Le programme électro-nucléaire
français a été lancé en mars 1974 dans l'affolement
qui avait suivi l'embargo pétrolier après le conflit israélo-arabe.
Le programme d'origine prévoyait un premier train de 13 tranches
en 1974 et 75 puis la mise en chantier de quarante à cinquante tranches
nucléaires jusqu’en 1980. Cet objectif ambitieux pour lequel le
Premier ministre de l'époque, Messmer, s'était engagé
personnellement à ce que ce soit un succès, a été
révisé et baissé régulièrement, mais
il reste encore, au moin sur le papier, un des programmes les plus ambitieux
du monde.
Il est intéressant de rappeler en début, l'argumentaire officiel le plus détaillé qui existe à notre connaissance, celui de la Délégation à l'information, intitulé: «Energie nucléaire, données techniques, économiques, écologiques» Avril 1975. Nous verrons ensuite qu'il y a loin du bel optimisme affiché il y a deux ans, aux dures réalités actuelles. La «défense et illustration» de la politique nucléaire se développe autour de deux pôles principaux: • il n'y a pas de problèmes techniques • le nucléaire est économiquement le meilleur choix, auxquels s'ajoutent des considérations sur la croissance énergétique et sur le fait que seul le nucléaire peut fournir une réponse à la «crise énergétique». 1. L'industrie nucléaire est arrivée à maturité.
2. La France a une longue expérience de l'industrie nucléaire.
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Il a fallu choisir cette dernière filière car sans cela «l'industrie électro-nucléaire française risquait de rester technologiquement isolée et de voir se fermer ses futurs débouchés à l'exportation». 3. Les problémes techniques sont résolus:
4. Si l'approvisionnement en uranium pose à long terme quelques problèmes, les surgénérateurs viendront prendre le relais: «A partir de 1985, l'avance acquise par la France dans le domaine des réacteurs surgénérateurs doit lui permettre de préparer pour les années suivantes, le développement industriel sur une plus grande échelle de cette filière dite de la troisième génération ». 5. Sur le plan économique, les calculs ont été
faits par les agents d'EDF
6. «Pour pouvoir se développer rapidement et harmonieusement, l'industrie nucléaire doit être en mesure de bénéficier d'un courant d'exportation régulier et en expansion. C'est une condition essentielle de ses progrès dans l'avenir... C'est aussi une contribution nécessaire au rééquilibrage de la balance commerciale, affectée sur la crise du pétrole». 7. La consommation d'énergie va croître:
8. Seul le nucléaire est capable de répondre à cette croissance des besoins en énergie: les autres sources, notamment les énergies nouvelles, ne sont pas prêtes, malgré les efforts faits: «l'énergie éolienne se prête facilement à l'initiative privée et c'est pour cela que le gouvernement a récemment encouragé une telle recherche par un concours d'idées dont les plus intéressantes feront l'objet de suites favorables». Grâce au «Concours Lépine», la crise de l'énergie ne sera bientôt qu'un mauvais souvenir!! Pour finir ce rappel des positions officielles, nous donnons ci-après le programme tel qu'il était envisagé au début de cette année. On peut remarquer tout de suite que la durée de construction d'une tranche nucléaire est de cinq ans dans le programme, alors qu'il en a fallu sept pour Fessenheim et qu'aux EtatsUnis on en est maintenant plutôt à neuf ans à cause des difficultés financières et de l'opposition de plus en plus vive aux implantations. N'en sommes-nous pas là en France aussi? D'ailleurs, M. Boiteux semble maintenant reconnaître que les deux ans de retard de Fessenheim se répercuteront sur tout le programme. p.2
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Centrales nucléairea françaises: planning, sites, puissances et types A cette liste il faut ajouter:
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- au niveau des sites, un stock est systématiquement constitué en ne saturant pas immédiatement à quatre tranches les sites ouverts, mais en maintenant libres les emplacements correspondant à la seconde paire. Il en résulte un surcoût d'équipement des sites peu élevé si on le compare au coût d'un retard d'un an pour la mise en service d'une tranche, retard qui serait inévitable en cas de non-disponibllité des sites nécessaires. Une autre politique plus économique sera également recherchée dans l'avenir: elle consiste à équiper certains sites à quatre tranches sans interruption du chantier et à disposer de sites de secours vierges mais dotés de toutes les autorisations. (...) Les sites dont on dispose en effet aulourd'hui ont tous été lancés avant la forte poussée d'opposition au nucléaire. Ceux qui sont sur la ligne de départ - Flamanville, Saint-Maurice l'Exil ou Cruas - entrent dans la catégorie des sites bénéficiant de conditions assez favorables: zone ayant subi un léger déclin industriel(2), ou région du Rhône très favorable au développement industriel. Cela ne doit pas faire oublier les difficultés rencontrées dans l'Est pour des raisons techniques ou politiques et celles qui se sont manifestées dans le Languedoc à Port-la-Nouvelle et dans l'Ouest, en Bretagne et dans les pays de la Loire. Revue Française de l'Energie
Pour mieux apprécier la situation actuelle
du nucléaire, nous n'examinerons pas point par point l'argumentaire
officiel pour le corriger ou le réfuter nous nous contenterons d'apporter
de l'information sur les points suivants
1) - technique 2) - situation économique 3) - le cas particulier des surgénérateurs 4) -la situation internationale 5) - la situation sur les sites. On verra ainsi par comparaison que la situation est loin d'être celle qui avait été avancée dans l'argumentaire officiel. p.3
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