairement à éviter les ruptures d’approvisionnement en énergie. En effet, le plus grave risque pour la santé est de manquer d’énergie comme le montrent à des degrés divers le lien entre état sanitaire et dépense énergétique dans les pays en voie de développement, l’importance à la fois de la chaîne du froid et de la lutte contre les températures extrêmes, ainsi que les conséquences sanitaires des ruptures d’approvisionnement comme en ont connu encore récemment certains pays. Le prix de l’énergie doit être maintenu assez bas pour éviter un rationnement par le coût pour les classes sociales les plus défavorisées. 2.Maintenir la filière nucléaire dans la mesure où elle s’avère avoir le plus faible impact sur la santé par kWh produit par rapport aux filières utilisant des combustibles fossiles, les biomasses ou l’incinération des déchets (en raison de la pollution atmosphérique qu’elles entraînent) ou même, comme le montre notamment le rapport ExternE de la Commission Européenne, quand on la compare aux énergies éolienne et photovoltaïque (principalement en raison des polluants libérés pendant le cycle de vie des dispositifs). L’Académie s’exprimera en temps utile sur les solutions qui seront retenues pour la gestion des déchets nucléaires de très longue durée de vie et de haute activité. 3.Encourager un effort de recherche important dans le domaine des mécanismes et de l’évaluation des effets sanitaires des faibles doses, qu’il s’agisse de toxiques chimiques ou radioactifs. L’Académie rappelle que l’estimation des conséquences sanitaires de faibles irradiations (inférieures à quelques mSv) ou de faibles concentrations de cancérogènes au moyen d’une relation dose-effet linéaire sans seuil, n’a pas de justification scientifique. 4.Poursuivre les efforts industriels et de recherche engagés avec succès depuis vingt ans pour réduire la pollution due aux transports et aux rejets industriels et domestiques, mettre en évidence les substances chimiques les plus impliquées, les prendre systématiquement en compte dans la surveillance de la qualité de l’air extérieur et intérieur et favoriser la mise en œuvre de moyens visant à les réduire. 5.Être attentif aux menaces que fait courir à la santé, par l’effet des changements climatiques, l’augmentation de la teneur atmosphérique en gaz à effet de serre. Cette augmentation se poursuit dans les pays développés et sera amplifiée par l’industrialisation des pays en développement qui, sans l’aide des pays riches, auront inévitablement recours aux combustibles fossiles. XIVe Conférence Nationale des Présidents de Commissions locales d'information. 11.12.2002 (suite)
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sur Intervention du Professeur Aurengo Dr. Michel Fernex s.m.fernex@wanadoo.fr Le Prof. André Aurengo, Président
de la section de la radioprotection du Conseil supérieur d'hygiène
publique de France fait une leçon, d'où il ressortirait que
les rayonnements ionisants ne forment "qu'un", des rayons cosmiques aux
neutrons, à une dose de rayons alpha:
On distingue les danger déterministique
et les risques aléatoires, stochastiques.
p.20
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Si jusqu'en 1995, l'AIEA et l'UNSCEAR
refusaient, dans leurs calculs, d'intégrer les cancers de la thyroïde
que les médecins locaux signalaient depuis 1990, c'est que pour
eux, c'était mathématiquement impossible. Il est vrai
que les spécialistes ne trouvent pas de cancers thyroïdiens
induits, dans le collectif des malades traités par l'iode 131. Mais
à Tchernobyl la situation est différente.
