G@ZETTE NUCLEAIRE
No 117/118, août 1992
ET SI NORMES ET DÉCHETS

M'ÉTAIENT CONTÉS...


Editorial
     Superphénix n'est pas reparti !! Notre étonnement est à la mesure de la nouvelle. Bien sûr nous avions oeuvré pour que la sûreté l'emporte mais même avec un dossier qui ne laissait aucun doute, nen n'était joué d'avance. Il faut accorder un bon point au gouvernement, il a su résister et tenir compte de l'avis de la DSI N. Nous avions des craintes sur la capacité de résistance de cet organisme. Nous avions tort: Superphénix devra repasser, au moins devant une commission de sûreté et semble-t-il, on peut espérer son arrêt définitif.
     Nous pouvons tous nous dire que suivre un dossier, écrire sans arrêt que la sûreté doit être le point important quel qu'en soit le coût parce qu'on ne peut transiger si des vies humaines sont enjeu (à notre avis bien sûr), est finalement payant. Dont acte.
     Cependant n'oublions pas de demander encore et encore que l'on repense la politique énergétique. En particulier la campagne éhontee d'EDF pour faire passer le nucléaire n'est pas de mise. Et quand, en plus, Cogéma y rajoute son couplet, il est temps de savoir s'arrêter. Cette publicité:
     - l'aspirateur "nucléaire"
     - la perceuse "nucléaire"
est débile. Pire, compte tenu du texte et de la tête des acteurs la conclusion est que le nucléaire rend idiot. On le savait mais pourquoi une pub pour le faire savoir
     Deux dossiers viennent d'avoir un premier épilogue sous forme:
     - pour Saint Aubin, un rapport,
     - pour Le Bouchet, un avis du Conseil Départemental d'Hygiène.
     Dans les deux cas toutes les terres, gravats, boues, résidus contaminés vont être retirés et stockes sur des sites appropriés.
suite:
     Ne soyons pas naïf, il faudra suivre attentivement la suite des opérations. Mais dans l'étonnant cinéma d'une décision il vient de se glisser des grains dérangeants. il n'est plus possible que le pollueur ne présente que son dossier, sa solution, d'autres partenaires peuvent intervenir. Cela sera satisfaisant si la décision finale tient compte des argumentaires et ne penche pas d'un seul côté. Pour le moment les discussions furent serrées, les décisions longues à mûrir mais le problème des déchets a été reconnu comme primordial et les décisions prises vont dans le sens de la protection de l'environnement et surtout des populations.
     Les divers rapports Desgraupos, Le Déaut ont fait un premier bilan. L'Andra a repris le flambeau et fait la liste des sites contaminés, mines, vieilles usines, dépôts de gravats etc, etc...
     Les deux petits sites essonniens étaient exemplaires. Ils ont apporté la preuve que les diverses définitions du déchet faiblement actif amènent à des situations de contamination des terrains telles que cas terrains doivent à jamais être surveillés, interdits.
     Au Bouchet ce fut difficile mais l'obstination, la ténacité des Amis de la Terre de Balancourt a finalement permis l'aboutissement du dossier. Bien sûr il faut éviter de s'endormir et suivre ca qui va se passer. Promesse a été faite de mettre en fût les dangereux résidus à l'horizon de quelques années. Mais nous pensons que cette mise en fut doit être faite sans délais, car la raison avancée, le manque de site n'est pas correcte. Au contraire elle doit obliger à prendre le problème en priorité pour lui trouver une solution. Les résidus enfouis dans la terre sans aucune protection contiennent jusqu'à 8 millions de becquerels par kg (ils sont au dessus des limites de la classification en catégorie B voir glossaire). Il est donc non seulement exclu mais impossible de les laisser à cet endroit.
p.1

