GAZETTE NUCLÉAIRE
L’IDENTIFICATION DES SOURCES DE CONTAMINATION
DE LA GARONNE (FRANCE) PAR L’IODE 131 (*)
S. GAZAL
Groupe de Recherche Pluridisciplinaire en Environnement, Université de Toulouse
Commission Locale d’Information auprès du CNPE de Golfech, Tarn-et-Garonne,
BP 783, 82013 Montauban cedex, France

     Résumé
     Certaines plantes aquatiques sont des concentrateurs de radioactivité et constituent de ce fait de bons indicateurs d’une contamination radioactive du milieu aquatique. 
     La mesure de l’activité des plantes aquatiques fait partie du protocole de suivi mis en œuvre par le Laboratoire vétérinaire départemental de Tarn-et-Garonne (Conseil général de Tarn-et-Garonne) pour évaluer l’impact des rejets radioactifs de la centrale nucléaire de Golfech sur l’environnement.
     Des mesures effectuées depuis 1990 sur des échantillons de Myriophyllum spicatum L. prélevés dans la Garonne ont mis en évidence des niveaux de contamination significatifs en iode 131 (activité gamma, jusqu’à 13701 + 1443 Bq/kg de matière sèche). Les contaminations les plus importantes ont été observées à l’aval immédiat de Toulouse (350.000 hts) mais aucune contamination n’a été détectée en amont. La contamination provenait donc de la ville de Toulouse et non de la centrale nucléaire de Golfech. 
     Suite aux investigations conduites par les autorités locales auprès des centres hospitaliers de Toulouse, les activités mesurées sur Myriophyllum spicatum L. par le Laboratoire vétérinaire départemental ont diminué d’un facteur 10 environ. 
     Peu de données sont disponibles concernant l’activité en iode 131 de l’eau de Garonne. Les rares mesures effectuées font apparaître une activité inférieure aux seuils de détection (0.1 à 3.7 Bq/l). 
     Une essai d’évaluation de l’impact sanitaire de cette contamination est réalisé. 

     1 - LES SOURCES DE POLLUTION RADIOACTIVE DES COURS D’EAU 
     La contamination radioactive des cours d’eau a trois origines : les rejets directs, les dépôts atmosphériques secs et humides et la migration à partir des sols. Cette pollution peut être d’origine naturelle ou anthropique. 
     L’iode radioactif peut contribuer à la pollution des cours d’eau. Il provient notamment : 
     - des essais nucléaires atmosphériques,
     -des rejets liquides et gazeux effectués par les installations nucléaires telles que les centres de recherche, les centrales nucléaires (iode 129, iodes 131 à 135)[1] et les centres de retraitement du combustible, tant en fonctionnement de routine qu’en situation accidentelle,
     - des laboratoires de recherche et d’analyse (iode 125) [3,9],
     - des services de médecine nucléaire (radio-analyse : iode 125, diagnostic in vivo et thérapie : iode 131, iode 123). 
     La gestion du risque d’une manière générale, et de la qualité des cours d’eau en particulier comporte plusieurs aspects, notamment :

suite:
     - la gestion préventive du risque / la gestion de la situation de crise, 
     - l’identification et la réduction des sources et des conséquences,
     - la gestion du risque diffus / la gestion du risque accidentel. 
     Elle repose sur l’élaboration et la mise en œuvre de dispositions réglementaires et sur la réalisation d’un contrôle, tant par les organismes de tutelle que par les exploitants / les utilisateurs. 