Actuellement, l'IRSN admet que les enfants irradiés par l'iode radioactif de Tchernobyl, sont sensibles dès l'âge de 0 à 29 ans, mais les liquidateurs montrent que cette limite d'âge devra être déplacée, vers un âge plus avancé. Ce que ces experts de la XIV Conférence de l'ANCLI n'intègrent pas, c'est la pathologie induite par des radionucléides incorporés autres que l'iode, en particulier dans la thyroïde. Ce sont les travaux de Yuri Bandazhevsky et de ses collaborateurs que les experts de l'AIEA et l'UNSCEAR refusent de prendre en considération. Le radiocésium 134 et 137 ont aussi un impact thyroïdien, étant concentrés 50 à 100 fois plus dans la thyroïde que dans le reste de l'organisme (contre 2000 fois pour l'iode 131). Mais la période du Cs137 est 1500 plus longue que celle de l'iode 131 et la demi-vie biologique du césium est aussi bien plus longue que celle de l'iode. Ainsi, Aurengo ne tient pas compte de l'irradiation chronique, pouvant durer plus de 17 années après Tchernobyl, pour évaluer la dose à la thyroïde. Il est probable qu'une irradiation ait débuté en Europe dans les années 60-80 suite aux essais atomiques atmosphériques. Des isotopes de l'iode eux venaient sans doute aussi de La Hague, dans le Cotentin, les vents dominants d'Ouest transportant les gaz radioactifs en quantité colossale vers... la France. Le tableau "Évaluation du risque d'une irradiation", qui représente la relation linéaire et la relation quadratique, sans seuil, ignore la relation supralinéaire, qui a été démontrée entre autres par Bourlakova et des généticiens comme Goncharova, avec souvent des courbes diphasiques qu'on ne trouve qu'à des doses très faibles, que, dans la règle, on ne prend pas la peine de tester. Le Nobel de génétique H.J. Muller avait déjà dans les années 50 évoqué cette possibilité d'efficacité de doses extrêmement basses. Dans la discussion, (page 36,) François Rollinger soulève l'absence d'études sur la pathologie aux doses inférieures à 100mSv. Il faut noter que personne ne répond à cette remarque, si ce n'est, qu'avec une pointe d'ironie, M. Kessler félicite M. Rollinger d'avoir bien voulu faire cette intervention. A propos de "L’épidémiologie et ses limites" que présente Philippe Quenel, on trouve des critiques du travail de Viel à La Hague. Les travaux descriptifs pour contredire ceux de Viel sont faibles par rapport au travail original. Viel cherchait une cause à l'observation d'une augmentation de l'incidence d'une maladie dans un segment de la population. Il réalise une étude "cas-contrôle" et trouve, parmi de très nombreuses questions posées, une relation entre une activité géographiquement localisée et un régime alimentaire donné. Ainsi ce travail prend un caractère d'étude à double insu. Il y avait de très nombreuses possibilités de corrélation, seule deux étaient statistiquement (mais hautement) significatives. Les études descriptives qui ont suivi sont ouvertes, elles tiennent compte de mesures de radioactivité qui, d'après Raymond Sené, sont inutilisables pour ce type d'étude, car reposant sur des appareils devant contrôler le bon fonctionnement de l'installation et pas les risques pour la santé des populations. A propos de Sv, le Prof. Aurengo précise que ce n'est pas une valeur mesurée, mais bien une valeur calculée "imprécise", fruit d'un calcul reposant sur des hypothèses. Dans la foulée, Aurengo rappelle qu'au nord de l'Ukraine, 99,9% des femmes vivent dans des territoires contaminés à 7mSv (dose pour lui apparemment négligeable). Il ajoute : "J'aimerais qu'on m'explique comment des enfants malformés ont pu être montrés, sans qu'il y ait une distorsion de la réalité." Ce qui gêne le Prof. Aurengo, et d'autres experts de l'AIEA ou de l'UNSCEAR, c'est effectivement la réalité. Ce que les calculs reposant sur les données ± fausses des études de Hiroshima et Nagasaki ne prévoient pas, n'a pas le droit d'exister. La défaillance de l'UNSCEAR à Tchernobyl, c'est de juger que ce qui n'entre pas dans son schéma précalculé est faux. Aurengo et ses collègues, refusent de reconnaître le rôle dominant de l'irradiation interne par des radionucléides artificiels, responsables de lourdes pathologies comme celles produites en particulier par la radiotoxicité du Cs137, hautement concentré dans les glandes endocrines et le système immunitaire des enfants. Le rôle important que joue le Cs137 dans la pathogénie des maladies qu'on observe à Tchernobyl, est au centre des travaux de l'équipe de Bandajevsky, dont plus de 10 collaborateurs sont depuis des années incarcérés ou exclus de toute fonction. "Les rayonnements ionisants, c'est ce qui à Tchernobyl joue le rôle le plus petit" disait au congrès OMS de Kiev, en juin 2001, le Professeur Yarmonenko de Moscou, collègue d'Aurengo, sans expliquer au public ce qui rendait 100% des enfants malades, et les familles stériles, dans les villages de Tchernobyl les plus contaminés. (suite)
