GAZETTE NUCLÉAIRE
191/192, septembre 2001
EN VRAC DES PETITES NOUVELLES

Communiques de presse du CIRC ://www.iarc.fr/ Lyon (France), 27 juin 2001

LE CIRC MET EN ÉVIDENCE DES INDICATIONS LIMITÉES SELON LESQUELLES LES CHAMPS MAGNÉTIQUES DOMESTIQUES ACCROISSENT LE RISQUE DE LEUCÉMIE CHEZ L'ENFANT
(supplément à la "version papier")


     Un groupe d'experts scientifiques réuni par le Programme des monographies du Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC) a conclu hier son examen des effets sur la santé des champs électriques et magnétiques statiques et de fréquence extrêmement basse (ELF). Le champ magnétique de la terre fait partie de ces champs, qui sont également émis par les lignes électriques à haute tension, le câblage électrique intérieur des bâtiments et les appareils électriques. Les champs magnétiques se mesurent en unités de microteslas (µT); le champ magnétique de la terre, auquel chacun d'entre nous est expose, varie entre 25 µT a l'équateur et 65 µT aux pôles. La majorité des recherches concernant les effets sanitaires porte sur les champs magnétiques ELF dans les fréquences de 50 ou de 60 Hz.
     Des 1979, certains rapports indiquaient que des cancers de l'enfant pourraient être associés à l'exposition à des champs ELF domestiques. De nombreuses études dans un grand nombre de pays ont été entreprises depuis lors sur un éventuel risque accru de cancer chez l'enfant et l'adulte lié à des expositions à des champs magnétiques ELF. On s'est tout particulièrement intéressé aux risques de leucémie et de tumeurs cérébrales, dont certains rapports laissaient penser il y a de cela quelques années qu'ils pourraient être accrus. Le CIRC a maintenant conclu, selon sa classification, que les champs magnétiques ELF sont "peut-être cancérogènes pour l'homme", sur la base d'associations statistiquement significatives et concordantes entre les champs magnétiques domestiques les plus élevés et un doublement du risque de leucémie chez l'enfant. Les enfants qui sont exposes à des champs magnétiques ELF domestiques de moins de 0,4 microteslas n'ont pas de risque accru de leucémie. En raison de données insuffisantes, les champs magnétiques statiques et les champs électriques ELF n'ont pas pu être classés quant à leur cancérogénéité pour l'homme.
suite:
     Toutefois, les analyses d'ensembles de données d'un certain nombre d'études bien menées montrent une association statistique assez concordante entre le doublement du risque de leucémie infantile et une exposition a des intensités de champ magnétique domestique de 50 à 60 Hertz supérieures à 0,4 microteslas. Par contraste, aucune association n'a été mise en évidence entre les expositions des enfants aux champs électriques et magnétiques et le risque de tumeur cérébrale ou de tout autre type de tumeur solide. Aucune association concordante n'a été mise en évidence entre les expositions domestiques ou professionnelles d'adultes aux champs magnétiques ELF et l'augmentation du risque de cancer, quel qu'en soit le type.
     Les études menées sur l'animal de laboratoire n'ont pas montre d'effet cancérogène ou co-cancérogène d'une exposition à des champs magnétiques ELF, et aucune explication scientifique n'a été établie pour l'association que l'on observe entre l'élévation du risque de leucémie chez l'enfant par rapport à l'augmentation de l'exposition aux champs magnétiques ELF domestiques.
     Les conséquences sanitaires des champs électromagnétiques dans les radiofréquences, qui sont produits par les relais de télévision et de radio, les téléphones portables et les radars, entre autres, n'ont pas été évaluées par le groupe de travail du CIRC. Ces expositions seront examinées par le Programme des monographies du CIRC lorsque les recherches aujourd'hui en cours auront été publiées, très probablement en 2005.

Pas de problème ! Confiez vos objets à La Poste ! Y'a toujours un bureau spécial
Transports de matières par voie postale...
Semaine du 30 avril au 06 mai 2001 - dépêche PTT 02 /05/ 2001 - 15:57
     Le transport international des matières radioactives par voie postale est interdit. L'arrêté du 22 mars 2001 concerne uniquement les transports nationaux. Il a pour objet de définir les règles spécifiques aux  transports de matières radioactives effectués en France par voie postale. L'envoi ne peut être remis aux  services postaux que par un expéditeur agréé dans un bureau spécialement désigné à cet effet par  l'agrément délivré par l'autorité compétente (Direction chargée des postes [Ministère de l'économie des finances et de l'industrie] - Direction de la sûreté des installations nucléaires [Ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement]) après avis de la sous-commission " accords particuliers et dérogations " de la Commission interministérielle relative au transport des marchandises dangereuses. Deux annexes précisent : les matières radioactives et objets pouvant être remis au transport par la voie postale conformément à l'arrêté et la procédure d'agrément des expéditeurs. © Éditions du Juris-Classeur - 2001
Des bennes à ordures radioactives dans les Yvelines

     Un portique de contrôle de radioactivité s'était déclenché le 15 juin au moment où un camion de collecte de déchets pénétrait dans une usine d'incinération des Yvelines. Après enquête des pompiers, en liaison avec l'OPRI, il s'avéra qu'il s'agissait de longerons métalliques constitutifs de ces bennes et contenant du cobalt 60.
     Les bennes étaient fabriquées par une société polonaise, EXPOM.