     2 – LA GESTION DE DEUX SOURCES DE POLLUTION RADIOACTIVE : LES CENTRES NUCLEAIRES DE PRODUCTION D’ELECTRICITE ET LES SERVICES DE MEDECINE NUCLEAIRE
     Bien qu’elles diffèrent de par leur nature et leurs missions, ces deux types de sources fonctionnent sur la base des mêmes principes fondamentaux, à savoir : 
     - une procédure de création constituée de plusieurs étapes essentielles (autorisation de création, contrôles de conformité, diverses phases d’autorisation dont l’autorisation de détention et d’utilisation de matières radioactives),
     - des dispositions réglementaires relatives à la gestion des déchets radioactifs et notamment au rejet d’effluents radioactifs liquides et gazeux dans l’environnement,
     - la responsabilité de l’exploitant / de l’utilisateur,
- le contrôle de l’installation et des rejets par les organismes de tutelle. 
     Cependant, elles relèvent de réglementations nationales distinctes qui, notamment en ce qui concerne la gestion des déchets liquides et gazeux, ne sont pas comparables. 
     Ainsi, pour ce qui est des centres nucléaires de production d’électricité, la réglementation limite les activités volumiques ainsi que les activités annuelles totales des effluents rejetés, tant liquides que gazeux, ainsi que l’activité volumique qui en résulte dans le milieu récepteur. Elles définissent les caractéristiques de l’installation, ainsi que les protocoles de surveillance des rejets et de l’environnement que doivent mettre en œuvre tant l’exploitant que les autorités de tutelle. 
     La réglementation relative aux centres de médecine nucléaire comporte quant à elle quelques dispositions relatives aux installations de stockage et de rejet des effluents liquides et gazeux, et à l’activité volumique des effluents rejetés. Ces dernières ne sont pas pour certaines établies clairement et reposent sur des données et des concepts discutables. 
     En ce qui concerne les rejets en iode effectués par les centrales nucléaires, une centrale du palier 1300 MWe telle que la centrale de Golfech a rejeté en 1997: 4.45 MBq (111 mCi) d’iode 131  dans la Garonne (données relatives aux autres isotopes de l’iode non disponibles), et 81 MBq (2 mCi) d’halogènes et aérosols dans l’atmosphère.

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Tableau 1 – Activités moyennes rejetées par tranche de 1300 MWe entre 1984 et 1997
Type de rejet
1984
(2 x 1300 MWe)*
1990
(14 x 1300 MWe)*
1993
(20 x 1300 MWe)*
1997
(20 x 1300 MWe)*
Liquides
(excl 3H, 40K, Ra)
177 GBq
24 GBq
2.7 GBq
1,4 GBq
Halog. & aérosols
0.076 GBq
0.106 GBq
0.196 GBq
0,08 GBq
(* : nombre de réacteurs de 1300 MWe installés pour l’année considérée) (d’après [2])

     De manière plus générale, il ressort du tableau 1 que l’activité liquide totale (tritium, potassium 40 et radium exclus) rejetée par l’ensemble du parc des 1300 MWe (et constituée d’environ 1 % d’iodes) a diminué d’un facteur 12 entre 1984 et 1997, alors que l’activité totale rejetée dans l’atmosphère en halogènes et aérosols (essentiellement des iodes) a pendant cette même période augmenté d’un facteur 10, avec un pic d’un facteur 30 vers 1993.
     Aucune donnée n’est disponible concernant les activités en iode rejetées dans l’environnement par les services de médecine nucléaire. 

     3 – LA QUALITE RADIOLOGIQUE DE L’EAU DE GARONNE
     Les réglementations relatives aux sources de pollution radiologique ne s’inscrivent dans le cadre d’aucune disposition législative générale relative à la qualité radiologique de l’eau de boisson ou des eaux superficielles, qu’elle soit française ou européenne. Aucune surveillance radiologique systématique des milieux aquatiques n’est dès lors mise en œuvre. 
     Néanmoins, dans le cadre du suivi indépendant de l’environnement de la centrale nucléaire de Golfech mis en œuvre par le Conseil général de Tarn-et-Garonne, un protocole de surveillance radiologique a été défini par le Laboratoire vétérinaire départemental incluant notamment une surveillance mensuelle de différents constituants du milieu aquatique : eau de boisson, eaux superficielles et eaux de nappe, sédiments et bio-indicateurs (plantes aquatiques).
 

