INFORMATIONS TAM-TAM SUR LE NUCLÉAIRE
novembre 2003

     Un décret, paru au Journal officiel le 2 avril dernier, transcrit dans le droit français (avec 3 ans de retard!) une directive européenne abaissant, de 50 à 20 millisieverts sur 12 mois consécutifs, les valeurs limites de doses auxquelles les travailleurs peuvent être exposés. Ainsi l'employeur pourra remercier les travailleurs précaires (intérimaires, étudiants, volants) lorsqu'ils approcheront de ce seuil. Idéalement il faudrait mensualiser ces doses afin d'éviter les pics d'exposition (Le Monde 3/4/03). Il n'existe pas de doses minimales inoffensives!
UN FAX, du 9 courant, nous apprend que Reporters sans Frontières, Greenpeace et la CRII-RAD, saisissent, le jour même, le Conseil d'Etat afin d'obtenir l'abrogation de l'arrêté Secret défense du 24 juillet dernier. C'en est fini de toute investigation, de toute information, de la liberté d'expression même. Cette atteinte exorbitante au droit, introduite par voie de simple arrêté, a été prise à la demande de Cogéma-Aréva. Ainsi le simple fait de "révéler", même par oral, à son voisin, qu'un camion transportant des matiéres nucléaires passe devant sa porte, expose àdes poursuites. Bizarre, cette promptitude du gouvernement français à répondre à la demande d'Aréva-Cogéma, alors que les textes d'application de la loi 1991 sur les déchets radioactifs ne sont toujours pas rédigés. Museler l'information sur les risques ne les fera certes pas disparaître, bien au contraire. Preuve est qu'aucune distance ne sépare le nucléaire civil du militaire. C'est la mort d'une "transparence" tant vantée par EDF dans une brochure de novembre 1996 (transparence qui n'a jamais existé). Dans ce "Le point sur le programme nucléaire Irançais", de 30 pages, les 6 dernières disent, e.a., sous la préface: "Le principe de transparence: priorité absolue, le gage de la crédibilité de l'entreprise." Ce qu'EDF entend par "vérités à dire", Est-ce, pour autant, nous cacher ce qui se passe, et, pire, ce qui pourrait se passer dans le domaine nucléaire ? Nombre d'incidents, génériques et autres ne cessent de se multiplier. Le matériel, sans cesse bombardé de particules, et soumis à d'énormes contraintes de pression et de chaleur, vieillit. On aimerait en savoir plus, savoir TOUT même, sur: la qualité de l'air aux abords et sous le vent des centrales. - Le sort VRAIMENT réservé aux déchets. - L'indépendance énergétique (la France importe TOUT son combustible nucléaire). -La balance commerciale de la France. -L'emploi et le nucléaire. Le Secret défense l'interdit. La France est-elle encore pays de libertés?
LE 28 NOVEMBRE
les victimes des essais nucléaires défileront à Paris pour réclamer justice et vérité, tous, de Polynésie, d'Algérie et de France. Tous sacrifiés au nom de la paix. Tous, sauf... ceux morts depuis ces essais (où toutes les précautions étaient prises...)
ISRAEL
Le tribunal de Tel-Aviv a ordonné le 27 janvier dernier, à la direction de le centrale nucléaire de Dimona, dans le désert du Neguev (qui, officiellement, n'existe pas mais a été construit avec l'aide de la France), de fournir aux employés cancéreux et à leur famille des informations sur la radioactivité du site. Le tribunal instruit en effet des plaintes de plusieurs employés aujourd'hui malades. Signalons à George Bush, grand justicier de la planète, qu'Israël n'a pas signé le traité de non prolifération (NPT) et refuse les inspections de ses installations par les spécialistes de l'ONU. (Dans le no de décembre, bien plus à ce sujet)
ARGENTINE
Le lobby nucléaire local tente de terminer le réacteur Atucha-2 après une interruption de... 20 ans. C'est Siemens-KWU qui reçut le contrat estimé à1,9 milliards de $US. Un consortium de banques allemandes se portait aval. Ce réacteur pressurisé, à eau lourde, de 692 MWe de puissance, devait démarrer en 1987 et durer 40 ans, mais fut abandonné, terminé seulement à 81%. Fin 1990, avant même de poursuivre la construction l'on estima les frais à 3,1 milliards de $US et à l'heure actuelle à 4 milliards de $US. Garder ces installations inactives coûte plus de 25 millions de $US l'an. Le lobby cité compte recevoir les autorisations nécessaires et terminer l'ouvrage en 4 ans. Ce pays où 57% de la population est pauvre et 27% dans le dénuement le plus complet pourrait utiliser cet argent à d'autres causes. Il possède les réacteurs Atucha-1 (de 1974) et Embalse (de 1984).
SUISSE
Les autorités ont commencé à retirer les derniers déchets nucléaires du tout petit (10 MWe) réacteur nucléaire de Lucens, arrêté en 1969 après moins d'un an de fonctionnement, suite à la rupture d'un tube sous pression et des fuites radioactives conséquentes. Il est situé dans une grotte. 300 tonnes de matériel radioactif seront stockées à 160 km de là, en dépôt temporaire (Neue Zürcher Zeitung 18/09/03)
IRRADIATION des ALIMENTS
L'installation d'ionisation "(un euphémisme pour "irradiation" - le mot fait peur, à juste titre-) de Pouzauges (Vendée), au doux nom de Ionisos, mise à l'arrêt temporaire, va être remise en service. De la bonne "bouffe" en perspective. ANOMALIES GÉNÉRIQUES
"Contrôle", (sept. 2003) revue de l'autorité française de sûreté nucléaire, fait état, en ses pages 3 à 26 (excusez du peu), de nombreuses anomalies génériques, c.à.d. affectant plusieurs réacteurs atomiques (vannes, tirants d'ancrage fragiles, générateurs de vapeur, robinets, clapets, pompes et générateurs de secours, protections, ventilateurs et extracteurs, soupapes, tenue aux séismes, couvercles de cuves, fissures, fuites...). Rien qu'en mai et juin, 14 incidents ont été classés 1 à l'échelle INES dans les centrales françaises. Et encore! Sait-on tout?
p.4 et 5


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