     En ce qui concerne Saint Aubin la décision a été prise de tout retirer mais bien sûr la contamination est moindre (13.000 Bq/kg) et la quantité aussi (2.000 m3 contre 20.000 au moins), donc le travail sera plus facile et le site qui doit recevoir les résidus existe (Soulaines dans l'Aube)
     Franchement tout ceci est sans intérêt car de toute facon les terrains sont contaminés et sont une menace pour l'environnement et par suite les populations. Tout doit donc être mis en état. On a" oublié" de le faire pendant près de 40 ans, c'est un juste retour des choses de devoir y remédier maintenant. Cela montre que c'est plus cher de réparer que de faire au furet à mesure.
     De toute facon la Gazette publiera les deux dossiers, vous jugerez et vous aurez les élémonts pour intervenir ailleurs.
     La lecture du bulletin SN de la DSIN est fort instructive. On avait les tubes de générateurs de vapeur, les broches, les vannes les couvercies de cuve. Voici une anomalie "concernant le revêtement métallique de l'enceinte de
confinement ces réacteurs à eau sous pression de 900 MWe". Il s'agit (bien sûr) de phénomènes de corrosion qui affectent la partie basse du revêtement des enceintes (Bugey 4 et 5, Cruas 2, Chinon B3, Dampierre 4, Fessenheim 1).
     Une autre anomalie concerne tout le parc 900 et 1300 réunis. Il s'agit de la présence de... ruban adhésif(!) pouvant provoquer des bouchages du circuit d'aspersion de l'enceinte (EAS), circuit qui, en cas d'accident doit permettre, entre autre, l'élimination de l'iode. Ce ruban a été utilisé au montage au cours des opérations de soudage des tuyauteries...
     Ce bulletin est exemplaire, c'est la seule publication officielle qui pratique la transparence. D'accord ce n'est pas facile à lire, il faut souvent un glossaire mais tout de même les incidents y sont répertoriés. En effet on a décortiqué le rapport du CEA, celui de la Cogéma. On ne risque pas de vous faire un bilan: ces rapports sont vides...
     Comme toujours la définition de la transparence et de l'information dépendent de l'interprétation qu'en fait celui qui en parle.
     Nous avens découvert que D. Loglu, journaliste scientifique de Libération avait recu le prix de l'Académie des Sciences. Attention à ne pas succomber aux sirènes officielles nucléaires, les journalistes scientifiques du Monde spécialisés dans le nucléaire n'y ont pas résisté.
     Nous vous offrons des articles sur les normes et les travailleurs. Nous repartons sur les déchets. Bonne lecture.
 
 
 

L'Abonnement à la Gazette est annuel et commence en Janvier. Nous n'envoyons pas de rappel MAIS SUR LA BANDE EST ÉCRIT: VOTRE ABONNEMENT EST EXPIRÉ. Nous ne vous rayons qu'au bout d'une année en attente de votre réabonnement éventuel; donc si vous voulez nous quitter, écrivez-nous.

suite:
GLOSSAIRE

La sureté nucléaire en France

     L'office Parlementaire d'Evaluation des Choix Scientifiques et techniques fait l'évaluation.
     Les ministres (chargés de l'Industrie et de l'Environnement) consultent le Conseil Supérieur de la Sûreté et de l'Information Nucléaires (CSSIN) et le Comité interministériel des Installations Nucléaires de Base (CIINB).
     DSIN: Direction de la Sûreté des installations Nucléaires, relève du ministère chargé de l'industrie et est à la disposition du ministère de l'environnement et utilise comme bras séculiers:
     les DRIRE: Directions Régionales de l'Industrie, de la Recherche et de l'Environnement.
     L'IPSN: Institut de Protection etde Sûreté Nucléaire. Les 4 groupes permanents (Réacteurs nucléaires, Installations de stockage à long terme des déchets radioactifs, Autres installations nucléaires, Section permanente nucléaire de la Commission centrale des appareils à pression).
     SCPRI: Service Central de Protection contre les Rayonnements Ionisants.
     ACRO : Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l'Ouest
     CRII-Rad : Commission de Recherches et d'information Indépondantes sur la Radioactivité.

Déchets radioactifs

     type A: activité faible ou moyenne en radioéléments à vie courte (30 ans environ), émetteurs béta-gamma, limite en alpha 0,1 Ci/t.
     type B: activité faible ou moyenne en radioéléments à vie longue, émetteurs alpha.
     type C: activité forte en radioéléments à vie courte et longue, émetteurs alpha, bêta et gamma.
     fines: résidus fins du traitement.

Unités

     unité d'activité: becquerel (Bq)
     1 désintégration par seconde du corps radioactif considéré.
     unité de dose absorbée: Gray (Gy)
     le Gy correspond à une énergie de 1 joule par kilo.
     unité d'équivalent de dose: Sievert (Sv)
     unité biologique de dose absorbée correspondent à 1 Gy.

Tables de correspondance
Curies/Becquerels et Becquerels/curies

p.2

SOMMAIRE
La radioprotection: a) Les nouvelles recommandations de la Commission internationale de Protection radiologique b) Les normes de radioprotection c) Le suivi de mortalité des travailleurs
Quelques réflexions
Les déchets de faible activité: a) Avis sur la politique des déchets b) Recours en annulation c) droit de réponse d) les déchets radioactifs de Bessines e) Réponses Cogema f) Recyclage du Pu-MOX

Année 1992
G@zette précédente numérisée  G@zette suivante
REnews 1992: base de données environnementale internationale