suite:
     Après la divergence de la centrale (mai 1990), les mesures réalisées sur les plantes aquatiques prélevées en 16 points différents de la Garonne ont fait apparaître une contamination significative des échantillons de Myriophyllum spicatum L. par l’iode 131, contamination d’autant plus importante que l’on remontait la Garonne de l’aval de la centrale de Golfech jusqu’à l’aval de la ville de Toulouse (130 km de Golfech, 350.000 hts), où l’activité maximum de 13.701 +- 1.443 Bq/kg de matière sèche a été mesurée. Aucune contamination n’a été détectée en amont de Toulouse [6]:

Contamination de Myriophyllum spicatum L. par l’iode 131 dans la Garonne (1990). Les valeurs indiquées sont des moyennes mensuelles:

     Des investigations ont été menées entre 1991 et 1995 par les autorités sanitaires et par le Conseil Régional de la Région Midi-Pyrénées. Elles ont confirmé l’origine de ces contaminations, à savoir les centres hospitaliers de l’agglomération toulousaine. L’activité en iode 131 des eaux usées rejetées par ces centres après dilution des rejets radioactifs variait de < 0.2 à 34.961 +- 2.074 Bq/l l’activité des eaux usées à l’entrée et à la sortie de la station d’épuration de la ville étant respectivement de 3 +- 0.7 et 2 +- 0.4 Bq/l. Ces investigations ont également fait apparaître : 
      - le non-respect des limites d’activité des rejets d’effluents radioactifs par certains services de médecine nucléaire,
     - la non-conformité de certaines installations (capacité des cuves de stockage, modalités de rejets),
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     - le rôle des eaux usées provenant des chambres non protégées des services de médecine nucléaire, voire des services non nucléaires où sont susceptibles de séjourner les patients examinés ou traités dans le service de médecine nucléaire, 
     - le rôle minime des rejets domestiques (patients revenus à leur domicile après examen ou traitement à l’iode 131),
     Depuis 1994, la contamination de Myriophyllyum spicatum L. par l’iode 131 mesurée par le Laboratoire vétérinaire départemental est inférieure d’environ un ordre de grandeur à ce qu’elle était en 1990-1991 (31 +- 4 à 83 +- 21 Bq/kg de matière sèche dans l’environnement de la centrale nucléaire).

     4 – IMPACT SANITAIRE DE LA CONTAMINATION DE LA GARONNE PAR L’IODE 131 
     En matière d’effets biologiques des rayonnements ionisants, on distingue habituellement les effets déterministes et les effets aléatoires (cancers et effets génétiques).
      En ce qui concerne les effets aléatoires, la CIPR a estimé le risque à 5.10-2 cancer mortel et 1.10-2 effet génétique grave par sievert reçu [4]. Le risque de cancer chez l’enfant exposé in utero serait d’ailleurs de plusieurs fois supérieur au risque de cancer chez l’adulte exposé. 
     Par conséquent, les limites d’irradiation de 1 mSv/an recommandées pour la population [4] sont à l’origine de 50 cancers mortels et de 10 effets génétiques graves (auxquels il faut ajouter les cancers non mortels correspondants et les effets génétiques considérés comme mineurs) par million de personnes exposées à cette limite.
     Une évaluation différentielle en fonction de l’âge, des doses reçues par la population du fait de l’ingestion de radionucléides (l’évaluation, en Sv, de l’irradiation due à l’ingestion d’une unité d’activité, c’est-à-dire de 1 Bq) conduit pour l’iode 131 aux Coefficients de Dose Effective par Ingestion (IEDC) suivants :  1.8 x 10-7 Sv (enfants de 3 mois à  1 an), 1 x 10-7 Sv (enfants de 5 ans), 5.2 x 10-8 Sv (enfants de 10 ans), 3.4 x 10-8 Sv (adolescents de 15 ans) et 2.2 x 10-8 Sv (adultes) [5]. Par conséquent, un enfant de 1 an (groupe critique) ingérant 15 Bq/l d’iode 131 pendant un an recevra une irradiation de 1mSv. Cela correspond à une consommation journalière de 70 cc ou de 1 litre d’eau contaminée respectivement à hauteur de 21.4 Bq/l et 15 Bq/l.
     Peu de mesures ont été effectuées sur des échantillons d’eau de Garonne. Dans tous les cas, les activités sont inférieures aux seuils de détection (< 0.1 à 3.7 Bq/l). De plus, il est impossible d’extrapoler l’activité des eaux de rivière à partir de l’activité de Myriophyllum spicatum L..
     Les seules données disponibles sont les activités qui ont été mesurées à la station d’épuration de la ville. Leur taux de dilution dépend du débit de la rivière (de quelques dizaines à 2 x 103 m3/s, débit moyen : 4 x 10-2 m3/s) et de ses caractéristiques. Une activité de l’eau de Garonne en iode 131 après dilution de l’ordre de 10-2 à 10-1 Bq/j est donc plausible, activité inférieure de 2 à 3 ordres de grandeur aux limites d’irradiation évoquées précédemment. Ces valeurs sont cohérentes avec trois mesures réalisées par les autorités sanitaires en aval de Toulouse (0.032 à 0.056 Bq/l). 
     En conséquence, les effets aléatoires de la contamination de la Garonne par l’iode 131 sur les groupes critiques pourraient être de 0.5 cancer mortel (essentiellement cancer de la thyroïde) et 0.1 effet génétique grave pour un million d’enfants de 1 an consommant cette eau pendant une année, auxquels il faut ajouter les cancers non mortels correspondants (environ 20 fois plus nombreux pour les cancers de la thyroïde) et les effets génétiques considérés comme mineurs. 
     Mais cette évaluation même est aléatoire, l’IEDC de l’iode ayant été fortement remise en question à la suite de la catastrophe de Tchernobyl [10,11].

