- Le plan de secours interne à la centrale, qui est de la responsabilité de l'exploitant lorsque l'accident n'est pas susceptible d'avoir des répercussions à l'extérieur du site. Ce plan est régi aux Etats-Unis par l'annexe E du 10 CFR 50. - Le plan de secours externe à la centrale qui est de la responsabilité du gouverneur de l'Etat considéré et des autorités locales. Ce plan ne fait pas l'objet d'un règlement précis. Il ne fait l'objet que d'un échange de lettres entre la RNC, qui donne son accord de principe sur les dispositions contenues dans le plan, et les autorités locales qui s'engagent à mettre en oeuvre un certain nombre de moyens en cas d'accident;ll semble, en fait, que dans l'Etat de Pennsylvanie, le plan n'était pas parfaitement au point: tous les Etats américains concernés par des implantations nucléaires n'ont d'ailleurs pas encore de plan de secours bénéficiant de l'aval de la NRC. Ces plans de secours en cas d'accident sur une installation nucléaire civile semblent valables aussi dans les cas d'un accident survenant sur des installations militaires. LES RESPONSABILITES DES
Il convient de préciser que c'est le
gouverneur de l'Etat qui prend ou non la décision d'évacuer
les populations. La NRC n'a auprès de celui-ci qu'un rôle
consultatif. Dans ces conditions, la NRC n'a pas pu nous fournir d'indications
précises sur l'application du plan de secours.
LE DEROULEMENT DES
L'accident ayant eu lieu vers 4 heures du matin
le mercredi 28 mars, ce n'est que vers 7 hcures du matin que la NRC et
l'Etat de Pennsylvanie ont été informés de l'accident,
ce qui peut signifier que l'exploitant ne s'est pas rendu compte immédiatement
de sa gravité. L'alerte a été déclenchée
vers 10 heures du matin.
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Ces difficultés se sont concrétisées notarnment par: - une saturation totale des lignes téléphoniques dans la zone concernée par l'accident. La compagnie de téléphone est arrivée toutefois à mettre en place très rapidement un certain nombre de lignes directes qui ont permis de débloquer la situation. - la difficulté d'utiliser les différents échantillons recueillis par les différents organismes chargés du prélèvement par suite de difficultés de repérage des lieux de prélèvement, et de l'absence de normalisation des prélèvements: les 3/4 des échantillons (de lait, d'eau) recueillis dans les deux premiers jours après l'accident ont été inutilisables. Le vendredi, l'exploitant a décidé d'effectuer des rejets importants à la cheminée (1,2 rem/h à la cheminée), ce qui a amené le gouverneur, sur une suggestion de la NRC, à recommander, dans une intervention télévisée, l'évacuation des femmes enceintes et des enfants d'âge pré-scolaire, dans un rayon de 5 miles (8 km) autour de la centrale. Cette recommandation a été interprétée par les populations comme un ordre d'évacuation. Dans un rayon de 8 à 10 miles (13 à 16 km) autour de la centrale, les populations ont cherché à quitter les lieux, ce qui a engendré de nombreux embouteillages: les automobilistes se sont précipités, pour faire le plein vers les pompes à essence, qui ont pu cependant faire face à la demande, et vers les banques qui ont enregistré des retraits très importants (10 à 15 millions de dollars en un jour et demi). D'après les informations dont nous avons pu disposer, le responsable du plan de secours au niveau local n'était pas favorable à cette évacuation. Il semble qu'une bonne partie des personnes qui ont quitté les lieux, soient revenues assez rapidement à leur domicile. En fait, 15.000 personnes environ (femmes enceintes et jeunes enfants) seraient restées de façon prolongée loin de leur domicile. Les responsables achevaient l'étude, vers le mardi 2 avril, d'un plan d'évacuation concernant 600.000 personnes habitant dans un rayon de 20 miles (32 km) autour de la centrale. Ce plan aurait sans doute été appliqué s'il avait été nécessaire de faire une intervention particulière pour supprimer la bulle située en partie supérieure du coeur du réacteur ou si la teneur en hydrogène de l'enceinte avait atteint un niveau dangereux (plus de 4%). Depuis de nombreux mois avaient lieu des discussions sur l'efficacité de l'ingestion d'iode à titre préventif: cet iode non radioactif est susceptible de saturer la thyroïde et donc d'éviter l'absorption d'iode radioactif. L'accident de Three Mile Island a permis de mettre un point final à ces discussions: le samedi 31 mars, les responsables du plan de