«Aussi spéciaux que nous soyons, nous ne sommes qu'un accident de l'histoire. Nous ne sommes pas tombés du ciel, apparus au milieu de la merveilleuse diversité du vivant, avec le droit d'en faire ce que bon nous semble. Comme toutes les autres espèces de ce monde, nous sommes le fruit d'une longue série de hasards, qui remontent à cette extraordinaire «explosion» des formes de vie qui s'est produite il y a 500 millions d'années et, plus encore, qui prend ses racines dans l'origine même de la vie. Une fois que l'on a bien compris cette connexion qui nous relie au reste de la nature, un impératif éthique s'impose à nous, celui de protéger les autres espèces, non de leur faire du tort. C'est notre devoir, non pas parce que nous sommes la seule créature pensante sur Terre, ce qui nous conférerait une sorte de supériorité bienveillante, mais bien parce que, fondamentalement, Homo sapiens se trouve sur un pied d'égalité avec chacune des espèces de la Terre. Quand nous interprétons le biotope terrestre de façon holiste c'est à dire comme un ensemble en interaction qui produit un monde vivant, stable et sain, nous nous y retrouvons comme partie d'un tout, et non comme une espèce privilégiée qui a le droit de l'exploiter en toute impunité. Ayant admis que notre propre existence s'enracine dans la vie dans son ensemble, nous devons respecter les autres espèces et non les piétiner dans notre folle course pour satisfaire nos propres désirs.

Au nom de ce même principe éthique, le fait qu'un jour Homo sapiens aura disparu de la Terre ne nous donne nullement le droit de faire n'importe quoi tant que nous sommes ici.»