suite:
     CONCLUSION 
     Il a été montré que Myriophyllum spicatum L. est un indicateur sensible de contamination radioactive du milieu aquatique. Par delà cette observation, il apparaît que les sources de contamination doivent être soigneusement recherchées, identifiées, réglementées et contrôlées. La législation doit être profondément repensée en ce qui concerne les services de médecine nucléaire utilisant des sources non scellées, ainsi que pour l’eau de boisson et les eaux douces, qu’il s’agisse des limites de contamination, de la surveillance ou du contrôle. Plus généralement, il est urgent que soient définies des limites dérivées pour les produits de consommation et les milieux, sur la base des IEDC concernés, des différents voies d’exposition et des modes de vie, à l’instar de ce qui a été réalisé par le  NRPB [8]. Il est urgent également que soit prise en considération la question des expositions cumulées (par exemple, au technetium 99m ou à l’iode 125 présents avec l’iode 131 dans les effluents des centres de médecine nucléaire à des concentrations atteignant respectivement 1.106 et 1.103 Bq/l), de l’exposition simultanée à diverses sources radioactives et des effets de synergie avec les autres types de polluants auxquels la population peut se trouver exposée.

(*) Communication présentée lors du Symposium International sur les Rayonnements Ionisants et les Cancers de la Thyroïde, Cambridge (Royaume-Uni), 20-23 juillet 1998, et publiée dans Radiation and Thyroid Cancer, Ed. G.Thomas, A.Karaoglou, E.D.Williams, European Commission - US Department of Energy - US National Cancer Institute - University of Cambridge, World Scientific, 1999, sous le titre “ Assessment of the sources of contamination of the river Garonne, France, by iodine-131 ”.