secours se sont préoccupés de la distribution de doses d'iodure de potassium aux populations. Or ce produit n'était pas disponible au matin du 31 mars sur le sol américain. Grâce à la diligence d'une société chimique américaine, 50.000 doses d'iodure de potassium furent fournies le samedi soir sur l'aéroport d'Harrisburg. En fait, aucune dose n'a été distribuée, même pas aux employés de la centrale, la direction de celle-ci pensant que ce n'était plus utile. Par ailleurs, il a été recommandé par les autorités de nourrir le bétail avec du fourrage engrangé, mais il n'y a pas eu d'interdiction de vente du lait. Malgré certaines difficultés pendant les premières heures, sinon même les deux premiers jours qui ont suivi le début de l'accident, la mise en place d'un plan de secours a, semble-t-il, pu être menée à bien par les autorités locales. p. 7
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(de notre envoyé spécial à Harrisburg)
Nous présentons ici des informations recueillies auprès de la NRC, de l'Institut de Politique de l'Environnement et des Docteurs K.Z. Morgan et D.E. Sternglass I. Mesures effectuées
L'Agence de Protection de l'Environnement n'a pu commencer les mesures
aériennes que 48 heures parés le d4but de l'accident. La
radioactivité mesurée était alors de 5 à 10
fois la radioactivité naturelle.
2. Estimation des doses
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Dose collecdve à la population La dose individuelle intégrée par un individu au point le plus critique est estimée à 100 millirem par la NRC. L'estirnation de la dose collective est passée successivernent de 1800 à 2500, puis enfin à 3500 homme x rem (dernière estimation en date du 18.4.1979). Si cette dose vient des indications des TLD sans tenir compte du rayonnement bêta, elle est sous-estimée d'un facteur 5 environ. Une dose collective entraîne un nombre supplémentaire de cas de cancer, parrni la population soumise aux rayonnements. D'après les premiers travaux, effectués sur de fortes doses, on admettait généralement 6 cancers pour 10 000 homme x rem, soit 2 cancers supplémentaires pour 3 500h x rem (abrévation de homme x rem). Les travaux récents de Mancuso, Stecart et Kneale sur les faibles doses reçues par les travailleurs de l'usine de retraitement de Hanford conduiraient à multiplier par 10 ce chiffre. Enfm, si la dose réelle est bien de 5 fois supérieure aux 3 500 h x rem officiels, et si on fait confiance aux travaux (fort sérieux) de Mancuso, on arrive à 100 cancers supplémentaires. Il n'est évidemment pas possible de trancher à l'heure actuelle. Les deux incertitudes sur la dose collecuve réelle et le rapport cancer/dose obligent à donner une « fourchette » très large: l'accident du réacteur de T'hree Mile Island fera entre 2 et 100 victimes parmi la population. La seule chose sûre est qu'affirmer que cet accident n'aura pas de conséquences est un mensonge (un de plus...). p.8 |
Il nous a semblé intéressant
de reprendre quelques extraits des multiples déclarations de quelques-uns
de nos nucléocrates français.
Nous avons dû en oublier beaucoup d'autres toutes aussi réjouissantes les unes que les autres, mais nous pensons que l'échantillonnage donne bien les grandes lignes de l'ensemble. GIRAUD
5.04.79
3.04.79
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TANGUY (IPSN CEA) 2.04.79 Le Matin « Nous avons complètement refait l'analyse des problèmes de sûreté et de sécurité de la filière comme si les Américains ne l'avaient pas fait eux-mêmes. » « Il faut revoir les analyses prévisionnelles de risques. » « ... Car EDF a eu la sagesse de choisir un réacteur standardisé et de porter tous ses efforts sur une seule et même technique. » Christian GERONDEAU
Raymond BARRE
« C'est un événement considérable... Il est
plus considérable par ses retombées psychologiques que par
la réalité technique que nous pouvons observer. Sur cette
réalité technique, je ne peux encore rien dire... Si la centrale
de Three Mile lsland est du même type que les réacteurs qui
sont construits en France, cette centrale présente des caractéristiques
techniques très différentes et le scénario qui s'est
déroulé aux Etats-Unis ne pourrait se présenter de
la même façon en France. Nous avons, en effet, des systèmes
de sécurité qui prennent en compte la possibilité
de tels accidents techniques et ceci nous met à l'abri de conséquences
qui pourraient être considérables. »
M. LEBLOND
p.9
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