Commentaire REZO:
     La faute à la Mondialisation, ma bonne dame. C'est pas en France qu'on oserait mettre de la radioactivité dans nos poubelles . Si ? Ah bon.
     Le recyclage des déchets nucléaires en casseroles avait fait scandale. Puis il avait été question d'en faire des blocs moteurs et autres vilebrequins de bagnoles. Ben voilà, la solution est trouvée, on refourgue ça aux polonais qui en font des camions poubelles.

p.20

vendredi 3 août 2001
Déchets radioactifs stockés au-delà de la date-limite à Grenoble (REUTERS)
ou
Mini-incident au Commissariat à l'énergie atomique (CEA) de Grenoble (AFP)
     2 visions de la même information fournie par le CEA, l’une par Reuters et l’autre par l’AFP. La comparaison entre les 2 est assez révélatrice des interprétations possibles d’une dépêche. Il n’empêche le CEA n’est pas en règle et cet incident que certains n’hésitent jamais à qualifier d’ennui politique, révèle simplement que l’optimisme béat des années 60 était injustifiable. Nous avons toujours dit et répété que le nucléaire ne pouvait pas faire l’impasse sur ses déchets. Mais surtout comment justifier la dérogation : ON NE SAIT PAS STOCKER DES DÉCHETS, ALORS.... le nucléaire ne peut être au dessus des lois.
     Entre les 2 dépêches, toutes les info apparaissent : stockage (entreposage pour parler comme le CEA) dans la station de traitement. Elle doit sérieusement déborder. Ces fameux déchets sont sous quelle forme (liquide, boue,....) ? Leur reprise ne va pas être très simple: à la Hague les résidus du retraitement des années avant 80 sont toujours en attente de reprise (ces boues contiennent 100 kg de plutonium et plein d’autres émetteurs guère plus sympas). Que contiennent donc les résidus grenoblois ?
     Tout de même bravo pour l'incident classé en dessous de 0. Ou bien il s'agit d'un manquement ou bien c'est plus grave que ce qui est raconté. De toute façon c'est un manquement à la réglementation et alors c'est niveau 1.

Version REUTERS
     GRENOBLE (Reuters) - Douze conteneurs de déchets radioactifs entreposés dans la station de traitement des effluents et déchets de Grenoble (Isère) ont dépassé la durée maximale d'entreposage, indique le CEA.
     L'incident est classé en dessous de l'échelle internationale des événements nucléaires, précise le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) dans un communiqué.
     Certains des 12 conteneurs étanches de 50 litres en acier inoxydable ont dépassé de deux ans la durée d'entreposage maximale de 25 ans. En juin 2000, le CEA avait déjà informé la Direction de la Sûreté des installations nucléaires (DSIN) que cinq conteneurs avaient dépassé cette limite.
     Le CEA a décidé de déménager l'ensemble des déchets entreposés dans l'installation grenobloise à l'échéance de 2010 en les envoyant soit au centre de stockage de surface de l'Aube, soit dans un autre centre du CEA.
     Cette opération, qui débutera en 2003, prévoit le reconditionnement des conteneurs les plus anciens avant la fin 2005.

Version A.F.P.
     GRENOBLE, 3 août (A.F.P.) - Douze conteneurs de 50 litres, renfermant des déchets radioactifs appartenant au Commissariat à l'énergie atomique (C.E.A.) de Grenoble, ont dépassé récemment la durée maximale d'entreposage de 25 ans imposée à ces déchets, a annoncé vendredi le C.E.A..
     La Direction de la sûreté et des installations nucléaires (DSIN) a été informée, a indiqué le C.E.A. qui précise que cet incident n'occasionne aucun danger et n'est pas assez important pour être classé sur l'échelle internationale des événements nucléaires (INES).
     La limite de 25 ans, pour ces conteneurs en acier inoxydable, correspond à une disposition réglementaire édictée par la DSIN. Cette "prescription technique" permet au centre de préserver une marge de sécurité, selon le CEA.

suite:
     Le CEA réalise sur ces déchets des opérations de décroissance radioactive, avant qu'ils ne soient désentreposés à l'échéance de 2010. Selon leur activité résiduelle, ils seront orientés vers le centre de stockage de surface de l'Aube, géré par l'Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs), ou vers une installation d'entreposage d'un autre centre du CEA.
     Le CEA recherche le matériel adapté pour réaliser les opérations de désentreposage dans des conditions de sécurité optimale. Les procédures de recherche expliquent, selon le CEA, le dépassement de la durée légale de 25 ans.
     Le CEA de Grenoble a sollicité une dérogation auprès de la DSIN pour étendre son autorisation d'entreposage jusqu'en 2005.

Commentaire REZO
     Quand il y a une réglementation c'est fait pour être respectée non ?
     Et quand on a 25 ans pour se préparer à cette échéance c'est plus facile non ?
     A mettre en parallèle avec les nucléocrates qui répondaient aux antinucléaires en 1973 (lancement du premier programme nucléaire) "nous saurons".
     2001 : toujours aucune solution acceptable.
     2006 : aucun choix possible car Bure est le seul candidat malheureux.
     Cet incident est très révélateur de la lisibilité d'une dépêche car celle de l'AFP est beaucoup plus explicite que celle de Reuters qui ne cherche que l'impact médiatique. Une sorte de scoop.
     Par contre, le processus aval de ces déchets est très nettement défini par la dépêche AFP. Les déchets sont stockés pendant 25 ans, dans des containers prévus en conséquence inox et autre car 25 ans, ce n'est pas une bagatelle.
     A la sortie, une poignée est redirigée vers Soulaines car leur radioactivité aurait suffisamment baissée et l'autre partie vers un centre ad hoc du CEA car toujours trop radioactif.
     Pourquoi pas ? Deux remarques s'imposent !
     1- Si au bout de 25 ans, la radioactivité des déchets contenus est trop élevée. Zou ! Direction centre spécialisé du CEA ! Donc, au début des 25 ans, ces déchets avaient forcément une radioactivité beaucoup plus élevée et ils étaient donc stockés dans un local prévu en conséquence.
     Il est pour le moins curieux que selon Reuters, ledit local est la... station de traitements des effluents et des déchets !!! Est-ce un local ad hoc ? Et si on stocke pendant 25 ans des déchets dans un local de traitement, il faut espérer que pendant les 25 ans de stockage, on n'apportait pas de nouveaux déchets ou effluents à traiter. Sinon cela devait être pire que les autoroutes des vacances pendant les chassés croisés aoûtiens. Curieux !
     2- AFP rapporte: "Cette prescription technique (limite de 25 ans) permet au centre de préserver une marge de sécurité, selon le CEA. "
     Pourquoi pas ? Mais alors si la date limite est passée, la marge de sécurité est-elle toujours existante ?
     Cela devient de plus en plus délicat de lire une dépêche.
     Et en conclusion, nous savons désormais qu'il existe un niveau sous 0 d'INES. Nous n'avons pas finir les découvertes dans ce milieu... étonnant et pas toujours détonnant, heureusement !
p.21

INCIDENT COGEMA LA HAGUE DU 18 MAI 2001
Fuite radioactive à l'usine de la Hague
Incident pendant la vitrification des déchets nucléaires
     Un incident est survenu, vendredi matin, la Hague, dans l'usine de retraitement des déchets nucléaires COGEMA. Le mauvais fonctionnement d'une chaîne de ventilation, dans l'atelier de vitrification, a entraîné un rejet radioactif dans l'atmosphère.