Références bibliographiques
1. EDF. Centrales Nucléaires du palier 1.300 MWe - Textes du Rapport de Sûreté communs à toutes les tranches du palier, Edition publique. Paris : EDF, 1985 : II 5.3.23, 24.
2. EDF. Rapports d’Activité - Environnement 1993, 1997 : 33,41.
3. Gambini D, Granier R. Manuel Pratique de Radioprotection.  Paris : Editions Médicales Internationales, 1992.
4. ICRP. 1990 Recommendations of the International Commission on Radiological  Protection. Annals of the ICRP 1991 ; Publication 60 : 11-25, 43-49.
5. ICRP. Age dependent doses to members of the public from intake of radionuclides : Part 2. Ingestion dose coefficients 1993. Annals of the ICRP, 1994 ; Publication 67 : 153.
6. Laboratoire Vétérinaire Départemental de Tarn-et-Garonne. Rapports d’Activité 1990-1997.
7.  SCPRI / OPRI. Tableaux Mensuels de Mesures 1990-1997.
8. NRPB Revised generalised derived limits for radioisotopes of strontium, iodine, caesium, plutonium, americium and curium. GS 1987 ; 8.
9. Moretti J.L, Rigo P, Bischof-Delaloye A, Taillefer R, Caillat-Vigneron N, Karcher G. Imagerie Nucléaire Fonctionnelle. Paris : Masson, 1991.
10. Shore R.E. Human thyroid cancer induction by ionising radiation : summary of studies based on external irradiation and radioactive iodines. In : Karaoglou A, Desmet G, Kelly G.N, Menzel H.G, ed. The Radiological Consequences of the Chernobyl Accident. Luxembourg : Office for Official Publications of the European Communities, 1996 : 669 - 675.
11. Sobolev B, Likhtarev I, Kairo I, Tronko N, Oleynik V, Bogdanova T. Radiation risk assessment of the thyroid cancer in Ukrainian children exposed due to Chernobyl. In : The Radiological Consequences of the Chernobyl Accident. Luxembourg : Office for Official Publications of the European Communities, 1996 : 761 - 748.
p.25

Réseau "Sortir du nucléaire" - fédération de 613 associations
Communiqué de presse du 4 octobre 2001
LA "TRANSPARENCE" DU NUCLEAIRE FACE A LA JUSTICE FRANÇAISE ...
http://www.sortirdunucleaire.org

     Le parquet de Paris a ouvert en juillet 2001 une information  judiciaire contre X sur la façon dont les autorités françaises avaient occulté les retombées radioactives de l’accident de Tchernobyl, survenu le 26 mai 1986. Cette information judiciaire fait suite aux 51 plaintes déposées le 1er mars 2001 par des personnes atteintes d’affections de la thyroïde aux cotés de l’Association Française des malades de la thyroïde (1) et la CRIIRAD (2). Aujourd'hui, 130 nouvelles plaintes vont être déposées. La juge d’instruction chargée du dossier, Mme Bertella Geffroy, a déjà lancé des perquisitions dans les différents ministères concernés pour se procurer les informations de l’époque qui pourraient continuer à mettre à jour un mensonge d’Etat.
     Le Réseau "Sortir du nucléaire" (fédération de 613 associations) soutient l’action menée par ces deux associations dont les plaintes jugées recevables posent, officiellement, pour la première fois en  France le problème de l’impact dans notre pays du nuage radioactif de Tchernobyl et l’incidence des faibles doses qui l’on retrouvent dans notre chaîne alimentaire.  Pour le Réseau “Sortir du nucléaire”- qui organise cinq rassemblements “Sortons de l’âge du nucléaire” à Colmar, Lille, Lille, Lyon et Toulouse le samedi 20 octobre 2001 - la multiplication des rejets radioactifs dans notre environnement direct par l’ensemble des installations nucléaire qui couvrent notre territoire sont délibérément sous estimés dans l’augmentation reconnues des pathologies thyroïdiennes (par exemple).
    Le Réseau "Sortir du nucléaire" sera présent à la conférence de presse le 5 octobre à 11 heures à l’Assemblée Nationale. Cette conférence de presse, accueillie par la députée Michèle Rivasi, est organisée par l’Association Française des Malades de la Thyroïde et la CRIIRAD.  Aujourd’hui, personne ne conteste que le nombre de cancers de la thyroïde a été multiplié par deux en France depuis 1985, passant de 1351 à 2619 en 1995. Pour la CRIIRAD,  "la  vérité a été délibérément cachée".  " Non seulement aucune mesure de sécurité et de protection n’a été mise en place, mais au contraire, on a incité les Français à ne rien changer à leur quotidien ", explique son président, Roland Desbordes  Les faits sur lesquels repose la plainte illustrent la manipulation officielle : "Falsification de données, violations des textes français et européens sur les recommandations et normes destinées à limiter l’incorporation de produits radioactifs et défauts de protection ". Comme le révèle Jean Michel Jacquemin , les pathologies thyroïdiennes ne sont pas  les seules dans les régions fortement touchées par retombées radioactives du nuage dû à l’accident de Tchernobyl. Les chiffres du rapport pour les registres du Haut Rhin et du Bas Rhin montrent une explosion de cancers du foie et du poumon (de 88 à 96).

