SOLAR CLUB CERN
Science et Vie mai 2001
Les CIRRUS sont des soupapes
Quand la température de l'eau s'élève
dans l'Ouest du Pacifique, la couverture nuageuse et plus spécifiquement
les cirrus se rétractent: c'est ce que révèle l'analyse
des données satellitaires réalisées dans cette région
du monde par des chercheurs de la... NASA et du MIT.
Le rôle de ces nuages dans l'effet de serre
est essentiel: ce sont eux qui piègent les rayons infrarouges et
réchauffent notre atmosphère. leur épaisseur moindre
favoriserait la fuite des infrarouges vers l'espace, ce qui entraînerait
un refroidissement de l'atmosphère sous-jacente.
Selon les auteurs de l'étude, parue en mars dans le bulletin de
la Société américaine de météorologie,
ce phénomène pourrait réduire de 2/3 le réchauffement
climatique qui surviendra si le taux de CO2 atteint, comme prévu,
le double de ce qu'il était à la fin du XVIIe
siècle.
Les modèles soufflent le chaud et le froid
D'ici la fin du siècle, la température
moyenne sur Terre augmentera de 1,4 à 5,8oC. Cette conclusion
du Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat donne matière
à réflexion. On sait que les grandes et brusques variations
climatiques observées durant les ères glaciaires sont liées
à un changement de circulation des masses d'eau, notamment du Gulf
Stream. A la suite d'un gros apport d'eau douce (dû, par exemple,
à la fonte de glaciers), ce courant chaud de l'Atlantique aurait
été moins dense au nord. Il aurait donc raccourci son cours,
refroidissant les hautes latitudes en les privant de sa chaleur.
Des chercheurs allemands ont simulé cette
instabilité climatique sur ordinateur: il y a vingt mille ans, une
faible variation du bilan évaporation-précipitations a suffi
pour que tout baucule. Depuis dix mille ans, ce bilan est plutôt
stable, et cette stabilité devrait se prolonger: en simulant l'évolution
du système océan-atmosphère au cours des quinze mille
prochaines années, des chercheurs américains n'ont observé
qu'une seule diminution notable de la température. A condition qu'il
n'y ait aucune perturbation, naturelle ou humaine...
Or, en augmentant l'effet
de serre, l'activité humaine perturbe le système. Le pôle
Nord est menacé de dégel, et, en Antarctique, le glacier
de Pine Island a reculé de 5lcm en huit ans: ils risquent de nous
inonder d'eau douce. Paradoxalement, le chaud pourrait alors céder
la place au froid en Europe.
Anne Balleydier