OUEST-France, 22/05/01
     CHERBOURG. Pendant une heure, vendredi, la cheminée de l'unité UP2-800 de l'usine COGEMA de la Hague a rejeté des éléments radioactifs. " L'entreprise nous a signalé jusqu'à onze mégabecquerels", indique Jean Delmont, ingénieur à la Direction régionale de l'industrie de la recherche et de l'environnement (DRIRE) de Basse-Normandie. " "Il s'agit d'un rejet significatif. On nous parle de ruthénium en quantité non négligeable, mais nous soupçonnons d'autres rejets ", proteste Greenpeace. [...]
     Difficile de se faire une idée de l'impact avec si peu d'information. Le site cogemalahague.fr n'est guère plus explicite, voir ci-dessous. Si les 11 MBq annoncé sont effectivement constitués majoritairement de Ru106, ce n'est pas anodin.
     D'après le Groupe radioécologie Nord-Cotentin (www.ipsn.fr/nord-cotentin) les rejets annuels de Ru106 gazeux étaient de 1,4 MBq en 1994 et 13 MBq en 1996.
     L'ACRO a immédiatement fait une campagne de prélèvements qui est actuellement en cours d'analyse.


Extrait du site cogemalahague.fr:

     Le Groupe COGEMA accorde une importance majeure à la protection de l'environnement. Sa politique continue de réduction de l'impact de son activité sur la santé et l'environnement, et l'effort important qu'il consacre à la surveillance de l'environnement (plus d'une centaine de prélèvements et d'analyses effectués chaque jour) en font foi.
     Note : cet espace comporte des termes techniques. N'hésitez pas à consulter le glossaire pour obtenir des explications sur un terme.
     Communiqué du 18 mai 2001 :
     "Le vendredi 18 mai 2001, suite à un problème de ventilation sur un atelier de l'établissement, il a été observé une augmentation de l'activité rejetée par une cheminée représentant moins de 2 / 10 000 ème de l'autorisation de rejet annuel. Les contrôles effectués dans l'environnement de l'établissement ont permis de détecter en un point une valeur maximale de 1 Bq par gramme dans l'herbe.
     La conséquence de cet événement pour une personne qui aurait été éventuellement exposée durant ce rejet est de l'ordre de 1 microsievert.

suite:
 Il est rappelé que la dose due à la radioactivité naturelle est localement de 2700 microsievert par an. Il a été proposé à L'Autorité de Sûreté de classer cet événement au niveau 0 de l'échelle internationale des événements nucléaires."
Antenne ACRO Nord-Cotentin / 36, Le Bourg / 50690 Virandeville
Tél. : 02 33 04 08 47 / Fax : 02 33 04 21 78
Communiqué de presse / 7 juin 2001

Rejet de ruthénium/rhodium 106 sous forme d'aérosol à l'extérieur du site de retraitement de la Hague, incident du vendredi 18 mai 2001

     Dès qu'elle fut informée de l'incident qui a eu lieu le 18 mai à l'usine COGEMA de la Hague, l'ACRO a effectué une campagne de prélèvements autour du site. Les analyses viennent d'être terminées et mettent en évidence un marquage de l'environnement, jusqu'à 2,5 km à l'extérieur du site, dans 2 directions. On note la présence de ruthénium rhodium 106, radionucléides artificiels pouvant atteindre les 630 Bq/kg d'herbe fraîche et des traces de césium 137 par endroits, une semaine après l'incident.
     Ainsi le couple ruthénium rhodium 106 semble être majoritaire dans les 11 millions de Bq annoncés rejetés en une heure lors de cet incident (Ouest France du 22/05/01 et Presse de la Manche du 24/05/01). Ce chiffre est donc à comparer aux rejets annuels de RuRh 106 qui étaient de 1,4 millions de Bq pour 1994 et de 13 millions de Bq pour 1996 (rapport du Groupe Radiécologie Nord-Cotentin). Ce n'est donc pas un rejet anodin !
     L'ACRO note que cet accident a échappé aux Web-cam mises en place par COGEMA et demande à la compagnie de rendre publique la liste exhaustive des radionucléides rejetés lors de l'incident, avec leurs quantités. Elle demande aussi aux autorités de sûreté de reconsidérer leur classement de l'incident. Si l'on veut bien se reporter à la grille de lecture retenue par la DSIN pour coter la gravité des incidents de sûreté, un incident ayant eu des "conséquences à l'extérieur du site et ayant révélé de la dégradation dans la défense en profondeur" ou un accident "évité de peu ou avec une perte de barrière" est un événement de niveau 2 (sinon 3) et non un événement de niveau 0 comme semblent l'avoir retenu l'exploitant et la DRIRE de Basse Normandie. Comme en 1981 lors de l'incendie mémorable d'un silo de stockage, la survenue de l'incident était non maîtrisée et le nuage radioactif ne s'est pas arrêté aux grilles de l'usine.

p.22

Reclassement de l'incident du 18 mai
04/07/2001
     L'ASN reclasse au niveau 1 l'"incident" du 18 mai : <L'ASN reclasse au niveau 1 l'"incident" du 18 mai. La Cogéma avait proposé 0 et la DRIRE avait initialement accepté. L'ACRO était intervenue aussitôt l'accident en faisant une campagne d'analyses et avait réclamé le reclassement. Ci-dessous, le communiqué de presse de l'ASN (www.asn.gouv.fr) :
     La Hague (Manche) : Atelier R7
     Dysfonctionnement d'une vanne du circuit de ventilation