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Est-ce parce que les experts de l'OMS exécutaient des plans de recherche établis par l'AIEA dès 1992, qu'ils n'ont jamais rendu visite au Recteur de l'Institut d’État de Gomel, la seule faculté de médecine située au coeur de l'oblast le plus radiocontaminé par Tchernobyl? Dans cette faculté de médecine, médecins et pathologistes mesuraient systématiquement la radioactivité incorporée dans l'organisme de dizaines de milliers d'enfants. Bandajevsky mesurait la charge en Cs137 des organes à l'autopsie, et étudiait les altérations tissulaires associées au degré de contamination. Avec toutes ces mesures précises, systématiques, l'école de Bandajevsky démontrait une corrélation statistiquement hautement significative entre radioactivité incorporée et la pathologie de divers organes ou systèmes. Parmi les organes fortement touchés : le placenta qui thésaurise le césium circulant, débarrassant ainsi la mère d'une partie de sa charge, toujours renouvelée en césium, et protégeant le foetus. Malheureusement, le placenta est altéré dans ses fonctions par cette surcharge en Cs137, entraînant des troubles endocriniens et une souffrance du foetus, pouvant conduire à l'avortement ou à des malformations congénitales. Ce qui se produit à Gomel peut aussi se produire dans les zones contaminées du nord de l'Ukraine, voire dans les vallées fortement contaminées des Alpes. Il faut avoir le courage ou la curiosité de regarder les faits tels qu'ils se présentent à Tchernobyl. "Selon moi une imposture médiatique", conclut Aurengo. Un scientifique devrait considérer ce type d'observations au moins comme une hypothèse de travail. En tant que scientifiques, les experts doivent répéter les travaux de la faculté de médecine de Gomel, avec la même rigueur. La science demande qu'un travail soit vérifiable, pour être confirmé. Les résultats de ces études contribueraient probablement à sortir ce médecin du goulag. Ce qu'on attend des experts, ce n'est pas qu'ils ignorent Bandajevsky pendant 10 ans puis de le font mettre en prison, comme le firent des collègues du Ministère de la Santé à Minsk, ni après l'avoir mal traité, d'écrire une lettre pour qu'on le libère. Je demande au Prof. Aurengo de faire répéter, entre autres, l'étude sur l'effet du Cs137 incorporé sur la reproduction des hamsters. Dans l'expérience de Bandajevsky, le Cs137 incorporé était hautement tératogène chez cette espèce. En outre, on pourra vérifier en clinique s'il existe un lien entre surcharge en radiocésium du père ou de la mère, (mesure de la contamination du placenta), et l'incidence des accidents périnataux et les malformations congénitales, non pas en manipulant les données collectées depuis 20 ans dans le Registre National des Malformations Congénitales au Belarus, mais sur la base de nouveaux protocoles prospectifs, à double insu. Les équipe universitaires occidentales, subventionnées par l'industrie atomique, ne viennent pas avec des protocoles scientifiques à double insu pour mettre en évidence l'étiologie des maladies du système immunitaire, endocrinien, cardiovasculaire, nerveux etc. des enfants présentant une forte charge de Cs137 dans l'organisme. Elles viennent pour effacer la trace de Tchernobyl. Le monde est en train de perdre l'occasion de connaître les conséquences sanitaires de la plus vaste expérience catastrophique humaine qui n'ait jamais été imposée à des millions de personnes. Mais est-ce dans l'intérêt de l'AIEA ou du lobby nucléaire d'apprendre? Cette agence de l'ONU a été créée en 1956, avec comme but statutaire "d'accélérer et d'augmenter le rôle du nucléaire pour la paix, la santé et la prospérité dans le monde entier". Être porte-parole représente une grande responsabilité. Pour des scientifiques comme Aurengo, cela implique de vérifier les observations qui ne paraissent pas conformes aux dogmes établis suite aux travaux (discutables) se rapportant à l'explosion de deux bombes qui ont, en peu de secondes, irradié massivement une population. Comparer cette population japonaise avec les 2 millions d'enfants qui, depuis plus de 10 ans, autour de Tchernobyl, ne cessent d'accumuler des radionucléides avec les aliments, est inacceptable. L'accumulation de Cs137 dans l'organisme ne régresse pas. Elle augmente même chaque année davantage chez les gens pauvres, en milieu rural, du fait que la distribution de deux repas "propres" dans les écoles n'est progressivement plus accordée. D'autre part, les aliments contaminés par les radionucléides circulent librement dans tout le pays, si bien que des enfants de la capitale, peu touchée par les retombées, peuvent avoir jusqu'à 900 Bq de Cs137/kg de poids corporel. Les limites géographiques de la contamination des sols ne suffisent plus pour les études épidémiologiques valables. Il serait souhaitable que les experts français commencent à étudier ces problèmes, par l'expérimentation dans les universités, et sur le terrain, mais indépendamment du CEPN (une ONG défendant les intérêts d'EDF, du Commissariat à l’Énergie Atomique et d'AREVA) et ses avatars, comme ETHOS, CORE et autres, qui actuellement coordonnent des travaux au Belarus. Seules des études cliniques prospectives, à double insu, permettraient de vérifier l'action du Cs137, mis en lumière par les travaux de Bandajevsky. p.21
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