                                          Pour les femmes   Pour les hommes
 les cancers du foie :                 + 182%               + 225%
 les cancers du poumon :          + 120%               + 272%
 les cancers de la thyroïde :      + 283%                +  86%

(1) CRIIRad : Commission de Recherche et d’Information Indépendante sur la Radioactivité (Valence).
(2) AFMT : Association Française des Malades de la Thyroïde - BP 1 - 82700 BOURRET
Contacts : André Crouzet : 06 85 22 71 33, 
Solange Fernex : 03 89 40 71 83

suite:
La Corse parmi les régions françaises les plus touchées par Tchernobyl
ETUDE IPSN

     AIX-EN-PROVENCE, 3 sept (AFP) - La Corse, en particulier dans sa partie orientale (Aléria à Porto Vecchio), est en France parmi les zones les plus affectées par l'accident de Tchernobyl (26 avril 1986), selon une étude de l'Institut de protection et de sûreté nucléaire (IPSN), rendue publique lundi à Aix-en-Provence. 
     "La raison en est qu'il a plu énormément dans la première semaine de mai 1986 et que la pluie a engendré des dépôts radioactifs très forts de césium 137, aussi forts qu'à Vaison-la-Romaine, Sisteron, ou certaines zones du Jura qui ont également connu des précipitations très importantes à la même époque", a expliqué à la presse Philippe Renaud, directeur du laboratoire d'études radioécologiques continentales et de la Méditerranée, basé à Cadarache.
     "Nous arrivons, dans notre reconstitution de la situation de l'époque, à des chiffres très supérieurs à ce qu'avait annoncé la CRII-RAD (Commission de recherche et d'information indépendants sur le radioactivité) après des mesures effectuées en 1999 et 2000, même en tenant compte de la décroissance radioactive en 15 ans", note M. Renaud. "Sur les sites les plus arrosés, des dépôts allant de 20.000 Becquerels/m2 à plus de 35.000 Bq/m2 ont été calculés par l'IPSN", fait-il remarquer.
     L'incidence des faibles doses radioactives sur l'organisme est mal connue. A titre de comparaison, l'activité en iode 131 rejetée par une centrale nucléaire de quatre réacteurs de 900 mégawatts est de l'ordre de 400 millions de Becquerels, le Becquerel étant l'unité mesurant l'activité de la source radioactive sur une année. 
     Par ailleurs, les quantités de césium 137 sont extrêmement hétérogènes, car liées aux caractéristiques des sols qui ont plus ou moins retenu les dépôts : "On peut, en quelques centaines de mètres, passer de 5.000 Bq/m2 à 25.000 soit des taux très importants comme en ont connu les régions les plus contaminées d'Europe, lorsque des sols argileux retiennent le césium". 
     L'IPSN, qui organise à Aix-en-Provence du 3 au 7 septembre un Congrès international de radioécologie et écotoxicologie, a présenté également ses recherches sur l'accumulation de certains éléments radioactifs dans la basse-vallée du Rhône, l'un des environnements les plus nucléarisés au monde.
     Lancé en 1997, ce projet baptisé CAROL (CAmargue RHône Languedoc) a pour objectif de mieux comprendre les processus de dispersion ou d'accumulation des éléments radioactifs dans l'environnement.L'étude montre que les accumulations et flux de plutonium au cours des 40 dernières années dans cette zone proviennent des retombées des essais d'armes nucléaires dans l'atmosphère. Les rejets atmosphériques du site nucléaire de Marcoule ne correspondent qu'à une faible partie de ces retombées, visible seulement au voisinage immédiat du site. En revanche, 90 % du plutonium qui a transité dans le Rhône ces quarante dernières années provient de Marcoule. 
     A propos du césium, l'IPSN indique que comme dans tout l'Est de la France, le césium 137 présent dans cette zone provient principalement des retombées de Tchernobyl. Les dépôts, très hétérogènes, sont proportionnels aux précipitations qui se sont produites durant la première semaine de mai 1986.