     Le 18 mai, alors que l'atelier de vitrification R7 était en fonctionnement, la défaillance d'un système de ventilation a induit une inversion des cascades de dépression qui a modifié les sens d'écoulement des gaz et provoqué une dispersion de matières radioactives depuis les équipements de procédé vers les locaux inaccessibles dans lesquels ils se situent, puis un rejet partiel à l'atmosphère.
     La vitrification des produits de fission est la dernière étape du procédé de retraitement des combustibles irradiés. Cette opération a lieu dans des équipements ventilés, situés dans des locaux inaccessibles ventilés, eux-mêmes situés dans des bâtiments ventilés. La prévention du risque de dispersion repose ainsi sur trois barrières de confinement statiques auxquelles sont associés trois systèmes de ventilation. Ces systèmes de ventilation permettent en premier lieu de collecter les gaz qui sont filtrés et épurés avant d'être contrôlés puis finalement rejetés à l'atmosphère. Ils permettent en second lieu de pallier les défauts conceptuels ou incidentels d'étanchéité des barrières statiques en imposant un sens d'écoulement des gaz depuis les zones propres vers les zones contaminées.
     Le 18 mai, la défaillance du ventilateur principal du système de ventilation des équipements de vitrification a provoqué le démarrage normal du ventilateur de secours. Après un contrôle sommaire de l'appareil, l'industriel a tenté vainement de le remettre en service. Qui plus est, lors de cet essai, une vanne est restée bloquée, perturbant le fonctionnement du ventilateur de secours. Cette nouvelle défaillance a entraîné une inversion du sens d'écoulement des gaz et une dispersion de matières radioactives en dehors de la première barrière de confinement. Les équipes de conduite ont alors mis en oeuvre les actions palliatives nécessaires pour rétablir le bon fonctionnement de la ventilation sous un délai d'une heure. Les équipements défectueux ont été remplacés à titre correctif. L'industriel étudie les mesures à mettre en oeuvre à titre préventif pour fiabiliser les systèmes de ventilation déjà incriminés dans plusieurs événements récents.
     Les gaz dispersés en dehors de la première barrière de confinement ont été collectés et filtrés par le système de ventilation des locaux inaccessibles avant d'être contrôlés et finalement rejetés à l'atmosphère. Compte tenu des rendements d'épuration respectifs de la ventilation des équipements et de la ventilation des locaux inaccessibles, cet incident a conduit à une augmentation ponctuelle notable des rejets radioactifs. Les contrôles radiologiques effectués dans l'environnement par l'industriel et par l'ACRO ont permis de mesurer une radioactivité en ruthénium de 1Bq/g à 1 km de l'établissement. Un observateur placé à cet endroit aurait reçu une dose de l'ordre de quelques microsieverts, à comparer à la limite réglementaire de 1000 microsieverts/an ou à la radioactivité naturelle de 2000 microsieverts/an.
     Cet incident n'a donc pas eu de conséquences significatives sur la santé des populations et des travailleurs ni sur l'environnement. Néanmoins, après examen du compte rendu détaillé de l'incident, il a été reclassé par l'Autorité de sûreté nucléaire au niveau 1 de l'échelle INES en raison d'une procédure inadéquate ayant conduit à la défaillance concomitante de plusieurs éléments du système de ventilation des équipements.

Qu'est-ce qui a été rejeté lors de l'incident du 18 mai 2001 à l'usine Cogéma de La Hague ?

ACRO, Communiqué de presse, mardi 31 juillet 2001

Dès qu'elle fut informée de l'incident de rejet atmosphérique qui a eu lieu le 18 mai à l'usine COGEMA de la Hague, l'ACRO a effectué une campagne de prélèvements autour du site. Les premiers résultats d'analyse ont mis en évidence une contamination importante de l'environnement en ruthénium rhodium 106, radioéléments artificiels. Ces résultats ont conduit l'Autorité de Sûreté Nucléaire, qui avait dans un premier temps suivi l'exploitant en classant l'incident au niveau 0 de l'échelle de gravité, à reclasser l'incident au niveau 1.

Les niveaux de contamination relevés par l'ACRO sont incompatibles avec un rejet de 11 millions de becquerels (11 MBq), tous radioéléments confondus, annoncé par COGEMA. En effet, la seule contamination de l'herbe sous le panache dépasse largement les 38 millions de becquerels (38 MBq) pour le seul ruthénium rhodium 106.


COMMUNIQUE IPSN

Réseau OPERA :

Contamination en ruthénium des aérosols atmosphériques prélevés à Alençon (Orne)

     L’IPSN a détecté une contamination en ruthénium (radioélément artificiel) des aérosols atmosphériques prélevés par la station atmosphérique d’Alençon (Orne) de son Observatoire permanent de la radioactivité dans l’environnement (réseau OPERA), pendant la période du 15 au 20 mai 2001.
     Pour la période considérée, l’activité moyenne de ruthénium mesurée s’est élevée à 14,8 ± 1,7 microbecquerels par mètre cube (mBq/m3) ; la limite de détection des stations atmosphériques du réseau OPERA est de l’ordre de 0,4 mBq/m3 pour le ruthénium.
     La station atmosphérique d’Alençon est située à 200 km au sud-est de l’usine Cogéma ; elle était, du 15 au 20 mai 2001, sous le vent de l’installation.
     Cette contamination des aérosols atmosphériques est à relier à une augmentation ponctuelle notable des rejets de l’atelier de vitrification de l’usine UP2-800 de traitement de combustibles irradiés de Cogéma à la Hague, déclarée par Cogéma le 18 mai dernier. Elle est cohérente avec les résultats connus des d’activité de l’herbe faites sur des prélèvements à proximité de l’usine, tant par la Cogéma que par l’ACRO (Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l’Ouest) ou l’IPSN.

