La publicité est-elle néfaste?
Un groupe de professeurs s'est insurgé
contre certaines campagnes publicitaires. Leurs propos (Le Monde,
15 novembre 1989) ne manquent pas de pertinence. En voici quelques extraits:
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Les campagnes publicitaires, les "colloques- bidons", les visites payées
organisées par les grands de l'industrie nucléaire n'ont
jamais gêné ce professeur qui n'hésita pas à
souligner, avec une pointe d'envie, que" l'efficacité de M. Goebbels
était redoutable" (Gazette Nucléaire no
117/118, août 1992, p. 18 et pour le texte complet voir le no
20, éditorial en 1978).
Des épidémiologistes français ne peuvent-ils
témoigner que masqués?
p.2
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Qui est cet épidémiologiste
? Nous ne le saurons pas car il est intervenu "sous le couvert de l'anonymat".
Là encore, aucun commentaire du journaliste. Liberté du scientifique
? Mais alors que penser de ces scientifiques qui n'ont pas besoin, eux,
pour survivre, d'être protégés par l'anonymat ? L'INSERM,
organisme scientifique ou organisme aux ordres?
L'industrie nucléaire n'est pas la seule activité protégée par l'INSERM. Combien de temps a-t-il fallu pour que le Sida soit reconnu comme un danger en France ? Et les cancéreux de l'Institut Pasteur? Le sang contaminé ? L'INSERM vient enfin d'oser publier un rapport sur l'amiante et braver le ministre. Quelle est la contribution de l'INSERM dans l'étude des cancers professionnels au C.E.A., à EDF? Qui a contribué à enterrer l'étude sur l'excès flagrant de cancers du poumon et du larynx chez les mineurs d'uranium français ? Et le radon dans les habitations, quand l'INSERM s'en inquiétera-t-il? Un nouveau risque nous menace: le risque psychologique Un institut s'est créé il y a quelques années, l'Institut européen des Cyndiniques (IEC). Cyndinique vient du grec Kindunos, le danger. Les cyndiniques sont donc des experts du danger. Dans un texte du 18 juin 1997 annonçant un colloque organisé par l'IEC il est précisé: "L'IEC s'interroge sur les nouveaux risques auxquels toutes les composantes de la société dont l'entreprise [souligné par le cyndinique de service] auront à faire face dans les prochaines années". L'industrie moderne avec tous les risques d'accidents graves pourrait donc faire courir un nouveau danger pour ses propres entreprises. Logique curieuse, comment une entreprise peut-elle se développer en se mettant elle-même en danger? Evidemment le danger vis-à-vis de l'entreprise qui aurait causé une catastrophe ou qui peut la causer, ne vient pas de l'entreprise elle-même mais de l'extérieur, des individus, de la société, des "turbulences sociales". La Lettre des Cyndiniques nol8 de mars 1996 indique qu'au cours d'un colloque (6-7 décembre 1995) un représentant des cyndiniques, G. Y. Kervern "introduit la notion de risque psychologique majeur". Ce nouveau risque nous menace-t-il ou menace-t-il les responsables des risques objectifs et de ceux qui auront à les gérer ? On pourrait dire que les cyndiniques sont les experts du danger mais aussi sont des experts en danger? Quelques définitions intéressantes
Détour
Qu'attendent les généticiens pour se rendre utiles
à l'industrie nucléaire!
