LES PILES A HYDROGENE FONT LE PLEIN
Technologie alternative de production d'électricité,
les piles à combustible s'apprêtent à faire leur entrée chez les constructeurs automobiles
La Recherche, No 314, 11/2000
    Dès 2002, les piles à combustible représenteront un marché annuel de 8 milliards de dollars, d'après les analyses du Jet Propulsion Laboratory. Elles sont de plus en plus utilisées pour la génération stationnaire d'énergie, mais c'est le marché automobile qui suscite l'engouement dont elles sont l'objet. L'occasion de s'y imposer est sans doute unique car, bon gré mal gré, les constructeurs sont obligés aujourd'hui de s'intéresser de près aux technologies alternatives. Ils risquent sinon d'être exclus du marché de la Californie et de plusieurs autres Etats américains, qui seront soumis à des quotas de voitures propres, et d'être incapables de s'adapter au traité de Kyoto limitant les émissions de CO2.

    De toutes les alternatives (voitures hybrides, batteries), la pile à combustible est la plus hasardeuse, mais aussi la plus prometteuse. En effet, cette technologie unique permet de transformer de l'hydrogène en énergie électrique et en eau: si l'hydrogène est délicat à stocker, on peut aussi l'obtenir à partir de méthanol. Les piles sont constituées de deux électrodes séparées par une membrane électrolyte, et leur principe est l'inverse de l'électrolyse de l'eau. A l'anode, l'hydrogène est décomposé en électrons libres et en protons. Les électrons circulent dans le circuit extérieur tandis que les protons migrent à travers la membrane vers la cathode, où ils se combinent avec l'oxygène de l'air pour donner de l'eau.

    L'enjeu technologique actuel est de baisser les coûts, avec deux objectifs essentiels. D'une part, réduire la quantité de matériaux nobles (platine, ruthénium) qui composent les catalyseurs, par l'augmentation de leur activité ou l'utilisation de matériaux alternatifs. D'autre part, trouver un matériau peu coûteux, poreux, conducteur électrique et insensible aux réactions électrochimiques, capable ainsi de constituer les plaques où circulent les flux d'air et de combustible. Actuellement, on est obligé d'usiner à un coût prohibitif des canaux dans des plaques de graphite de haute densité.

    La solution a peut-être été trouvée au Laboratoire national d'Oak Ridge (Tennessee) avec une résine chargée de fibres de carbone, dont les canaux sont directement moulés. De telles avancées technologiques suffiront-elles à maintenir l'intérêt des constructeurs, laboratoires ou pouvoirs publics? Ford et Daimler ont déjà investi des centaines de millions de dollars pour s'associer au leader actuel du marché, la société canadienne Ballard Power Systems. L'objectif du consortium est la production en série de véhicules dès 2004. De quoi encourager d'autres initiatives...

Une pile à combustible est fondée sur le principe inverse de l'élecrolyse de l'eau (schéma Ballard).