suite:
Par contre, le rejet mesuré par Cogéma à la cheminée de l’usine n’apparaît pas cohérent avec les valeurs mesurées dans l’air et dans l’herbe ; ce point est en cours d’investigation.
     En tout état de cause, les calculs réalisés sur la base des données observées dans l’environnement montrent que les doses associées à cet incident ne dépassent pas quelques microsieverts pour les personnes du public.
     Une reconstitution de la quantité totale rejetée (terme source) lors de l'incident, à l'aide de la méthodologie retenue par le Groupe Radioécologie Nord-Cotentin, montre que le rejet aurait été environ 1000 fois supérieur à celui annoncé par l'exploitant (14.000 MBq pour 11 MBq déclarés).
     Ce résultat est certes inférieur à l'autorisation de rejet annuel actuelle (74.000 MBq/an bêta-gamma pour les aérosols). Mais s'il était confirmé, la Cogéma aurait rejeté en une heure près de 100 fois plus que le plus fort rejet aérien annuel (153 MBq en 1999), presque 10 fois plus que la limite annuelle proposée par l'exploitant lors de l'enquête publique de l'an dernier (1.850 MBq) et 14 fois plus que la future autorisation de rejet bêta-gamma pour les aérosols (1.000 MBq).
     Si le terme source annoncé par l'exploitant a été obtenu à partir de mesures directes lors de l'incident, nous nous interrogeons sur la fiabilité du système de contrôle des rejets aériens, même en fonctionnement normal.
     L'ACRO a demandé à l'Autorité de Sûreté Nucléaire que toute la lumière soit faite sur cet "incident" et que les résultats soient rendus publics.
     Nous en demandons en particulier que la quantité totale de radioéléments rejetés soient réévaluée, ainsi que le calcul de dose. Si le rejet devait avoir l'ampleur suspectée, alors elle devrait en tirer les conséquences qui s'imposent.
     Une note technique détaillant tous nos calculs est disponible sur notre site Internet : http://www.acro.fr.st

Réponse de l'Autorité de sûreté nucléaire à l'Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l'Ouest (ACRO)

Communiqué du 31 juillet 2001

     A cause du mauvais fonctionnement d'un système de ventilation, une augmentation ponctuelle notable des rejets radioactifs dans l'atmosphère de l'usine COGEMA de La Hague a eu lieu le 18 mai 2001. Cet incident a été classé par l'ASN au niveau 1 de l'échelle INES (voir information).
     Le 26 juillet 2001, l'ACRO a écrit à l'ASN pour faire état de ses constatations et interrogations, que l'ACRO a rendu publiques le 31 juillet 2001.

DSIN-GRE/DRIRE.BN/NUC/n° 2001.0657 Affaire suivie par B. BENSASSON ( 02.31.46.50.41)

Paris, le 30 juillet 2001
A Monsieur Pierre BARBEY
Conseiller Scientifique de l'Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l'Ouest (ACRO)

138, rue de l'Église 14200 HEROUVILLE-SAINT-CLAIR

     Monsieur,

     Par courrier en date du 26 juillet vous m'avez transmis les résultats des mesures que vous avez réalisées sur des échantillons d'herbes prélevés dans l'environnement proche du site COGEMA de La Hague suite à l'incident du 18 mai, qui avait conduit à une augmentation ponctuelle notable des rejets radioactifs et que j'avais classé au niveau 1 de l'échelle internationale des événements nucléaires. Les mesures obtenues à l'issue de votre campagne ne sont pas en contradiction avec les résultats obtenus par l'industriel dans l'environnement. Elles révèlent un marquage de l'environnement en ruthénium et en rhodium de l'ordre de 100 à 1000 Bq/kg dans la direction du panache de rejet et à quelques kilomètres du site. En fait, ce rejet a pu être observé bien au-delà de ce périmètre puisque des traces de ces mêmes radioéléments ont pu être détectées par les appareils de mesure de la station d'Alençon de l'Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire (IPSN). Les résultats de ces mesures sont disponibles sur le site internet de l'IPSN (www.ipsn.fr). Toutes les mesures réalisées par COGEMA, l'ACRO, l'IPSN et l'OPRI, confirment que l'incident du 18 mai n'a pas eu de conséquences significatives sur la santé des populations ni sur l'environnement puisqu'un observateur placé sous le vent aurait reçu une dose de quelques microsieverts, à comparer à la limite réglementaire de 1000 microsieverts/an ou à la radioactivité naturelle de 2000 microsieverts/an . J'insiste sur le fait que ces évaluations de dose sont basées sur les résultats des mesures dans l'environnement et pas sur l'évaluation du terme source. En conséquence, le fait que l'impact de ces rejets n'est pas significatif, n'est pas remis en cause par vos calculs.
     Il reste que ces mesures réalisées dans l'environnement nous amènent aussi, vous et moi, à nous interroger sur les mesures réalisées dans la cheminée de rejet par l'industriel en recoupant les unes et les autres. En effet, je considère que le recoupement entre mesures dans l'environnement et mesures dans la cheminée, même s'il est entaché de grandes incertitudes liées à l'imprécision des bilans ou des modèles de diffusion utilisés, reste intéressant dans la mesure où il permet d'avancer dans le domaine de la métrologie de la radioactivité et ainsi de toujours mieux connaître l'impact du site.
     Ainsi, partageant les interrogations dont vous me faîtes part, j'ai d'une part mené une inspection sur le thème des rejets et de la surveillance de l'environnement du site COGEMA de La Hague en étroite collaboration avec l'Office de Protection contre les Rayonnements Ionisants et j'ai d'autre part commandé une expertise à l'IPSN sur le thème, notamment, de la métrologie. Je ne manquerai pas de vous tenir informer du résultat de ces investigations et en particulier des éléments relatifs à la précision et à la représentativité des mesures de radioactivité dans la cheminée de rejets de l'usine UP2-800, espérant pouvoir ainsi répondre aux questions à la fois pertinentes et difficiles que vous avez soulevées.

