ENERGIE
(théories, réflexions, etc...) 

L'énergie "grise" (Markus May, Sonnen Energie - No6/97, décembre 1997)
    Seul l'emploi de l'énergie solaire et du bois (sous forme de chaleur ou de courant électrique) permet de produire une quantité d'énergie plus élevée que celle nécessaire à cette production! Pour tous les autres supports énergétiques, le bilan énergétique est négatif. En d'autres termes: (pour ces derniers) la quantité d'énergie nécessaire à la production de l'énergie utile est plus élevée que la quantité d'énergie utile obtenue. L'important rôle que joue l'énergie grise explique cet état de fait:

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    Pour exprimer globalement la quantité de ressources naturelles consommées (supports énergétiques non renouvelables, matières premières, air, eau, sol) par un système énergétique, il ne suffit pas de prendre en considération la production d'énergie au seul niveau de l'énergie finale (combien de litres de mazout, de kilowattheures électriques, etc.). Il est également indispensable de tenir compte des processus précédant et suivant celui de production à proprement parler: recherche des ressources naturelles, construction et exploitation des installations nécessaires, démolition et élimination). Le travail méthodique nécessaire à une telle considération globale est immense. Il s'agit en outre de travailler toujours avec les mêmes méthodes et les mêmes valeurs limites (consistance) et d'indiquer toutes les hypothèses admises et toutes les données saisies (transparence).
    Qu'est-ce que l'énergie grise?
On appelle énergie grise l'énergie consommée en relation avec un produit ou une prestation de services mais qui n'est pas directement perceptible.
    Si l'on prend l'exemple du chauffage à mazout, la mesure du niveau du réservoir constitue la seule indication de la consommation d'énergie qui est fournie. Grâce à cette indication, le propriétaire peut prendre la décision de remplir son réservoir à intervalles régiliers. Mais on ne peut bien entendu pas se contenter d'une telle observation. A cette consommation directement perceptible s'ajoutent les éléments suivants:
- production du carburant (extraction et transport du pétrole, raffinage, désulfuration, livraison)
- construction de la chaudière à mazout (fabrication, chauffage et éclairage des usines correspondantes)
- construction des infrastructures (réservoir à mazout et cheminée, énergie électrique pour l'exploitation de la chaudière et des pompes de circulation)
- entretien du système de chauffage (pièces de rechange, ateliers de service technique, ramoneur, contrôle officiel des valeurs d'émission)
- Elimination (chaque étape du processus produit des déchets, la chaudière doit être remplacée après environ 20 ans d'exploitation).
    Il serait possible d'allonger cette liste à l'infini. Chacune de ces étapes partielles nécessaires à la production de chaleur consomme de l'énergie. Cette dernière n'est ni mesurable, ni perceptible pour le consommateur final et de plus, elle n'est pas mentionnée noir sur blanc sur un bulletin de livraison. C'est la raison pour laquelle est est nomée "énergie grise" = cachée. Elle accroît la consommation d'énergie mondiale globale qui ne se résume donc pas à la consommation de pétrole et doit par conséquent lui être imputée.
    La langue anglaise emploie dans ce contexte le terme "embodied energy" que l'on peut librement traduire par énergie incorporée. Les anglophones peuvent donc dire "tant d'énergie est incorporée au pértrole".
    Comment définit-on l'énergie grise?
Quelle est la quantité d'énergie nécessaire à la fabrication, l'exploitation et l'élimination d'un produit ou d'une prestation de service?
    Pour répondre à cette question il faut remonter étape par étape le parcours de chaque produit ou de ses parties intégrantes. La formulation chiffrée dépend de plusieurs paramètres. Pour un produit ou une prestation de services de domotique, cette formulation pourrait être la suivante:
- Produit: chaudière de chauffage, capteur solaire
Prestation de service: chaleur ambiante, aération
    Tous nos produits et services ont pour origine des ressources naturelles mais avant de pouvoir exploiter ces dernières, il faut les trouver. S'il existe un gisement de ressources naturelles dont la taille permet son exploitation on procède à sa mise en valeur.