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Communiqué CRIIRAD du 6 septembre 2001
Droit de réponse de la CRIIRAD
Impact de Tchernobyl sur la Corse.

     Dans une dépêche AFP datée du 3 septembre et largement reprise par les media, M. Philippe RENAUD, indique que l'IPSN parvient à des chiffres très supérieurs à ce qu'avait annoncé la CRIIRAD "après des mesures en 1999 et 2000", précisant que "sur les sites les plus arrosés, des dépôts allant de 20.000 Becquerels/m2 à plus de 35.000 Bq/m2 ont été calculés par l'IPSN". 
     Cette affirmation est doublement erronée : erreur sur les chiffres et erreur sur les dates. 
     Le laboratoire de la CRIIRAD a, en effet, évalué les dépôts de césium 137 de Tchernobyl sur la zone concernée (Aléria/Solenzara) à plus de 30.000 Bq/m2 (chiffre que l'on ne peut qualifier de très inférieur à 20.000 Bq/m2) et cette évaluation date de 1988 (et non de 1999/2000). 
     Le carottage de sol effectué à Ghisonaccia en juillet 1988 avait permis d'évaluer à 32.000 Bq/m2 les dépôts de césium 137 imputables à Tchernobyl (soit un dépôt d'iode 131 minimum de 160.000 et 300.000 Bq/m2) ce qui imposait de prendre des mesures d'interdiction de consommation des produits sensibles. Ces mesures n'ont pas été prises ce qui motive la plainte déposée en mars 2001 en association avec des malades de la thyroïde. Une action en justice avait d'ailleurs été engagée par la CRIIRAD dès 1989 contre le préfet de Haute-Corse pour défaut d'information et de protection des habitants de l'Ile. 
     La CRIIRAD a toujours souligné que les niveaux de contamination du sol qu'elle publiait étaient des estimations a minima : les prélèvements de sol ayant été effectués plusieurs années après les dépôts (2 ans pour la Corse), une partie du césium avait en effet pu être lessivée (en proportion variable selon les caractéristiques du sol). 
     • Des années durant, les services officiels français ont au contraire soutenu que les retombées de Tchernobyl était très inférieures aux évaluations de notre laboratoire.
     • Quinze ans après la catastrophe de Tchernobyl, les chiffres officiels s'approchent des minima de la CRIIRAD et la Corse est officiellement classée parmi les régions les plus contaminées de France.
     • Si, à l'avenir, les services officiels démontraient que nos chiffres ont considérablement sous-évalué l'ampleur de la contamination, il va de soi que ces éléments seraient immédiatement pris en compte et versés au dossier de la plainte déposée pour non protection des populations françaises.
     Des suivis effectués sur plusieurs commune d'Alsace suggèrent des pertes de l'ordre de 30%.


Enquête sur les conséquences sanitaires en Franche-Comté de l'accident de Tchernobyl.
Premiers Résultats Octobre 2001
Communiqué de presse

     Suite à l'explosion, le 26 avril 1986, de la 4ème tranche de la Centrale Nucléaire de Tchernobyl (Ukraine) un nuage radioactif a recouvert la France du 1er mai au 3 mai 1986, conduisant à des retombées principalement localisées dans l'Est de la France. 
     En décembre 1997, les autorités sanitaires ont relevé l'intérêt « d'adopter une démarche épidémiologique portant sur les cancers de la thyroïde de l'enfant dans quelques zones choisies de l'Est de la France (Jura et Corse, par exemple), afin de répondre aux interrogations multiples de la population et du corps médical ». 