Pour le Directeur de la Sûreté des Installations Nucléaires,
Le Directeur Adjoint, Jérôme GOELLNER
p.23

INFO REZO: Découverte d’amibes en aval de la centrale du Bugey
Le Progrès de Lyon, 3.08.2001
     Des amibes pathogènes, dangereuses pour l’homme et contre lesquels il existerait peu de solutions thérapeutiques, ont été découvertes dans les eaux du Rhône. Leur développement serait favorisé par les rejets d’eau chaude de la centrale nucléaire du Bugey, à Saint-Vulbas. En vertu du " principe de précaution ", le préfet de l'Ain a pris un arrêté interdisant la baignade dans le Rhône dans trois communes du département : Saint-Vulbas, Loyettes et Saint-Maurice-de-Gourdans.
     Le seuil de tolérance des amibes pathogènes a été fixé par le ministère de l’Environnement à 100 par litre, les analyses évaluent leur présence à 41 par litre, à la sortie de la centrale du Bugey. Le directeur adjoint de la centrale, Claude Henry, des représentants de la DDASS et de la DRIRE ont reçu, hier, les élus locaux afin de faire le point sur la situation, qui n’aurait rien d’alarmant, et de rappeler que le seul mode de contamination consiste en l’inhalation de gouttelettes d’eau infectées.
     La présence d’amibes s’explique par l’existence dans la centrale de systèmes de refroidissement, terrain propice au développement des amibes. La direction de la centrale du Bugey a mis en place dans le passé plusieurs mesures de prévention : le nettoyage annuel des circuits de refroidissement et des analyses quotidiennes pour tester l’efficacité de ce nettoyage.
     Deux traitements vont être mis en place : le premier sera composé de monochloramine (comme pour l’eau des piscines) et débutera en août; le second sera à base de Mexel, un produit biodégradable qui prive les amibes de nourriture.
     En attendant, le personnel de la centrale est équipé de masque afin de ne pas inhaler de gouttelettes infectées.

COMMENTAIRE ET INFOS venant de CIVAUX

     Nous avons publié différents dossiers sur les amibes infectant les circuits de centrales (Civaux, Nogent, Golfech, Dampierre, entre autres, et maintenant Bugey...)
     Le seuil de 100 par litre est une norme de santé publique. En effet la Naegleria Fowleri (NF) est très pathogène (méningite).
     Même si Civaux est la moins facile à soigner, la Vienne étant un oued en été, elle peut servir pour aider les autres sites.
     En sus du nettoyage des circuits, filtres, échangeurs et condenseurs, il a été installé un procédé de traitement par Ultra Violet (UV). Sur les autres sites on peut chlorer mais pas à Civaux.

     Mais la question qui se pose est " bactéries pathogène, certes mais lesquelles ? Parce que si on équipe le personnel de masque, ce n’est pas pour se faire plaisir.
     Pas de problème, c’est peut-être vite dit. Légionelles ou NF ce n’est pas du tout bon pour la santé. Alors...


Extraits de Stop Civaux (été 2001)

     Le Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France (CSHPF) avait déclaré (en 2000) "ne pas être en mesure de valider le procédé industriel de traitement par UV avant d’avoir obtenu d’EDF des résultats en vraie grandeur et exploitable. " Cependant il avait autorisé son utilisation pendant l’été 2000. Au vu des études présentées par EDF le CSHPF a donné un avis favorable en 2001 sous réserve qu’EDF:
     - porte la dose d’UV à 60 mJ/cm3, soit 20 % de plus que la dose qu’elle avait proposée,
     - exerce un suivi permanent de l’installation et de la quantité d’amibes en amont et en aval pendant la période du 1 juin au 15 octobre,

suite:
     - informe la Préfecture, la DDASS, la DRIRE, dès l’apparition des NF dans l’aéroréfrigérant,
     - assure un nettoyage préventif des installations UV et un nettoyage en continu pour le condenseur,
     - cesse le rejet de la purge dans la rivière en cas de panne de l’installation UV, arrête la tranche et prévienne les autorités dès que le nombre de NF atteindrait la valeur de 90 NF dans la Vienne après mélange.
     EDF affirme qu'aucune NF n’a encore été détecté dans ses installations et que son système serait efficace car, même s’il en laissait passer une petite quantité, elles ne trouveraient pas forcément dans la rivière les conditions favorables. (......)
     Au nombre des hôtes indésirables auxquels la centrale offre une niche écologique exceptionnelle, il faut citer les légionelles.
     Ces bactéries existent en très grand nombre, à Civaux comme ailleurs dans les canalisations d’eau tiède et les aérosols.
     D’après EDF qui est tenu de conduire une étude sur le sujet, le risque est faible à Civaux étant donné la densité modeste de la population (merci pour ceux qui restent) et la hauteur des tours qui assurerait une bonne dispersion des aérosols (les gouttelettes qui portent les bactéries).Bien que le problème ne soit pas limité aux centrales nucléaires (c’est aussi un fléau pour les hôpitaux et en milieu urbain avec le refroidissement des climatiseurs), les concentrations par litre évoquées pour le panache de Civaux sont impressionnantes.
Extraits du rapport DSIN (p 266)

     "Concernant le Bugey, EDF a informé l'administration , au titre de l'article 13 du décret du 4 Mai 1995, de son intention de procédé au test d'efficacité d'un nouveau produit , le Mexel 432 , pour prévenir le développement des amibes sur le réacteur 5 , puis un test d'optimisation des quantités injectées sur le réacteur 4, au cours de l'été 2000. Ce produit étant susceptible de fournir une alternative intéressante sur le plan environnemental à la chloramine,la dsin après avoir fait compléter l'information par l'exploitant, notamment quant à la nature et aux flux des produits rejetés, ne s'est pas opposée à la réalisation de ces essais. Il sera nécessaire , en 2001, qu'EDF tire les enseignements de ces essais en termes de limitation du développement amibien d'une part et d'impact sur l'environnement d'autre part pour définir les conditions d'une éventuelle pérennisation du procédé sur le site du Bugey ou d'une mise en oeuvre sur une autre centrale nucléaire."

Restent 3 questions de STOP-Civaux

     1- La création d'un comité de suivi a-t-elle été faite par le Préfet? Si oui, quelles sont les associations de l'environnement qui y sont représentées?
     2- les arrêtés concernant les rejets ont-ils été modifiés en fonction de ces nouveaux traitements comme pour les centrales de Dampierre, Golfech, Chooz et Nogent? Ou l'expérimentation permet comme à Civaux de se passer de modifier les arrêtés?
     3- Qui connait le Mexel et ses effets ?