    Les ressources naturelles ainsi extraites doivent encore être traitées, puis suit la fabrication de matières brutes. Celles-ci permettent ensuite la fabrication de pièces usinéss (tôles, profils métalliques, éléments en béton, pièces synthétiques, isolation, etc.). Ce n'est qu'à partir de là qu'il est possible de fabriquer des produits finis (chaudière de chauffage, turbines à vapeur, lignes à haute tension, capteurs solaires, etc.). A chacune de ces étapes, il est nécessaire de construire des fabriques. Chacune de ces fabriques doit être chauffée, éclairée, construite et finalement détruite. Pendant une certaine durée, celle-ci produit un article. Les quantités produites et la durée de la fabrication ont une influence directe sur la quantité d'énergie grise qui aura été incorporée dans chaque unité de produit et dont il fau(drait...)t tenir compte.
    L'exemple des capteurs solaires
Afin qu'une installation fournisse un certain service de manière fiable, il faut rassembler divers produits en cette installation.
    Prenons par exemple le cas des capteurs solaires: un chargement de capteurs solaires est livré à une entreprise réalisant des installations solaires. Pour cela, celle-ci nécessaite encore beaucoup de matériel supplémentaire: tuyaux, électronique, isolation, etc. Tout ce matériel est livré en camion. Il faut ensuite construire la fabrique puis la chauffer, etc... Les véhicules qui transportent les équipes de travail et le matériel jusqu'à l'emplacement de l'installation consomment du carburant et doivent être entretenus.
    Une fois l'installation construite, nous disposons du service souhaité, à savoir de la chaleur fournie par le capteur solaire pendant toute sa durée de vie; mais voilà: quelle est la durée de vie de l'installation? Et il faut peut-être remplacer certaines parties tous les dix ans alors que d'autres foctionneront 30 ans...
    Mais si l'installation fournit le service désiré, il ne faut aps oublier les exigences de son exploitation (le courant nécessaire à la pompe de circulation) et de son entretien )service technique, pièces de rechange...) qui ne font qu'accroître la quantité d'énergie grise engagée.. A un moment donné, même la meilleure des installations ne fonctionnera plus. Il faudra alors la détruire. Certaines parties peuvent être réemployées, d'autres finissent à la décharge. Mais: comment? ou?...
    C'est là que la boucle est bouclée: les matières employées se retrouvent là d'où elles viennent, dans le sous-sol...
    Effet de serre évalué et cumulé
Bien que le bilan énergétique tenant comptede l'énergie grise constitue un assez bob étalon de mesure écologique, il ne permet pas de décrire tout-à-fait globalement le profil écologique. Outre la discussion portant sur la raréfaction des supports énergétiques non renouvelables, le problème de l'effet de serre joue lui aussi un grand rôle.
    Dans la moyenne européenne, les pompes à chaleur modernes à sonde géothermiques n'obtiennent pas de meilleurs résultsts que les chauffage à gaz naturel.
    Que manque-t-il pour arriver à une évaluation globale?
La consommation d'énergie primaire non renouvelable et l'effet de serre sont aujourd'hui les effets environnementaux les mieux connus des systèmes énergétiques. Afin d'obtenir une évaluation aussi globale que possible, il convient toutefois de prendre en compte la consommation d'autres ressources importantes: émissions nocives rejetées dans l'air, métaux lourds, pollution de l'eau, radioactivité, déchets, matériaux nécessaires, transports, surfaces de terrains et tant d'autres encore. Quel est le pire de ces deux maux: l'effet de serre ou la radioactivité libérée?
    En conclusion
Quels que soient les effets sur l'environnement pris en compte, il n'y a que les systèmes suivants qui offrent de véritables avantages écologiques: l'énergie solaire, le bois et les économies d'énergie (isolation supplémentaire dépassant les normes actuelles; emploi rationnel de l'électricité: par exemple ampoule économique au lieu de l'ampoule conventionnelle ou encore utilisation de l'énergie thermique résiduelle d'une centrale thermique pour le chauffage à distance (CTCD) ou encore pompe à chaleur en lieu et place du chauffage électrique à accumulation.

    Information:
Tél: 034 422 97 77 Fax: 034 422 97 27 Email: mayworb@bluewin.ch

Veuillez noter que seul dans le cas cité (remplacement électrique / PAC) le "Facteur 4" peut être atteint et non pas par l'installation d'une pompe à chaleur dans un nouveau bâtiment: en effet, sans entrer dans la discussion de savoir si la PAC peut ou ne peut pas être considérée comme du domaine des énergies renouvelables, ce remplacement fait introduire le COP, alors que l'utilisation (par exemple) de l'énergie solaire thermique couplée éventuellement avec du bois donne un bien meilleur rendement.