suite:
     A la suite de cette catastrophe, de nombreux médecins franc-comtois semblaient constater parmi leur clientèle pédiatrique un nombre croissant de pathologies thyroïdiennes. La section généraliste de l'Union Régionale des Médecins Libéraux de Franche-Comté a donc décidé, dans le cadre de ses missions légales, d'initier une enquête épidémiologique descriptive sur les conséquences sanitaires de l'accident de Tchernobyl, pour acquérir des connaissances qui faisaient alors défaut et mettre en place une éventuelle stratégie de prévention. L'objectif de cette étude était d'estimer les incidences annuelles des cancers de la thyroïde, des hypothyroïdies ainsi que des diabètes insulinodépendants, chez les moins de 15 ans, sur l'ensemble de la région Franche-Comté, pour la période 1980-1998. La mise en évidence éventuelle d'une augmentation après 1986, et/ou dans le département le plus exposé aux retombées (Jura), constitueraient autant d'arguments en faveur d'un lien avec les dépôts radioactifs.
     Un comité de pilotage, présidé par le docteur Martial OLIVIER-KOEHRET et composé de médecins généralistes, de médecins spécialistes libéraux et d'épidémiologistes de la Faculté de Médecine-Pharmacie de Besançon (le professeur Jean-François VIEL et le docteur Patrick ARVEUX), a été mis en place. 
     Le docteur Frédéric MAUNY, recruté pour l'occasion, a coordonné l'ensemble de l'étude. Après l'obtention de l'accord de la Commission nationale de l'informatique et des libertés, l'enquête s'est étalée sur trois ans, pour être aujourd'hui restituée aux médecins libéraux qui ont fourni la majorité des informations de base.
     Les points forts de cette étude sont de plusieurs ordres : 
     - une rigueur méthodologique renforcée par une complémentarité confiante et efficace entre les médecins libéraux et les universitaires
     - une exhaustivité du recueil des pathologies étudiées, grâce à la multiplicité des sources d'information (libérales et hospitalières), et à un taux de réponse des médecins généralistes très élevé (96 %).
     - un financement par l'Union régionale des médecins libéraux de Franche-Comté (particulièrement sa section généraliste), gage d'indépendance.
     Les résultats que nous rendons publics aujourd'hui, pour la Franche-Comté, et à partir des outils méthodologiques à notre disposition, sont principalement les suivants :
     1. Nous ne mettons pas en évidence de variation significative du cancer de la thyroïde de l'enfant, ni dans le temps ni dans l'espace.
     2. Nous concluons à une augmentation significative du diabète insulinodépendant de l'enfant avec le temps, compatible avec les tendances européennes.
     Pour autant, ces conclusions sont portées dans un contexte très précis (une région : la Franche-Comté, une classe d'âge : 0-14 ans, une période d'étude : 1980-1998) et ne sauraient être généralisées hâtivement.
     A l'issue de cette enquête épidémiologique à visée de Santé publique, les médecins libéraux et singulièrement les médecins généralistes s'affirment comme producteurs et diffuseurs d'une information scientifique, dans une stratégie de prévention à l'égard d'un risque majeur. La méthodologie acquise au cours de cette étude permettra l'émergence d'un authentique surveillance sanitaire régionale, basée sur les acteurs de terrain.
contact
Pr Jean-François VIEL, responsable scientifique
     Département d'information médicale, Hôpital Saint Jacques, 2 place Saint Jacques 25030 BESANCON CEDEX
tél. 03 81 21 87 38, fax 03 81 21 87 35
     courriel : jean-francois.viel@ufc-chu.univ-fcomte.fr
Dr Frédéric MAUNY, chargé de la mise en oeuvre de l'étude  Département d'information médicale, Hôpital Saint Jacques, 2 place Saint Jacques 25030 BESANCON CEDEX
tél. 03 81 21 87 38, fax 03 81 21 87 35
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