COMMENTAIRE :
     Les amibes on connait mais qui a des analyses fiables ?
     Quant au titre "découverte" c'est un peu osé, ça fait au moins 5 ans qu'on en parle.... mais tout vient à point à qui sait attendre....
     En fait EDF reste très discrète sur le sujet. Cet article doit faire suite aux problème de cas de légionellose. Affaire à suivre....

p.24

Plus de leucémies chez les enfants de La Hague
Source : http://www.infoscience.fr
3/07/01

     Il y a plus d'enfants de 5 à 9 ans touchés par la leucémie aiguë lymphoblastique à La Hague qu'ailleurs en France.
     Sur le célèbre canton de Beaumont-Hague, à proximité immédiate de l'usine de retraitement des déchets nucléaires de la Cogema, tout n'est question que de vocabulaire. "Il y a plus de leucémies que le taux attendu en France mais aucun lien avec les rayons ionisants ne peut être scientifiquement établi." Telle est, en résumé, la conclusion de la dernière étude épidémiologique réalisée par l'équipe d'Alfred Spira de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale.
     Depuis 1978, la région Nord-Cotentin (France), caractérisée par une forte implantation d'installations nucléaires, fait l'objet de surveillances épidémiologiques des leucémies. Les trois études qui en ont découlé, couvrant la période 1978-1996, concernent les moins de 25 ans vivant aux alentours de l'usine de la Hague. L'actualisation des données jusqu'à 1998, publiée cette semaine par Alfred Spira et ses collègues du Registre des cancers de la Manche (ARKM) et de l'université de Caen, a permis d'affiner les méthodes d'analyse et d'estimation du risque relatif (RR)* de leucémies.
     Le travail des chercheurs a porté sur un rayon de 35 kilomètres autour de l'usine nucléaire de la Cogema ; zone qui a été découpée en trois tranches, de 0 à 10, de 10 à 20 et de 20 à 35 kilomètres, pour une population totale actuelle de plus de 60 000 individus. La tendance relevée lors des précédentes études se confirme. De manière globale, c'est-à-dire sur l'ensemble des dix cantons du Nord-Cotentin, le nombre total de leucémies est comparable à celui observé en France. De 1978 à 1998, il y a eu 38 malades pour 36,9 attendus en se basant sur les statistiques nationales. La région n'est donc pas spécialement touchée par ce type de cancers.
     En revanche, plus près de l'usine de retraitement des déchets, il semble bien qu'il y ait un hic ; cet élément déjà souligné lors des précédentes études est maintenant confirmé et affiné. Dans cette zone des 10 kilomètres, il y a eu plus de deux fois plus de leucémies que "prévues" normalement. Le risque relatif y est de 2,17. Cinq cas sont apparus alors que 2,3 y étaient attendus. Les plus touchés sont les enfants de 5 à 9 ans avec 3 cas répertoriés pour 0,47 attendus, soit un risque relatif de 6,38, avec une prédisposition pour la leucémie aiguë lymphoblastique.
     Pas de doute donc, le canton de Beaumont-Hague est affecté par la leucémie en général et par la lymphoblastique en particulier. Il s'agit toutefois de relativiser la valeur du risque relatif. "Les statistiques nationales sont calculées pour 100 000 personnes/année, souligne Alfred Spira. Or sur le site, on est à une échelle de 830 personnes/année." L'apparition ou non d'un cas fait donc varier de manière très importante les statistiques. Et comme le rappelait Coluche, il existe des circonstances où il est impossible de trouver la virgule. La surveillance des leucémies des enfants sur le long terme devrait permettre de repousser les limites de l'étude épidémiologique.
     Ce suivi, pour autant qu'il soit instructif, ne résout pas le mystère de l'origine du mal. Aujourd'hui, Alfred Spira se penche sur une origine virale de la maladie. "Il existe des modèles animaux de leucémies dues à un virus, notamment chez les félins" rappelle le chercheur. Pour l'instant, rien de comparable n'a été observé en France sur l'être humain mais les études sont lancées. Toutefois, les premiers résultats ne sont pas attendus pour demain. On se situe sur du moyen voire du long terme.
     Et les rayons ionisants, dans tout ça ? Alfred Spira ne les jette pas au panier. "Ils pourraient contribuer à affaiblir l'organisme qui serait alors plus sensible au virus." Mais, il tient à rappeler "qu'aucun lien scientifique n'a pu être établi entre les rayons et les leucémies." De son côté, Roland Desbordes, président de l'association CRII-RAD, ne réfute pas cette affirmation. Il regrette juste "le point à la ligne".
     En effet, selon lui, "cette absence de preuves scientifiques ne veut pas dire qu'il n'y a rien." Les rejets de La Hague sont un cocktail de radioéléments parmi lesquels certains sont franchement mystérieux." Par exemple, lors de l'étude effectuée avec le Groupe radioécologie Nord-Cotentin, on a trouvé du chlore 36, relate Roland Desbordes. Or cet élément n'a fait l'objet d'aucune publication scientifique. Difficile donc de se prononcer sur son influence." En revanche, sur d'autres points, les avis ne manquent pas mais contribuent à brouiller les pistes. Ainsi, pour un même produit, la dose minimale acceptable pour l'organisme peut varier d'un facteur de 1 à 100 selon les points de vue.
     Alors, pas de preuves scientifiques d'un lien entre les rayons et les leucémies, d'accord. Mais c'est peut-être une question de méthode. Celle employée à La Hague a été calquée sur celle utilisée pour la surveillance de son homologue britannique, Sellafield, qui a donné des résultats similaires. Fort de ce constat, Roland Desbordes s'interroge, "en persistant dans cette voie, sommes-nous dans la vérité ?"
     Seules certitudes, le nombre de leucémies est plus important dans le canton de Beaumont-Hague que dans le reste de la France et on ne sait toujours pas scientifiquement pourquoi.

Notes:
* Le risque relatif est le rapport entre la fréquence des cas de leucémies observée dans la population étudiée et la fréquence attendue au regard des données recueillies dans les autres registres français.

suite:
CAS D'IRRADIATION ET DE CONTAMINATION

Trois cas d'école et malheureusement ce ne sont pas les derniers.