(suite)
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suite:
"Si l'on était capable d'analyser les mécanismes en jeu et de donner pour chaque individu, la valeur des différents temps de latence génétique [il s'agit ici du temps qui s'écoule entre l'irradiation et l'apparition d'un cancer radioinduit], on pourrait établir, par individu, un profil de risque et sélectionner les travailleurs soumis au risque carcinogène. Les implications sont suffisamment importantes pour que les expérimentations des prochaines années en cancérogenèse radioactive soient consacrées à l'étude de ces mécanismes". Ce texte a été écrit par Jean-Claude Nénot, adjoint au chef de service de la Protection Sanitaire - Département de Protection, C.E.A., et Jacques Lafuma, chef de la Section de Pathologie et de Toxicologie Expérimentales - Département de Protection, C.E.A.. Il a été publié dans la Revue Générale Nucléaire (RGN) no 3, mai-juin 1976. Ces deux experts ont fait partie de la Commission Internationale de Protection Radiologique (CIPR) et leur ancien patron, le Dr. Jammet a siégé à la CIPR pendant plus de 30 ans. Ces spécialistes-experts en Protection sanitaire au C.E.A., ont rêvé d'une race d'hommes sélectionnés pour leur insensibilité au rayonnement. Ont-ils effectué des recherches dans cette direction ? Les développements foudroyants en biologie génétique ont dû réveiller en eux leur vieux fantasme. Sont-ils intervenus auprès des généticiens pour orienter des recherches dans ce sens ? Construire ces hommes nouveaux ce serait tout de même plus important que de cloner une vulgaire brebis! Tchernobyl avec ses multiples irradiés a dû les intéresser. Il y avait là certainement tout un vivier génétique particulièrement intéressant pour la mise au point de cette race nouvelle qu'ils rêvaient de développer. L'université catholique de Lyon s'intéresse à
"une éthique de l'énergie nucléaire"
p.3
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Mais qui s'inquiète de l'état
de santé des liquidateurs? Il est assez important de détailler
un peu la discussion, lors de ce colloque, entre les gestionnaires du nucléaire
(payés par EDF pour cette tâche) et des représentants
de la hiérarchie catholique.
Le titre de l'intervention de Bruno-Marie Duffé, chargé de cours à la Faculté de Théologie de l'Université Catholique de Lyon, est significatif: L'opinion publique : de l'ignorance à la peur. Pour cet universitaire la peur est le résultat de l'ignorance. Il fait référence à l'imaginaire, à "l'épée de Damoclès", mais ne semble guère préoccupé par les risques réels d'une catastrophe nucléaire, risques qui peuvent faire peur d'une façon tout à fait rationnelle. Pour ce personnage, "La peur naît de la conjoncture de plusieurs perceptions dont le trait commun est la non maîtrise du réel". Est-il si déraisonnable d'avoir peur quand vous ne pouvez intervenir en rien sur ce qui peut vous arriver de catastrophique ? Et bien sûr il fait référence au traumatisme de "l'inoubliable blessure d'Hiroshima". Pourquoi ne fait-il pas référence à des déclarations d'août 1945 de la hiérarchie catholique française contre l'usage des bombes A dont furent victimes les Japonais ? Tout simplement parce que cette hiérarchie fut totalement muette, trop préoccupée à essayer de se dédouaner de sa collaboration ouverte avec l'occupant nazi. |
Mais cet ecclésiastique n'est pas naïf,
il reconnaît les problèmes:
"Nous sommes malades de cette incapacité à concilier le discours commercial qui nous invite à consommer notre électricité nucléaire et le discours éthique qui nous ouvre à nos responsabilités humaines, au devenir de l'homme, du monde et des peuples ". Cela ne l'empêche pas de collaborer avec les représentants du discours commercial au détriment d'une responsabilité éthique. Pour lui il n'est pas question de trancher entre le discours commercial et l'éthique: "En aucun cas il ne s'agira pour nous de céder le pas à une nouvelle idéologie qui prétendrait apporter le dernier mot au débat et ainsi résoudre la tension entre la position réaliste et amorale de la technoscience et la sensibilité humaniste et volontiers moralisatrice de l'opinion critique spontanée". En somme, sur le problème des dangers de l'énergie nucléaire, [qui impliquent non seulement les personnes qui subissent l'accident mais aussi leurs descendants avec les déchets nucléaires] ce responsable catholique refuse de prendre parti entre l'aspect commercial du problème et la responsabilité éthique. Pour lui les problèmes ne sont pas tant d'être "résolus" mais d'être "assumés". C'est une démission totale de la responsabilité éthique qui laisse le pouvoir de décision aux décideurs commerciaux. p.4
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