     1-Un appareil mal réglé et les soins aux malades se transforment en tragédie.
     La connaissance est indispensable et il convient d'avoir du personnel formé, des appareils dont la notice est correctement rédigé sinon c'est le drame.
     2- Même formé, même connaissant son appareil, un geste pour décoincer, une seconde d'inattention et c'est le pépin. Le travail de nuit, dans une ambiance stressante (il faut faire vite, etc..) sont souvent à l'origine de tels accidents.
     3- Un vol. Que faire quand quelqu'un est prêt à tout pour vivre. Goïona au Brésil avait eu pour origine l'incompétence : laisser une source dans un appareil de césiothérapie et abandonner le tout à un ferrailleur.
     Cette fois l'ouvrier a espéré faire de la "récupération", il a contaminé sa famille et son voisinage.



Le Panama demande une aide internationale pour traiter l'accident d'irradiation

     Le gouvernement panaméen a appelé à l'aide internationale pour l'assister dans le traitement d'un accident d'irradiation ayant provoqué la mort de six personnes et des maladies graves chez 22 autres. Notre correspondant latino-américain Neil Wiese rapporte :
     Selon les autorités panaméennes, le rayonnement anormalement élevé a été détecté entre août et décembre de l'année passée à l'Institut oncologique national. Mais l'alarme n'a pas été sonnée avant les morts récentes et la détérioration rapide de l'état de nombreux patients. La Commission à l'énergie atomique (AEC) [américaine semble-t-il, NdT] a mis en place une équipe d'experts scientifiques et médicaux de France, du Japon et des États-Unis pour aider le Panama. Ils évalueront si c'est un surdosage ou un équipement défectueux qui ont causé l'excès de rayonnement. L'AEC, qui a qualifié l'urgence panaméenne d'incident grave, affirme que sa mission permettra d'évaluer l'état des patients cancéreux survivants, d'opérer des autopsies sur les victimes et d'inspecter toutes les sources de rayonnement afin de les sécuriser.



AFP : Un homme irradié dans une centrale nucléaire en Gironde dimanche 22 avril 2001 - 9h12 heure de Paris

     BORDEAUX (AFP) - Un homme travaillant pour une société extérieure à EDF, sur la centrale nucléaire du Blayais (Gironde), a reçu, dans la nuit de vendredi à samedi, une "dose de radioactivité anormale". L'accident, a indiqué dimanche Électricité de France (EDF) dans un communiqué, s'est produit samedi à 02h00 dans l'unité de production numéro deux de la centrale, actuellement à l'arrêt pour rechargement de combustible. La victime, un employé de la société Cep Industrie, réalisait "des contrôles radiographiques de soudures en utilisant une source radioactive" quand il a été irradié.
     Selon EDF, la dose relevée sur son dosimètre électronique est de 15 milliSieverts, le seuil réglementaire étant actuellement fixé à 50 milliSieverts par an. La mesure indiquée par le dosimètre est provisoire et, indique le communiqué, doit être précisée par des examens complémentaires. Sous la surveillance de l'Office de protection contre les rayonnements ionisants (OPRI), qui a été informé, de même que l'Autorité de sûreté nucléaire, l'employé va bénéficier du suivi médical approprié et des examens biologiques qui doivent confirmer la dose reçue lors de cette opération de maintenance.
     Pour EDF, c'est à la suite d'une "erreur de manipulation" de la source radioactive qu'il manipulait que cet employé "expérimenté" - il intervenait dans ce domaine d'activité depuis une dizaine d'années, indique le communiqué - a été irradié. Dimanche matin, la direction de la centrale du Blayais se refusait à tout commentaire sur cet accident.



BERLIN, 15 juil (AFP) : Plutonium/ouvrier contaminé: le ministère allemand de l'Environnement veut un rapport

     Le ministre allemand de l'Environnement Jürgen Trittin a exigé dimanche un rapport lundi de l'Autorité de surveillance nucléaire du Bade-Wurtemberg (sud-ouest) sur un ouvrier contaminé travaillant au démantèlement d'un ex-centre de retraitement de déchets nucléaires.
     "Si le soupçon est confirmé que du matériel radioactif a été dérobé d'un centre allemand nucléaire, alors on doit supposer qu'il y a des défauts graves dans la sûreté de ce centre", a dit M. Trittin.
     Il a déclaré attendre du gouvernement régional du Bade-Wurtemberg "une élucidation complète de cette grave affaire".
     Ce week-end, l'ouvrier contaminé âgé de 49 ans a indiqué à la police où il avait caché du plutonium. L'homme avait enterré le matériel radioactif aux environs de Landau (sud-ouest), sur un ancien terrain militaire français.
     Selon la presse allemande, les enquêteurs voient ainsi confirmés leurs soupçons, selon lesquels l'ouvrier aurait subtilisé le plutonium de l'ex-centre de retraitement.
     Vendredi, avaient été rendue publique la contamination de deux personnes proches de l'ouvrier, son amie et la fille de celle-ci. Ces trois personnes sont actuellement traitées au département médical du centre de recherche atomique de Karlsruhe (sud-ouest).
     Le centre de retraitement de déchets nucléaires de Karlsruhe (sud-ouest) avait été mis à l'arrêt en 1990. Son démantèlement est en cours depuis 1996.

p.25

Usine de retraitement de Sellafield : la Norvège exprime son "inquiétude"

OSLO, 8 mai (AFP) - Le gouvernement norvégien a convoqué un diplomate britannique pour lui signifier son "inquiétude" liée aux "rejets croissants" de matières radioactives émis depuis le centre de retraitement nucléaire de Sellafield (nord-ouest de l'Angleterre), a-t-on appris mardi de source officielle. Le ministère norvégien des Affaires étrangères a annoncé avoir convoqué lundi "à un haut niveau" un représentant de l'ambassade de Grande-Bretagne à Oslo pour lui exprimer "son inquiétude concernant tout particulièrement les quantités croissantes de Technetium-99 radioactif" détectées depuis 1994 sur les côtes norvégiennes. Ce produit se retrouve de plus en plus fréquemment sur le littoral du royaume scandinave, notamment dans le varech, le goémon et les homards, indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
     "Dans ce contexte, nous avons signifié la nécessité d'une réduction de ces rejets aussi rapide que possible", précise le communiqué, qui ajoute que plusieurs lettres de protestation émanant de collectivités locales et d'organisations de défense de l'environnement avaient par la même occasion été remises au diplomate britannique

début p. 26

Retour vers la G@zette191/192